31.10.07

REVUE DE LA PRESSE ISRAELIENNE

Emeutes de P’kiin : la communauté druze et la police réclament une enquête
31 octobre 2007 - israelinfos.net

Plus de 30 blessés, dont deux dans un état grave : c’est le bilan des affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre aux émeutiers. Sept ans après les soulèvements qui avaient embrasé la Galilée au début de la deuxième intifada, c’est le village druze de P’kiin, ordinairement calme, qui a été le théâtre de heurts particulièrement violents.

Lire l’ensemble de la revue de presse de "israelinfos.net"

Plus de deux cents hommes, policiers, gardes-frontière et membres d’unités anti-émeutes sont entrés dans la nuit de lundi à mardi dans la localité, pour y arrêter 17 personnes, soupçonnées d’avoir, quelques jours plus tôt, mis le feu à une antenne-relais de téléphone cellulaire, située sur le terrain d’un habitant juif de cette agglomération.

Les suspects étaient aussi recherchés pour plusieurs agressions, notamment contre des policiers. Rapidement, les forces de l’ordre se retrouvent face à plus d’une centaine de jeunes, apparemment avertis de leur intervention, et c’est alors que les affrontements commencent.

Plusieurs groupes des forces de sécurité qui se sont divisées, sont pris à partie par des émeutiers. Certains sont attaqués à coups de pierres, mais selon leurs témoignages, ils essuient aussi des tirs et des jets de grenades lacrymogènes et paralysantes. Une femme policier, séparée de son unité, est séquestrée par des manifestants avant d’être secourue par un policier druze à la retraite, qui lui donne refuge dans sa maison. Des infirmiers du Magen David Adom, venus évacuer des blessés, ont également été agressés par les manifestants.

Les affrontements feront plus d’une trentaine de blessés, dont deux policiers plus sérieusement touchés. L’un d’eux a été atteint à la tête par un bloc de pierre jeté du toit d’une maison, alors que son collègue a eu la main à moitié arrachée par une grenade. Un manifestant a été atteint d’une balle dans le ventre, et une maison vide, appartenant à une famille juive du village, a été incendiée.

Dans le même temps les responsables de la police avaient entamé des pourparlers avec les élus locaux et les dignitaires de la communauté druze, qui ont contribué à calmer la population et permis à la policière de sortir du village, en échange de cinq émeutiers arrêtés qui étaient relâchés par les forces de l’ordre. Le commandant de la police a confirmé que ses hommes, en danger de mort, avaient dû ouvrir le feu à balles réelles.

L’officier supérieur a toutefois ordonné une enquête de l’inspection générale des services de police, pour déterminer les circonstances de ces tirs. Les dignitaires druzes ont de leur côté accusé la police d’avoir fait un usage excessif de la force et exigé la nomination d’une commission d’enquête indépendante. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Madjadli Wahabeh, lui-même membre de la communauté druze, a réclamé le limogeage du commandant de la police de la région nord.

Le ministre de la Sûreté Avi Dichter a affirmé quant à lui que "tous ceux qui lèveraient la main sur des policiers seraient poursuivis en conséquence". La commission de la Knesset chargée des Affaires intérieures a annoncé son intention de se rendre sur place pour enquêter sur les circonstances des émeutes et de leur répression.

JERUSALEM PREPARE UNE OPERATION MILITAIRE DE GRANDE ENVERGURE A GAZA

Israël prépare une opération militaire de grande envergure contre les terroristes palestiniens qui tirent des roquettes contre l'Etat hébreu, a prévenu mardi le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak. « Chaque jour qui passe nous rapproche d'une grande opération à Gaza », a-t-il affirmé à la radio de l'armée. Ces propos interviennent suite à la décision israélienne de réduire les livraisons de carburant vers la bande de Gaza.

« Nous ne sommes pas heureux de faire cela, nous ne nous précipitons pas pour le faire et nous serions heureux si les circonstances permettaient de réussir à l'éviter », a-t-il ajouté, « mais l'heure approche à laquelle nous devrons lancer une grande opération à Gaza. »

TEXTE REPRIS DU SITE DE L'ESISC

ISRAEL : GIGANTESQUE CONTRAT AVEC L'ARMEE AMERICAINE

News: Israël ARMES -
IMI décroche un gigantesque contrat avec l’armée américaine.
oct31

Par Sébastien Fortin
Rubrique: Défense

Selon des sources proches des entreprises israéliennes de défense, la compagnie Israel Military Industries (IMI) a signé un contrat de 80 millions de dollars avec l’armée américaine pour fournir des systèmes d’armes. Une valeur de 39 millions de dollars de systèmes sera livrée au premier trimestre 2008.

Le marché américain est considéré comme particulièrement difficile à pénétrer pour les compagnies israéliennes de défense. IMI investit fortement dans le marketing sur le marché américain de la défense et a renforcé son personnel marketing ces dernières semaines.

TEXTE REPRIS DU SITE ISRAEL VALLEY

UN CHRONIQUEUR SAOUDIEN COMMENTE UN RAPPORT DE MEMRI

Un chroniqueur saoudien commente le rapport de MEMRI dénonçant l'islamophobie sur YouTube

Dans un article du 21 septembre 2007, Salah Shu'aib, chroniqueur du quotidien saoudien Al-Jazirah, commente le rapport de MEMRI dénonçant l'islamophobie sur Youtube. [1] L'article, intitulé "(…) Un institut américain a lancé une campagne de surveillance des [manifestations] d'animosité à l'encontre de l'islam sur les sites Internet", comprend des extraits dudit rapport ainsi que d'une interview du président de MEMRI sur le nouveau projet de MEMRI visant à dénoncer l'islamophobie et les autres expressions d'intolérance sur les sites occidentaux de partage de vidéos.

Voici des extraits de l'article de Shu'aib: [2]

"Le président du Middle East Research Institute (MEMRI), un Institut américain, a annoncé le lancement d'une campagne de surveillance d'importants sites de partage de vidéos affichant un contenu hostile à l'encontre de l'islam, communément qualifié d' 'islamophobe.' Le président de l'Institut, Yigal Carmon, a souligné que cette (campagne) faisait partie des efforts déployés par MEMRI pour dénoncer et combattre l'extrémisme et le racisme - qu'il s'agisse d'islamophobie, d'antisémitisme ou d'incitation au terrorisme.

Dans le cadre de l'Institut Aafaq, basé à Washington, M. Carmon a déclaré: 'Dans le monde arabe, on accuse (MEMRI) de ne traduire et publier que des documents négatifs (sur le monde arabe). C'est inexact. Nous publions également les aspects positifs, notamment ce que disent les réformistes éclairés de tous bords.'

Concernant le nouveau projet, M. Carmon a déclaré: 'Nous avons lancé ce service pour effectuer la veille médiatique des vidéos offensantes pour l'islam affichées sur des sites importants tels que YouTube - afin d'alerter l'opinion publique occidentale et de faire supprimer ces vidéos inappropriées et nuisibles.'

M. Carmon s'est dit décontenancé par le fait que les organisations islamiques, notamment dans les pays occidentaux, gardent le silence: 'Je me serais attendu à ce qu'ils courent à la défense de l'islam et des musulmans en s'élevant contre la publication de ces documents offensants pour l'islam, mais malheureusement, rien n'a été fait', a-t-il dit. M. Carmon a ajouté qu' 'aucun être humain - musulman ou autre - ne peut tolérer ce qui est montré sur ces sites et vidéos, notamment les scènes de profanation du Coran et du Prophète Mahomet avec des obscénités.'

Le 7 septembre (2007), MEMRI a publié le premier rapport d'une série de rapports spéciaux dénonçant le phénomène de l'islamophobie. (Ces rapports) porteront sur des vidéos affichées sur le site américain YouTube qui, selon le rapport (de MEMRI), appartient à Google…

Le premier (rapport de la série) a répertorié 21 vidéos contenant des propos injurieux pour l'islam et les musulmans, ainsi que des descriptions abondant en préjugés et en propos haineux vis-à-vis des musulmans - présentant ces derniers comme des fanatiques arriérés et partisans de la violence. D'autres propos injurieux visent le Créateur, le Coran et le Prophète Mahomet, ainsi que certains concepts islamiques.

Le rapport note en outre que les sites de partage de vidéos comme YouTube, Dailymotion et Myspace contiennent une quantité de vidéos racistes et d'incitation à la haine, dont des vidéos offensantes pour l'islam et les musulmans.

MEMRI, promet ce [premier] rapport, se penchera sur le phénomène dans une série de comptes rendus présentant des vidéos affichées sur les principaux sites de partage de vidéos, mettant en particulier l'accent sur celles qui encouragent au djihad et à l'islamophobie, ainsi que sur les vidéos à caractère antisémite, raciste ou prônant divers types d'intolérance."

[1] Voir l'Enquête et analyse n° 385 de MEMRI: "Islamophobie et djihad sur des sites de partage de vidéos (1): vidéos islamophobes sur YouTube", http://www.memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA38507.

[2] Al- Jazirah (Arabie Saoudite), le 21 septembre 2007

TEXTE REPRIS DU SITE DE MEMRI

30.10.07

LES PRESSIONS SUR LA SYRIE COMMENCENT A PRODUIRE LEURS EFFETS

Le point de vue de Khaled Asmar - Beyrouth


L’affolement en Syrie atteste d’une vive tension qui s’empare du régime

dimanche 28 octobre 2007 - 01h45, par Khaled Asmar
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Le régime syrien semble avoir perdu toute capacité de discernement, et prend des décisions arbitraires et pour le moins suicidaires. Il est conscient que l’heure des comptes arrive à grands pas. Il doit répondre de ses ingérences au Liban et en Irak et de son exploitation du terrorisme par islamistes interposés.

« La meilleure défense étant l’attaque », la Syrie croit pouvoir encore user de ce procédé pour peser sur l’évolution en Irak. Lors de sa visite à Ankara, le 17 octobre, Bachar Al-Assad a poussé les Turcs à mener des incursions dans le Kurdistan irakien, la seule région stable d’Irak. Pour faciliter la prolifération du chaos, il a même proposé à Ankara l’ouverture du territoire syrien devant les marchandises turques exportées vers l’Irak, afin de priver les Kurdes des taxes douanières. Au passage, il facilite le commerce turc et en tire les meilleurs bénéfices. De fait, Assad a perdu tout espoir d’intervenir directement en Irak, où son rôle a été dévoilé au grand jour avec l’assassinat de l’un des islamistes de service, Abou Qaaqaa, le recruteur en chef de terroristes, sacrifié en septembre dernier après que les Américains aient saisi la liste des recruteurs et des terroristes entraînés et armés par la Syrie et envoyés en Irak.

Au Liban, le rôle déstabilisateur syrien n’est plus à démontrer. A l’approche des élections présidentielles, Damas accentue ses pressions pour monnayer l’élection par son immunité devant le Tribunal international devant jugé les auteurs et commanditaires des assassinats politiques qui ont endeuillé le Liban depuis octobre 2004. Mais l’intransigeance arabe et internationale à son égard et le soutien sans faille de la communauté internationale au Liban neutralisent les velléités syriennes et menacent même de renverser le régime, simultanément avec l’anéantissement du programme nucléaire iranien, prévu dans les mois à venir. Cette perspective affole le régime syrien et le pousse dans son dernier retranchement. Damas commence à prendre des décisions arbitraires et irresponsables qui accélèrent sa chute, ou du moins qui attestent de l’imminence de celle-ci. Pour montrer ses capacités de nuisance, Damas vient de sanctionner les exportateurs et les hommes d’affaires saoudiens, désormais exclus de tout appel d’offre en Syrie. Le commerce entre les deux pays est ainsi réduit à néant. Le vice-président syrien, Farouk Chareh, adepte de la confrontation, croit pouvoir compenser le manque à gagner grâce aux aides financières iraniennes.

Mais le signe le plus tangible de l’affolement syrien est sans conteste la plainte transmise procureur auprès du tribunal militaire syrien contre Walid Joumblatt, le leader druze libanais membre de la majorité anti-syrienne. La justice militaire syrienne doit le juger pour avoir appelé à renverser le régime de Bachar Al-Assad, appel réitéré la semaine dernière lors de sa visite aux Etats-Unis. Damas espère ainsi le condamner et demander son extradition au Liban conformément aux accords judiciaires signés par les deux pays (1951 et 1983), ou à défaut, demander à Interpol de l’arrêter. La Syrie rappelle les précédents cas de Pinochet au Chili, de Milosevic en Serbie, et d’Abdallah Oçalan livré à la Turquie.

Cette offensive syrienne intervient à la veille de l’arrivée à Damas de l’émissaire français Jean-Claude Cousseran, qui devrait mettre en garde, pour une énième fois, la Syrie contre toute ingérence dans le processus électoral libanais, condition sine qua non pour entamer un dialogue entre l’Europe et Damas. Mais surtout, la plainte contre Joumblatt serait une grenade fumigène destinée à terroriser la majorité parlementaire libanaise pour l’obliger à abandonner le projet du Tribunal international.

Khaled Asmar
TEXTE REPRIS DU SITE MEDIARABE.INFO

REVUE DE LA PRESSE ISRAELIENNE

Restrictions dans la bande de Gaza
29 octobre 2007 -
service de Presse de l’ambassade de France en Israël

Israël devrait commencer aujourd’hui à appliquer la décision prise la semaine dernière par le ministre de la Défense Ehud Barak de limiter l’approvisionnement en carburant de la bande de Gaza. Selon des responsables militaires cités par le Haaretz, les livraisons de carburant devraient être réduites cette semaine de 10 % à 15 %.

Ces restrictions toucheront principalement l’essence destinée aux véhicules particuliers et, dans une moindre mesure, le gazole qu’utilisent notamment les véhicules d’urgence. De même, le mazout destiné aux fonctionnement de la centrale électrique de Gaza devrait continuer à être livré. De nouvelles restrictions sont prévues pour la semaine prochaine.

Pour l’heure, Israël ne causera pas de coupures d’électricité dans la bande de Gaza, le Conseiller juridique du gouvernement Méni Mazouz devant encore étudier la légalité d’une telle mesure. En outre, dix organisations de défense des droits de l’homme ont adressé un recours à la Cour suprême israélienne afin que celle-ci interdise au autorités israéliennes de couper l’électricité dans la bande de Gaza.

