17.4.07

IRAN : LES SOLUTIONS PROPOSEES PAR ROYAL , BAYROU ET SARKOSY

17.04.2007


Dix enjeux de politique étrangère | Sous ce titre prometteur, le Monde a eu la très bonne initiative de poser les mêmes questions aux trois principaux candidats français : Ségolène Royal, François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Ils se sont exprimés sur l’Iran, le Darfour ou encore la Russie et Gazprom.


Les réponses respectent entièrement la ligne du Quai d’Orsay. Les 3 candidats sont opposés à des sanctions individuelles hors résolutions du Conseil de Sécurité, tous les trois sont en faveur de l’unanimité des décisions au Conseil de Sécurité et évidemment hostiles à tout ce qui peut mettre en péril le régime des mollahs (comme par exemple un embargo sur la vente de l’essence : question esquivée).

Dans la bonne tradition du Quai d’Orsay, ils font un amalgame permanent entre les Iraniens et leurs dirigeants (sauf à une exception Nicolas Sarkozy), par ailleurs les 3 candidats ne font aucune allusion au caractère terroriste du régime (par peur de parler du Hezbollah) ou à ses violations des droits de l’homme (par peur de parler de l’Islam). Mais en revanche, les uns et les autres font des clins d’œil permanents aux supposés modérés du régime et à la nécessité d’attribuer un rôle régional aux mollahs (sans préciser le territoire concerné).


1er question : Les 3 candidats montreront trois aspects de la pensée unique du Quai d’Orsay.
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Le Monde | Si les Etats-Unis ou Israël décident à un moment donné que la seule façon d’empêcher l’Iran d’acquérir la bombe atomique est de procéder à des frappes militaires sur ses sites nucléaires, considérez-vous que la France devra s’opposer à ce scénario ? De quelle façon ?

François Bayrou | Alors que la société politique iranienne est de plus en plus divisée et que les provocations d’Ahmadinejad la marginalisent, une intervention militaire ressouderait instantanément la nation iranienne derrière son président et plongerait l’ensemble du Moyen-Orient dans le chaos. Il ne s’agit pas de « s’opposer » aux Etats-Unis, car je doute qu’ils solliciteraient dans cette hypothèse l’aval de la communauté internationale, il s’agit de les dissuader de s’engager dans une nouvelle impasse. Je fais confiance à la majorité du peuple américain, telle qu’elle s’est exprimée à l’automne 2006, pour faire échec aux tentations aventuristes.

Notes IRAN-RESIST | Bayrou annonce la couleur, sous sa présidence, les mollahs et leurs lobbyistes auront les mains libres en France pour continuer le Jeu de rôle (réformateurs-conservateurs). Le régime pourra se permettre toutes les provocations car la France ne fera rien qui puisse affaiblir les supposés modérés. Le candidat centriste fait démagogiquement confiance au peuple américain et l’on se demande pourquoi ne fait-il pas confiance au peuple iranien et pourquoi le soupçonne-t-il de soutenir le régime des mollahs ? Bayrou s’écarte de ses propres principes humanistes en suivant la ligne directrice du Quai d’Orsay.



Ségolène Royal | J’ai été la première, en France, à prendre une position très ferme sur le dossier iranien. Nous devons impérativement obtenir de l’Iran l’arrêt de l’enrichissement d’uranium et la reprise des inspections de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). L’accès de l’Iran au nucléaire militaire déstabiliserait la région. Pour autant, je refuse toute initiative unilatérale. Les pressions sur l’Iran doivent s’exercer par l’intermédiaire de résolutions du Conseil de sécurité et l’action du groupe 5+1. L’Iran doit entendre la voix de la raison et comprendre qu’il ne pourra jouer dans cette région le rôle auquel la géographie et l’histoire lui permettent de prétendre que s’il respecte la légalité internationale.

Notes IRAN-RESIST | La candidate socialiste refuse d’appliquer des sanctions économiques efficaces contre le régime des mollahs, c’est pourquoi comme les 2 autres, elle insiste sur la nécessité de rester dans le cadre des résolutions du Conseil de Sécurité sans évidemment signaler la nature peu réaliste des sanctions décidées par les 5+1 qui sont composés des 5 plus importants partenaires commerciaux de Téhéran. Elle fait également des clins d’œil aux mollahs en leur promettant un rôle régional sans souligner le lien entre eux et le Hezbollah.



Nicolas Sarkozy | Je suis convaincu qu’une solution diplomatique est possible si la communauté internationale reste ferme sur ses principes et dans ses demandes. Un nouveau conflit aurait des conséquences très graves pour la région. L’accès de l’Iran à l’arme nucléaire est inacceptable, mais le règlement de la crise avec l’Iran doit être recherché par la négociation et dans un cadre multilatéral. La France doit agir pour que la communauté internationale reste unie, comme elle l’a été en adoptant à l’unanimité les résolutions 1737 et 1747.

Notes IRAN-RESIST | Nicolas Sarkozy est plus didactique que les deux autres et sans doute, ses conseillers sont parmi nos lecteurs, car le candidat de l’UMP est le seul à évoquer des négociations multilatérales, refusant du même coup le principe d’un règlement bilatéral entre les Etats-Unis et l’Iran sans la participation de la France. En ce sens, on peut se féliciter d’une réinterprétation nouvelle de la doctrine Française.



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Le Monde | Etes-vous favorable, au cas où l’Iran continuerait à refuser de se conformer aux demandes de l’ONU et de l’AIEA, à ce que les grandes puissances mettent en place un embargo sur les ventes de produits pétroliers raffinés à l’Iran ? Accepteriez-vous l’idée de sanctions adoptées en dehors du cadre de l’ONU, sur la base d’une « coalition de pays volontaires » ?

Notes IRAN-RESIST | Cette question est déjà plus pragmatique que la première et c’est là que les 3 candidats montrent leur incapacité totale à innover par rapport à l’ère Chirac qui fut marquée par l’échec visible de la Troïka et ses procédures de réexamens sans fin et de nouveaux délais de réflexion accordés sans cesse aux mollahs.



François Bayrou | Il ne faut pas sous-estimer la dépendance de l’économie iranienne par rapport à l’Occident. La politique d’Ahmadinejad a échoué et c’est ce qui explique ses provocations répétées. Les principaux responsables de l’économie iranienne sont, pour cette raison, soucieux d’éviter des mesures de rétorsion américaines et européennes, dans le secteur financier autant que dans le secteur pétrolier. Je crois donc qu’il faut procéder à un examen précis de tous les instruments de pression économiques dont nous disposons. Le pire serait que la communauté internationale se divise sur une querelle théologique sur le droit d’ingérence. Nous devons être assez déterminés pour faire plier l’Iran et assez intelligents pour ne pas nous opposer frontalement à la Chine et à la Russie.

Notes IRAN-RESIST | Le candidat centriste semble avoir oublié que l’échec de la Troïka n’est pas dû à Ahmadinejad mais à Khatami le modéré. Il se répète et se répètera pendant 5 ans. Comme les deux autres, il n’a pas capté que le bras de fer nucléaire est un moyen pour ce régime d’obtenir des garanties régionales de sécurité susceptibles de renforcer son rôle au Liban (via le Hezbollah). Bayrou reste prisonnier de sa rhétorique sur les supposées divisions interne du régime (Sarkozy en parle également dans ses interventions).

Chacun espère exploiter ces « divisions » pour trouver une solution à cette crise aux enjeux géostratégiques. Quant à la méthode, c’est la méthode lente, multiplication des procédures, des conférences, refus de toute confrontation, très Troïka… Refus du droit d’ingérence et silence très pudique sur les intérêts français en Iran : du Pur Quai d’Orsay.



Ségolène Royal | Si l’Iran persiste à ne pas se conformer à ses obligations, nous devrons monter d’un cran dans les sanctions. Mais je n’accepte pas l’idée de « coalition de pays volontaires » qui a été utilisée par l’administration américaine lors de l’intervention en Irak, avec les résultats que l’on sait.

Notes IRAN-RESIST | Ségolène Royal confond l’invasion de l’Irak et les sanctions économiques. C’est accablant.



Nicolas Sarkozy | Si l’Iran continue à ne pas respecter les résolutions du Conseil de sécurité, il faudra aller plus loin dans les sanctions pour faire comprendre au régime que nous n’acceptons pas le fait accompli d’un Iran nucléaire. Dans ce cas, nous rechercherons en priorité l’unité du Conseil de sécurité sur de nouvelles mesures. Rien n’est exclu, a priori, ce qui compte, c’est l’efficacité. S’agissant de sanctions en dehors du Conseil de sécurité, ce n’est pas un problème de principe. Mais il est, bien sûr, préférable d’avoir une résolution de l’ONU.

Notes IRAN-RESIST | « Nous rechercherons en priorité l’unité du Conseil de sécurité sur de nouvelles mesures » : méthode lente, recherche de l’unité, impossibilité d’adopter de nouvelles sanctions réellement efficaces. Comme précédemment, NS est celui qui s’exprime le mieux : ça a l’air moins rigide, mais il reste fidèle à une démarche onusienne et évidemment silencieux sur les intérêts français en Iran. C’est la méthode Sarkozy : Faire des phrases courtes et efficaces, mais face aux mollahs ce sera bien insuffisant.



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Le Monde | Seriez-vous d’accord pour que l’Iran soit autorisé à mener sur son territoire, et sous contrôle étroit de l’AIEA, des activités de recherche et développement dans le domaine de l’enrichissement d’uranium comme compromis éventuel pour sortir de l’impasse diplomatique ?

François Bayrou | Il serait à la fois illusoire et inéquitable d’interdire à l’Iran l’accès au nucléaire civil. Le traité de non-prolifération ne proscrit pas formellement les activités d’enrichissement, sous réserve qu’elles ne débouchent pas sur la fabrication d’armes nucléaires. Tout le problème est dans l’efficacité du contrôle, et les Iraniens ne nous ont pas habitués à beaucoup de bonne foi en ce domaine. Toute la question est donc de savoir ce que pourrait être un « contrôle étroit ». Nous ne pouvons pas cautionner un simple habillage juridique de la marche iranienne au nucléaire militaire.

Notes IRAN-RESIST | Enfin un peu de fermeté.



Ségolène Royal | La question est aujourd’hui que l’Iran arrête son processus d’enrichissement sans contrôle. C’est seulement ainsi que la confiance indispensable à la bonne application du traité de non-prolifération pourra revenir. Et je redis que la meilleure solution me paraît être la proposition faite par la Russie de fournir l’uranium enrichi à l’Iran, ce qui écarterait le risque de prolifération, tout en permettant à ce pays d’accéder à l’électricité d’origine nucléaire.

Notes IRAN-RESIST | « Sans contrôle » : Est-ce une faute de frappe (sous ? contrôle) ou une nouvelle bourde de Mme. Royal ? Malheureusement, elle n’a aucune connaissance géopolitique et elle préconise la Proposition Russe qui est loin d’être sans risque. De plus cette solution pousse l’Iran dans la zone de l’influence de la Russie et permet à cette dernière de contrôler l’Asie Centrale avec l’aide des mollahs.



Nicolas Sarkozy | Ce programme d’enrichissement iranien est dangereux car il n’a pas d’utilisation pacifique identifiable. Le Conseil de sécurité a donc exigé de l’Iran qu’il suspende y compris ce qu’il appelle ses « activités de recherche et développement ». Téhéran doit coopérer sans réserve avec l’AIEA, pour faire toute la lumière sur des années d’activités clandestines. La communauté internationale a fait des propositions ambitieuses, en particulier la possibilité pour l’Iran de développer un programme nucléaire clairement civil. Mais pour cela, l’Iran doit démontrer ses intentions pacifiques.

Notes IRAN-RESIST | Efficace et neutre.



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Notre verdict

Les intérêts de la France en Iran demeurent inchangés et donc ses options restent limitées, les trois candidats s’adaptent à ces contraintes. Tant que ces intérêts seront privilégiés à la nécessité d’un Moyen-Orient stable et d’un Iran libre et neutre, avec les meilleures volontés des 3 réunis, la crise continuera et même s’amplifiera, surtout quand les mollahs auront recours au terrorisme pour contraindre les Français à composer avec eux.

