17.10.07

NEWS DE L'AMBASSADE DE FRANCE EN ISRAEL

Echange entre Israël et le Hezbollah
16 octobre 2007 - service de Presse de l’ambassade de France en Israël

La presse israélienne consacre une large place à la transaction qui a eu lieu hier soir entre Israël et le Hezbollah au poste-frontière de Rosh Hanikra, entre le Liban et Israël. Le Haaretz rapporte que les autorités israéliennes ont libéré Hassan Aqil, un Libanais détenu en Israël depuis la deuxième guerre du Liban et qui, selon des sources militaires, souffrirait de troubles mentaux.

De même, Israël a remis les corps de deux membres du Hezbollah tués au cours de cette même guerre. Selon la chaîne de télévision libanaise LBC, Abbas al-Haïl, un citoyen libanais détenu en Allemagne, devrait lui aussi être libéré dans le cadre de cette transaction.

En échange, l’organisation chiite libanaise a remis hier soir à Israël la dépouille de Gabriel Dwait, un Israélien porté disparu depuis janvier 2005. Celui-ci se serait noyé au large de Haïfa et son corps aurait été retrouvé sur les côtes libanaises. En outre, le Hezbollah se serait engagé à fournir à Israël des informations « dans le domaine humanitaire ». Il pourrait s’agir, écrit le journal de renseignements concernant le navigateur israélien Ron Arad, fait prisonnier par le Hezbollah il y a tout juste vingt-et-un ans et dont les traces ont disparu.

Selon de hauts responsables militaires cités par le journal, l’échange qui a lieu hier soir reflète une avancée dans les pourparlers entre Israël et le Hezbollah. Toutefois les négociations, qui se font par l’intermédiaire d’un médiateur allemand, avancent lentement et à ce stade rien n’indique qu’Ehud Régev et Eldad Goldwasser, les deux soldats enlevés en juillet 2006 par le Hezbollah, seront libérés prochainement.

A l’heure actuelle en effet, le Hezbollah refuse toujours de fournir des informations concernant les deux soldats et réclame en échange la libération de prisonniers détenus en Israël. Le journal rappelle qu’à l’heure actuelle Israël détient six prisonniers libanais : Samir Quntar, condamné pour avoir assassiné quatre Israéliens en 1979 ; Nissim Nasser, condamné pour espionnage en faveur du Hezbollah ; et quatre combattants du Hezbollah fait prisonniers lors de la dernière guerre.
ISRAËL-PALESTINIENS

Rencontre Rice-Abbas

La secrétaire d’Etat américaine, Condolezza Rice, a rencontré hier à Ramallah le président de l’Autorité palestinienne, Mahmud Abbas. Le Haaretz rapporte que lors de la conférence de presse qui a suivi cet entretien, M. Abbas a déclaré que l’Autorité palestinienne demande que, parallèlement aux négociations sur un accord permanent qui devraient s’ouvrir après la conférence d’Annapolis, Israël applique un certain nombre de mesures dont la réouverture des institutions palestiniennes à Jérusalem-est et un retrait des troupes israéliennes des territoires palestiniens pour revenir à la situation qui prévalait le 28 septembre 2000.

Mme Rice a, quant à elle, déclaré : « la conférence de paix se doit d’être sérieuse. Israéliens et Palestiniens font de réels efforts afin de résoudre le conflit. La vérité est qu’il est temps de créer l’Etat palestinien ».

La secrétaire d’Etat américaine a également rencontré hier le ministre israélien des Affaires stratégiques, Avigdor Lieberman. Ce dernier a mis en garde que « dans les conditions actuelles, le gouvernement ne peut se permettre de prendre des décisions controversées sur des sujets sensibles ». Pour Avigor Lieberman, « cette rencontre, à l’heure actuelle, est une erreur. Une conférence de plus et un document de plus sans que cela ait de répercussions sur la vie quotidienne des Israéliens et des Palestiniens, cela n’a pas de sens ».
COMMENTAIRES

L’ensemble des commentateurs des trois grands journaux israéliens soulignent que l’échange qui a lieu hier soir entre Israël et le Hezbollah n’est qu’une « petite transaction » et s’interrogent sur la suite des événements.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n’a pas pour habitude de faire les choses en petit, note Tzvi Barel dans le Haaretz. De même, le Hezbollah et Israël, qui ont déjà échangé des prisonniers par le passé, n’ont pas besoin de gestes destinés à « bâtir la confiance mutuelle ». On doit donc en conclure que l’échange d’hier soir n’est que le prélude à un échange plus important.