Le journal ajoute que malgré les sanctions économiques décidées par le gouvernement israélien, Israël permet la poursuite des transports de fonds entre la Cisjordanie à Gaza. La semaine dernière, plusieurs millions de shekels en espèces ont ainsi pu entrer dans la bande de Gaza par le point de passage d’Erez. Selon des responsables militaires, ces fonds sont principalement destinés au paiement des salaires des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne et aux militants du Fatah dans la bande de Gaza. Le Hamas n’a toutefois pas fait obstacle à la remise de cet argent.

Malgré cela, dans la bande de Gaza on constate une pénurie d’argent liquide suite au désengagement des banques israéliennes. La semaine dernière, le gouverneur de la Banque d’Israël Stanley Fisher a d’ailleurs demandé à la banque Hapoalim, la plus grande banque israélienne, d’ajourner de deux mois sa décision de rompre ses relations avec des établissements bancaires dans la bande de Gaza.

Le Yediot Aharonot ajoute qu’à partir d’aujourd’hui le point de passage de Sufa, qui servait au passage de marchandises entre Israël et la bande de Gaza, sera fermé. Désormais, écrit le journal, les marchandises ne pourront entrer dans la bande de Gaza que par le point de passage de Kérem Shalom à l’extrémité sud-est de la bande de Gaza.

Dans les faits cela signifie une réduction de 50 % de l’importation de marchandises dans la bande de Gaza puisque seuls cinquante-cinq camions pourront entrre chaque jour dans la bande de Gaza au lieu des cent-vingt qui passaient en moyenne par le point de passage de Sufa.

Des responsables militaires israéliens ont souligné que l’objectif de cette mesure n’est pas d’affamer les habitants de Gaza mais de réduire l’approvisionnement afin de créer une pression sur le Hamas. « Nous ne nous attendons pas à ce que les Palestiniens de Gaza se soulèvent contre le gouvernement du Hamas et le renversent, mais ces mesures créeront une pression sur le Hamas qui devra désormais prendre des mesures concrètes pour réduire le terrorisme en provenance de Gaza », ont déclaré ces responsables.
INTERIEUR

Olmert a annoncé avoir le cancer de la prostate

Le premier ministre, Ehud Olmert, a réuni aujourd’hui à midi une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé qu’il y a dix jours, à son retour d’une visite en Russie, il a passé un examen médical dont il vient de recevoir les résultats. Il en ressort qu’il présente les premiers signes d’une tumeur cancéreuse de la prostate. Selon Ehud Olmert, il s’agit d’une « tumeur microscopique sans métastases », que l’on peut enlever par une courte intervention chirurgicale. Il n’y aura donc besoin ni de radiothérapie ni de chimiothérapie. Le premier ministre, rapporte le site YNET, a annoncé qu’il subirait cette opération dans les mois à venir, qu’il resterait pleinement opérationnel jusqu’à l’intervention et pourrait reprendre ses fonctions quelques heures après celle-ci. « J’ai l’intention de continuer mon travail et de me consacrer entièrement à la direction de l’Etat », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a souligné que bien que la loi ne l’oblige pas à rendre compte de son état de santé, il a voulu le faire car il estime que les citoyens ont le droit d’être informés
REGIONAL

Olmert s’est excusé d’une « éventuelle intrusion israélienne » en Turquie

Le Haaretz rapporte qu’Israël s’est excusé auprès de la Turquie si des appareils israéliens avaient violé son espace aérien lors du raid aérien en Syrie, début septembre. Le Premier ministre Ehud Olmert a informé les ministres que lors de sa rencontre avec son homologue turque, Recep Tayyip Ardogan, la semaine dernière à Londres, il lui avait déclaré qu’Israël « n’avait aucune intention de mettre en cause la souveraineté turque ». « Si, effectivement, des avions israéliens ont pénétré l’espace aérien turque, ce n’était pas du tout prémédité, et, en tous cas, nous n’avions pas l’intention de porter atteinte à la souveraineté turque, que nous respectons », a déclaré Ehud Olmert.

Les propos du Premier ministre, rappelle le journal, font suite aux déclarations de responsables turques après l’attaque israélienne, selon lesquelles deux containers de carburants de F-15 israéliens ont été retrouvés en territoire turque, dans la province de Hatay, proche de la frontière syrienne.

L'IRAN PROMET DES ATTAQUES SUICIDES DANS LE GOLFE PERSIQUE

Un commandant des Gardiens de la révolution a averti lundi que ses forces étaient prêtes « si nécessaire » à lancer des opérations suicide dans le Golfe Persique.
| Décodages |

« Si c’est nécessaire nous pourrons recourir aux éléments prêts au martyre… Cet esprit (du martyr) existe aujourd’hui dans tout le corps des Gardiens de la révolution », a déclaré le général de brigade Ali Fadavi, commandant de la marine des Pasdaran.

Fadavi faisait référence à jeune iranien de 13 ans Mohammad Hossein Fahmideh que les mollahs ont fait exploser avec une ceinture d’explosifs pour détruire un char irakien pendant la guerre Iran-Irak. La milice Bassidj se composait à cette époque de jeunes de moins de 18 ans volontaires ou raflés dans la rue et généralement, le martyr n’était pas volontaire mais imposé et ceux qui refusaient de porter des ceintures d’explosifs ou marcher sur les mines étaient fusillés sur place devant leurs camarades.

Aujourd’hui le Bassidj a changé, les engagements sont bien rémunérés et les jeunes s’enrôlent pour échapper à la misère et au chômage. Cette milice est l’un des 5 sous-ensembles des Pasdaran et il y a environ un mois, elle a été placée sous le commandement direct de Jaafari, le nouveau chef Pasdaran. C’est à tort que l’AFP affuble la milice anti-émeute de Bassidj de 10 millions de membres, c’est mathématiquement impossible. C’est le régime qui y tient pour faire peur à la population iranienne.

Les menaces contre le détroit d’Ormuz sont chroniques et chaque fois que le régime veut faire peur à l’industrie pétrolière, il agite cette vieille menace car 20% du pétrole produit dans le monde soit 16 millions de barils par jour proviennent du Golfe Persique et transitent par l’Ormuz. Ces menaces calibrées sont toujours faites par des sous-fifres et les officiels de premier plan évitent ce langage guerrier et terroriste. La Chine qui est l’un de leurs protecteurs s’approvisionne en Arabie Saoudite et ne permettra pas à son allié iranien puisse interrompre cet approvisionnement vital pour sa croissance.


Il faut également préciser que même au plus fort de la guerre Iran-Irak, les mollahs qui ont tenté de fermer ce détroit en coulant des pétroliers n’y sont pas arrivés. Par ailleurs, le régime manque même de moyens militaires et navals qui rendent ces menaces peu précises et par conséquent peu crédibles.

Par ailleurs, ce qui manque dans les menaces formulées aujourd’hui sont les cibles ! Le général de brigade Ali Fadavi n’a pas précisé quelles étaient les cibles prioritaires de ces attaques. Ça reste donc assez flou mais très anxiogène.

Cependant ces menaces aussi floues soient-elles sont révélatrices d’une réalité : aucune voie réformatrice ne s’est levée pour condamner ces « dérives hostiles aux priorités de la diplomatie iranienne », même silence du côté de nos « étudiants anti-Ahmadinejad » qui criaient leur haine de dérive militariste du régime.

En fait, aussi bien les « députés réformateurs » que leurs modèles estudiantins sont réglés comme des automates pour ne critiquer qu’Ahmadinejad, le bouc émissaire officiel du régime et rien d’autre. Mais ces automates n’ont guère l’esprit de martyr et Téhéran risque de manquer de candidat pour semer la zizanie dans le détroit d’Ormuz. D’ailleurs si le peuple était du côté de régime, ce dernier n’aurait pas besoin de répéter que sa milice anti-émeutes est composée de 10 millions de miliciens et ces derniers n’auraient pas besoin de porter une cagoule pour cacher leur identité.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

29.10.07

PREVENIR LA 3 eme GUERRE MONDIALE

29 octobre 2007 - Par Caroline B. Glick
| Jewish World Review. Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

Il va sans dire que si et lorsqu’une décision sera prise à Jérusalem ou Washington de réaliser une attaque contre les installations nucléaires de l’Iran, le public n’apprendra la décision qu’après. De la même manière, dans les semaines écoulées, il était impossible d’échapper au fait que le programme nucléaire iranien est devenu le sujet d’une attention internationale intense et toujours croissante. Cela donne naturellement l’impression que quelque chose se prépare.

Prenez par exemple les remarques du chef de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) de l’ONU, Mohammed el Baradei sur le sujet. Dans une déclaration au quotidien ’Le Monde’ lundi dernier, el Baradei affirma qu’il faudrait à l’Iran de trois à huit ans pour acquérir un arsenal nucléaire. Par conséquent, avançait-il, il n’y a aucune raison d’envisager une frappe militaire contre le programme de Téhéran. Il reste beaucoup de temps à la diplomatie, ou aux sanctions ou même aux incitations pour les ayatollahs, déclarait-il.

La déclaration d’El Baradei ne présente d’intérêt que comparée à une déclaration faite en décembre 2005 au journal ’The Independent’. A cette date, l’opinion de Baradei était que l’Iran n’en était qu’à " quelques mois " de produire des bombes atomiques. Mais alors aussi, il ne voyait aucune raison d’attaquer. Comme il le formula quand il avertit que l’Iran était au bord de produire des armes nucléaires, utiliser la force ne ferait " qu’ouvrir la boite de Pandore ". " Il y aurait des efforts pour isoler l’Iran ; l’Iran exercerait des représailles, et en fin de compte, il faudrait en revenir à la table de négociation pour trouver une solution ", prévenait el Baradei.

Etant donné que le chef égyptien de l’AIEA n’a pas cessé de faire valoir qu’à son avis, aucun obstacle ne devait être mis sur la route de l’Iran vers les bombes nucléaires, ce qui rend ses déclarations de 2005 à aujourd’hui intéressantes, c’est ce qu’elle nous rapportent sur sa perception modifiée des intentions de l’Occident. A la fin de 2005, il était presque certain que l’Occident, sous la conduite des USA, n’avait pas la volonté d’attaquer l’Iran. En faisant sa déclaration à l’époque, il cherchait à démoraliser l’Occident et ainsi de le convaincre qu’il n’y avait rien à faire pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires.

Aujourd’hui, confronté à une réelle éventualité que les USA ou Israël ou une association d’Etats soient prêts et volontaires pour attaquer les installations nucléaires de l’Iran, el Baradei cherche à les décourager en mettant en question la pertinence de la menace.

La déclaration d’el Baradei n’a évidemment pas été faite dans le vide. Elle est intervenue sur la toile de fond d’une unanimité croissante de l’opinion parmi les membres au plus haut niveau de l’administration Bush, qu’il faut empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Jeudi dernier, le Président George W. Bush a déclaré que l’Iran dotée de l’arme nucléaire provoquerait la Troisième Guerre Mondiale.

Le lendemain, le secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Gates, qui jusqu’à récemment était réputé pour son opposition à une action militaire contre l’Iran et pour minimiser le danger que l’Iran doté de l’arme nucléaire constituerait pour les USA, déclara à un point de presse que l’Iran possédant l’arme nucléaire déclencherait probablement une course aux armes nucléaires au Moyen-Orient et serait responsable d’une guerre majeure. Gates ajouta qu’à la lumière du désir exprimé par le président Mahmoud Ahmadinejad de détruire Israël, " Washington ne pouvait pas se fier au sens de la responsabilité d’un Iran doté d’armes nucléaires ".

Aux côtés de Gates jeudi dernier se tenait l’Amiral Michael Mullen, nouveau président de la conférence de l’Etat Major Général. Mullen repoussa les affirmations selon lesquelles les campagnes des USA en Afghanistan et en Irak avaient surchargé les ressources militaires au point que les USA ne pourraient plus aujourd’hui entreprendre une campagne efficace contre l’Iran. Comme il le formula : " D’un point de vue militaire, il y a plus que suffisamment de réserve " pour monter une attaque contre les installations nucléaires de l’Iran.

Alors que la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice continue de se faire le champion des négociations avec les mollahs, lors une comparution devant le Comité des Affaires Etrangères du Parlement mercredi dernier, Rice reconnut que " la politique de l’Iran constitue peut-être l’unique plus grand défi pour les intérêts de la sécurité américaine au Moyen-Orient, et potentiellement dans le monde entier ". Et puis il y a Israël.

Il apparaît qu’à la fois Tsahal et le gouvernement se préparent sérieusement à l’éventualité d’une guerre. Les soudaines visites du Premier Ministre Ehud Olmert à Moscou, Paris et Londres, et le voyage du Ministre de la Défense Ehud Barak à Washington cette semaine, ont toutes été consacrées au projet nucléaire de l’Iran. L’une des choses les importantes enseignées par les reportages sur l’attaque israélienne du 6 septembre contre l’installation nord-coréenne en Syrie, c’est que le service de renseignements israélien sur la prolifération nucléaire est plus étendu, et au moins dans certains domaines, supérieur à celui des USA.

Selon les reportages des médias sur l’attaque, les USA ont approuvé l’opération israélienne après qu’Israël ait apporté aux USA la preuve indiscutable de la menace posée par le site nucléaire. A la lumière des prouesses apparentes des services de renseignement d’Israël, il semble raisonnable de faire l’hypothèse qu’Olmert et Barak ne se sont pas envolés vers ces capitales étrangères les mains vides. De fait, selon certains comptes-rendus, ils ont emporté avec eux des informations nouvelles incriminant l’état actuel du programme nucléaire de l’Iran.

Et puis il y a la Turquie, le voisin de l’Iran, à considérer.