En refusant d’assumer l’existence des intérêts français en Iran ou en refusant d’aborder le caractère terroriste du régime, les candidats se montrent incapables de résoudre cette crise et ses évolutions. Notre verdict est que ces candidats ne sont pas à la hauteur à cette crise, surtout en cas de confrontation terroriste avec la république islamique d’Iran.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

13.4.07

LES COLLABOS !



Royal Marines en patrouille

Source: http://www.armedforces.co.uk

L’Europe invertébrée rend les armes sans combattre pour le plus grand bonheur des collabos. C’est le bloc-notes d’André Dufour.

Éthanol ou Thanatos

La mal-aimée Amérique s’engage résolument dans la production d’éthanol. Le maïs, d’où l’éthanol made in USA sera tiré, est déjà planté sur 50 000 km2 correspondant à la surface de la Suisse. En coordination avec le Brésil du socialiste Lula se met en place un marché de l’énergie «propre». Le maïs en question a le double tort d’être américain et OGM, ce qui ne l’empêche pas d’être plus respectueux de l’environnement que le maïs chéri des anti-OGM poussant à coups de pesticides et d’arrosage copieux qui empoisonnent les nappes phréatiques et massacrent oiseaux et insectes utiles. L’Amérique gagnera la bataille de l’énergie et s’affranchira du racket des pays producteurs de pétrole. L’Europe des interdits se contentera de ses José Bové avec le vandalisme de ses «faucheurs» et de ses verts écolos fondamentalistes. Plutôt la dépendance à l’égard du pétrole arabe ou russe avec à la clé la vassalisation que de donner raison à l’Amérique. Plus c’est polluant, plus c’est écolo en somme.

On aura beau se gausser des difficultés technologiques et d’infrastructures auxquelles l’Amérique sera immanquablement confrontée pour sa sortie du pétrole, cette puissance les surmontera à coup sûr car elle a cette ferme volonté et cette détermination qui nous font si lamentablement défaut. Cédant aux braillards et à toutes sortes de mouches du coche, l’Europe restera dans l’arrêt sur image d’un antiaméricanisme imbécile et vociférant. Belle aubaine pour nos fournisseurs d’énergie fossile qui s’apprêtent à donner un tour de vis de plus au garrot qui étouffera l’Europe en mettant en place un organisme de racket en échange du gaz naturel.

Pour quel Kaiser roulent-ils ?

C’est la question qui vient à l’esprit devant l’agitation d’une coalition d’anti-nucléaire et d’anti-OGM qui tentent d’empêcher l’Europe de se doter des seuls moyens sérieux de s’affranchir rapidement du chantage politico mafieux exercé par les pays producteurs de pétrole et de gaz. Ils remportent déjà quelques succès remarquables puisqu’ils ont réussi à faire dénucléariser l’Allemagne, exposant ce pays et sa prospérité au chantage de la Russie mafieuse dirigée par un ancien flic du système stalinien.

Sont-ils au moins motivés par la défense de l’environnement ? La dangerosité du nucléaire ? Les risques pour notre santé auxquels les OGM nous exposent ? La bienséance m’interdit de répondre à la manière de Zazie. Il paraît que ces militants de Green Peace, ces faucheurs vandales, menés par José Bové et autres hurluberlus, agissent par pur idéalisme et n’obéissent qu’à leur conscience. Attendrissant et émouvant ! Mais il ne faut pas trop creuser dans notre mémoire pour se rappeler qu’en moins d’un siècle, on nous a déjà fait deux fois le coup.

En 1917, donc bien avant le bucolique bidon José Bové, Lénine, cet autre humaniste idéaliste au service du Prolétariat, renversait par un putsch le fragile pouvoir démocratique qui se mettait péniblement en place en Russie après en avoir destitué la tsar et sa gouvernance autocratique. Toute affaire cessante, Lénine instaura la dictature du Prolétariat, c'est-à-dire la sienne et celle de son parti, s’appuyant sur la redoutable flicaille de l’expéditive Tcheka, et aussitôt signa avec l’Allemagne impériale un traité de paix au prix d’énormes sacrifices territoriaux. C’était déjà le coup des «territoires en échange de la paix» si cher aux actuels palestinophrènes et autres «paix maintenant».

Le peuple aspirait légitimement et ardemment à la paix, Lénine la leur apportait. Une paix version bolchevik qui, en fin de compte, fit entre dix et vingt fois plus de morts que la guerre «proprement» dite, mais ça c’est une autre histoire. On a tout de même fini par savoir qu’épuisé par une guerre menée sur deux fronts, le Kaiser, soutenu par son état-major, trouvait astucieux de mettre à son service un Lénine planqué en Suisse d’où il dirigeait le groupusculaire parti Bolchevik, lui affréta un train spécial qui lui fit traverser toute l’Allemagne sous sa protection et l’aida à renverser le pouvoir russe qui résistait tant bien que mal aux offensives allemandes. Cette prise du pouvoir par un putsch qualifié de Révolution devait permettre à l’Allemagne de transférer ses troupes du front russe au front de l’Ouest péniblement tenu par les alliés français, belges et britanniques et assurer la victoire allemande. Bien entendu le bolchevisme qui aux yeux des militants de base et des sympathisants qualifiés «d’idiots utiles» par Lénine même, était censé libérer la classe ouvrière des chaînes de l’exploitation bourgeoise et de distribuer les terres aux paysans sans terre. La réalité sur le terrain fut toute autre, au point que Lénine puis son successeur Joseph Staline avaient plus d’adeptes et de sympathisants dans les démocraties «bourgeoises» qu’à l’intérieur de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques «patrie du Prolétariat». Or, cette imposture bolchevik pollue encore de nos jours nos «élites» intellectuelles et notre politiquement correct.

Plus près de nous, la France saignée à blanc et horrifiée par les hécatombes de la guerre de 1914-18, si puissamment relatées dans «Le Feu» d’ Henri Barbusse, «Les Croix de Bois» de Roland Dorgelès ou «à l’Ouest rien de nouveau» d’Éric Maria Remarque entre autres, succombait aux sirènes du pacifisme dont l’un des champions, Marcel Déat que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer dans Liberty Vox, frondeur du genre José Bové, moustache gauloise en moins, dirigeait le quotidien «L’œuvre». Le Front populaire lui offrit un cadre idéal pour professer son pacifisme et son opposition au réarmement pourtant nécessaires face au péril nazi qu’il minimisait. Toujours dirigé par le même Marcel Déat, L’ŒUVRE devint, dès le premier jour de l’occupation nazie en 1940, l’organe de la collaboration politique, économique et militaire avec l’Allemagne nazie. Le même Marcel Déat, le pacifiste qui dissuadait les Français de mourir pour Dantzig, patronnait la LVF (Légion des Volontaires Français) qui, sous l’uniforme allemand, partait combattre le judéo bolchevisme sur le front russe. Il s’énervait contre le gouvernement de Vichy, à ses yeux trop réticent à s’engager en tant qu’allié militaire aux côtés du Reich. Il fallut attendre la défaite nazie pour découvrir dans les archives du Troisième Reich les feuilles d’émargement des «gratifications» qui, avant la guerre, alimentaient, parmi d’autres, le pacifisme de Marcel Déat.

Alors pour quels Kaisers, pour quels Führers, pour quels émirs et ayatollah, pour quels commanditaires roulent-ils ces généreux faucheurs, ces alter-mondialistes compatissants à géométrie variable, ces écolos anti-OGM, ces anti-nucléaires, ces grinepisseux «désintéressés» ? «Par générosité, par idéalisme» répondent en chœur leurs idiots utiles. L’avenir ne manquera pas de leur apporter un démenti.


Feu l’Etat providence

Le modèle suédois inspire le programme du PS au moment même où l’état suédois, sa copie, se désengage. Le gouvernement de ce pays est amené à vendre quelques unes de ses plus prestigieuses entreprises nationalisées pour combler l’abyssal déficit provoqué par une générosité sans discernement, pour se dégager d’un système menant à la faillite. C’est ainsi que le gouvernement suédois se rend compte qu’il n’appartient pas à l’état de s’établir fabricant de vodka, fût-il Absolut. Cela n’empêchera pas les Suédois de se bourrer d’alcool le samedi soir. Ce qui n’empêchera pas non plus le PS, de se reconnaître dans un «modèle suédois» que la Suède est en train de répudier. Excellente illustration du caractère progressiste du PS.

L’Etat providence n’est viable que lorsqu’il repose sur une solidarité réversible entre tous les citoyens et sur leur sens des responsabilités. C’est une sorte d’assurance mutuelle dans laquelle chaque cotisant d’aujourd’hui pourrait en devenir le bénéficiaire de demain. C’est ce que chacun d’entre nous expérimente en payant sa prime d’assurance incendie et d’autres aléas de la vie. De ce côté-là, il n’y a pas de solution miracle. L’état, qui joue le rôle d’assureur, doit trouver un juste équilibre entre les recettes, sous forme de prime ou de cotisation, versées par l’ensemble des assurés et le montant des sinistres à régler ; un «rapport S.P» ou sinistres /prime dans le jargon des assureurs. Encore faut-il que le montant des cotisations, des primes d’assurance, reste supportable. Le «modèle suédois» fonctionnait bien tant que régnait l’esprit mutualiste dans lequel nul ne cherche à abuser du système; il ne fonctionne plus depuis que le nombre d’ayants droit ne cesse de s’accroître tandis que le nombre d’actifs cotisants diminue dans les mêmes proportions. L’Etat providence doit alors choisir entre deux solutions pour maintenir le système tel quel : surcharger les actifs cotisants ou, pour éviter une rébellion de leur part, boucher le déficit du système en s’endettant. Cette dernière solution ne serait valable que dans le cas d’un déficit conjoncturel. Or, ce déficit solidement installé ne fait que s’aggraver d’année en année. Un gouvernement responsable ne peut donc que sortir de ce système d’assistanat universel sans pour autant se désintéresser de ceux qui sont réellement dans le besoin. Les pays scandinaves, mais aussi l’Allemagne, l’ont compris et l’ont fait admettre chez eux. Mais la France, qui n’a plus depuis belle lurette d’hommes d’état, plie devant le dernier coup de gueule d’un braillard groupusculaire. Il y a peu de chances de voir les démagogues qui aspirent au pouvoir proposer le moindre changement réel en profondeur dans ce système ubuesque.


Chômage et RMI

Voici deux exemples de l’absurdité de notre système. Or, point n’est besoin de subventionner la création de nouveaux emplois, ni de faire appel à une immigration massive ou «choisie» alors que nous sommes incapables de gérer l’immigration déjà en place. Cent un métiers de France cherchent à recruter 1 223 256 employés, ce qui est faisable moyennant une aide à la formation professionnelle préalable pour ceux qui ne sont pas qualifiés. Or 46% soit 562 580 manquent à l’appel alors que ces offres d’emploi sont de nature à réduire considérablement le nombre de chômeurs. Allocations de chômage ou de RMI seraient-elles plus séduisantes ? Voudrait-on nous faire croire que dans leur immense majorité, les chômeurs et des érémistes sont des impotents et que leur nombre est donc incompressible?

Images «Floutées», écoliers floués par les dhimmis

Au tableau d’honneur des dhimmis, avant-garde de la Collaboration, figure l’éditeur Belin qui a jugé politiquement correct de «flouer» (d’autres disent «flouter») le visage de Mahomet, présenté par une célèbre miniature, œuvre d’un artiste musulman du XIIIème siècle conservée à la bibliothèque d’Edimbourg, dont la reproduction illustre un manuel d’histoire–géographie à l’usage des classes de cinquième. C’est semble-t-il Jocelyn Bézecourt, animateur du site www.atheisme.org, repris par quelques journaux, qui nous l’apprend.