Des sources libanaises affirment qu’Israël se serait engagé à libérer de nombreux prisonniers, surtout des Palestiniens, dans le cadre d’un nouvel échange qui pourrait inclure la libération des deux soldats israéliens enlevés par le Hezbollah et que les événements d’hier soir auraient pour objectif de préparer l’opinion israélienne à la libération de ces prisonniers.

Toutefois, écrit Tzvi Barel, ces sources semblent ignorer si cet accord plus large a d’ores et déjà été conclu et si l’échange d’hier soir n’est que la première étape d’un processus qui se poursuivra dans les jours et les semaines à venir. Une réponse à ses interrogations pourrait nous être donnée par Hassan Nasrallah qui devrait s’exprimer aujourd’hui à ce sujet.

L’expérience du passé nous apprend que les « petites transactions » avec le Hezbollah n’ont jamais mené à la percée que l’on attendait, écrit Jacky Hougi dans le Maariv. Comme lors des négociations précédentes, ce qui sera déterminant est le nombre de prisonniers qu’Israël sera prêt à libérer. En effet, après la guerre du Liban, le Hezbollah a besoin de redorer son blason et quoi de mieux pour cela que les images de centaines de prisonniers libérés.

Le gouvernement israélien avait besoin de la transaction d’hier soir afin d’alléger un tant soit peu la pression qu’exercent les familles des soldats enlevés. Celles-ci mettent en effet en avant l’impuissance des responsables politiques à ramener en Israël les prisonniers. Hassan Nasrallah doit faire face à un problème similaire et c’est pourquoi il a accepté l’échange.

Néanmoins, écrit Jacky Hougi, l’attitude intransigeante de Hassan Nasrallah n’a pas changé et toute information continuera à avoir un prix pour Israël et c’est pourquoi le route qui mène à la libération d’Eldad Régev et Ehud Goldwasser est encore longue.

Pour Shimon Schiffer du Yediot Aharonot, le faible prix payé par Israël en échange des informations qu’il aurait reçu concernant Ron Arad signifie que le Hezbollah n’a pas de véritables renseignements a fournir. Ceci, d’ailleurs, confirme ce que Hassan Nasrallah affirme à chaque occasion, à savoir qu’il ne sait pas où se trouve le navigateur israélien disparu.

Que se passera-t-il maintenant ? Si Israël parvient à la conclusion que le Hezbollah a fait ce qu’il fallait pour retrouver les traces de Ron Arad mais a échoué, le cabinet restreint devra décider s’il approuve un échange plus large qui pourrait voir la libération d’Eldad Réguev et d’Ehud Goldwasser en échange de Samir Quntar, de cinq autres prisonniers libanais, des corps de huit terroristes et de plusieurs prisonniers iraniens détenus en France et en Allemagne.

La signification d’un tel échange serait cependant terrible, écrit Shimon Schiffer. Cela signifierait qu’Israël a échoué dans ses efforts pour ramener Ron Arad et mettrait fin à vingt-et-un ans de recherches.

Toujours dans le Yediot Aharonot, Nahum Barnéa ajoute que, le gouvernement israélien, ne sachant pas si Hassan Nasrallah dissimule des informations, est face à un dilemme cruel. En effet, si Israël continue à réclamer des informations du Ron Arad on risque de retarder la libération d’Eldad Régev et Ehud Goldwasser, et on peut craindre qu’eux aussi disparaissent dans les méandres du fondamentalisme islamique. Le cabinet doit donc choisir s’il entretient le faible espoir d’obtenir des renseignements sur le sort de Ron Arad au risque de perdre Eldad Régev et Ehud Goldwasser./.