Cette semaine, le Premier Ministre turc Recip Erdogan a fait une visite soudaine à Londres. Là, il rencontra Olmert, qui s’y trouvait ce jour-là. La réunion se tint moins de deux semaines après que le ministre des affaires étrangères Ali Babacan se soit rendu en Israël. Dans une analyse cette semaine du journal " Asia Times ", M.K. Bhadrakumar, l’ancien ambassadeur de l’Inde en Turquie lia l’intérêt soudain du gouvernement turc en faveur du Hamas en parlant d’une tension avec Israël entre la Turquie et le Kurdistan irakien. Bhadrakumar, remarque qu’Israël a des relations étroites avec le président kurde Massoud Barzani. Il fit l’hypothèse que l’intensification des discussions de haut niveau signale probablement qu’un arrangement est négocié, impliquant la position de la Turquie sur l’Iran, et la position du Kurdistan irakien sur la Turquie et le PKK. Son opinion est étayée par le fait qu’Erdogan doit rencontrer Bush à la Maison Blanche le 5 novembre.

Finalement, il est important de noter le programme anti-catastrophe de Barak destiné à l’achat et au déploiement de systèmes de missiles de défense capables de couvrir la totalité d’Israël aussi vite que possible, et les reportages des medias la semaine dernière sur des commandos américains, britanniques et australiens combattant les forces iraniennes à l’intérieur de l’Iran près de la frontière Iran-Irak vers Bassorah.

En pariant que tous ces développements signifient en fait que la date où les installations nucléaires de l’Iran se rapproche rapidement, une discussion des résultats probables d’une telle frappe semble en cours. Comment répondrait l’Iran ? Quel serait l’effet à long terme d’une telle frappe ?

Jusqu’à l’attaque d’Israël contre l’installation nord-coréenne en Syrie le mois dernier, la plupart des analystes considérait que l’Iran exercerait des représailles contre une telle frappe avec autant de force qu’elle serait capable d’en rassembler, et qu’une attaque réussie contre les sites nucléaires de l’Iran repousserait le programme nucléaire de l’Iran d’environ cinq ans.

Selon ce scénario, l’Iran mènera une contre-attaque contre Israël, comprenant une attaque de missiles balistiques entreprise conjointement par l’Iran, la Syrie, et le Hezbollah au Liban. De plus, l’Iran enverra des cellules terroristes du Hezbollah à travers le monde pour réaliser des attaques contre des cibles juives et américaines.

Mais de nouveau, aussi mauvais que cela puisse être, il n’y a pas de comparaison entre un missile iranien et une offensive terroriste et Armageddon. En repoussant l’acquisition par l’Iran d’armes nucléaires de plusieurs années, une frappe contre l’Iran donne au monde l’opportunité de faire tomber le régime par des moyens non militaires, en suscitant une révolution par les Iraniens de l’intérieur. Ce résultat demeure le scénario le plus probable. Et c’est parce qu’il demeure la conséquence la plus probable d’une attaque que Barak est enclin à mettre en place un système opérationnel de défense par missiles. Et c’est parce que c’est le scénario le plus probable que la plupart des analystes a suggéré qu’Israël devra attaquer les sites de missiles syriens et du Hezbollah en même temps que les sites nucléaires de l’Iran.

Mais l’attaque israélienne en Syrie souligne aussi les autres scénarios possibles pour le meilleur et pour le pire. Dans un entretien avec le journal ’British Spectator’, un haut fonctionnaire du gouvernement britannique a dit de l’opération israélienne : " Si les gens avaient su à quelle proximité nous en sommes arrivés de la Troisième Guerre Mondiale ce jour-là, il y aurait eu une panique massive ". Selon des reportages dans le ’Washington Post’ et le ’Sunday Times’, dans les jours précédents l’attaque, des commandos israéliens ont collecté des échantillons de sol qui montraient la présence de matériaux fissiles sur le site. Cela associé à des renseignements concernant le transfert de matériaux nucléaires, peut-être même une ogive nucléaire en provenance de Corée du Nord quelques trois jours avant l’attaque, conduit à la conclusion que loin d’être le commencement d’une entreprise de long terme, le site de Syrie était avancé et presque opérationnel.

Etant donnée la nature stratégique de l’installation attaquée par Israël, l’aspect peut-être le plus stupéfiant de l’opération est la décision de la Syrie de ne pas répondre. La non réponse de la Syrie peut nous signifier quelque chose de très optimiste sur les conséquences d’une attaque contre l’Iran. Il est possible que ce que nous avons appris de la décision de la Syrie de ne pas répondre est que dans certaines circonstances, l’Iran pourrait aussi opter pour ne pas réagir à une frappe contre ses installations nucléaires.

D’un point de vue négatif, la frappe israélienne sur la Syrie a apporté une dure réalité en pleine lumière. La nature de la cible et les reportages consécutifs ont démontré clairement que la collaboration nucléaire entre la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et peut-être d’autres Etats, est étroite , active, approfondie et stratégique. Dans un article publié dans le numéro de samedi dernier du ’Wall Street Journal’, les membres Républicains des comités du Congrès du Renseignement et des Affaires Etrangères, Peter Hokstra et Ileana Ros-Lehiten - qui ont tous les deux reçu des compte-rendu classifiés ’secrets’ sur la frappe israélienne - ont souligné la menace soulevée par cette collaboration étroite.

Leur article venait compléter un reportage dans l’hebdomadaire de défense ’Jane’ du mois dernier. Selon ce reportage, des ingénieurs syriens et iraniens ont été tués lorsqu’un missile Scud-C nord-coréen auquel ils fixaient une ogive de gaz moutarde, explosa accidentellement. L’explosion survint dans un dépôt militaire syrien proche d’Alep le 26 juillet.

Ce que cela peut signifier, c’est que même si une attaque contre les installations nucléaires de l’Iran à l’intérieur de l’Iran était totalement réussie, il existe une possibilité que les capacités nucléaires de l’Iran ne soient pas significativement diminuées. Ce que l’opération syrienne montre, c’est que le programme nucléaire de l’Iran est peut-être dispersé en Syrie, en Corée du Nord, et au Pakistan qui a transféré de la technologie nucléaire à l’Iran et à la Corée du nord, (ainsi qu’à la Libye et à l’Egypte).

En d’autres termes, il existe désormais une possibilité distincte que l’Iran ne soit pas l’unique pays qui devra être attaqué pour empêcher l’Iran et les Etats voyous ses alliés, d’acquérir des armes nucléaires.

Et pourtant, quand on observe l’Iran, et qu’on voit le fanatisme génocidaire non seulement d’Ahmadinejad mais du régime dans son ensemble, on comprend que, quel qu’en soit le coût, Israël et tous ceux qui souhaitent empêcher une conflagration mondiale massive ne peuvent pas permettre à l’Iran de devenir une puissance nucléaire. Tout doit être fait partout pour empêcher Téhéran d’acquérir les moyens de susciter une nouvelle guerre mondiale et de détruire l’Etat d’Israël.
Contribuant à la JWR, Caroline B. Glick est membre senior pour le Moyen Orient du "Center for Security Policy" [Centre pour la Politique de Sécurité] à Washington, DC et rédacteur en chef adjoint du " Jerusalem Post ".

http://www.jewishworldreview.com/1007/glick102607.php3

28.10.07

ISRAEL " SE DESENGAGE " DE GAZA...

Vers un "désengagement complet" de Gaza
27 octobre 2007 -
Par Yaakov Katz & Herb Keinon

"Devrions-nous leur dire de continuer à tirer des roquettes sur la même centrale électrique qui leur fournit l’électricité et à continuer à bombarder le réseau hydrographique qui leur fournit de l’eau ?"
(Binyamin Ben-Eliezer, ministre des Infrastructures)

Le négociateur palestinien Saeb Erekat a appelé la communauté internationale à intervenir contre la décision israélienne de couper l’électricité dans la bande de Gaza après chaque tir de roquette Kassam, qualifiant la mesure d’Israël de "provocation, au moment où Palestiniens et Israéliens se réunissent pour négocier un accord sur les questions fondamentales afin de mettre un terme au conflit qui les oppose."


Selon des responsables sécuritaires, la décision du ministre de la Défense Ehoud Barak d’accepter le plan de Tsahal imposant des sanctions sur la bande de Gaza face à la multiplication des tirs de Kassam est la première étape vers "un désengagement complet," qui comprend la réduction graduelle de la dépendance palestinienne à Israël pour le gaz et l’électricité.

Jeudi, Barak a approuvé le plan mis au point par le vice-ministre de la Défense Matan Vilna’i et le coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires, le général Yosef Mishlav, conformément à la récente décision du cabinet déclarant la bande de Gaza "entité hostile."

Selon le plan, une des lignes à haute tension reliant Israël et Gaza sera fermée pendant 15 minutes après une attaque à la roquette, et la coupure augmentera progressivement si les tirs se poursuivent, jusqu’à une durée de deux heures. De plus, Israël va commencer à réduire la quantité d’essence qu’il transfère à la bande de Gaza.

Des responsables de l’establishment de la défense ont souligné que ces sanctions limitées ne risquaient pas de générer une crise humanitaire dans la bande de Gaza et étaient imposées avec le but éventuel de mettre un terme à la dépendance palestinienne envers Israël. Selon eux, ces coupures d’électricité n’affecteront pas les hôpitaux de la bande de Gaza.

Les Palestiniens et les organisations de défense des droits de l’homme ont qualifié la mesure de punition collective. Un des groupes, Gisha, a publié un communiqué, déclarant : "Jouer avec l’électricité équivaut à jouer avec le feu", et ajoutant :"Même une brève coupure d’électricité menace la sécurité et le bien-être des résidents de la bande de Gaza. "

Selon le ministre des Infrastructures, Binyamin Ben-Eliezer, Israël n’a pas d’autre alternative que d’adopter des mesures punitives. "Devrions-nous leur dire de continuer à tirer des roquettes sur la même centrale électrique qui leur fournit l’électricité et à continuer à bombarder le réseau hydrographique qui leur fournit de l’eau ?" s’est-il interrogé.

Des responsables de la défense ont précisé que les coupures d’électricité et de gaz ne visaient pas à "punir" les Palestiniens mais à terminer progressivement le désengagement final de la bande de Gaza, entamé en 2005 avec le retrait unilatéral d’Israël du territoire palestinien.

Israël s’attend à être critiqué dans le monde en mettant son projet à exécution. Le mois dernier, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait dénoncé une mesure "contraire aux obligations d’Israël envers la population civile en vertu de la législation internationale sur les droits de l’homme et humanitaire".

Dans la perspective d’une salve de critiques internationales, le ministère des Affaires étrangères a envoyé mercredi de la documentation de fond sur le sujet aux représentations d’Israël à l’étranger, afin d’expliquer que cette mesure est une "riposte non-violente à des attaques continuelles."

Alaa Araj, conseiller économique du gouvernement du Hamas à Gaza, y voit en tout cas une violation des droits de l’homme qui frapperait l’ensemble de la population dans le territoire. Gaza "sera plongée dans l’obscurité et la vie sera paralysée", prédit-il.

Avec AP

27.10.07

INQUIETUDES EN ISRAEL

La Russie prête à refabriquer des missiles de moyenne portée - Inquiétudes en Israël
Beni Issembert | infolive.tv


La Russie peut reprendre "dans les plus brefs délais" la production de missiles de courte et moyenne portée si "une décision politique" est prise en ce sens, a déclaré vendredi le commandant des Forces stratégiques russes cité par l’agence Interfax. "Si la décision politique est prise de fabriquer de tels types de missiles, alors de toute évidence ils seront fabriqués dans les plus brefs délais en Russie parce qu’on a tout pour cela", a déclaré le général Nikolaï Solovtsov lors d’un déplacement à Vlassikha.

Cette information intervient dix jours après la visite historique du président russe en Iran lors de laquelle Valdimir Poutine a soutenu un réglement politique à la crise du nucléaire iranien..

Or, l’information selon laquelle les autorités russes reprendraient le chemin de la production militaire inquiète en Israël en ce sens que Damas et Téhéran et par conséquent le Hamas et le Hezbollah pourraient en profiter.

Rappelons que des roquettes de courte portée sont tirées quotidiennement de la bande de Gaza en direction d’Israël depuis 2000 et que le Hezbollah a tiré plus d’un millier de roquettes de moyenne portée sur le nord du pays lors de la seconde guerre du Liban.

26.10.07

TALABANI CRITIQUE ASSAD POUR SON SOUTIEN A LA TURQUIE

Le président irakien Talabani critique le président syrien Assad pour son soutien à l'action militaire turque au Kurdistan

Voici des extraits d'une interview du président irakien Jalal Talabani, diffusée sur Al-Arabiya le 18 octobre 2007. Voir le clip : http://www.memritv.org/clip/en/1584.htm.

"Le recours à une solution militaire pour régler le problème du Parti des travailleurs du Kurdistan serait vain "

Jalal Talabani : "Il est vrai que l'on peut accuser le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK] de perpétrer des opérations terroristes de temps à autre, mais pour quel résultat ? Une solution militaire mettrait-elle à coup sûr fin au problème ? Nous sommes convaincus que non. En outre, il existe une question importante… Il me semble que c'est un certain responsable turc qui a dit : 'Tel est le nombre de membres du Parti des travailleurs au Kurdistan, alors que dans les montagnes du Kandil [au Kurdistan], ils sont tant et tant.' Qu'ils se débarrassent donc de ceux qui se trouvent sur leur propre territoire, s'ils en sont capables. Peut-être leur est-il plus facile de se déplacer dans la province du Kurdistan. Mon désir d'éviter les effusions de sang chez les Turcs et les Kurdes et de protéger les intérêts de la Turquie et du peuple kurde me fait penser que le recours à une solution militaire pour régler le problème du PKK serait vain.

(…)

Avant tout, je sui fier de mes relations de longue date avec la famille Assad, et en particulier avec l'éternel président Hafez El-Assad, auquel nous devons beaucoup, ce que nous n'oublions pas. En tant que président, j'ai [toujours] évité de faire le moindre commentaire sur la position syrienne vis-à-vis de l'Irak, ce dont vous vous souvenez très certainement. Je n'ai jamais participé à la campagne [médiatique] irakienne contre la Syrie. Voilà toutefois un point très important. Il est vrai que notre frère, Dr Bashar El-Assad, nous a rassurés quant au fait qu'il soutenait l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Irak, mais ces dires contredisent le fait qu'il ait approuvé la violation de la souveraineté irakienne par des forces étrangères. [Son comportement] contredit les promesses qu'il nous a faites. Pour être franc, j'ai d'abord hésité à faire des commentaires, car j'avais du mal à y croire. Mais quand j'ai entendu de mes propres oreilles sa déclaration sur Al-Jazeera et Al-Arabiya, j'ai décidé d'exprimer mon profond regret face à cette prise de position." (…)

"Je ne crois pas que les Américains vont autoriser l'armée turque à pénétrer dans les villes kurdes"

Interviewer : M. le président, dans l'éventualité d'une opération militaire [turque], que feront les Américains ?