Pour sa défense, l’éditeur observe que les manuels d’histoire géo sont très exposés à la controverse et qu’à chaque publication de ces manuels, au moins un tiers des lecteurs sont en désaccord avec le contenu. Soit, mais un livre d’Histoire et de Géo n’a pas pour mission de se plier aux supposés interdits de telle ou telle religion, ni de propager une hagiographie. Certains manuels scolaires reproduisent bien la fresque de Léonard de Vinci présentant Dieu donnant vie à Adam, sans craindre de choquer les Juifs pratiquants alors que le Décalogue interdit de représenter Dieu par une image ; je ne sache pas qu’un fondamentaliste juif ait attenté à la vie de l’éditeur ni même marqué sa désapprobation. Et si l’Episcopat a déploré la publication de Da Vinci Code qui heurte la foi chrétienne, nul n’a songé à le faire interdire. Quant au contenu antisémite de quelques écrits de Théophile Gautier invoqué par l’édition Belin, observons qu’en en trouve aussi chez la plupart des auteurs classiques, chez Voltaire et chez presque tous les auteurs du 19ème siècle, sans parler du 20ème; cela faisait partie du mode de pensée «normal» de la «bonne société» jusqu’à l’époque nazie et cela reste encore «normal» chez la plupart des auteurs musulmans de langue arabe ou persane.

À cette aune, il faudrait censurer la majeure partie de notre littérature. Or, plutôt que de censurer l’Avare de Molière ou les œuvres de Voltaire, ou ailleurs le Marchand de Venise de Shakespeare, rappelons que dans un régime démocratique et laïque, l’objectif de l’enseignement n’est pas d’interdire ni de censurer ou «flouer» mais avant tout de développer le sens du discernement et l’esprit critique des écoliers.

Nul n’est tenu de prendre ces livres, y compris les évangiles, pour «parole d’Evangile». Pour ce qui est des images «flouées», l’Islam, que je sache, ne réserve pas l’interdiction d’image à son seul prophète mais aussi à toute figure humaine, ce qui a contraint la plupart de ses artistes à se limiter aux formes géométriques et à la calligraphie. Alors, que les écoles d’Egypte, du Maroc ou d’Arabie saoudite cachent le visage de leur prophète, c’est leur affaire. Mais la République française est-elle déjà soumise aux fatwas et interdits d’une forme arriérée de l’Islam dont nombre de Musulmans tentent de se libérer ? Or, sachant qu’un manuel scolaire ne fait jamais l’unanimité, l’éditeur avait à choisir entre la dignité, c'est-à-dire imposer en France et faire respecter la culture et les usages français, et l’indignité d’une capitulation; il semblerait même que l’éditeur ait cédé non pas tant à des pressions des mosquées mais aux objections d’une poignée d’enseignants, zélés agents conscients ou non de l’islamisation de la France. Ce choix est celui des couards, des moches, des serviles qui devancent les exigences éventuelles de celui qu’ils croient le plus fort du moment. Dans ma jeunesse, on appelait ça des Collabos. Aujourd’hui, ils se désignent comme des «respectueux». Comme la «P. respectueuse» à coup sûr.

On est parfois étonné de la fulgurante expansion de l’Islam fruste et barbare d’Arabie, souvent sans même livrer bataille, dans des pays d’antique civilisation tels que l’Egypte, la Perse, la Mésopotamie, la Syrie. À croire que la classe dirigeante et intellectuelle de ces pays était de la même trempe que les individus des éditions Belin. Avec cette même mentalité, l’Europe est déjà pourrie à la base.

L’Europe invertébrée

Ceux à qui il arrive de douter de la pertinence de leur «Non» au projet de constitution de l’Europe, le comportement flasque de l’UE face à la candidature turque vient les conforter. Je ne nourris aucune prévention contre la Turquie si ce n’est le négationnisme de sa classe dirigeante à propos de son génocide arménien. Elle est ce qu’elle est : proche de l’Europe par sa géographie, mais fort éloignée par son nationalisme exacerbé, par la frustration d’ancien empire déchu, mais surtout par son imprégnation culturelle islamiste péniblement contenue par le seul bastion de sa laïcité : son armée.

En imposant à celle-ci les règles Communautaires qui imposent à l’armée de se tenir à l’écart du jeu politique, l’Union Européenne a favorisé le triomphe des islamistes «démocratiquement» portés au pouvoir. À croire que nos eurocrates, auxquels nous avons déjà transféré une grande partie de notre souveraineté reposant sur le suffrage universel, ont fait leurs classes chez Gribouille. La démocratie occidentale n’étant pas exportable, cela seul suffirait à confirmer que la Turquie est étrangère à l’Europe. Et, alors que l’occupation d’une partie de Chypre, état membre de l’U.E, et le refus par la Turquie de reconnaître cet Etat devrait être un cas rédhibitoire mettant fin au processus d’admission dans l’U.E, nos eurocrates, à l’unanimité de ses représentants, donc celui de la France inclus en dépit du Non, reprennent les négociations avec ce pays. On a beau nous rétorquer qu’il n’est question que d’un seul chapitre, celui de la politique industrielle, et que l’interdiction ne vise que la clôture mais nullement d’ouvrir, ce n’est pas moins un pas de plus en direction de la pleine adhésion. Nos eurocrates ne voient pas l’Europe autrement qu’en marché élargi, méprisant tout ce qui fait sa personnalité, sa culture et ses aspirations. Aussi prétendent-ils en quelque sorte que ce découpage en tranches ne nous oblige pas d’avaler tout le saucisson turc puisqu’il en subsistera la ficelle, sans doute réservée à Chypre. Lentement mais sûrement, c’est l’Europe mollassonne qui se plie à l’arrogance d’Ankara, capitale d’une Asie Mineure dont une petite tête de pont est en Europe, celle des Lumières, de la liberté et du respect de l’individu, homme ou femme, mais dont le cœur penche vers La Mecque.

Rule Britannia over the seas !

Cet hymne a certainement été composé avant la pantalonnade des quinze marins british qui n’ont opposé aucune résistance à leur capture hors des eaux territoriales iraniennes par une poignée de matelots d’Ahmadinejad et qui ont été relâches après on ne sait quelles humiliantes tractations. Et les marins de sa Gracieuse Majesté enfin restitués sont fêtés comme des héros. Dans le concours pour le titre de maillons le plus faible de l’Europe invertébrée, la Grande Bretagne de Tony Blair vient de ravir le titre à l’Espagne de Zapatero qui s’est illustrée en se déculottant aussitôt après l’attentat terroriste de Madrid. L’orgueilleuse Albion n’a plus de Churchill dans son arsenal. La France, pour sa part, a déjà beaucoup donné au chantage et racket arabe, elle est donc tranquille. Pour le moment du moins. Mais tout ça augure mal de l’avenir de l’Europe. Une Europe ne se construit pas que sur des traités, conventions, une constitution et des réglementations, mais sur une farouche volonté d’être. Or, on ne construit rien avec la veulerie pour seul moyen ?

La fatwa du Machin !

Dans une récente résolution «musulmane» votée par une majorité composée des pays musulmans siégeant à l’ONU, auxquels s’ajoutent le Mexique et, sans surprise, la Russie, Cuba et la Chine (pays exemplaire qui fascine tant Ségolène pour la célérité de sa justice), pour une fois, la France a voté contre. Serait-ce là l’amorce d’une politique de rupture ? De ce côté-là, elle serait bien tardive. Toujours est-il que cette «résolution», sorte de «Bekanntmachung» des «affiches rouges» des années 40, interdit désormais de critiquer l’Islam et de tenir des propos jugés désobligeants associant l’islam à l’oppression, à la violence, au terrorisme. Et comme pour mettre les points sur les i, cette résolution ne s’applique même pas à toutes les religions mais exclusivement à l’Islam. Défoulez-vous donc sur le Christianisme, le Judaïsme, l’Hindouisme, le Bouddhisme ou l’athéisme, ce n’est pas «streng verboten». Charlie Hebdo l’a échappé de justesse : à quelques jours près, la justice française, se pliant à la résolution de l’ONU, l’aurait condamné et, au point où nous en sommes, aurait livré Philippe Val, son rédacteur en chef, aux talibans ou aux wahhabites pour se faire décapiter sous le regard de centaines de millions de téléspectateurs.

L’Europe de «notre chance»

La liste des policiers victimes du terrorisme des innombrables hordes barbares issues de la «chance de la France» ne cesse de croître et de s’amplifier. C’est ainsi qu’une bande de «jeunes», rendus audacieux par l’impunité de fait dont ils bénéficient, pénètrent armés dans un hôpital, neutralisent un policier de faction et «libèrent» un voleur de cyclomoteur blessé dans une course poursuite. De «bousculades» meurtrières dans une attraction foraine aux émeutes provoquées par le moindre contrôle d’identité ou de titre de transport, la police, qui manque tragiquement de ce soutien de l’opinion dont bénéficient les fraudeurs, resquilleurs et voleurs, en viendra à baisser les bras et à laisser faire. À quoi bon en effet risquer son intégrité physique ou sa vie qui vaut bien plus qu’un modeste salaire ? On n’a jamais vu un policier faire fortune, mais du moins est-il en droit d’être respecté et considéré. Comme le souligne une lettre adressée par un lecteur d’un quotidien, ces passagers lâchement passifs lorsque les voyous s’en prennent à une passagère, ne retrouvent leur «civisme» que pour prendre fait et cause d’un fraudeur contrôlé. On peut dire que l’Europe est vraiment démocratique puisque la pourriture au sommet est bien l’expression de la pourriture de la base.


André Dufour pour LibertyVox

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© André Dufour pour - Article paru le 12/04/2007 Imprimer cet article
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11.4.07

NEWS DE L'ESISC

FLASH/Algérie/Terrorisme :
au moins trente morts, revendication d’al-Qaïda, d’autres attentats à craindre

Les deux attentats qui ont frappé Alger ce matin ont fait au moins trente morts et plusieurs dizaines de blessés et ont été revendiqués, sans surprise, par al-Qaïda dans les Etats islamiques du Maghreb (ex-GSPC) dans un coup de téléphone à la chaîne d’information continue al-Jazira.

Outre le fait qu’elles marquent une défaite cinglante pour la politique de « réconciliation nationale » chère au président Bouteflika, ces attaques démontrent ce que nous n’avons cessé d’écrire, à savoir que le terrorisme islamiste restait extrêmement dangereux et virulent au Maghreb. On savait, depuis l’attentat de Bouchaoui, le 10 décembre dernier, qu’au moins une cellule terroriste bien structurée était, pour la première fois depuis plusieurs années, présente et active dans la région d’Alger. On sait aujourd’hui que les réseaux d’al-Qaïda au Maghreb sont capables de mener des actions coordonnées contre des cibles très protégées en plein cœur de la ville (le Palais du Gouvernement) et dans sa très proche banlieue (un commissariat de police à Bab Ezzouar, quartier universitaire et d’habitations).

Du recrutement et de la formation des kamikazes au repérage des lieux en passant par la fourniture des explosifs et la préparation des véhicules piégés, de telles actions ne s’improvisent pas. Elles demandent, au contraire, des cadres éprouvés et des moyens logistiques importants. Il serait donc douteux qu’al-Qaïda au Maghreb en reste là après un tel coup de maître : les deux voitures piégées de ce matin étaient les premières à sauter au centre de la capitale depuis des années. Elles ne seront sans doute pas les dernières.

