9.10.07

BENOIT XVI ET LES JUIFS

Mardi 9 octobre 2007
Benoît XVI et les Juifs

Le 8 octobre, trois déclarations, apparemment distinctes, ont été etoile.jpgeffectuées. Primo, le président du Congrès juif mondial (CJM), Ron Lauder, a dénoncé, les propos antisémites de la radio catholique polonaise Radio-Maryja et s’est dit préoccupé à propos de l’Iran. Secundo, sur 20minutes.fr, un texte a voulu affirmer que la remise à l’honneur de la messe en latin, qui comprend une prière pour la conversion des Juifs, et l’appui à Radio Maryja en Pologne, sont des signes de l’orientation du Vatican. Tertio, l’agence de presse du Vatican www.zenit.org a publié un document sur la légitime diversité des options des chrétiens en politique.



Ci-dessous, j’aimerais, d’une part, reprendre ces trois déclarations apparemment distinctes ; et d’autre part, tirer quelques conclusions sur Benoît XVI et les Juifs.

Le 8 octobre, le président du Congrès juif mondial (CJM), Ron Lauder, a dénoncé, les propos antisémites de la radio catholique polonaise Radio-Maryja et s’est dit préoccupé à propos de l’Iran, lors d’une audience avec le pape Benoît XVI. M. Lauder a déclaré que les propos antisémites du prêtre polonais Tadeusz Rydzyk, propriétaire de la radio catholique Radio-Maryja, ne devraient plus être tolérés. Ron Lauder a invité le souverain pontife à entreprendre des actions contre ceux qui, au sein de l’Eglise, veulent nuire aux relations étroites et positives entre les Chrétiens et les Juifs ». Le père Tadeusz Rydzyk avait été reçu en août en audience par le pape. Par la suite, le Vatican avait précisé que ce fait « n’implique aucun changement de la position bien connue du Saint-Siège sur les rapports entre Catholiques et Juifs ». Le pape Benoît XVI a réaffirmé à plusieurs reprises l’engagement de son prédécesseur Jean Paul II en faveur d’un rapprochement avec le judaïsme. Le pape et le président du CJM ont également fait part de leur préoccupation concernant l’Iran. « Nous avons parlé de l’Iran et le Saint-Père et M. Lauder ont exprimé leur préoccupation », a déclaré Maram Stern, du CJM, à l’AFP.

Encore le 8 octobre, sur 20minutes.fr, un texte a voulu affirmer que la remise à l’honneur de la messe en latin, qui comprend une prière pour la conversion des Juifs, et l’appui à Radio Maryja en Pologne, sont des signes de l’orientation du Vatican. Une cérémonie fin septembre dans l’église Saint-Eloi de Bordeaux, lit-on sur 20minutes.fr, a illustré ce climat. Les traditionalistes y ont fêté le premier anniversaire de la reconnaissance par le Vatican de l’Institut du Bon Pasteur, le retour de la messe en latin et l’ordination de nouveaux prêtres. Le cardinal Castrillon Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei, chargée à Rome du rapprochement avec les traditionalistes, a été envoyé par le Benoît XVI pour y célébrer la messe d’ordination.

Etaient aussi présents Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, et les abbés Guillaume de Tanoüarn et Philippe Laguérie, qui dirigent ce lieu. L’abbé Laguérie aurait déclaré, en 1987, au quotidien Libération, à propos des juifs, que depuis quarante-cinq ans, ils tiennent la France en dictature, ils contrôlent les médias et la banque.

En juillet 1996, l’abbé Laguérie avait célébré les obsèques du milicien Paul Touvier. En avril 1994, la cour d'assise des Yvelines avait prononcé une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité de Paul Touvier pour complicité de crimes contre l’humanité. Paul Touvier est mort, le 17 juillet 1996 en prison.

Toujours le 8 octobre, l’agence de presse du Vatican www.zenit.org a publié un document sur la légitime diversité des options des chrétiens en politique. Le cardinal Renato Raffaele Martino a souligné dans ce document que la diversité légitime des options des chrétiens en politique, va de pair avec des choix politiques qui ne contredisent pas la foi.