Jalal Talabani : Le président Bush n'a émis qu'une faible condamnation. Tout dépend de l'endroit où les forces militaires turques vont perpétrer leur opération. S'ils l'exécutent dans les montagnes du Kandil, loin des civils et sans porter atteinte aux citoyens kurdes, les [Américains] se contenteront d'émettre une déclaration verbale et d'exprimer leur stupéfaction, mais je ne pense pas qu'ils laisseront l'armée turque pénétrer dans les villes kurdes telles que Zakho, Dahuk, etc. parce qu'il leur incombe d'assurer la sécurité dans la région et en Irak." (…)

"A part l'Irak, la République d'Iran est le seul pays de la région à reconnaître la province du Kurdistan"

"Je pense que la politique du gouvernement turc est de ne pas détruire (…) Quand je dis "gouvernement turc", je veux dire le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Ce n'est pas sa politique de détruire le fédéralisme du Kurdistan. L'Iran a officiellement reconnu la fédéralisation du Kurdistan en invitant officiellement le frère Nechirvan Barazani, Premier ministre du Kurdistan, à visiter Téhéran en sa capacité de Premier ministre du Kurdistan. A part la Turquie, la République d'Iran est le seul pays de la région à reconnaître la province du Kurdistan. C'est pourquoi je ne pense pas que ces deux pays vont entrer en guerre pour tenter de mettre fin à ce fédéralisme." (…)

Interviewer : "M. le président, vous passez votre temps à parler de 'fédéralisme'. Qui, hormis les Kurdes, souhaite ce fédéralisme ?"

Jalal Talabani : "Les 12 millions d'Irakiens qui ont voté pour la constitution irakienne. L'Article un de la constitution irakienne déclare que l'Irak est un Etat fédéral, démocratique, indépendant et uni."

Interviewer : "Mais cet article est marginal dans la constitution."

Jalal Talabani : "Il n'est pas marginal. C'est le premier article de la constitution irakienne."

(…)

"Comme j'ai dit, la grande majorité du peuple irakien est favorable au fédéralisme."

Interviewer : "Même les Arabes sunnites ?"

Jalal Talabani : "Nous arriverons jusqu'aux Arabes sunnites. La grande majorité des Arabes chiites le soutient, ainsi que tous les chrétiens et tous les Kurdes. Certains frères arabes sunnites y sont favorables, comme les Arabes sunnites laïcs. Même le parti islamique irakien n'est pas contre le fédéralisme du Kurdistan. Les frères sunnites arabes opposés au fédéralisme sont, en fait, contre le fédéralisme au sud, qu'ils qualifient de 'fédéralisme sectaire'. Le fédéralisme du Kurdistan profite du consensus de toutes les forces politiques actives de la société irakienne."

"Je ne pense pas qu'il y aura un retrait immédiat d'Irak"

"Je ne pense pas qu'il y aura un retrait immédiat d'Irak. Même si Hillary Clinton devient présidente et si le parti démocratique arrive au pouvoir, il n'y aura pas de retrait immédiat d'Irak. Peut-être y aura-t-il une nouvelle politique relative au déploiement de forces, à l'entraînement de l'armée irakienne, au transfert de la responsabilité de la sécurité aux forces irakiennes, ainsi qu'un retrait graduel. L'Amérique n'a pas l'intention d'effectuer un retrait immédiat, mais graduel. Lors de cette visite en Amérique, je me suis entretenu avec des dizaines de membres du Congrès. Ils étaient des deux partis et avaient des opinions divergentes, mais ils m'ont tous dit qu'il n'y aurait pas de retrait immédiat d'Irak, car ce serait pour eux à un désastre, et qu'ils croyaient en un retrait progressif."

TEXTE REPRIS DU SITE DE MEMRI

LA SYRIE PARIE SUR LA TURQUIE

La Syrie s’allie à la Turquie dans sa guerre contre le PKK

Le seul pays arabe à avoir soutenu ouvertement la lutte armée qu’entend mener la Turquie contre les séparatistes kurdes du PKK est la Syrie.


Le président syrien Bachar el-Assad, en visite officielle à Ankara mercredi 17 octobre, a annoncé son soutien à son homologue turc Abdallah Gül, estimant que l’incursion de l’armée turque au nord de l’Irak pour poursuivre les militants kurdes du PKK est légitime, et vise à protéger le territoire turc.

De nombreux observateurs arabes s’interrogent sur l’intérêt qu’a la Syrie à soutenir les autorités turques dans leur bras de fer contre les Kurdes. La position syrienne peut s’expliquer ainsi :

1- La Syrie affirme par là son attachement au principe de l’Etat unitaire et central, contre toute tendance fédéraliste, voire séparatiste. En effet, il y a une importante minorité kurde en Syrie qui rêve d’acquérir une sorte d’autonomie à l’instar de celle dont jouissent actuellement les Kurdes irakiens.

2 - C’est l’occasion pour la Syrie de se rapprocher de la Turquie au moment où le pouvoir syrien est isolé par tous ses voisins après l’affaire des assassinats politiques au Liban et le tribunal international que la communauté internationale, avec le soutien des voisins de la Syrie, veut mettre en place.

D’autant plus que la Turquie est proche de l’Europe et alliée des Etats-Unis.

3 - La Syrie cherche à s’opposer au régime irakien jugé illégitime et pro-américain. D’un côté, les Syriens sont obligés de traiter avec le régime de Bagdad (ses dirigeants chiites sont en bon terme avec l’Iran, allié de la Syrie). La Syrie saisit donc les occasions pour s’opposer au pouvoir irakien, sans se froisser avec les Iraniens.

Et là, en l’occurrence, les Iraniens ne diront rien, car eux-mêmes ont une importante communauté kurde et par conséquent ne voient pas d’un mauvais oeil les manœuvres turques dans la région (même s'ils n'approuvent pas la Turquie ouvertement).

Voilà pourquoi, nous verrons un rapprochement entre la Syrie et la Turquie dans les semaines qui viennent.

Masri FEKI © Primo, 24 octobre 2007

*Président de l’Association Francophone d’Etudes du Moyen-Orient (AFEMO) et auteur du livre "l'axe irano-syrien"


Auteur : Masri Feki
Date d'enregistrement : 25-10-2007

25.10.07

LES REVENDICATIONS DES MUSULMANS CONCERNANT JERUSALEM



Daniel Pipes
Alain Jean-Mairet, le fidèle et compétent traducteur des articles de Daniel Pipes, remet à l'honneur cette étude incontournable de Pipes, qu'il diffuse à sa liste. Elle a six ans, mais n'a pas pris une ride. Je l'ai retrouvée sur notre site, où je l'avais mise en ligne en 2005. A lire (ou relire) donc et à diffuser largement. (Menahem Macina).
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Middle East Quarterly

septembre 2001
Version originale anglaise: The Muslim Claim to Jerusalem

Adaptation française: Alain Jean-Mairet


Voir Nadav Shragaï, "Au commencement était Al-Aqsa".


Le deuxième sommet de Camp David et l'«intifada Al-Aqsa» qui s'ensuivit vinrent confirmer ce que tout le monde savait depuis longtemps: Jérusalem constitue le problème le plus épineux sur lequel achoppent les négociations entre Arabes et Israéliens.

La question est en partie d'ordre pratique: les Palestiniens tiennent à ce que la capitale d'Israël devienne également celle de leur futur État, une chose que les Israéliens ont beaucoup de mal à accepter. Mais le problème est surtout de nature religieuse: cette cité historique possède des lieux qui sont sacrés pour les Juifs comme pour les musulmans (et pour les Chrétiens, naturellement, mais les Chrétiens actuels ne font pas valoir de droits politiques sur Jérusalem), et tous deux revendiquent avec insistance la souveraineté sur leurs lieux saints respectifs, lesquels se recoupent en partie.

À Jérusalem, les revendications théologiques et historiques ont de l'importance. Elles constituent l'équivalent des titres de propriété de la ville et exercent une influence directe et concrète sur les événements. Les liens juifs et musulmans avec la cité nécessitent donc une évaluation.


Comparaison des revendications religieuses

Les attaches liant les Juifs à Jérusalem sont anciennes et puissantes. Le judaïsme fit de Jérusalem une ville sainte il y a plus de trois mille ans, et les Juifs lui restèrent fidèles durant toute cette période. Les Juifs prient dans sa direction, mentionnent son nom constamment dans leurs prières, terminent la Pâque par la déclaration nostalgique, «l'an prochain à Jérusalem», et évoquent la ville en rendant grâces après chaque repas. La destruction du Temple pèse lourdement sur la conscience juive; sa commémoration revêt plusieurs formes, telles qu'une journée de deuil, des maisons dont une partie est laissée inachevée, le maquillage ou la parure des femmes volontairement incomplets, et un verre brisé pendant les cérémonies nuptiales. De plus, Jérusalem a joué un rôle historique majeur, elle est l'unique capitale des Juifs et la seule cité habitée, en majorité, par des Juifs pendant l'ensemble du siècle passé. Pour reprendre les termes de son maire actuel, Jérusalem représente «la pure expression de tout ce pour quoi les Juifs ont prié, rêvé, pleuré et rendu l'âme depuis les deux mille ans qui nous séparent de la destruction du Second Temple».


Qu'en est-il des musulmans? Quelle est la place de Jérusalem dans l'islam et dans l'histoire des musulmans ? Ce n'est pas le lieu vers lequel ils se dirigent pour prier, son nom n'est pas mentionné une seule fois dans leurs prières, et elle n'est liée à aucun événement de la vie de Mahomet. La cité n'a jamais été la capitale d'un État souverain musulman, et elle n'en a jamais constitué un centre culturel ou universitaire. Fort peu d'initiatives politiques islamiques notables y ont trouvé leur origine.

La comparaison suivante est très révélatrice à cet égard: Jérusalem apparaît 669 fois dans la Bible juive, et Sion (qui signifie habituellement Jérusalem, et parfois la terre d'Israël) 154 fois, soit 823 fois au total. La Bible chrétienne mentionne Jérusalem 154 fois et Sion, 7 fois. En revanche, comme le relève le chroniqueur Moshe Kohn, Jérusalem et Sion apparaissent aussi fréquemment dans le Coran «que dans la Bhagavad Gita hindoue, le Tao te King taoïste, le Dhammapada bouddhiste et le Zend Avesta de Zarathoustra» – c'est-à-dire tout simplement pas.

Cette ville étant aussi clairement de peu d'importance religieuse pour eux, pourquoi les musulmans lui accordent-ils tant d'attention, au point qu'un "sionisme" musulman semble sur le point d’éclore dans le monde musulman? Pourquoi les manifestants palestiniens arpentent-ils les rues en criant «Nous verserons notre sang pour toi, Jérusalem» et pourquoi leurs alter ego jordaniens s'exclament-ils «Nous sacrifions notre sang et notre âme pour Al-Aqsa» ? Pourquoi le roi Fahd d'Arabie Saoudite exhorte-t-il les musulmans à protéger «la ville sainte qui appartient à tous les musulmans de par le monde» ? Pourquoi deux sondages réalisés auprès de musulmans américains révèlent-ils que Jérusalem constitue la question de politique étrangère la plus cruciale à leurs yeux?

Les raisons en sont politiques. Un survol historique montre que l'impact de la cité et des émotions qu'elle suscite chez les musulmans croît régulièrement lorsqu'elle revêt une grande importance politique. Inversement, lorsque l'utilité de Jérusalem s'amoindrit, son statut et les passions qu'elle incarne pâlissent à l'unisson. Ce phénomène est apparu pour la première fois du vivant du prophète Mahomet, au début du VIIe siècle, et il s’est répété à cinq reprises par la suite: à la fin du VIIe siècle, pendant les Croisades des XIIe et XIIIe siècles, sous la domination britannique (1917–1948) et depuis qu'Israël a pris le contrôle de la ville, en 1967. Cette régularité, qui couvre une période aussi longue fournit une perspective déterminante pour juger de la confrontation actuelle.


I. Le prophète Mahomet

Selon les sources littéraires arabes, Mahomet a quitté son lieu de séjour de La Mecque, en l'an 622, pour rejoindre Médine, une ville habitée par une large proportion de Juifs. À son arrivée à Médine, voire quelque temps auparavant, le Coran adopta un certain nombre d'usages susceptibles d'éveiller la sympathie des Juifs: un jeûne semblable à celui du Yom Kippour, un lieu de prière ressemblant à une synagogue, la permission de consommer des denrées casher, et l'autorisation d'épouser des femmes juives. Mais le plus important fut que le Coran modifia la coutume préislamique des Mecquois de prier en direction de la Ka'ba, le petit édifice de pierre situé au centre de la principale mosquée de La Mecque. Il adopta alors l'usage des Juifs, qui prient en se tournant vers le Mont du Temple, à Jérusalem (en fait, le Coran ne mentionne cette direction que par le terme "Syrie" ; d'autres informations permettent cependant d'affirmer qu'il s'agissait bien de Jérusalem).

Cette prescription, la première qibla (orientation des prières), ne dura pas très longtemps. Les Juifs critiquèrent la nouvelle foi et rejetèrent les gestes d'amitié des musulmans; et peu après, le Coran annula ceux-ci, probablement au début de l'an 624. L'explication de cette brusque modification apparaît dans un verset coranique enjoignant aux croyants de ne plus prier en se tournant vers la Syrie, mais à nouveau en direction de la Mecque. Le passage (2:142-52) commence par anticiper les questions soulevées par ce revirement soudain [NdT: je ne me réfère pas ici à une traduction particulière du Coran, et n'ai pour seul souci que la clarté du propos]:

Les insensés parmi les hommes diront: «Qui les a détournés [les musulmans] de leur qibla?»