NEWS D'ISRAEL-INFOS

A LA UNE

Azmi Bishara se retire de la vie politique
Le député arabe israélien va démissionner de la Knesset et s’installer dans un pays arabe.
Le parti Balad (Rassemblement national démocratique), avait démenti dimanche les rumeurs de démission de leur leader, mais le site du journal israélien El Arab affirme que Azmi Bishara a déjà demandé l’asile politique au Qatar il y a deux semaines et qu'il pourrait selon certaines sources, devenir commentateur à la chaîne de télévision Al-Jazeera. Né dans une famille chrétienne de Nazareth en 1956, Azmi Bishara est entré en politique très jeune au sein du parti communiste israélien. Docteur en philosophie de l’université de Berlin-est, il enseigne à l’université Bir Zeit prés de Ramallah à partir de 1986 avant de créer son parti politique en 1995, et d’entrer à la Knesset un an plus tard. Un temps associé au Parti communiste puis au député Ahmed Tibi, il a obtenu trois mandats aux dernières élections législatives en 2006.
Par ailleurs, la Cour suprême avait annulé en février 2006 des poursuites engagées contre lui pour des déclarations faites en 2001 en Syrie, en faveur de la lutte contre Israël. Bishara a également été poursuivi pour avoir organisé des voyages illégaux d'Arabes israéliens dans ce même pays, qui est en guerre avec Israël.
Le chef de l’opposition, Binyamin Netanyahou, s’est félicité de ces informations précisant que « son départ serait bénéfique pour tout le monde, juifs et arabes». Yoel Hasson (Kadima) a suggéré que s’il revenait en Israël, la police l’attende à la frontière avec des menottes. De son coté le député Zevouloun Orlev (PNR) a déposé une proposition de loi à la Knesset qui vise à empêcher tout citoyen israélien ayant voyagé dans un pays ennemi, de se présenter au parlement.
S’affirmant poursuivi par la justice israélienne, le principal intéressé a réagi en déclarant n’avoir pas encore pris de décision définitive.

Sécurité

- Le ministre de la sécurité intérieure, Avi Dichter, a annoncé vouloir nommer Doudi Cohen à la tête de la police israélienne. Agé de 51 ans, ce dernier a gravi tous les échelons des services de police depuis 1977, et a été nommé il y a un an à la tête du commandement de la région Centre. C’est Shahar Ayalon, actuel commandant de la région Nord, qui devrait être son adjoint.

- Le Shin Beth a affirmé mardi qu'un Palestinien conduisant un camion transportant 100 kilos d'explosifs était arrivé à Tel-Aviv il y a deux semaines avant de faire demi-tour pour des raisons inconnues. Dans le cadre de cette affaire les services de sécurité ont arrêté à Kalkilya une cellule terroriste du Hamas composée de 19 membres, mais le mouvement islamiste dément que ses hommes aient participé à cette tentative d‘attentat.

- Un Arabe israélien habitant Jaffa a été libéré mardi, trois jours après avoir été enlevé à Gaza près du domicile de sa femme et de ses enfants à qui il rendait visite.


Diplomatie

Le président de l’Autorité palestinienne a annoncé mardi qu'il rencontrerait le Premier ministre israélien la semaine prochaine. "Je vais voir Ehud Olmert pour discuter des moyens de réactiver le processus de paix à la lumière des résultats du sommet arabe de Ryad", a déclaré Mahmoud Abbas, à Bethléem. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice avait déjà annoncé le 27 mars à Jérusalem que les deux hommes avaient pris la décision de se rencontrer une fois toutes les deux semaines.

- Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a affirmé mardi que la balle était maintenant dans maintenant dans le camp israélien concernant la libération de Guilad Shalit. Le chef du gouvernement Ehud Olmert qui a examiné mardi soir la liste des prisonniers transmise par le Hamas a affirmé être déçu, jugeant que le prix demandé par le mouvement islamiste pour la libération de Guilad Shalit était trop élevé pour Israël.


Justice

- Le Premier ministre Ehud Olmert a été entendu par la police sur une affaire concernant la direction du fisc, durant près de quatre heures. La directrice de son cabinet, Shula Zaken, directement mise en cause dans cette enquête, est actuellement suspendue de ses fonctions pour six mois. Elle est soupçonnée d'avoir usé de ses relations pour faire nommer de hauts fonctionnaires de l’Autorité fiscale afin d'obtenir des allègements fiscaux, notamment au profit de son frère, Yoram Karshi, homme d'affaires et ancien membre du comité central du Likoud. Le directeur de cette administration, Jacky Matza, nommé par Ehud Olmert alors qu'il était ministre des Finances, a démissionné il y a plusieurs semaines en raison de son de son implication dans cette affaire.

- La Cour suprême a donné cinq jours supplémentaires à l’Etat pour justifier la raison du refus de publier les témoignages d’Ehud Olmert, Amir Peretz et Dan Haloutz devant la commission Winograd, chargée d’enquêter sur le comportement des militaires et des politiques durant la seconde guerre du Liban.


Politique

Le député Ofir Pines, candidat à la tête du parti Travailliste a annoncé vouloir retirer son parti de la coalition s’il était élu. De son coté, le vice-premier ministre Shimon Peres (Kadima) a laissé entendre qu’il verrait bien une union des deux formations politiques, ajoutant toutefois que ceci n’était pas d’actualité pour le moment.


Société

Les enseignants du secondaire se joindront mercredi à la grève des étudiants de tout le pays, qui protestent contre la réforme du système de l’éducation supérieure. Les enseignants exigent de leur coté que soit trouvé un accord sur leurs salaires avec le ministère des Finances.


Culture

Le cinéaste israélien religieux Yossef Cedar, qui a récemment remporté le prix du meilleur cinéaste au Festival de Berlin pour son film «Beaufort», a été reçu sur le plateau de la télévision qatarie Al Djazira. C’est le premier réalisateur israélien à être invité sur cette chaîne.


Sport

L’équipe de tennis israélienne a réussi l’exploit de battre par 3 à 0 son adversaire italienne dans le cadre des préliminaires de la Coupe Davis.





Israelinfos.net vous souhaite une agréable journée

ISRAEL - IRAN ( partie II )

4. Le paradoxe de la « stabilité-instabilité »

S'il est difficile d'établir un modèle prévisionnel véritablement fermé et aisément reproductible en matière de relations entre Etats détenteurs de l'arme atomique et engagés dans une relation mutuelle de dissuasion, ainsi que je l'ai indiqué plus haut, et malgré le peu de recul historique que nous ayons (soit un peu plus de soixante ans), il semble bien qu'il existe des règles de la dissuasion, sortes de balises qui s'élaborent et se découvrent délicatement au cours du temps par les duellistes, à travers l'affrontement auquel ils se livrent, avec le risque permanent de dérapage et d'erreur pouvant mener au désastre. L'une de ces règles est ce que les spécialistes des questions nucléaires et stratégiques appellent le « paradoxe de la stabilité-instabilité ».

Ce dernier repose sur l'idée que l'introduction de forces nucléaires diminue le risque de conflits conventionnels de haute intensité mais augmente celui de la multiplication de petits conflits, autrement appelés conflits de basse intensité. Cette théorie a été plusieurs fois formulée par les stratèges de la guerre froide et exprimée par des auteurs tels que Kenneth N. Waltz, Glenn Snyder (auquel revient la paternité de l'expression de ce paradoxe), André Beaufre ou Pierre Marie Gallois, pour ne citer qu'eux.

Ainsi, on aurait deux cas de figure possibles : dans le premier, nous serions confrontés à une relation hautement instable qui amènerait à chaque instant les deux protagonistes au bord du précipice, augmentant considérablement le risque d'escalade, à la suite d'un calcul erroné ou d'une confiance trop grande d'un des acteurs dans ses chances de succès ; dans le second, ce serait plutôt l'émergence d'une situation d'équilibre qui s'affirmerait, tant le système serait stable, et les adversaires écarteraient dès lors toute décision ou action aventureuse susceptible de les faire basculer dans l'irréparable et de dégénérer en cataclysme.

La différence entre ces deux types de relation dissuasive ? La notion de capacité de secondes frappes qui assure à chacun des protagonistes d'être détruit à son tour s'il venait à vitrifier l'autre dans une attaque atomique en premier, fût-ce par surprise. Cette capacité ne peut être assurée que par un certain nombre de moyens techniques dont, en premier lieu, le développement de capacités de riposte sous-marines, le submersible étant pratiquement indétectable à l'échelle de la planète, tapi au fond de l'océan et prêt, à tout moment, à déclencher le feu nucléaire sur un possible agresseur.

Lorsque deux Etats ont accédé à l'arme suprême mais ne possèdent pas encore de véritables capacités de frappe en second, il convient de parler de stabilité relative, aucun des territoires des deux protagonistes n'étant à proprement parler sanctuarisé par l'existence de forces nucléaires protégées, c'est-à-dire océaniques.

Par contre, une fois la mise en œuvre de capacités de frappe en second assurée par les deux pays, on peut alors parler de paralysie mutuelle, avec les conséquences décrites plus haut en matière d'émergence de conflits.


A. Stabilité relative

Si l'Iran accédait au nucléaire militaire, force est de constater que les conditions requises d'un équilibre parfait entre ce pays et Israël ne seraient pas réunies. Tout d'abord, on peut remarquer l'absence de capacités réelles de secondes frappes des deux côtés. Côté iranien, les trois sous-marins de classe kilo mis en œuvre par sa marine ne peuvent pas accueillir de missiles balistiques à tête nucléaire. De plus, il semble que les Iraniens ne disposent pas non plus de missiles de croisière pouvant offrir une alternative sérieuse à cette incapacité à bord de ses submersibles.

Par contre, les Israéliens semblent avoir pris la mesure des défis qui les attendent, en cherchant à renforcer leur flotte sous-marine en vue d'une possible nécessité de constituer une véritable capacité dissuasive envers Téhéran. Ainsi, les trois sous-marins de la classe Dolphin, acquis en 1999 auprès de l'Allemagne, seront bientôt rejoints par deux autres (20). Si ces bâtiments ne sont pas prévus pour embarquer des missiles balistiques à charge nucléaire, il semble néanmoins qu'ils aient été équipés de 4 tubes de 650 mm susceptibles de tirer le missile de croisière Popeye Turbo. Le flou persiste autour de ce dernier et les chiffres divergent quant à sa portée. Dérivé de l'AGM 142, il aurait une portée de près de 200 à 300 km. Certains experts estiment cependant que le missile pourrait atteindre jusqu'à 1500 km (21). Info ou intox destinée à préserver le flou sur les capacités de la Heyl Hayam en rapport avec la doctrine d'ambiguïté nucléaire israélienne ? Toujours est-il qu'Israël dispose d'une industrie de défense à la pointe de la technologie et qu'il appartient au club très fermé des puissances capables de concevoir elles-mêmes des missiles de croisière. La possibilité que l'Etat hébreux ait développé un missile de croisière à changement de milieu doté d'une grande portée n'est donc pas inenvisageable et s'il ne l'a pas encore fait, on peut considérer qu'il en possède d'ores et déjà la base technologique et industrielle nécessaire.

Outre la capacité de frappe en second de part et d'autre, actuellement inexistante entre Israël et l'Iran, comme on vient de le voir, il faudrait aussi, pour assurer une véritable stabilité dissuasive entre ces deux pays, qu'ils disposent de moyens de commandement, de contrôle et d'alerte élaborés et surtout fiables. En effet, il est primordial de pouvoir mettre en œuvre des moyens de détection très en amont de la menace, grâce à des satellites, afin de repérer les missiles dès leur lancement, tracer leur trajectoire, transmettre les informations très rapidement grâce à des moyens de communication sûrs, afin de pouvoir donner l'alerte. Des chaînes de commandements claires et éprouvées par des procédures réversibles doivent être mises en place afin de pouvoir traiter l'information en temps réel, discriminer les fausses alertes des bonnes et présenter de capacités de réaction efficaces. Le but étant évidemment d'éviter tout accident !

Ici encore, il faut bien constater que les conditions ne sont pas remplies pour assurer une quelconque stabilité. Sur le plan technique, Israël dispose d'une avance considérable grâce à ses satellites d'observation. Cependant, ces moyens ne sont pas encore complets pour fournir lui les capacités suffisantes à un traitement précoce de la menace iranienne. Quant à l'Iran, tout reste à faire, et ses faibles moyens technologiques et financiers ne lui permettent pas d'envisager une parité avec Israël dans le domaine spatial à court ou moyen terme. Quant aux moyens de contrôle et de commandement, il faut souligner ici le niveau correct en ce qui concerne les compétences techniques du personnel militaire (22). La récente guerre au Liban a par ailleurs confirmé les aptitudes élevées du Hezbollah, encadré par les Pasdarans, à mettre en œuvre des matériels complexes et à préserver une chaîne de commandement efficace même dans des conditions extrêmes et précaires.

Comme si cela ne suffisait pas, il faut encore déplorer l'absence de moyens de communication directs entre les deux pays. Rappelons que l'Iran ne reconnaît pas Israël. Par conséquent, ces deux pays ne jouissent d'aucun canal diplomatique. Il s'agit là d'une situation pour le moins singulière, propre à mettre en danger la région tout entière et peut-être même au-delà, à la moindre crise, au cas où l'Iran disposerait de l'arme atomique. Souvenons-nous que, même au plus fort de la guerre froide, comme lors de la fameuse crise de Cuba de 1962, les Etats-Unis et l'URSS disposaient de relations diplomatiques. Evidemment, l'idée même d'un téléphone rouge entre Israël et l'Iran paraît dès lors exclue pour ne pas dire loufoque. Tout cela ne présage rien de bon, quand on a réalisé à quel point la dissuasion est un dialogue hautement délicat entre deux pays, comme nous l'avons vu plus haut.

On le comprend, vu l'absence des conditions nécessaires à l'émergence d'un équilibre nucléaire entre l'Iran et Israël, le Moyen-Orient ne gagnerait rien en stabilité. Cette situation précaire pourrait d'ailleurs perdurer. Une étude récente tend d'ailleurs à démontrer qu'un système de dissuasion connaît ses crises les plus graves pendant les deux premières décennies (23). On est bien loin de la vision apaisante du président français.

Evidemment, ce temps serait consacré à une course à l'armement, relancée par le programme nucléaire iranien. Celle-ci toucherait tous les domaines militaires liés à la dissuasion entre les deux pays : les missiles évidemment, aussi bien les engins balistiques que les missiles de croisière. Chose inattendue, l'introduction de ces derniers pourrait, par exemple, entraîner celle d'avions de dernière génération comme le F-22, côté israélien, afin de contrer cette menace (24). On pourrait voir évoluer les charges nucléaires elles-mêmes. Israël développerait-il des armes plus puissantes avec le passage au thermonucléaire ? Verrait-on l'apparition progressive de MIRV destinés à mettre en échec les systèmes antimissiles balistiques (ABM) comme le Hetz israélien ? Ces derniers connaîtraient sûrement des développements plus poussés encore avec l'apparition de lasers terrestres ou aéroportés (pensons au système ABL américain), voire de drones. Au-delà, c'est la militarisation de l'espace qui s'ouvrirait au Moyen-Orient, pour les raisons précitées. Enfin, la doctrine israélienne de l'ambiguïté serait-elle maintenue ou abandonnée ? Israël procéderait-il à un essai, au risque de provoquer une grave crise à son tour ?

En réalité, parallèlement à l'évolution de la menace iranienne, cette course aux armements a déjà commencé. Du côté iranien, on s'est lancé dans la course aux moyens balistiques, tandis qu'Israël améliore encore son système d'intercepteur Hetz. Les Israéliens ont ainsi procédé à un nouvel essai de ce missile antimissile balistique, le 11 février dernier (25), et semblent vouloir accélérer la mise en œuvre d'un autre prochainement (26). Récemment, ils ont même annoncé l'étude d'un drone géant de type HALE (High Altitude Long Endurance) par la firme IAI (27), tandis qu'ils s'efforcent de renforcer leurs moyens sous-marins. Manifestement, les Israéliens se préparent au pire. Est-ce dans cette optique qu'il faut replacer les déclarations controversées d'Ehoud Olmert, en Allemagne, laissant entendre qu'Israël possède l'arme atomique (28) et celles de Robert Gates, au cours de son audition devant le sénat américain, allant dans le même sens ? Serait-on en train de préparer le terrain entre Jérusalem et Washington à une possible accession de l'Iran au rang de puissance nucléaire ?


B. Paralysie mutuelle et stratégie indirecte

Mais admettons, par pure hypothèse, qu'il ne faille non pas 20 ou 30 ans mais un jour pour voir réunies toutes les conditions d'équilibre posées plus haut, et dont on vient de constater la cruelle absence entre Israël et l'Iran : nous verrions alors apparaître ce qu'on appelle une situation de paralysie mutuelle. La région en serait-elle pour autant stabilisée ?

Hélas, le problème est bien connu des spécialistes depuis maintenant plusieurs décennies : ce cas de figure, s'il diminue fortement la tentation d'affrontement direct entre deux puissances, augmente au contraire, presque en réaction, le risque de conflit indirect. En effet, la liberté d'action de chacun des deux Etats se réduisant avec l'efficacité grandissante de leurs capacités mutuelles de dissuasion, crédibilisées, comme l'avons vu, par l'élaboration de capacités avérées de seconde frappe, la possibilité d'un affrontement conventionnel se verrait sérieusement remise en question. Il est vrai que le risque d'escalade deviendrait beaucoup trop important. On se souvient ici de l'équation posée plus haut entre risque et enjeu : la perspective d'un anéantissement mutuel serait alors inévitable, invalidant dès lors l'option de la guerre directe.

Par conséquent, le seul moyen qui resterait alors à disposition se présenterait sous la forme d'une stratégie indirecte. Ces dernières années, stratèges et autres analystes ont recensé de nouvelles formes d'affrontement correspondant à ce type d'approche : guerres asymétriques, conflits de basse intensité, terrorisme. Ces nouveaux visages de la guerre remettent en question les conceptions occidentales fondées sur une vision trinitaire (29) et capacitaire de la guerre. Ils ont même pris une part prépondérante dans l'actualité internationale. Qu'on songe à l'intifada, à la guerre en Irak, au développement d'Al Qaeda et de la mouvance de ce qu'on a pris pour coutume d'appeler le terrorisme international. Pensons à la Somalie d'aujourd'hui (30) ou au Vietnam d'hier.

En réalité, on l'a compris : une paralysie mutuelle entre Israël et l'Iran ne ferait que renforcer la situation d'instabilité structurelle du Moyen-Orient déjà présente actuellement, car elle augmenterait le risque asymétrique dans la région et au-delà (31) !

La stratégie de l'Iran consisterait donc en l'exploitation de la paralysie d'Israël, dont la force de dissuasion serait court-circuitée dès lors que Téhéran serait en mesure d'accéder à une parité nucléaire crédible. C'est ici un grand paradoxe. La dissuasion israélienne a parfaitement fonctionné jusqu'ici et ce, depuis trente ans... parce qu'aucun de ses adversaires ne possédait l'arme atomique. La possibilité d'affrontement conventionnel s'est vue sensiblement limitée. Même la miniguerre entre Israël et la Syrie, à l'occasion de l'opération israélienne Paix en Galilée de 1982, s'est limitée dans le temps et dans l'espace, aucun des deux protagonistes ne sortant des limites du territoire libanais pendant les 5 jours qui les ont opposés. Le conflit israélo-arabe s'est donc transposé progressivement sur un mode indirect, prenant ainsi le visage actuel du conflit israélo-palestinien. Même la récente guerre au Liban a vu Israël engager ses forces contre une techno-guérilla exploitant au maximum la dimension asymétrique du conflit. Néanmoins, avec l'émergence d'une nouvelle puissance nucléaire dans la région, au cas où l'Iran obtiendrait la technologie nucléaire, la dissuasion israélienne ne fonctionnerait plus de la même manière. Certes, elle serait pleinement efficace dans le cadre évoqué ci-dessus de paralysie mutuelle, en ce qui concerne la possibilité d'affrontement direct, mais s'accompagnerait d'une limitation substantielle de la liberté d'action d'Israël, au bénéfice de l'Iran et, de manière plus générale, de ses ennemis.

L'Iran, doté d'un arsenal atomique, pourrait donc aisément profiter de ce nouveau rapport de forces en instrumentalisant autant que possible les forces arabes de la région. La Syrie, le Liban avec le Hezbollah, les forces palestiniennes dont, surtout, le Hamas, représenteraient des pions privilégiés d'un Iran hégémonique et devenu invulnérable par la vertu sanctuarisante de l'atome. La guerre de cet été ne serait-elle qu'un avant-goût de ce qui pourrait arriver si l'Iran parvenait à l'arme atomique, avec la multiplication de champs de bataille « neutres », asservis à des logiques de harcèlement ?

Au-delà, c'est la communauté internationale elle-même qui se verrait impliquée et instrumentalisée à son tour. L'objectif serait clair : faire peser sur Israël un chantage insupportable, y compris sur le plan moral, en allant jusqu'à faire porter sur l'Etat juif la responsabilité d'une éventuelle escalade, avec ses perspectives potentiellement génocidaires, tant il est effectivement difficile, pour ne pas dire naïf, d'imaginer l'Iran et certaines forces dans le monde renoncer à l'exploitation des arguments les plus cyniques (32).

En réalité, s'il est très vraisemblable que l'on cherche à faire porter le chapeau à Israël, par de multiples artifices moraux ou autres sophismes déjà bien rodés actuellement, le Moyen-Orient tout entier n'en verrait pas moins son équilibre, déjà improbable aujourd'hui, encore davantage précarisé, inscrivant durablement cette région dans l'instabilité. Une telle situation ne pourrait évidemment que renforcer la dépendance des puissances étrangères et en particulier occidentales, à mesure de l'augmentation de l'enjeu stratégique de cette région détentrice des principales ressources en hydrocarbures de la planète.

Car il ne faut pas oublier qu'au Moyen-Orient, il n'y a pas qu'Israël. Nous touchons ici aux limites de notre cadre de réflexion, raison pour laquelle il faut rappeler l'insuffisance d'une approche du dossier iranien ne tenant qu'à un face-à-face entre Téhéran et Jérusalem. Résumer le Moyen-Orient à ces deux pôles est évidemment réducteur, y compris en ce qui concerne la problématique de la dissuasion. En clair, l'accession de l'Iran au statut de puissance nucléaire ne ferait pas forcément basculer cette région du monde dans un modèle bilatéral pur (33). Au contraire, celui-ci devrait être ouvert à d'autres puissances régionales telles l'Egypte ou, surtout, l'Arabie saoudite, grande rivale de l'Iran. Car évidemment, avec un Iran nucléaire, c'est la politique de non-prolifération et le TNP qui voleraient en éclats, avec les incalculables conséquences qui s'ensuivraient pour le Moyen-Orient tout entier, et au-delà.

5. Rupture d'équilibre et liberté d'action

Si l'émergence d'une nouvelle puissance atomique au Moyen-Orient, l'Iran dans notre hypothèse, s'accompagnerait d'une rupture de l'équilibre stratégique qui prévaut depuis les années septante et l'aboutissement du programme nucléaire israélien, Téhéran n'en attendrait pas pour autant de se trouver dans un schéma de paralysie mutuelle pour exploiter la situation aux dépens d'un Israël fragilisé. Le régime iranien chercherait donc à augmenter au maximum sa liberté d'action, parallèlement à l'effritement de celle d'Israël. Comme l'écrivait le général Beaufre, « la liberté d'action est en effet l'essence de la stratégie » (34).

C'est ici qu'il faut rappeler qu'une stratégie élaborée au plus haut niveau de l'Etat est forcément globale, pour ne pas dire totale. Exit donc les discours convenus opposant artificiellement action politique, ou diplomatique et action militaire. De tels sophismes, s'ils sont très efficaces dans les médias et sur un public moyen, ne sont en réalité guère convaincants. Un chef d'Etat, a fortiori d'une puissance nucléaire, pense avec la totalité des moyens dont dispose son pays, pour mettre en œuvre une stratégie visant à maximiser l'intérêt national. Economie, politique, diplomatie, ressources juridiques ou militaires, rien n'est écarté. Même les médias ne sont pas épargnés, comme on le voit, hélas, de plus en plus souvent.

L'Iran, quel que soit son président, ne dérogera pas à cette règle. Aussi emploiera-t-il l'ensemble de ses moyens disponibles pour augmenter sa marge de manœuvre et diminuer celle des Israéliens, utilisant autant que possible le poids de ses capacités nucléaires.