Ce à quoi Dieu répond: « Nous n'avons institué la qibla vers laquelle tu te tournes que pour distinguer ceux qui suivent le messager (Mahomet) de ceux qui tournent le dos [à l'islam].
En d'autres termes, la nouvelle qibla servait à distinguer les musulmans des Juifs. Dès lors, la Mecque serait et resterait la direction des prières:

« Nous t'orientons maintenant vers la qibla qui te sied. Tourne donc ta face vers la Mosquée sacrée [de La Mecque]. Où que vous soyez, tournez-vous dans cette direction. »

Le Coran réitère ensuite l'injonction de ne plus prêter attention aux Juifs:

« Quand bien même tu leur montrerais tous les signes, les gens du Livre [les Juifs] ne se tourneraient pas vers ta qibla. »

Les musulmans acceptèrent ainsi le fait, contenu implicitement dans l'explication du Coran, que l'adoption temporaire de Jérusalem, au titre de qibla, constituait une tactique visant à faire des convertis parmi les Juifs. «Il choisit le Temple sacré de Jérusalem afin de se concilier les Gens du Livre [les Juifs]», note al-Tabari, commentateur musulman du IX–Xe siècle, «et les Juifs s'en félicitèrent.» Des historiens modernes confirment cet avis: W. Montgomery Watt, l'un des principaux biographes de Mahomet, interprète les «importantes concessions à la sensibilité juive» de Mahomet à la lumière de deux motifs, l'un étant «le désir de réconciliation avec les Juifs».

Après que le Coran ait renié Jérusalem, les musulmans firent de même: la première description de la ville sous domination musulmane nous vient de l'évêque Arculf, un pèlerin gaulois qui visita l'endroit en 680 et signala y avoir vu «une maison de prière oblongue qu'ils [les musulmans) avaient assemblée sur quelque ruine à l'aide de piédroits et de grandes poutres». Jérusalem devint un coin perdu, et ce ne fut pas la dernière fois.

Cet épisode allait en effet se répéter à maintes reprises au cours des siècles: les musulmans ne s'intéressèrent à Jérusalem que sous la pression d'événements temporaires. Puis, lorsque les préoccupations en question quittaient le devant de la scène, Jérusalem faisait de même, et perdait très vite son rang et son aura.


II. Les Umayyades

Le deuxième regain d'intérêt pour Jérusalem se situe durant le règne de la dynastie des Umayyades (661-750) de Damas. En 680, un leader dissident de La Mecque, Abdullah b. az-Zubayr, déclencha contre les Umayyades une révolte qui allait durer jusqu'à sa mort, en 692 ; dans le cadre de cette lutte, les Umayyades tentèrent d'agrandir la Syrie aux dépens de l'Arabie (et peut-être aussi de contribuer à recruter une armée qu'ils opposeraient à l'Empire byzantin). Ils prirent quelques mesures en vue de sacraliser Damas, mais leur campagne se concentra surtout sur ce que Amikam Elad, de l'université hébraïque, caractérise comme un «énorme» effort «visant à exalter et à glorifier» Jérusalem. Ils ont peut-être même espéré en faire l'égale de La Mecque.

Le premier souverain des Umayyades, Mu'awiyya, décida de se faire proclamer calife à Jérusalem ; lui et ses successeurs firent réaliser une série de constructions – des édifices religieux, un palais et des routes – dans la cité. Les Umayyades nourrissaient probablement l'espoir de faire de Jérusalem leur capitale politique et administrative ; Elad est en tout cas d'avis qu'ils la traitèrent comme telle. Mais Jérusalem est avant tout une ville religieuse et, comme l'explique le chercheur israélien Izhak Hasson, «le régime des Umayyades tenait à conférer une ambiance islamique à son centre et principal bastion». À cette fin (ainsi que pour affirmer la présence de l'islam en concurrence avec le Christianisme), le calife des Umayyades y fit édifier, entre 688 et 691, la première grande réalisation architecturale islamique, le Dôme du Rocher, à l'emplacement du Temple juif. Ce bâtiment remarquable est non seulement le premier grand monument sacré de l'islam, mais aussi le seul qui subsiste, de nos jours, sous une forme proche de l'original.

La démarche suivante des Umayyades fut subtile et complexe ; pour bien la comprendre, nous devons nous reporter à un passage du Coran (17:1) qui décrit le «voyage nocturne» (isra') de Mahomet au paradis:

« Gloire à Celui qui, de nuit, transporta son serviteur de la Mosquée sacrée à la mosquée la plus éloignée (subhana allathina asra bi-‘abdihi laylatan min al-masjidi al-harami ila al-masjidi al-aqsa). »

Lorsque ce verset fut révélé, vers 621, il existait déjà un endroit nommé la Mosquée sacrée (al-masjid al-haram), à La Mecque. En revanche, la «mosquée la plus éloignée» (al-masjid al-aqsa) n'était qu'une tournure de phrase, et non un lieu précis. Les premiers musulmans y virent une métaphore, ou un endroit du paradis. Et si la «mosquée la plus éloignée» existait alors sur terre, ce n'était très vraisemblablement pas en Palestine, pour de nombreuses raisons. En voici quelques-unes:

Ailleurs dans le Coran (30:1), la Palestine est nommée «la terre toute proche» (adna al-ard).

La Palestine n'avait alors pas encore été conquise par les musulmans et ne comportait pas la moindre mosquée.

La «mosquée la plus éloignée» fut, semble-t-il, identifiée comme se trouvant à l'intérieur de l'Arabie: à Médine, ou dans une ville nommée Ji‘rana, que le prophète visita en 630, située à une quinzaine de kilomètres de La Mecque.

Les premières descriptions de Jérusalem par des musulmans, telles que le récit de la visite du calife 'Umar, juste après la conquête de la ville, en 638, n'identifient d'aucune manière le Mont du Temple à la «mosquée la plus éloignée» du Coran.

Les inscriptions coraniques, qui forment une frise en mosaïque de 240 mètres de longueur sur les murs du Dôme du Rocher, n'incluent pas le verset 17:1 relatant le Voyage nocturne, ce qui suggère que l'idée de Jérusalem comme lieu d'envol du Voyage nocturne n'avait pas encore été établie en 692 (en fait, les premières inscriptions du verset 17:1 du Coran à Jérusalem, préservées jusqu'à nos jours datent du XIe siècle).

Muhammad ibn al-Hanafiya (638-700), un proche parent du prophète Mahomet, est censé avoir démenti que le prophète ait jamais mis les pieds sur le Rocher de Jérusalem: «Ces maudits Syriens», dit-il, parlant des Umayyades, «prétendent que Dieu mit Son pied sur le Rocher de Jérusalem, alors qu'une seule personne a jamais mis le pied sur le Rocher, et ce fut Abraham.»

Ensuite, en 715, pour mieux asseoir leur prestige sur leurs territoires, les Umayyades firent une chose très astucieuse: ils construisirent une deuxième mosquée à Jérusalem, cette fois aussi sur le Mont du Temple, et la baptisèrent Al-Aqsa (al-masjid al-aqsa, la mosquée la plus éloignée). Par ce geste, les Umayyades conférèrent rétroactivement à la ville un rôle dans la vie de Mahomet. Cette association entre Jérusalem et al-masjid al-aqsa s'inscrit dans une tendance générale des musulmans à identifier les noms de lieux mentionnés dans le Coran: «Partout où le Coran évoque un nom ou un événement, des récits furent inventés pour donner l'impression que quelqu'un, quelque part, d'une manière ou d'une autre, savait ce qu'il en était.»

En dépit de toute logique (comment une mosquée bâtie près d'un siècle après la révélation coranique pouvait-elle confirmer ce que le Coran entendait signifier ?), comme l'écrit l'historien palestinien, A. L. Tibawi, c'est la construction, après coup, d'une mosquée Al-Aqsa qui «donna sa signification concrète aux termes figurés utilisés dans le Coran». Cette action eut également pour important effet d'insérer, post eventum, Jérusalem dans le Coran et d'en faire ainsi un élément central de l'islam. D'autres modifications allaient s'ensuivre. Plusieurs passages coraniques furent réinterprétés pour créer des références à la ville. Jérusalem fut bientôt considérée comme le site du Jugement Dernier. Les Umayyades écartèrent le nom romain laïque de la cité, Aelia Capitolina (en arabe, Iliya) et le remplacèrent par des noms de style juif – Al-Qods (la Sainte), ou Bayt al-Maqdis (le Temple). Ils parrainèrent une forme de littérature louant les «vertus de Jérusalem», un genre qu'un auteur est tenté de qualifier de «sioniste». À cette époque apparurent des hadiths (informations rapportées par plusieurs chaînes orales relatant les actes et les paroles du prophète et réunies dans différents recueils de «traditions») favorables à Jérusalem, certains allant jusqu'à comparer la ville à La Mecque. Des efforts furent même entrepris pour déplacer le pèlerinage (hajj) de La Mecque à Jérusalem.

Les chercheurs s'accordent à dire que les motivations des Umayyades visant à établir une présence islamique dans la ville sainte étaient de nature strictement utilitaire. L'historien irakien, Abdul Aziz Duri, discerne «des raisons politiques» derrière leurs actes. Hasson abonde dans ce sens:

"La construction du Dôme du Rocher et de la Mosquée Al-Aqsa, les rituels institués par les Umayyades sur le Mont du Temple et la diffusion de hadiths établissant des liens entre l'islam et le caractère sacré du site, sont autant d'éléments mettant en lumière les motivations politiques qui étaient à la base des efforts de glorification de Jérusalem parmi les musulmans.

C'est ainsi que le programme politique des Umayyades déboucha sur la sacralisation islamique de Jérusalem.


Le règne des Abbassides

Par la suite, avec la chute des Umayyades, en 750, et le déplacement à Bagdad de la capitale du califat, «le patronage impérial devint insignifiant» et Jérusalem retomba dans l’oubli. Au cours des trois siècles et demi qui suivirent, les livres faisant l'éloge de cette ville perdirent de leur attrait, tandis que cessait la construction d'édifices illustres et que les bâtiments existants, laissés à l'abandon, tombaient en ruine (le Dôme du Rocher s'écroula en 1016). On gratta l'or du Dôme pour payer les réparations de la Mosquée Al-Aqsa. Les murailles de la ville s'effondrèrent. Pire encore, les souverains de la nouvelle dynastie saignèrent Jérusalem et sa région par ce que F. E. Peters, de l'université de New York, appelle «leur rapacité et leur négligence». La cité déclina ainsi jusqu'à se délabrer. «Les érudits sont rares, et les Chrétiens nombreux», se lamentait un musulman natif de Jérusalem au Xe siècle. Seuls les mystiques continuaient de visiter la cité.

Dans un geste de dénigrement typique, un autre auteur du Xe siècle décrivait la ville comme «une bourgade provinciale rattachée à Ramallah», une référence au village minuscule et insignifiant, qui servait de centre administratif pour la Palestine. Elad décrit la Jérusalem des premiers siècles du règne de l'islam comme «une cité isolée, sur le déclin». Le grand historien S. D. Goitein, relève que le dictionnaire géographique d'al-Yaqut mentionne Bassora 170 fois, Damas 100 fois, et Jérusalem une seule fois, et cela uniquement en passant. Sur la base de ce fait et de plusieurs autres, il conclut que, durant les six premiers siècles de la domination musulmane, «Jérusalem occupa essentiellement le rang d'une ville provinciale isolée, abandonnée aux exactions d'officiels et de notables cupides, et souvent aussi aux déprédations causées par des paysans ou des nomades séditieux [...] Jérusalem ne pouvait certainement pas se prévaloir d'une quelconque grandeur dans les sciences de l'islam, ni dans aucun autre domaine.»

Peters note qu'au début du Xe siècle, la souveraineté musulmane sur Jérusalem était de nature «presque occasionnelle» et ne revêtait «aucune portée politique particulière». Ce fut le cas plus tard également: Al-Ghazali, parfois appelé le "Thomas d'Aquin de l'islam", visita Jérusalem, en 1096, sans faire une seule fois mention de Croisés en route vers cette ville.


III. Les premières croisades

La conquête de Jérusalem par les Croisés, en 1099, ne suscita d'abord qu'une réaction très timide parmi les musulmans. Les Francs ne soulevèrent pas une grande attention; la littérature arabe rédigée dans les villes occupées par les Croisés faisait à peine mention de leur présence. Ainsi, «les appels au djihad restèrent d'abord lettre morte», écrit Robert Irwin, alors membre de l'université de St Andrews, en Écosse. Emmanuel Sivan, de l'université hébraïque, ajoute qu'«on ne décèle aucun choc, ni aucune sensation de perte ou d'humiliation religieuse».

Ce n'est que lorsque les efforts visant à reprendre Jérusalem devinrent sérieux, vers 1150, que les musulmans cherchèrent à raviver la flamme du djihad dans les esprits, en augmentant la tension sentimentale liée à Jérusalem. Usant des moyens à leur disposition (les hadiths, les ouvrages louant les «vertus de Jérusalem», la poésie), leurs propagandistes mirent en exergue le caractère sacré de Jérusalem et la nécessité urgente de son retour sous domination musulmane. Une série de hadiths inédits vinrent rendre Jérusalem absolument essentielle pour la foi islamique ; l'un d'eux fait dire au prophète Mahomet que la prise de Jérusalem par les infidèles constitue la deuxième plus grande catastrophe affectant l'islam après sa propre mort. Alors qu'aucun volume vantant les «vertus de Jérusalem» n'était paru entre les années 1100 et 1150, un très grand nombre furent rédigés dans la deuxième moitié du siècle. Sivan constate que, dans les années 1160, «la propagande al-Qods prospérait», et lorsque Saladin (Salah al-Din) mena les musulmans à la victoire sur Jérusalem, en 1187, la «campagne de propagande [...] atteignit son paroxysme». Dans une lettre adressée à son adversaire Croisé, Saladin écrit que la ville «est pour nous ce qu'elle est pour vous. Elle est même plus importante encore pour nous».