Dans cette optique, on constatera très vite le renforcement de l'aspect symbolique et idéologique de l'affrontement avec Israël. Par conséquent, on pourrait même voir l'aspect territorial du conflit israélo-arabe instrumentalisé au profit de sa dimension métaphysique et religieuse (35). L'Iran se focalisera donc sur le sionisme dans une manœuvre de délégitimation décuplée par ses nouvelles capacités. Le but ne sera pas seulement politique mais aussi économique et démographique, cherchant tant à freiner l'immigration juive vers Israël qu'à en faire fuir la population et les investisseurs. D'ailleurs, n'oublions pas que, quel que soit le niveau de stabilité entre l'Iran et Israël, dans l'expression « équilibre de la terreur », il y a précisément le mot « terreur » qui coïncide parfaitement avec la politique des mollahs (36).

En réalité, cette démarche visant les esprits a déjà commencé. Qu'on songe par exemple à la conférence sur l'Holocauste organisée récemment par l'Iran. Contrairement à ce qu'on a pu lire ou entendre, celle-ci n'est pas simplement le fruit de l'imagination douteuse d'un chef d'Etat provocateur, en l'occurrence Ahmadinejad, mais s'inscrit au contraire dans le cadre d'une véritable stratégie à long terme, conçue par un régime qui se place progressivement dans une attitude agressive et hégémonique au Moyen-Orient, en prévision de ses espoirs de réaliser l'arme nucléaire, ferment d'une puissance accrue sur l'échiquier international. On aurait donc tort de sous-estimer le problème en le réduisant à une question de personne, sans connexion avec la dimension potentiellement nucléaire de la politique iranienne.



6. Conclusion

Au terme de cette analyse, on peut revenir à la question posée en introduction et constater que l'obtention de l'atome militaire par l'Iran augmenterait fortement l'instabilité du Moyen-Orient.

Outre la difficulté de recourir à un modèle prévisionnel fiable et rassurant en raison de l'absence de déflagration nucléaire durant la guerre froide ou dans le cadre des relations indo-pakistanaises, c'est l'épineuse question de la rationalité des acteurs qui ternit le sourire des chanteurs de bonne espérance. La formidable subtilité de la notion d'incertitude, concept clef de la dissuasion, comme on l'a vu, conjuguée à l'extraordinaire et explosive complexité du Moyen-Orient nourrit à juste titre les pires craintes quant à l'avenir, le fossé idéologique et perceptuel qui sépare les deux protagonistes envisagés par notre hypothèse de départ ne contribuant en rien à lever une hypothèque bien lourde sur l'équilibre déjà précaire de la région.

On peut d'ailleurs douter de l'applicabilité de nos schèmes mentaux aux modes de calcul des dirigeants iraniens et plus encore, de ceux qui, hypothèse extrême certes mais impossible à écarter, pourraient bénéficier du nouveau savoir-faire iranien en matière de nucléaire, semant la terreur et la désolation sur leur passage.

Mais d'autres éléments s'ajoutent à ce sombre tableau et viennent fissurer la carapace de certitudes des plus optimistes. Ainsi, l'examen du « paradoxe de la stabilité-instabilité » s'est révélé tristement instructif. Tout d'abord, nous avons constaté à quel point la stabilité, qu'on aimerait voir s'affirmer avec un Iran doté de l'arme nucléaire, serait relative, pour ne pas dire franchement improbable. Absence de capacités de seconde frappe, inexistence de relations entre deux pays dont l'un, l'Iran, ne reconnaît même pas l'existence de l'autre, course à l'armement prévisible et déjà constatable sur le terrain... : tout concorde à dire qu'il faudra plusieurs années, voir décennies, avant de constater un semblant de stabilité réelle entre Israël et l'Iran.

En réalité, le risque que le programme nucléaire iranien fait peser est celui d'une rupture d'équilibre : celui qui prévaut, tant bien que mal, depuis qu'Israël a acquis l'arme suprême, introduisant une dissuasion relativement efficace jusqu'à aujourd'hui vis-à-vis de ses adversaires, hésitant dès lors à menacer conventionnellement l'Etat juif. En effet, même en cas de paralysie mutuelle, la situation profiterait davantage au régime iranien, qui pourrait alors exploiter un « équilibre de la terreur » dans le cadre de sa politique traditionnelle, instrumentalisant au passage les forces arabes de la région, dans son objectif hégémonique.

Voilà qui souligne le véritable effet d'une possible bombe atomique iranienne : le renforcement du risque asymétrique dans la région et au-delà, l'Iran accroissant substantiellement sa liberté d'action sous un parapluie nucléaire, au contraire d'Israël qui verrait la sienne fortement diminuée, signe d'une fragilisation peu rassurante pour l'équilibre régional et international.

Quel que soit le schéma envisagé, c'est donc l'inquiétude qui prévaut. Le danger paraît d'autant plus préoccupant que certains semblent vouloir le minimiser. Sur place pourtant, les différents acteurs manifestent de plus en plus d'appréhension devant le péril grandissant que représente la perspective d'un Iran disposant d'un arsenal atomique, tandis que les Israéliens se préparent à toutes les éventualités.

L'apocalypse pour demain ? A moins que les velléités iraniennes ne débouchent sur un paradoxe jusqu'ici passé inaperçu aux yeux des commentateurs. Voulant à tout prix assurer leur survie et leur domination sur l'ensemble de la région par l'acquisition de l'arme nucléaire, les mollahs ne donneront plus d'autre possibilité que de frapper au seul endroit qui puisse réellement les abattre : au cœur même du régime qu'ils prétendent consolider.


Emmanuel Dubois

© Revue Militaire Suisse


Cet article d'Emmanuel Dubois, philosophe et chercheur associé à l'ESISC, a été publié par celui-ci en mars dernier. La RMS remercie son Président, Claude Moniquet, d'avoir autorisé cette republication.





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(1) Voir Le Nouvel Observateur, 05/02/2007.
(2) Le Nouvel Observateur, 07/02/07.
(3) Poirier Lucien, Des Stratégies Nucléaires, Editions Complexes, Paris, 1988, p. 133.
(4) Général Beaufre, Stratégie de l'Action, A. Colin, Paris 1966, p. 22.
(5) Poirier Lucien, Des Stratégies Nucléaires, Editions Complexes, Paris, 1988, p. 131.
(6) Si la dissuasion relève d'une démarche hautement psychologique, elle n'en requiert pas moins, afin d'assurer son efficacité, la réalité de la menace. Autrement dit, il ne peut y avoir de dissuasion que si l'existence matérielle des armes nucléaires est assurée ! Ceci est d'une importance cruciale.
(7) Beaufre André, Introduction à la Stratégie, Economica, Paris, 1963, p. 72.
(8) Pour illustrer l'extraordinaire complexité du « calcul stratégique », on peut à nouveau citer le général Beaufre qui explique, quelques lignes plus haut : « Tout ceci aboutit à une dialectique extraordinairement subtile visant à apprécier la probabilité de réactions de l'adversaire en fonction de ses moyens et de sa volonté de les employer, mais aussi en fonction de l'opinion qu'il peut avoir de nos moyens et de notre volonté de les employer et même l'idée qu'il se fait de l'idée que nous nous faisons de ses moyens et de sa volonté de les employer. » (Idem, p. 72)
(9) Rappelons qu'Albert Wohlstetter qualifiait l'équilibre du système présenté par cette structure dissuasive entre deux pays (à l'époque les USA et l'URSS) de « délicat », du moins, en l'absence d'une capacité solide et bilatérale de seconde frappe. On y reviendra plus loin.
(10) « Aussi doit-elle (la dissuasion) faire l'objet d'une tactique particulière dont le but est de l'accroître ou au moins de la maintenir », idem p. 72.
(11) Qu'on me comprenne bien : lorsque j'évoque un peu plus haut la difficulté de dégager un modèle prévisionnel « mathématiquement fermé » en raison de cette notion d'incertitude, je n'argue aucunement de l'impossibilité de présager l'avenir de quelque relation dissuasive que ce soit, au motif que le principe de la dissuasion reposerait sur l'incertitude quand à son succès ! Au contraire cette incertitude que j'évoque ici est celle qui fonde la dissuasion. C'est cette incertitude qui fournit toute la dynamique et toute la puissance du concept de dissuasion. Or, et c'est là mon argument, cette notion d'incertitude est certes très riche mais aussi incroyablement complexe (voir supra citation du général Beaufre). C'est cette complexité qui représente le danger car son maniement, particulièrement difficile, est toujours forcément problématique et dépend d'une multitudes de variables, propre aux acteurs de chaque relation dissuasive.
(12) Relevons par exemple la conclusion nuancée de Bruno Tertrais dans son étude sur les leçons de l'exemple indo-pakistanais : « De même que l'on n'a su que très tard que la crise de Cuba avait été beaucoup plus près de dégénérer en un affrontement ouvert entre les deux superpuissances de la Guerre froide, de même est-il trop tôt pour tirer des conclusions solides d'une bipolarité nucléaire sud-asiatique encore jeune. » Leçons de l'exemple indo-pakistanais pour la dissuasion nucléaire, étude de Bruno Tertrais, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), octobre 2003, p. 36.
(13) Voir par exemple, Roche Jean-Jacques, Théories des Relations Internationales, Montchrestien, Paris, 2004.
(14) Morel Christian, Les Décisions Absurdes, Gallimard, Paris , 2004, p.74.
(15) A ce propos, on peut relever pour exemple, qu'au lendemain de l'essai nord coréen du 9 octobre dernier, le stratégiste Joseph Henrotin notait, dans la revue DSI, que « la principale question qui hante les états-majors est de savoir si Pyongyang est, ou non, un acteur rationnel ». DSI (Défense et Sécurité Internationale), novembre 2006. On sait depuis lors, qu'un accord est intervenu dans le cadre des négociations multilatérales. Pour autant, il convient de remarquer l'extrême prudence qui accompagne une telle annonce par les autorités nord coréennes. Prudence qui confine parfois à un certain scepticisme. Manifestement la « rationalité » de cet acteur ne semble toujours pas évidente aux yeux des principales puissances internationales, a fortiori après de nombreux échecs successifs dans des circonstances similaires (accords précédents avec l'administration Clinton).
(16) Pensons à cette technique dite de la takiya, peu comprise des Occidentaux, et largement utilisée par les mollahs en vue de tromper ou de diviser les membres de la communauté internationale. Cf. « Pour les dirigeants iraniens, la takiya, art du mensonge institutionnalisé, est une seconde nature », note brève de l'ESISC, 28/06/05.
(17) Ce concept a été livré pour la première fois par un diplomate français dans le journal le Monde, le 09/11/1990. Il s'agissait à l'origine de fournir une possibilité de dissuasion occidentale envers des puissances régionales gouvernées par des régimes autoritaires ou fanatiques et disposant d'armes de destruction massive. On pourrait élargir la question aux groupes terroristes, ce qui représente évidemment la limite du modèle en question.
(18) « La dissuasion nucléaire, je l'avais souligné au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, n'est pas destinée à dissuader des terroristes fanatiques. Pour autant, les dirigeants d'Etats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous, tout comme ceux qui envisageraient d'utiliser, d'une manière ou d'une autre, des armes de destruction massive, doivent comprendre qu'ils s'exposent à une réponse ferme et adaptée de notre part. Et cette réponse peut être conventionnelle. Elle peut aussi être d'une autre nature ». Discours du président français Jacques Chirac, prononcé à Landivisiau, le 19 janvier 2006.
(19) Voir certaines annonces, aux Etats-Unis et peut-être en France sur le développement d'armes nucléaires miniaturisées, parfois appelées « mininukes ». Au-delà de l'effet de sensation utilisé par certains, on peut y voir une forme de réflexion portée sur le développement de nouvelles menaces dans un monde post guerre froide s'accompagnant de la montée en puissance du terrorisme international. Cf. « L'armée française invente la « pressuasion », mélange de prévention et de dissuasion » ; "«Mininukes», «frappes préventives»... mythes et réalités de la politique nucléaire américaine ".
(20) "Israel buys 2 German subs", Jerusalem Post, 22/06/06.
(21) Sur le site missilethreat.com.
(22) DSI (Défense et Sécurité Internationale) numéro 15 (mai 2006).
(23) "Leçons de l'exemple indo-pakistanais pour la dissuasion nucléaire", étude de Bruno Tertrais, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), octobre 2003, p. 33.
(24) Sur la capacité du F-22 à lutter contre les missiles de croisière, cf. Air&Cosmos, numéro 1951, 24 septembre 2004. A remarquer que cette idée d'utilisation de chasseurs de la dernière génération a également été formulée très récemment dans le dernier numéro de la revue DSI (DSI numéro 23, p. 81).
(25) Sur le site romandie.com.
(26) Sur le site israelvalley.
(27) Sur le site du Figaro.
(28) Sur le site de Libération.
(29) Martin Van Creveld, Les Transformations de la Guerre, L'Art de la guerre, éditions du Rocher, 1998.
(30) On peut remarquer que suite à l'intervention de l'armée éthiopienne en Somalie contre les tribunaux islamiques, le conflit tend à devenir asymétrique, les islamistes ne pouvant plus rivaliser avec succès sur le plan conventionnel.
(31) On pourrait fort bien envisager des actions terroristes commanditées par l'Iran en dehors de cette région comme par exemple en Europe.
(32) Certains seraient tentés d'imaginer Israël se placer sous la protection atomique américaine. Ce serait en réalité hautement problématique en ce qu'une telle évolution aliénerait immanquablement l'autonomie décisionnelle de Jérusalem, avec les inévitables conflits sur les intérêts vitaux. (CF. Quatre généraux et l'apocalypse, François Géré)
(33) Bruno Tertrais, op. cit. [ci-dessus n. 23] p. 30.
(34) Beaufre André, Introduction à la Stratégie, Economica, Paris, 1963, p. 121.
(35) Rappelons ici que l'Iran n'a aucun différend territorial avec Israël. Ceci peut rendre d'autant plus problématique l'idée, évoquée parfois par certains commentateurs, de négociations futures entre ces deux pays, à l'instar, par exemple, du processus qui semble s'être engagé entre l'Inde et son voisin pakistanais.
(36) Ceci ne se limite pas à Israël et peut-être également appliqué à l'Europe ou aux Etats-Unis, cf. supra, note 31.



[Merci à Koira de nous avoir signalé l'existence (qui m'avait échappé) de cette remarquable revue.]



Mis en ligne le 10 avril mars 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org

ISRAEL - IRAN ( partie I )

Israël-Iran -
vers l’émergence d’une dissuasion nucléaire au Moyen-Orient ?
E. Dubois

La poursuite du programme nucléaire iranien repose la problématique de la dissuasion, mais annonce également une rupture d'équilibre et une instabilité majeure. Une évolution inquiétante qui prendra des années pour aboutir, avec comme toile de fond la possibilité d'une apocalypse.
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Revue Militaire Suisse

avril 2007

Alors que le dossier du nucléaire iranien semble crapahuter sur une route bien sinueuse, qui l'a amené à faire une escale à la fois tardive et inattendue au Conseil de Sécurité de l'ONU, en décembre dernier, après les multiples détours d'une croisière toute diplomatique, essentiellement en Europe ou à Téhéran, les avis restent partagés sur la voie à suivre face aux dirigeants iraniens.

Le 29 janvier dernier, Jacques Chirac s'est même fendu de propos minimisant le danger d'une bombe atomique iranienne. Depuis, le président français s'est rétracté, qualifiant ses déclarations précédentes de schématiques (1). Bourde, défaillance, dérapage contrôlé ou ballon d'essai ? Toujours est-il que quelques jours plus tard, Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, appuyait les propos du président gaffeur sur LCI et que Roland Dumas, son ancien homologue, l'imitait et renchérissait quelques jours plus tard (2).

En réalité, plus le temps passe et plus les avis semblent divisés sur le problème iranien. Des soupçons quant à la volonté iranienne d'accéder au nucléaire militaire, la question tend désormais à se déplacer vers la nature du danger que représenterait la possibilité de voir Téhéran se doter de la bombe atomique. Qu'adviendrait-il de la stabilité régionale, voire internationale, dans le cas où l'Iran accéderait au nucléaire militaire ? Serait-ce un facteur d'équilibre ou de déséquilibre ?

Les pessimistes voient dans une telle perspective un engrenage apocalyptique qui mènerait la région vers la guerre et peut-être même à l'aube d'un nouvel Armageddon nucléaire. Les plus optimistes soutiennent que depuis Hiroshima et Nagasaki, les armes nucléaires n'ont jamais été employées et qu'elles ont fatalement un effet responsabilisant sur ceux qui les détiennent. Régulièrement, on peut lire à ce propos des argumentaires allant dans l'un ou l'autre sens, s'appuyant sur l'opposition entre Israël et l'Iran, en cherchant la comparaison avec des « modèles » comme la guerre froide ou la relation indo-pakistanaise.

Bien loin de vouloir résumer la problématique iranienne à un seul face-à-face entre Israël et l'Iran, approche qui me semblerait réductrice, je vais néanmoins me baser sur cette seule relation, rebondissant sur les propos récents du président français, afin d'évaluer l'hypothèse selon laquelle l'acquisition de l'arme nucléaire par le régime iranien ne représenterait, à terme, pas de danger majeur pour la stabilité moyen-orientale, voire au-delà. Je commencerai par un détour théorique, en résumant le principe général de la dissuasion. Ensuite, j'élargirai progressivement mon propos au cas concret de la relation entre Israël et l'Iran, suivant donc l'hypothèse que je viens d'énoncer.



1. La dissuasion : principe général

Avant toute chose, il n'est sans doute pas inutile de rappeler en quelques mots ce que l'on entend généralement par le mot dissuasion.

Ce dernier désigne un concept qui a acquis toute son importance avec l'apparition des armes atomiques et occupé, dès les années ‘50, le cœur des théories des différents stratèges de la guerre froide : la puissance sans commune mesure de l'arme atomique (l'arme suprême) révolutionne totalement autant le concept d'emploi de force que les relations internationales et fait entrer l'humanité dans un âge nouveau et terrifiant, signifiant la possibilité soudaine et radicale de sa brutale disparition. En réalité, tous les spécialistes des questions stratégiques se retrouvent sur ce point : il ne peut véritablement y avoir de dissuasion que nucléaire.

Mode de relation généralement présenté (un peu vite sans doute) sous un aspect binaire, « la dissuasion est un mode de l'interdiction » (3), ainsi que l'énonce le général Lucien Poirier. Elle se distingue essentiellement de la coercition par sa stricte négativité : il s'agit de « détourner l'adversaire de faire telle chose » (4) et non de le contraindre à agir dans un sens déterminé, empêcher s'opposant à obliger.

Par conséquent, dans la dialectique dissuasive, le « dissuadeur » tentera de persuader un éventuel agresseur de l'irrationalité de sa volonté d'user à son encontre des moyens coercitifs dont il dispose par ses armes (5). Qu'on pense par exemple aux stratèges américains qui cherchèrent très tôt à faire comprendre aux Soviétiques la folie que représenterait une invasion de l'Europe, au vu des destructions démesurées et catastrophiques qu'une telle entreprise entraînerait, suite à une riposte nucléaire de l'Otan sur leurs centres vitaux.

On le comprend, au-delà de cette démarche essentiellement psychologique (6) (persuader n'est pas convaincre) portant sur la volonté de l'adversaire, la dissuasion agit directement sur son processus de décision, en suggérant une comparaison entre les gains espérés et les risques encourus. Ce calcul, souvent associé à la théorie des jeux, doit, in fine, assurer l'adversaire que son acte est suicidaire. En réalité, l'enjeu n'en vaut pas la chandelle.

Cependant, on s'aperçoit aisément que, l'équation ainsi posée étant réversible, c'est une menace de suicide collectif qui se pose aux deux termes de la relation dissuasive, chacun pouvant user de sa puissance nucléaire dans une furie destructrice, point paroxystique d'une montée aux extrêmes dont la logique ultime signifierait en réalité, en cas de généralisation à l'échelle du monde, la disparition de toute trace de civilisation humaine de cette Terre. C'est le fameux « équilibre de la terreur » qui prévalait pendant la guerre froide, bien connu de tous.


2. Probabilités et incertitude

Cette relation posée entre enjeu et risque n'est pas si simple qu'il n'y paraît. Au contraire, elle se double du problème lié à l'interprétation des intentions de l'adversaire, à travers ses actes, ses propos, mais aussi ses réactions supposées. Il s'agit là en réalité d'une dialectique particulièrement complexe et formidablement subtile dont la crise des missiles de Cuba (1962) peut fournir une parfaite illustration.

Cette logique probabiliste annonce par conséquent un autre facteur, essentiel pour la dissuasion : l'incertitude. « De cette montagne d'évaluations conjecturales, d'hypothèses et d'appréciations fondées sur des intuitions complexes, n'émerge qu'un seul facteur de valeur certaine : l'incertitude. C'est en fin de compte l'incertitude qui constitue le facteur essentiel de la dissuasion. » (7).

Logique probabiliste et jeu des incertitudes : voilà deux éléments clefs du concept de dissuasion. Formalisés par des stratèges français dans le cadre de ce que l'on a coutume d'appeler la dissuasion du faible au fort, ils n'en définissent pas moins des invariants de toute stratégie de dissuasion.

Comme le souligne le général Beaufre dans l'extrait cité plus haut, l'incertitude, dans l'évaluation politico-stratégique de la valeur de l'équation entre risque et enjeu, est la seule chose certaine. Au-delà de ce paradoxe de la dissuasion, cette tension introduite dans le calcul stratégique par la logique probabiliste et l'incertitude annonce une conséquence troublante : la difficulté à fournir une modélisation prévisionnelle qui serait « mathématiquement fermée » (8). Autrement dit, la dissuasion n'est pas une structuration simple des relations entre deux ou plusieurs Etats, transposable automatiquement et instantanément d'une région du globe à une autre. Le jeu de la dissuasion consiste en réalité en une forme d'équation structurellement ouverte (et dynamique) par le champ non clos des probabilités (jeu des incertitudes). Ce qui en fait à la fois la force (la stabilité recherchée) et la dangerosité ( le risque de l'échec)! (9).

Car la dissuasion n'est pas une formule magique. Malgré tous les livres consacrés à cette question, personne n'a encore écrit le « petit traité sur la dissuasion en dix leçons ». Au contraire, il s'agit d'un langage hautement difficile et subtil, un art complexe et précaire qui s'apprend et s'éprouve dans le temps par les protagonistes ! La liberté d'action s'en trouve inévitablement modifiée, avec le risque d'escalade à chaque instant. La subtilité de la dissuasion consiste donc à jouer sur la prise en compte par l'adversaire de la probabilité sans précédent du risque à travers la notion précitée d'incertitude, tout en recherchant un certain équilibre dans le rapport de forces en vue de la préservation de l'intérêt vital de la nation (10).

Beaucoup de choses pourraient être dites sur ce point, mais ce n'est pas ici le lieu de se lancer dans une étude exhaustive de la question. Néanmoins, cette notion d'incertitude, couplée à celles de risque et d'instabilité, doit faire réfléchir même les plus optimistes. Peut-on sans risque exporter un tel modèle à des régions du monde fortement instables tel le Moyen-Orient ? Un tel pari n'est-t-il pas plutôt risqué ? Alors que cette même notion de risque est, en partie du moins, liée à la problématique de l'interprétation des intentions de l'adversaire, avec toutes les implications qui en découlent, en rapport avec la nature éminemment psychologique de la dissuasion, celle-ci peut-elle être introduite sans danger dans une région du monde où les conflits de perceptions nourrissent constamment le danger d'escalade, prenant en otage jusqu'à nos propres sociétés, au travers de conflits asymétriques et sociétaux ? (11).