L'éclat de la reconquête persista ensuite durant plusieurs décennies. Par exemple, les descendants de Saladin (connus sous la désignation de dynastie Ayyubide, qui régna jusque vers 1250) entamèrent à Jérusalem un vaste programme de construction et de rénovation, conférant ainsi à la ville un caractère plus musulman. Jusqu'alors, la Jérusalem islamique n'était constituée que des lieux saints du Mont du Temple ; dès lors, pour la première fois, des édifices spécifiquement islamiques (couvents sufis, écoles) furent bâtis dans la ville alentour. C'est également à cette époque, remarque Oleg Grabar, de l'Institut des Hautes Etudes de Princeton, que le Dôme du Rocher fut désigné comme l'emplacement exact de l'ascension de Mahomet vers le paradis (mi‘raj) lors de son Voyage nocturne: si la «mosquée la plus éloignée» est à Jérusalem, alors, le Voyage nocturne de Mahomet et ses visites ultérieures au paradis se sont déroulées logiquement sur le Mont du Temple, en fait, sur le rocher même d'où il est dit que Jésus a fait son ascension au paradis.


IV. Les Ayyubides

Mais, une fois qu’elle fut fermement entre leurs mains, Jérusalem perdit à nouveau son attrait pour les musulmans ; «le simple fait qu'al-Qods n'était pas cruciale pour la sécurité d'un empire basé en Égypte ou en Syrie ne tarda pas à s'imposer. La ville pouvait donc fort bien être sacrifiée, en période de crise politique ou militaire», écrit Donald P. Little, de l'université McGill. Ainsi, en 1219, lorsque les Européens attaquèrent l'Égypte, dans le cadre de la cinquième Croisade, un petit-fils de Saladin, nommé al-Mu‘azzam décida de raser les murailles de Jérusalem, de crainte que les Francs, s'ils prenaient la cité avec ses murailles, «ne puissent y tuer tous ceux qu'ils y trouveraient et lui faire subir le même sort que Damas et les terres de l'islam dont ils s'emparèrent». La destruction des fortifications de Jérusalem provoqua un exode massif de ses habitants, puis son rapide déclin.

Vers la même époque, le souverain musulman d'Égypte et de Palestine, al-Kamil (un autre des petits-fils de Saladin et le frère d'al-Mu‘azzam), proposa d'offrir Jérusalem aux Européens, en échange de leur départ d'Égypte, mais il ne trouva pas preneur. Dix ans plus tard, cependant, en 1229, un tel accord fut conclu lorsque al-Kamil céda Jérusalem à l'empereur germanique Frédéric II, qui s'engagea, pour sa part, à fournir un appui militaire à al-Kamil contre al-Mu‘azzam, devenu entre-temps son rival. Al-Kamil insista pour que le Mont du Temple reste en mains musulmanes et que «toutes les pratiques de l'islam» y soient maintenues, conditions que Frédéric accepta. Se référant à son accord avec Frédéric, al-Kamil écrivit, dans une description de Jérusalem très révélatrice, «Je n'ai confié aux Francs que des églises et des maisons en ruines». En d'autres termes, la cité reconquise héroïquement par Saladin, en 1187, fut bradée volontairement par son petit-fils, à peine quarante-deux ans plus tard.

Comme il fallait s'y attendre, les musulmans furent pris d'une intense émotion en apprenant que Jérusalem se trouvait à nouveau aux mains des chrétiens. Un historien égyptien écrivit plus tard que la perte de la cité «fut un grand malheur pour les musulmans », que « de nombreux reproches furent adressés à al-Kamil, et [qu’]il fut honni dans toutes les régions». En 1239, un autre souverain des Ayyubides, an-Nasir Da'ud, parvint à expulser les Francs hors de la cité.

Mais ce ne fut que pour la céder aussitôt aux Croisés, en échange de leur soutien contre l'un de ses parents. Cette fois, les Chrétiens furent moins respectueux des sanctuaires islamiques et transformèrent les mosquées du Mont du Temple en églises.

Leur intrusion ne dura guère. En 1244, l'invasion de la Palestine par des troupes d'Asie centrale replaça Jérusalem sous la domination d'un Ayyubide, à la suite de quoi la cité demeura dans le giron musulman durant presque sept siècles. Jérusalem resta un simple gage dans la realpolitik de l'époque, comme le montre bien la lettre qu'un souverain Ayyubide plus récent, as-Salih Ayyub, adressa à son fils : si les Croisés te menacent au Caire, écrit-il, et qu'ils te demandent les côtes de Palestine et Jérusalem, «donne-leur ces terres immédiatement, à condition qu'ils ne s'installent pas en Égypte».

Il vaut la peine d'examiner un instant la psychologie qui est à l'œuvre ici: le fait que des chevaliers chrétiens franchissent de longues distances pour faire de Jérusalem leur capitale rendait la cité plus précieuse également aux yeux des musulmans. «C'était une cité fortement convoitée par les ennemis de la foi, et c'est pourquoi, par une sorte de syndrome mimétique, elle devint chère également au cœur des musulmans», explique Sivan. Des opinions sporadiques se fondirent ainsi en un sentiment puissant ; depuis lors, les nécessités politiques allaient sans cesse inciter les musulmans à considérer Jérusalem comme la troisième cité la plus sainte de l'islam (thalith al-masajid).


Le règne des Mamelouks et des Ottomans

Durant l'ère des Mamelouks (1250-1516), Jérusalem retourna à son insignifiance habituelle – capitale sans dynastie, économiquement arriérée, culturellement désertique – bien que son nouveau prestige en tant que site islamique restât intact. D'autre part, Jérusalem devint également une destination appréciée pour les leaders politiques exilés, en raison de sa proximité avec l'Égypte et de la disparition de ses murailles, rasées en 1219 et qui ne seront reconstruites que trois siècles plus tard, ce qui en faisait une proie facile pour les pillards. Ces notables fondèrent des institutions religieuses, surtout des écoles religieuses, ce qui, dans l'ensemble, eut pour effet de rétablir la présence de l'islam dans la cité. Mais le manque d'intérêt continuait de s'y traduire par une atmosphère de déclin et d'appauvrissement. Un grand nombre des principaux édifices, y compris les sanctuaires du Mont du Temple, furent abandonnés et se délabrèrent, à mesure que la ville se dépeuplait. C’est ainsi qu’un auteur du XIVe siècle se lamentait du dénuement des musulmans qui visitaient Jérusalem. Les Mamelouks dévastèrent à ce point la ville, que sa population entière se réduisait à 4000 âmes à la fin de leur règne.

La période ottomane (1516-1917) commença sous d'excellents auspices pour Jérusalem: Süleyman le Magnifique fit reconstruire les murailles de la ville, entre 1537 et 1541, et consacra d'importantes sommes d'argent à ses infrastructures (par exemple son approvisionnement en eau), mais la situation n'allait pas tarder à revenir à ce qu’elle était auparavant. Jérusalem se retrouva à la merci d'officiels non-résidents (et très cupides) nommés pour un an, qui s'enrichissaient grâce aux impôts levés sur la ville. «Après avoir épuisé Jérusalem, le pacha s'en alla», observait l'écrivain français, François-René Chateaubriand, en 1806. Cette rapacité provoqua des rebellions occasionnelles. Les autorités turques alimentaient aussi leurs finances en escroquant les visiteurs européens; d'une manière générale, ils fournirent ainsi moins d'efforts au bénéfice de Jérusalem qu’ils ne le firent pour d’autres villes, en matière de promotion de l'économie locale. Les archives fiscales indiquent que le seul produit d'exportation local était le savon. Jérusalem était tellement insignifiante, qu'elle ne constitua à certaines époques qu'une simple dépendance gérée par le gouverneur de Naplouse ou de Gaza. On n'y entretenait pas non plus la culture : en 1670, un voyageur rapporte que le niveau culturel y avait baissé au point que même le prêcheur de la mosquée Al-Aqsa parlait un arabe littéraire médiocre. Les nombreuses écoles religieuses de l'ère précédente disparurent. En 1806, la population avait à nouveau fortement reculé, elle comptait dorénavant moins de 9000 habitants.

Les musulmans pouvaient se permettre de négliger Jérusalem de la sorte, durant cette longue période, comme l'écrit l'historien James Parkes, parce que la ville «était chose acquise, et il ne venait à l'idée d'aucun musulman qu'elle ne serait pas toujours là», sous domination musulmane. Au cours de ces siècles, d'innombrables récits rapportés par des pèlerins, des voyageurs et des diplomates en visite à Jérusalem font état de la piètre situation de la ville. George Sandys relate, en 1611, que «beaucoup de choses sont à l'abandon; les anciens édifices (à l’exception de quelques-uns) sont tous en ruines, les nouveaux sont sordides». Constantin Volney, l'un des observateurs les plus scientifiques, décrivait, en 1784, «les murailles [de Jérusalem] détruites, ses douves pleines de détritus, ses canalisations jonchées de débris». «Quelle désolation et quelle misère !», écrivait Chateaubriand. Gustave Flaubert visita la ville en 1850, et y trouva «des ruines partout, et partout l'odeur des tombeaux», comme si la malédiction du Seigneur planait sur la cité. La ville sainte de trois religions pourrissait ainsi d'ennui, d’abandon et de négligence. «Au paradis, les favoris sont les miséreux», commentait Herman Melville, en 1857. Mark Twain notait, en 1867 : Jérusalem «a perdu toute son ancienne grandeur et est devenue un village indigent».

Le gouvernement britannique prit conscience de l'intérêt très limité des musulmans pour Jérusalem, au cours de la Première Guerre mondiale. Dans le cadre de négociations menées avec le Shérif Husayn, de La Mecque, en 1915-1916, et portant sur la gestion de la révolte arabe contre les Ottomans, Londres décida de ne pas inclure Jérusalem dans les territoires à confier aux Arabes, parce que, pour reprendre la formulation du négociateur britannique responsable, Henry McMahon, «il n’y avait aucun endroit [...] notable [...] situé plus au sud», que Damas, «qui fût d'une importance vitale pour les Arabes».

Confirmant cette affirmation, en 1917, les suzerains turcs de Jérusalem préférèrent abandonner la ville plutôt que de se battre pour elle, et évacuèrent les lieux juste avant l'arrivée des troupes britanniques. Un compte rendu indique qu'ils étaient même prêts à détruire la ville sainte. Jamal Pasha, le commandant en chef des Ottomans, ordonna à ses alliés autrichiens d'«envoyer Jérusalem au diable», si les Anglais devaient y pénétrer. Les Autrichiens dirigèrent donc leurs armes en direction du Dôme du Rocher, avec assez de munitions pour effectuer des tirs nourris durant près de deux jours entiers. Selon un journaliste nommé Pierre van Paasen, le Dôme évita la destruction totale grâce à un capitaine d'artillerie juif de l'armée autrichienne, Marek Schwartz, qui préféra réagir à l'approche des troupes britanniques en «renonçant à sa propre tactique, pour marcher calmement vers les lignes britanniques».


V. La domination britannique

À l’époque moderne, note l'experte israélienne, Hava Lazarus-Yafeh, Jérusalem «ne devint le centre des intérêts religieux et politiques arabes qu'au début du [XXe] siècle». Elle attribue ce changement, pour l'essentiel, au «regain d'activités juives dans la cité et à la revendication judaïque sur le Mur occidental». La domination britannique sur la cité, de 1917 à 1948, raviva une nouvelle passion pour Jérusalem. Les politiciens arabes firent de Jérusalem une destination de tout premier plan pendant la période du mandat britannique. Des dirigeants irakiens apparaissaient fréquemment à Jérusalem, allaient prier à la Mosquée Al-Aqsa et faisaient des discours enflammés. Il faut notamment signaler la visite à Jérusalem du roi Faysal d'Irak, qui fit une entrée pompeuse sur le Mont du Temple, franchissant la même porte que, jadis, le calife ‘Umar, lorsque la cité fut conquise pour la première fois, en 638. L'Irak contribua alors également à réunir des fonds pour la création d'une université islamique à Jérusalem et l'aménagement d'un consulat et d'un office d'information dans la ville.

Le leader palestinien (et mufti de Jérusalem) Hajj Amin al-Husayni, mit le Mont du Temple au centre de ses efforts politiques antisionistes. En 1931, il rassembla un groupe de notables musulmans à Jérusalem pour un congrès international destiné à mobiliser l'opinion des musulmans dans le monde en faveur des Palestiniens. Il exploita également l'attrait des lieux saints islamiques de Jérusalem pour obtenir un soutien international en faveur de sa campagne contre le sionisme. Par exemple, il organisa des collectes de fonds dans plusieurs pays arabes en vue de restaurer le Dôme du Rocher et la Mosquée Al-Aqsa, parfois en envoyant des photos du Dôme du Rocher surmonté d'une étoile de David ; ses efforts furent couronnés de succès et il put rendre à ces monuments tout leur lustre d'antan.

Le fait peut-être le plus révélateur du changement d'attitude fut la déclaration selon laquelle le prophète Mahomet aurait attaché son cheval au Mur occidental du Mont du Temple. Comme l'atteste le juriste et expert, Shmuel Berkowitz, les érudits musulmans ont émis, au cours des siècles, diverses théories à propos de l'action du prophète ayant consisté à attacher son cheval au mur oriental ou méridional, mais aucun d'eux n'avait jamais associé cet épisode au flanc occidental avant les disputes entre Juifs et musulmans sur la question du Mur occidental en 1929. Une fois encore, la politique dictait le contenu de la piété islamique relative à Jérusalem.


La domination jordanienne

La souveraineté de Jérusalem par la Jordanie, entre les périodes britannique et israélienne, de 1948 à 1967, fournit une occasion utile pour y asseoir la domination islamique ; et, comme de juste, lorsque les musulmans eurent pris le contrôle de la ville (qui contenait leurs sanctuaires), ils s'en désintéressèrent ostensiblement. Un certain émoi initial fut sensible lorsque les forces jordaniennes s'emparèrent de la cité, en 1948 – comme en témoigne le couronnement du roi Abdullah comme «Roi de Jérusalem», par l'évêque copte, en novembre de cette même année –, mais l'apathie habituelle reprit vite le dessus. Les Hachémites n'éprouvaient guère d'affection pour Jérusalem, où vivaient certains de leurs pires ennemis, et où le roi Abdullah fut assassiné, en 1951. En fait, les Hachémites firent même un effort concerté pour réduire l'importance de la ville sainte en faveur de leur capitale, Amman. Jérusalem avait servi de capitale administrative sous le mandat britannique, mais à présent tous les organes gouvernementaux (à l'exception de celui du tourisme) devaient fermer leurs portes. Jérusalem perdit même son autorité sur les autres parties de la rive occidentale [Judée-Samarie]. Les Jordaniens fermèrent également des institutions locales (par ex., le Haut Comité arabe, le Conseil suprême musulman) et en déplacèrent d'autres à Amman (la trésorerie du waqf, ou fondation religieuse).