Aussi ne me semble-t-il pas irraisonnable d'opposer la prudence à ceux qui prétendraient nous vendre des lendemains qui chantent avec le développement du nucléaire iranien. Ce n'est d'ailleurs pas parce qu'aucune arme nucléaire n'a été employée depuis la fin de la seconde guerre mondiale qu'on peut en conclure péremptoirement au succès incontesté de la dissuasion et à la pacification perpétuelle du monde par l'existence des armes nucléaires. Ceci est vrai autant pour les modèles du passé (guerre froide) qu'actuels (théâtre indo-pakistanais) (12).

D'ailleurs, si c'était le cas, on se demande pourquoi alors la communauté internationale se montre toujours aussi inquiète des risques de prolifération nucléaire, pourquoi elle brandit avec tant de conviction le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) à la face du monde, pourquoi elle a salué la Libye pour son renoncement à l'arme nucléaire, pourquoi on a mené des négociations haletantes avec la Corée du Nord pour les mêmes raisons, pourquoi on se montre autant préoccupé par le risque de voir un jour le Brésil, le Japon, l'Egypte, l'Arabie saoudite, l'Iran ou tout autre pays candidat au statut de puissance nucléaire se procurer l'arme atomique...

Manifestement, certains experts, commentateurs ou hommes politiques semblent prendre la dissuasion nucléaire pour la panacée, au risque de jouer ainsi aux apprentis sorciers, dans une région du monde qui n'a déjà que trop souffert des intrusions irresponsables des puissances étrangères.


3. Les postulats de la dissuasion « classique » : le joueur d'échecs

En réalité, ceux qui défendent l'idée d'une vertu stabilisatrice de l'acquisition de l'arme nucléaire par l'Iran ont tendance à se reposer, sans toujours s'en rendre compte, sur une série de postulats qu'il est intéressant d'aborder. En effet, en matière de dissuasion, les spécialistes ont souvent fondé leur propos sur une vision rationaliste de l'histoire des relations internationales, l'argument du nucléaire renforçant forcément, à leur sens, cette vision du chef d'un Etat possédant l'arme suprême comme une sorte de super-stratège, qui serait en quelque sorte un joueur d'échecs, qui déplacerait ses pions et prendrait ses décisions en vertu d'un processus décisionnel pragmatique, visant essentiellement à maximiser l'utilité, selon la fameuse formule empruntée au modèle économique, autrement dit, l'intérêt national. Outre la posture rationaliste, ce sont donc les notions de calcul et d'intérêt qui apparaissent ainsi au cœur de notre analyse.

Au-delà de cette question du modèle de l'acteur rationnel, en réalité fort complexe et méritant un autre développement que ce modeste espace de réflexion (13), c'est l'examen du champ d'application de la dissuasion, voire des « cas limites » qui sera envisagé ici.


A. Le socle de la rationalité triomphante

Un des arguments qui alimentent l'optimisme de certains, c'est donc l'idée selon laquelle l'atome militaire aurait forcément un impact rationalisant sur ceux qui le détiennent. Cette assertion ne saurait être tenue pour négligeable tant elle imprègne l'esprit des analystes stratégiques autant que celui des spécialistes des relations internationales. Elle est d'ailleurs régulièrement mise en avant comme objection aux notions d'incertitude et de risque, évoquées dans les lignes du point précédent.

S'il paraît effectivement acceptable par tous que l'homme est un être qui calcule, le postulat selon lequel l'homme est nécessairement rationnel n'est pas si simple. C'est que la rationalité se révèle plus complexe qu'on ne le croit habituellement. Ainsi, si la plupart des analystes des événements internationaux recourent, dans leur très grande majorité, à ce type d'approche rationaliste, une telle lecture doit nécessairement s'affiner afin de permettre l'émergence de modèles explicatifs à la fois cohérents et précis.

Lorsqu'on se penche sur la crise de Cuba, en 1962, sur le déclenchement de la guerre du Kippour, ou sur les causes de la première guerre du Golfe, on doit forcément pouvoir expliquer le pourquoi de telle ou telle décision et son lien avec les autres actions des différents protagonistes. Pourquoi Saddam Hussein a-t-il pris le risque « insensé » d'envahir le Koweït en août 1990 ? Pourquoi les Soviétiques ont-ils décidé d'installer des missiles balistiques sur l'île de Cuba, au risque de déclencher un cataclysme à l'échelle planétaire ? De telles décisions semblent en effet « absurdes » a posteriori et réclament forcément une explication, pour ne pas dire... une « raison ».

Remarquons tout d'abord que la rationalité n'exclut pas l'erreur. On peut très bien se comporter de manière rationnelle, envisager la réalité de façon calculée et pragmatique, et se tromper. Pourquoi le général Grouchy s'est-il obstiné à poursuivre les troupes de Blücher jusqu'aux portes de Namur, alors que Napoléon en avait besoin sur le champ de bataille, à Waterloo, pour battre Wellington ? Pourquoi Hitler est-il tombé grossièrement dans le piège des Alliés et a-t-il ordonné des bombardements sur Londres, au lieu de maintenir la pression sur la Royal Air Force, alors au bord de l'asphyxie, alors qu'il avait pourtant su se comporter en redoutable stratège en d'autres circonstances ? Voilà qui pose question. A moins de concevoir l'erreur comme une suspension temporaire de la raison. Hypothèse séduisante pour certains philosophes mais évidemment insuffisante pour l'analyste stratégique.

C'est qu'en réalité, la rationalité est une notion dont la nature complexe reste étrangère à son universalisation sous une forme homogène, telle qu'on l'a trop souvent conçue en Occident. Si l'homme est un être raisonnable et calculateur, peut-être faut-il intégrer dans ce « calcul » des représentations culturelles ou symboliques. Comme le souligne le sociologue Christian Morel, dans son livre sur les décisions absurdes, « une décision est toujours prise dans le cadre d'une certaine rationalité, c'est-à-dire un ensemble de raisonnements et de croyances partagés par la communauté des personnes qui participent à la décision » (14).

Ainsi, s'il existe des êtres irrationnels, la posture calculatrice et rationnelle est cependant adoptée par le plus grand nombre comme mode de fonctionnement naturel. Néanmoins, il ne faut pas en conclure à l'homogénéité des comportements rationnels : les valeurs, les convictions et les intérêts sont des variables qui dépendent autant des individus que des cultures qui les traversent, influant nécessairement sur leurs conduites et sur leurs décisions. Ceci est autant vrai pour les Etats que pour leurs dirigeants. Par conséquent, une lecture même rationaliste des relations internationales, doit emprunter à des modèles complexes d'explication des décisions des différents acteurs, intégrant les valeurs, convictions, stéréotypes ou autres représentations de chacun d'eux.


B. Au-delà de l'Etat-nation : les notions de régime et d'idéologie

Il s'agit en réalité d'un défi complexe. Comment juger de la rationalité d'un Etat lorsque la définition de sa raison suprême, de son intérêt supérieur, se confond avec le délire paranoïaque d'un seul homme (par exemple, Hitler ou Saddam Hussein) (15) ? Comment prévoir la réaction d'un chef d'Etat excentrique à la tête d'un régime fortement idéologisé et ne respectant aucune règle internationale ? On l'a vu dans le passé avec des pays comme la Libye ou l'Irak : la tentation du « coup d'éclat » n'est jamais loin et ne peut donc jamais être totalement exclue. Mais on peut aller plus loin. Peut-on appréhender de la même manière une démocratie et une dictature ? On voit poindre ici la notion de régime, qui conjugue à la fois la notion d'institution et celle, plus difficile à manier, de culture ou d'idéologie. Avec ce constat en forme de défi pour tous ceux qui suivent l'évolution de la crise iranienne : les régimes autoritaires fortement imprégnés d'idéologie n'ont pas les mêmes intérêts et les mêmes valeurs que les démocraties.

Cependant, il ne faudrait pas tomber ici dans l'accusation de folie, dénoncée plus haut, mais plutôt admettre que certaines formes de calcul, différentes des nôtres, doivent être envisagées lorsque l'on veut pouvoir esquisser l'avenir. Ainsi, pour revenir à notre sujet et à l'Iran, comment interpréter ou prédire les comportements d'un pays qui se définit comme une république islamique, une puissance ouvertement révisionniste, dont les dirigeants sont coupés du monde par l'aveuglement idéologique qui les caractérise : une interprétation religieuse axée sur la notion de martyre et sur une vision apocalyptique d'un monde clivé entre le monde musulman, de préférence chiite, figurant le bien, et le monde des infidèles, gouverné par Satan, et voué à la destruction, le tout sur fond de discours révolutionnaire et de recours au terrorisme suicidaire... Ce pays sera-t-il rationnel ? Ou plutôt, ses calculs seront-ils prévisibles selon nos propres modes de calcul ? La difficulté de la communauté internationale et en particulier des chancelleries européennes de cerner la politique iranienne n'est-elle pas sur ce point source d'inquiétude pour l'avenir ? (16)

Par ailleurs, certains de ceux qui défendent qu'aucun chef d'Etat ne se lancerait dans une décision « suicidaire » à l'âge de l'atome s'appuient en fait non seulement sur un modèle « rationnel étroit » mais sur la notion clef d'Etat-nation. Mais comment envisager alors le cas de régimes dont l'idéologie de base se présente comme la négation même de ce concept consacré en Europe par le Congrès de Vienne de 1815 ? Comment classer l'Iran dont le régime, islamique comme on vient de le voir, se réclame de valeurs religieuses transcendant totalement le cadre nationaliste reposant au fondement de l'Etat-nation ? Car les discours sur la « nation iranienne », prononcés par certains dirigeants à Téhéran, ne doivent pas faire illusion : l'ayatollah Khomeiny avait bien autre chose en tête lorsqu'il décida d'opter pour une république, au lendemain de sa révolution en 1979. Rappelons quand même que l'Iran n'a de républicain que le nom... tempéré d'ailleurs par le mot islamique : l'absence de rôle constitutionnel dévolu au président et au parlement (le majlis) ne devrait tromper personne.


C. L'Etat-nation à l'heure de sa mise à l'épreuve

Reste qu'un autre problème se pose en ce qui concerne le risque nucléaire iranien. Le cas de l'Iran et la collusion de ce type de régime islamique avec des groupes terroristes rappelle la délicate question du débordement de l'Etat-nation, ces dernières années, par le développement de groupes transnationaux et non étatiques échappant à tout contrôle. On le voit bien, au-delà de ce que les Américains appellent la guerre contre le terrorisme (GWOT, pour Global War On Terrorism), se trouve l'avenir de l'Etat-nation comme modèle de gouvernance politique dont l'autorité a été fortement remise en question, à la fois par les attentats perpétrés par la mouvance d'Al Qaeda et, de manière plus générale, insidieuse devrait-on dire, par le développement de guerres asymétriques, au Moyen-Orient ou ailleurs.

Nous touchons ici à la limite des théories de la dissuasion élaborées au cours de la guerre froide ou même dans le cadre du théâtre d'opérations indo-pakistanais, faisant peut-être éclater un jour notre vision traditionnelle du rôle du nucléaire et du chef de l'Etat responsable de sa mise en œuvre. Serait-il possible de voir un jour l'émergence d'une dissuasion du fort au fou (17) ? On se souvient que le 19 janvier 2006, Jacques Chirac avait, lors d'un discours remarqué, prononcé à l'occasion de sa visite aux forces aériennes et océaniques stratégiques à Landivisiau, évoqué à la fois les menaces émanant des puissances régionales et celles représentées par le terrorisme. Mais si le président français avait alors davantage évoqué la possibilité, pour la France, d'exercer sa réponse directement sur les centres de pouvoir et sur la capacité à agir de l'Etat menaçant ses intérêts vitaux (18), comment envisager une riposte appropriée à des groupes échappant à toute tutelle étatique ?

Au-delà de l'aspect technique (19) ou des effets d'annonce, c'est la difficulté de fournir une dissuasion efficace dans un cadre international mouvant qui apparaît. Par ailleurs, on ne saurait réduire cette problématique à son aspect technologique ou même doctrinal : c'est la justification même de la dissuasion dans le cadre de « cas limites » qu'il convient d'envisager. Ici, la rationalité s'efface peut-être devant un interdit moral plus grand encore, en particulier pour les démocraties.

TEXTE REPRIS DU SITE DE L'UPJF