Les efforts jordaniens portèrent leurs fruits: une nouvelle fois, la Jérusalem arabe se transforma en une bourgade de province isolée, moins importante que Naplouse. L'économie y stagna à tel point que plusieurs milliers de ses habitants arabes quittèrent la ville: alors que la population d'Amman quintuplait entre 1948 et 1967, celle de Jérusalem ne crût que de 50%. Il fallait se rendre à Amman pour contracter un emprunt bancaire. Amman jouissait du privilège d'abriter la première université du pays et les nombreuses résidences de la famille royale. Les Arabes de Jérusalem savaient très bien ce qui se passait, comme le montre les critiques d'un notable à propos des résidences royales: «Ces palaces auraient dû être construits à Jérusalem; ils lui ont été enlevés, afin que Jérusalem reste non pas une ville, mais une sorte de village.» Le conseil municipal de Jérusalem-Est adressa à deux reprises des plaintes officielles aux autorités jordaniennes soulignant la discrimination dont était victime leur cité.

L'aspect peut-être le plus insultant fut le déclin du rang religieux de Jérusalem. Les mosquées manquaient de moyens. La radio jordanienne retransmettait les prières du vendredi non pas depuis la Mosquée Al-Aqsa, mais depuis une mosquée d'Amman, récemment arrivée en grâce (il est ironique de noter ici que Radio Israël commença d'émettre depuis Al-Aqsa immédiatement après la victoire israélienne de 1967). Ce fait s'inscrivait dans une démarche plus générale des autorités jordaniennes, qui cherchaient à profiter du prestige que leur conférait le contrôle de Jérusalem alors même qu'ils négligeaient sciemment la cité: Marshall Breger et Thomas Idinopulos relèvent que le roi ‘Abdullah «se plaisait à passer pour un protecteur des lieux saints, mais ne fit pas grand-chose pour promouvoir le rayonnement religieux de Jérusalem auprès des musulmans».

Et les Jordaniens n'étaient pas les seuls à ignorer Jérusalem; la cité avait quasiment disparu de la carte diplomatique arabe. L'étude bien connue de Malcolm Kerr sur les relations interarabes de l'époque (la «guerre froide arabe») semble ne faire aucune mention de la ville. Aucun leader arabe ne se rendit à Jérusalem pendant les dix-neuf années que dura la domination jordanienne sur Jérusalem-est; et le roi Husayn (1952-1999) lui-même n'y fit que de très rares visites. Le roi Faysal d'Arabie Saoudite parla souvent, après 1967, de son ardent désir de prier à Jérusalem, mais ce désir ne semblait pas le tourmenter outre mesure à l'époque où il avait l'occasion de le satisfaire. Autre fait plus remarquable encore, l'acte fondateur de l'OLP, la Charte nationale palestinienne de 1964, ne mentionne pas Jérusalem, ni n'évoque la ville d'aucune manière.


VI. Le règne israélien

Cette indifférence prit fin brusquement après juin 1967, lorsque la ville sainte passa sous contrôle israélien. Les Palestiniens replacèrent Jérusalem au centre de leur programme politique. Des images du Dôme du Rocher apparurent partout, du bureau de Yasser Arafat à l'épicerie du coin. Les slogans sur Jérusalem proliférèrent et la cité devint bientôt la question la plus brûlante du conflit israélo-arabe. L'OLP rattrapa son omission de 1964 en mentionnant expressément Jérusalem dans sa constitution de 1968 comme étant «le siège de l'Organisation de libération de la Palestine».

«Comme pendant les Croisades», souligne Lazarus-Yafeh, les dirigeants musulmans «mirent à nouveau en exergue la sacralité de la tradition islamique de Jérusalem.» Ce faisant, ils s'appuyaient, en partie, sur les mêmes arguments (par exemple le dénigrement des liens religieux de l'occupant avec la cité) et sur les mêmes hadiths pour étayer leurs allégations. Les musulmans imitèrent bientôt la dévotion juive envers Jérusalem: Arafat prétendit que «Al-Qods est au plus profond de notre cœur, du cœur de notre peuple et du cœur de tous les Arabes, musulmans et Chrétiens du monde entier». Les déclarations extravagantes devinrent monnaie courante (Jérusalem était maintenant «comparable en sainteté» à La Mecque et à Médine; ou encore «notre lieu le plus saint entre tous»). Jérusalem était mentionnée régulièrement dans les résolutions de la Ligue des États arabes et des Nations Unies. Les gouvernements jordanien et saoudien se montrèrent alors aussi généreux envers les administrateurs religieux de Jérusalem qu'ils avaient été pingres avant 1967.

Les Palestiniens ne furent pas non plus les seuls à manifester un tel engouement pour Jérusalem: la cité servait dès lors à nouveau d'instrument de mobilisation de l'opinion musulmane internationale. Cet effort devint manifeste en septembre 1969, lorsque le roi Faysal invoqua le prétexte d'un incendie à la Mosquée Al-Aqsa pour réunir vingt-cinq chefs d'État et établir l'Organisation de la Conférence islamique, une institution pour les musulmans, inspirée de celle des Nations Unies. Au Liban, le groupe fondamentaliste Hezbollah apposait des images du Dôme du Rocher partout où c'était possible, sur des affiches et des foulards, et les accompagnait souvent de son slogan: «Nous progressons.» Le principal dirigeant chiite libanais, Muhammad Husayn Fadlallah, évoquait régulièrement la libération de Jérusalem du contrôle israélien pour inspirer ses gens; et, comme l'explique son biographe Martin Kramer, ce n'étaient pas des paroles en l'air, mais bien l'expression de son «intention de lancer un mouvement de libération du Liban au nom de l'islam».

La République islamique d'Iran fit alors de Jérusalem un problème essentiel, suivant en cela le dictat de son fondateur, l'ayatollah Khomeiny, qui affirmait que «Jérusalem est la propriété des musulmans et doit leur revenir». Peu après la fondation du régime, sa pièce de monnaie de 1 rial et son billet de banque de 1000 rials arboraient le Dôme du Rocher (quoique ce dernier y fut d'abord qualifié à tort de «Mosquée Al-Aqsa», ce qui causa quelque embarras). Les soldats iraniens en guerre contre les forces de Saddam Hussein dans les années 1980 recevaient des cartes grossières montrant leur attaque menant jusqu'à Jérusalem, à travers l'Irak. L'ayatollah Khomeiny décréta que le dernier vendredi du Ramadan serait la Journée de Jérusalem, et cette commémoration fut une occasion majeure de harangues anti-israéliennes dans de nombreux pays, dont la Turquie, la Tunisie et le Maroc. La République islamique d'Iran marqua cette journée en diffusant des timbres et des affiches montrant des scènes de Jérusalem accompagnées de slogans appelant à la mobilisation. En janvier 1997, une foule de 300 000 personnes fêta la Journée de Jérusalem en présence de dignitaires tels que le président hachémite Rafsandjani. La Journée de Jérusalem est célébrée (en grandes pompes, avec une série de discours, une exposition d'art, un spectacle folklorique et un programme pour la jeunesse) jusqu'à Dearborn, au Michigan.

Lorsqu'il fut chose courante pour les musulmans de clamer un attachement passionné pour Jérusalem, le nombre de pèlerins musulmans dans la cité quadrupla par rapport aux années précédentes. Une nouvelle littérature vantant les «vertus de Jérusalem» fit son apparition. Jérusalem est maintenant un thème si chargé d'émotion pour les musulmans qu'ils lui consacrent des livres de poésie (surtout en langues occidentales). Et, au niveau politique, Jérusalem est devenue un thème unificateur sans égal pour les Arabophones. «Jérusalem est le seul thème qui semble unifier les Arabes. C'est leur cri de ralliement», relevait un diplomate arabe de haut rang à la fin de l'an 2000.

Par moments, la ferveur envers Jérusalem concurrence même l'importance de La Mecque. Il n'est pas jusqu'au prince héritier ‘Abdullah, d'Arabie Saoudite, qui soit censé avoir déclaré, à maintes reprises, que, pour lui, «Jérusalem est l'égale de la ville sainte de La Mecque». Hasan Nasrallah, le chef du Hezbollah, va plus loin encore et proclame, dans un discours majeur : «Nous ne renoncerons pas à la Palestine, à la totalité de la Palestine, et Jérusalem restera le lieu vers lequel tous les guerriers djihadistes dirigeront leurs prières».


Théories douteuses

Dans l'élan de ces grandes émotions sont apparues quatre théories, historiquement douteuses, censées fonder les revendications islamiques sur Jérusalem.

Le lien islamique de Jérusalem serait antérieur à ses attaches juives. Le «ministre» palestinien des fondations religieuses prétend que Jérusalem a «toujours» été placée sous souveraineté musulmane. De même, Ghada Talhami, un polémiste, affirme qu'«il y a d'autres villes saintes dans l'islam, mais Jérusalem occupe une place particulière dans le cœur et l'âme des musulmans, car son destin a toujours été lié au leur». Toujours? Alors que la fondation de Jérusalem précéda celle de l'islam de quelque deux millénaires? Ibrahim Hooper, du Conseil des relations américano-islamiques (Council on American-Islamic Relations, CAIR) situé à Washington, explique ainsi cet anachronisme: «L'attachement des musulmans à Jérusalem ne débute pas avec le prophète Mahomet, il commence avec les prophètes Abraham, David, Salomon et Jésus, qui furent tous des prophètes de l'islam.» En d'autres termes, les principaux personnages du judaïsme et du Christianisme étaient en réalité des proto-musulmans. Cette théorie est à l'origine des déclarations de l'homme de la rue palestinien, pour qui «Jérusalem était arabe dès le jour de la création».

Le Coran mentionnerait Jérusalem. L'identification du Voyage nocturne avec Jérusalem est si totale qu'elle a été reprise dans un grand nombre d'éditions du Coran, et plus particulièrement dans ses traductions. Certaines précisent dans une note de bas de page que la «mosquée la plus éloignée» «doit» faire référence à Jérusalem. D'autres franchissent le pas (blasphématoire?) consistant à insérer directement le nom de Jérusalem dans le texte, après la mention de la «mosquée la plus éloignée». L'opération peut revêtir plusieurs formes différentes. La traduction de Sale recourt aux italiques:

from the sacred temple of Mecca to the farther temple of Jerusalem
(du temple sacré de La Mecque au temple plus éloigné de Jérusalem)

La traduction d'Asad fait usage de crochets:

from the Inviolable House of Worship [at Mecca] to the Remote House of Worship [at Jerusalem] (du Temple Sacré [à La Mecque] à la maison lointaine de prières [à Jérusalem]).

Et la version de Behbudi-Turner l'intègre dans le texte, sans aucune adjonction :

from the Holy Mosque in Mecca to the Al-Aqsa Mosque in Palestine
(de la Sainte mosquée de La Mecque à la mosquée Al-Aqsa en Palestine).

Si les traductions du Coran mentionnent aujourd'hui Jérusalem, on ne s'étonnera pas de constater que ceux qui se fient à ces traductions croient que Jérusalem «figure dans le Coran»; et c'est là précisément ce qu'un consortium d'institutions musulmanes américaines affirmait, en l'an 2000. L'une d'entre elles alla même plus loin: selon Hooper, en effet, «le Coran se réfère à Jérusalem à travers son élément islamique essentiel, la mosquée Al-Aqsa». Cette erreur a des conséquences concrètes. Ainsi, Ahmad ‘Abd ar-Rahman, secrétaire général du «cabinet» de l'Autorité palestinienne, fonda sa revendication à la souveraineté palestinienne en ces termes: «Jérusalem est intouchable, inattaquable, et personne ne peut la remettre en question car elle figure dans le Coran».

Mahomet aurait visité Jérusalem. La biographie islamique du prophète Mahomet est très exhaustive et ne fait nulle part mention du fait qu'il aurait quitté la péninsule arabe, et encore moins voyagé jusqu'à Jérusalem. Ainsi, lorsque Karen Armstrong, une experte de l'islam, écrit que «les textes musulmans indiquent clairement que (...) le récit du Voyage nocturne mystique de Mahomet à Jérusalem (...) décrit une expérience non pas physique, mais purement visionnaire», elle ne fait que constater l'évidence. En fait, cette phrase est tirée d'un article intitulé «Le fondement de l'islam: pourquoi Jérusalem revêtit une importance centrale pour Mahomet» et postulant que «Jérusalem a constitué un axe central de l'identité musulmane dès les premières heures de leur religion». Ce n'était pas suffisant. Armstrong fut attaquée pour sa «déformation honteuse» de l'islam et son affirmation que «les musulmans eux-mêmes ne croient pas au miracle de leur propre prophète».

Jérusalem n'aurait aucune importance pour les Juifs. Le premier pas consiste à nier tout lien entre les Juifs et le Mur occidental, la seule portion préservée du Temple historique. En 1967, un officiel de premier plan du Mont du Temple qualifia l'attachement des Juifs au mur d'acte «d'agression contre la Mosquée Al-Aqsa». Feu le roi Faysal d'Arabie Saoudite aborda le sujet avec un mépris non dissimulé: «Ils viennent pleurer contre le Mur, mais ils n'ont aucun droit historique à le faire. Un autre mur pourrait être construit à cet effet.» ‘Abd al-Malik Dahamsha, un membre musulman du Parlement israélien, déclara sans ambages que «le Mur occidental n'a aucun lien avec les vestiges du Temple juif». Le site Web de l'Autorité palestinienne explique, en parlant du Mur occidental, que «certains religieux juifs orthodoxes le considèrent comme l'un de leurs lieux saints et affirment que ce mur est une partie de leur temple, ce que ni les études historiques ni les fouilles archéologiques entreprises n'ont jamais permis de prouver.» Le mufti de l'Autorité palestinienne décrit le Mur occidental comme étant «une simple enceinte appartenant au lieu saint musulman», et déclare qu'«il n'y a pas une seule pierre du Mur occidental qui témoigne de l'histoire juive». Il met également en doute la tradition juive, en répondant à un journaliste israélien: «J'ai entendu dire que votre temple était en fait à Naplouse, ou peut-être à Bethléhem.» S'inscrivant dans le même courant, Arafat déclare que les Juifs «considèrent Hébron comme plus sainte que Jérusalem». On trouve même certains travaux de recherche de l'université égyptienne, ‘Ayn Shams, qui prétendent démontrer que la mosquée Al-Aqsa a précédé l'histoire ancienne juive à Jérusalem, et ce de rien moins que deux mille ans.

Dans cet esprit, les institutions musulmanes font pression sur les médias occidentaux pour qu'ils désignent le Mont du Temple et le Mur occidental sous leur nom islamique (Al-Haram ash-Sharif, Al-Buraq), et non sous leur nom juif original. Lorsque les journalistes occidentaux refusent, Arafat se dit scandalisé, son agence d'information parle aussitôt de «conspirations incessantes contre nos sanctuaires de Palestine», et son mufti condamne cette attitude comme contraire aux lois de l'islam.

Dans un deuxième temps, il s'agit de dénier aux Juifs le droit d'accéder au Mur. «Il est interdit aux Juifs de prier au Mur occidental», affirme un leader islamiste qui vit en Israël. Le directeur de la mosquée Al-Aqsa affirme que «ce lieu est pour les musulmans, et les musulmans seulement. Il n'y a pas de temple ici, uniquement la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher». La station de radio palestinienne, «Voix de la Palestine», exige que les hommes politiques israéliens ne soient pas autorisés ne serait-ce qu'à toucher le Mur. ‘Ikrima Sabri, le mufti de l'Autorité palestinienne, interdit aux Juifs de réparer le mur et étend encore les revendications islamiques: «Tous les bâtiments entourant la mosquée Al-Aqsa constituent un waqf islamique».

La troisième étape consiste à rejeter toute forme de contrôle juif à Jérusalem, comme le fit Arafat vers le milieu de l'année 2000: «Je ne saurais accepter une quelconque souveraineté israélienne à Jérusalem.» Le prince héritier d'Arabie Saoudite Abdullah n'a pas tardé à lui faire écho en déclarant qu'«il n'y a rien à négocier sur ce point ; aucun compromis n'est possible sur la question de Jérusalem». Même le secrétaire d'État aux affaires étrangères d'Oman, Yusuf bin ‘Alawi bin ‘Abdullah, a déclaré au Premier ministre israélien que la souveraineté sur Jérusalem doit être exclusivement palestinienne, «pour en assurer la sécurité et la stabilité».

Enfin, l'étape finale consiste à dénier aux Juifs tout accès à Jérusalem. À cette fin, fleurit toute une littérature qui insiste sur la légitimité de la revendication islamique sur la totalité de Jérusalem. Des manuels scolaires font allusion au rôle de la ville dans le christianisme et l'islam, mais passent le judaïsme sous silence. Un Américain appartenant au Hamas affirme que Jérusalem est «un lieu saint arabe, palestinien et islamique». Une banderole, arborée lors d'une manifestation de protestation, résume bien la chose: «Jérusalem est arabe.» Il n'y pas de place pour les Juifs ici.


Positions anti-Jérusalem

Malgré cet élan de passion pour Sion, l'islam abrite également un courant, en diminution mais tout de même persistant, qui s'oppose à cette attitude et prône l'idée que la mise en vedette de Jérusalem n'est pas islamique et peut porter préjudice à la sacralité unique de La Mecque.

À l'aube de l'islam, comme le signale l'historien de Princeton, Bernard Lewis, «de nombreux théologiens et juristes opposèrent une forte résistance» à l'idée que Jérusalem fût une ville sainte. Ils considéraient cette position comme une «erreur judaïsante – l'une des nombreuses tentatives des Juifs convertis d'infiltrer l'islam avec des conceptions juives». Les opposants inconditionnels à Jérusalem firent circuler des récits censés montrer que le caractère sacré de Jérusalem relève des coutumes juives. Dans le plus important de ces récits, un Juif converti, nommé Ka‘b al-Ahbar, suggérait au calife ‘Umar de faire bâtir la mosquée Al-Aqsa près du Dôme du Rocher. Le calife aurait alors répondu en l'accusant de revenir à ses racines juives :

- ‘Umar lui demanda: «Où penses-tu que nous devrions placer le lieu de prière?»
- «Près du rocher [du Mont du Temple]», répondit Ka‘b.
- «Par Dieu, Ka‘b, dit ‘Umar, te voilà dans la voie du judaïsme. Je t'ai vu ôter tes sandales [conformément à la pratique juive].»
- «Je voulais sentir le contact du sol avec mes pieds nus», dit Ka‘b.
- «Je l'ai vu», dit ‘Umar. «Mais non… conviens-en! Nous n'avons pas reçu d'instructions relatives à Jérusalem, nos instructions concernent la Ka'ba [à La Mecque].»

Une autre version de cette anecdote souligne, davantage encore, l'influence juive; dans celle-ci, Ka‘b al-Ahbar tente d'inciter le calife ‘Umar à prier au nord du Saint Rocher, en mettant l'accent sur les avantages de cette position: «Ainsi, Al-Qods tout entière, c'est-à-dire Al-Masjid al-Haram, sera devant toi.» En d'autres termes, le converti du judaïsme montre que le rocher et La Mecque se trouveraient ainsi sur une même ligne et que les musulmans pourraient alors prier en direction des deux lieux saints en même temps.

Le fait que les musulmans aient prié en direction de Jérusalem pendant près d'un an et demi, du temps de Mahomet, a toujours entraîné des conséquences contradictoires concernant le rang de cette cité au sein de l'islam. L'incident a conféré à Jérusalem une part de prestige et de sacralité, mais, en même temps, il a fait de la ville un lieu rejeté par Dieu d'une manière unique dans l'histoire. Quelques-uns des premiers hadiths illustrent ce rejet par les musulmans en préconisant de prier le dos tourné à Jérusalem, un usage dont certains vestiges persistent de nos jours. Ainsi, ce n'est pas un hasard si les musulmans qui prient à la Mosquée Al-Aqsa tournent précisément le dos à l'aire du Temple en direction de laquelle prient les Juifs. Ou, pour reprendre la formulation acide du Premier ministre Ariel Sharon: «Lorsqu'un musulman prie à Al-Aqsa, il lui tourne le dos. Ainsi qu'à certaines de ses parties inférieures.»

Ibn Taymiya (1263-1328), l'un des penseurs de l'islam les plus stricts et les plus religieux, est probablement le porte-parole le plus marquant du courant anti-Jérusalem. Dans ses multiples efforts visant à purifier l'islam de ses ajouts et impiétés, il a dénigré le caractère sacré de Jérusalem comme émanant d'idées empruntées aux Juifs et aux chrétiens, et également de la lointaine rivalité des Umayyades avec La Mecque. Un étudiant d'Ibn Taymiya, Ibn Qayyim al-Jawziya (1292-1350), alla plus loin encore en réputant comme étant faux les hadiths sur Jérusalem. D'une manière plus générale, les musulmans érudits d'après les Croisades savaient que la publicité faite aux hadiths chantant les louanges et la sacralité de Jérusalem était le résultat d'une contre-croisade – c'est-à-dire d'une action politique – et ils ne leur accordaient guère de crédit.

Il y a d'autres signes encore du rang relativement bas de Jérusalem sur l'échelle de sacralité islamique: c'est ainsi qu'un historien d'art estime que «les représentations de Jérusalem sont rares en comparaison du nombre de celles qui illustrent La Mecque, Médine et la Ka'ba». Des auteurs médiévaux ont présenté la croyance selon laquelle le Jugement dernier aurait lieu à Jérusalem comme une supercherie visant à inciter les musulmans à visiter la cité.

Les auteurs modernes se distancient parfois de l'aura de piété qui entoure Jérusalem. En Égypte, Muhammad Abu Zayd rédigea, en 1930, un ouvrage si radical, qu'il fut retiré de la circulation au point d'être introuvable aujourd'hui. Dans ce livre, parmi de nombreux autres points, il contestait la conception selon laquelle le voyage du prophète vers le paradis passa par Jérusalem, affirmant que le compte rendu coranique fait référence à l'Hégire qui a conduit Mahomet de La Mecque à Médine; ainsi, «la mosquée la plus éloignée» (al-masjid al-aqsa) n'a rien à voir avec Jérusalem et désignait, en réalité, la mosquée de Médine.

Le fait que ce point de vue soit banni aujourd'hui montre bien la victoire quasi totale de la conception pro-Jérusalem au sein de l'islam. Cependant, quelques déclarations ponctuelles continuent d'apparaître ça et là. Lors d'une rencontre au sommet des dirigeants arabes, en mars 2001, Mouammar Kadhafi se moqua de l'obsession de ses collègues, relative à la mosquée Al-Aqsa. «Au diable cette mosquée!» a-t-il fait dire par ses délégués. «Que vous régliez la question ou non, ce n'est jamais qu'une mosquée, et je peux prier n'importe où.»


Conclusion

C'est la politique et non la sensibilité religieuse, qui alimente l'attachement musulman pour Jérusalem depuis près de quatorze siècles. Ce que l'historien Bernard Wasserstein écrivait à propos du renforcement du lien émotionnel des musulmans avec Jérusalem pendant les Croisades, vaut, en fait, pour tous ces siècles : «Souvent, dans l'histoire de Jérusalem, la ferveur religieuse était motivée, en grande partie, par les nécessités politiques.» Sur cette base, trois déductions s'imposent. Premièrement, Jérusalem ne sera jamais davantage qu'une ville secondaire pour les musulmans; car «on ne saurait prétendre, conclut Sivan, que la foi dans la sacralité de Jérusalem est largement répandue ou profondément ancrée dans l'islam.» Deuxièmement, l'intérêt des musulmans réside moins dans le contrôle de Jérusalem que dans le déni du droit de tout autre à y exercer un contrôle. Troisièmement, le lien des musulmans avec la cité est plus faible que celui des Juifs, car il dérive beaucoup plus de considérations temporaires et ordinaires que des préceptes immuables de la foi.

La Mecque, en revanche, est la cité centrale de l'islam, le lieu dont sont strictement exclus les non-musulmans. Pour utiliser une analogie grossière, Jérusalem est aux Juifs ce que La Mecque est aux musulmans – un point de vue d'ailleurs prôné par le Coran lui-même (2:145), lorsqu'il atteste que les musulmans ont une qibla [direction de la prière] et «les Gens du Livre», une autre. Ce parallèle a été relevé par des musulmans du Moyen-Âge; le géographe Yaqut (1179-1229) écrivait, par exemple : «La Mecque est sacrée pour les musulmans et Jérusalem est sacrée pour les Juifs». À l'époque contemporaine, certains érudits sont parvenus à la même conclusion: «Jérusalem joue pour le peuple juif le même rôle que La Mecque pour les musulmans», écrit Abdul Hadi Palazzi, directeur de l'Institut culturel de la communauté islamique italienne.

Certaines similarités sont frappantes. Les Juifs prient trois fois par jour en direction de Jérusalem, les musulmans, cinq fois en direction de la Mecque. Les musulmans considèrent La Mecque comme le centre du monde, et Jérusalem est le centre du monde pour les Juifs. Alors que les Juifs croient qu'Abraham a failli sacrifier le frère d'Ismaël, Isaac, à Jérusalem, les musulmans pensent que l'épisode s'est déroulé à La Mecque. La Ka'ba de La Mecque a, pour les musulmans, un rôle similaire à celui du Temple de Jérusalem pour les Juifs (par exemple, celui de destination de pèlerinage). Le Temple et la Ka'ba sont tous deux censés être des constructions inimitables. Les suppliants doivent enlever leurs chaussures et s'approcher, pieds nus, de ces deux sanctuaires. Le Temple de Salomon a été inauguré à Yom Kippour, le dixième jour de l'an, et la Ka'ba reçoit également sa nouvelle chape le dixième jour de chaque année. Si Jérusalem est, pour les Juifs, un lieu si saint que non seulement son sol, mais encore son air sont considérés comme sacrés, La Mecque est, selon Abad Ahmad, de l'Association islamique de Central Jersey, le lieu dont «la seule mention remplit d'ardeur le cœur des musulmans».

Ce parallélisme entre La Mecque et Jérusalem fournit également une base de solution, comme l'écrit, avec sagesse, le cheik Palazzi:

Les différentes directions des prières sont un moyen d'amoindrir les possibles rivalités dans la gestion des lieux saints. Pour ceux à qui Allah a fait don d'un esprit équilibré et du sens de la réconciliation, il ne devrait pas être bien difficile de conclure que, de même que personne ne conteste aux musulmans une souveraineté absolue sur La Mecque, il n'existe, d'un point de vue islamique – et ce malgré les revendications propagandistes et sans fondement prétendant le contraire – aucune raison théologique valable de dénier aux Juifs un droit équivalent sur Jérusalem.

Pour étayer cette thèse, Palazzi énonce plusieurs passages frappants - et souvent négligés - du Coran. L'un d'eux (5:22-23) cite Moïse enjoignant aux Juifs de «pénétrer dans la Terre Sainte (al-ard al-muqaddisa) que Dieu vous a attribuée». Dans un autre verset (17:104), Dieu lui-même confirme ce point: «Nous dîmes aux fils d'Israël: ‹habitez cette terre en toute sécurité.›» Le verset 2:145 du Coran établit que les Juifs «ne sauraient utiliser ta qibla; et tu ne saurais utiliser leur qibla», reconnaissant ainsi le Mont du Temple comme la direction de la prière des Juifs. «Dieu lui-même dit que Jérusalem est aussi importante pour les Juifs que La Mecque pour les musulmans», conclut Palazzi.

Son analyse conduit, de manière claire et sensée, au raisonnement suivant: de même que les musulmans règnent sans partage sur La Mecque, les Juifs devraient jouir d'une entière souveraineté sur Jérusalem.


© Daniel Pipes


Mis en ligne le 02 décembre 2005, par M. Macina, sur le site upjf.org

Remis en ligne le 25 octobre 2007.