Le cardinal Martino, président du Conseil pontifical justice et paix, a lu ce document à l’Université catholique de Salta, en Argentine : « La foi chrétienne ne pourra jamais se traduire par une seule position politique. Prétendre qu’un parti ou une option politique coïncident avec les expériences de la foi et de la vie chrétienne serait une équivoque dangereuse (…) L’Eglise sait qu’il n’est pas de sa compétence de faire valoir sa doctrine politiquement, puisque son but est de servir la formation des consciences en politique et de contribuer à la croissance de la perception des vraies exigences de la justice ».


Conclusions – Reprenons quelques extraits de ces trois déclarations, en remontant de la troisième à la première. 1- L’Eglise catholique, par la bouche du cardinal Martino, rappelle la diversité légitime des options et rappelle que prétendre qu’un parti ou une option politique coïncident avec les expériences de la foi catholique et de la vie chrétienne serait une équivoque dangereuse. L’Eglise catholique, par la bouche du cardinal Martino, rappelle aussi que son but est la formation des consciences et la perception des vraies exigences de la justice. 2- Sur 20minutes.fr on mentionne la remise à l’honneur de la messe en latin, qui comprend une prière pour la conversion des Juifs. 3- Lors de leur rencontre et concernant l’Iran, le Saint-Père et M. Lauder ont exprimé leur préoccupation.

En ma qualité de laïc catholique, pratiquant et croyant, néo-conservateur et philo-sioniste, j’aimerais maintenant résumer mon avis personnel – un avis personnel n’est pas un conseil – sur les extraits de ces trois déclarations, tels que condensés dans le paragraphe ci-dessus ; et tels que repris de façon encore plus condensée ci-dessous.

1- La diversité légitime des options : une des difficultés que rencontre l’Eglise catholique depuis qu’elle existe, c’est la confusion du politique et du théologique. Un discours politique à la fois catholique et antisémite est un non-sens théologique. Aucun pape, ni Benoît XVI ni ses prédécesseurs, n’ont publié de bulle papale frappée du sceau de l’infaillibilité pontificale pour légitimer l’antisémitisme. Il n’y a donc pas d’antisémitisme théologique érigé en dogme de vérité de foi. L’antisémitisme catholique est théologiquement anti-catholique.
2- La messe en latin, qui comprend une prière pour la conversion des Juifs : j’ai entendu tout et le contraire de tout sur la conversion des Juifs mentionnée dans la messe en latin. Sur le fond, la messe en latin n’est pas une liturgie antisémite. La messe en latin est un rite, le rite tridentin, un rite valide dans l’Eglise catholique parmi une dizaine d’autres rites valides. Le problème, ce n’est pas le rite tridentin célébré en latin. Le problème, c’est l’idéologie antisémite de certains prêtres et fidèles attachés au rite tridentin. Le rite tridentin en lui-même n’y est pour rien. En ce qui me concerne, aucun rite catholique, tridentin ou autre, ne devrait maintenir la prière pour la conversion des Juifs. La prière pour la conversion des Juifs qui auraient perdu la foi me semble une absurdité. Les catholiques, nous sommes appelés à prier en communion avec les Juifs. Leur soi-disant conversion n’est en réalité que leur illumination, au sens accueillir la lumière qui permet de reconnaître le Messie. Et même là, qu’ils reconnaissent ou ne reconnaissent pas le Messie, ce n’est pas notre affaire. Occupons-nous déjà de re-connaître nous-mêmes notre Messie, de 24 heures en 24 heures, ce qui serait un bon début de (notre) conversion, justement.
3- Concernant l’Iran, le Saint-Père et M. Lauder ont exprimé leur préoccupation : à mon grand étonnement, Benoît XVI n’a fait aucuneahmdinejad.gif déclaration publique concernant sa préoccupation à propos d’une éventuelle intervention militaire contre l’Iran. Alors que Jean-Paul II s’était vigoureusement opposé à l’éventualité d’une intervention militaire en Irak. J’en conclus, à tort ou à raison, que Benoît XVI est conscient du péril que représente pour le monde un président iranien génocidaire et négationniste sur le point de terminer la construction d’une première bombe atomique. Je me demande s’il ne faudrait pas, pour un peu de temps, laisser de côté les autres sujets d’inquiétude ; et s’efforcer de convaincre le monde catholique (notamment en écrivant aux nonciatures apostoliques) que le président iranien représente un danger au moins aussi grand que Hitler en son temps. Après tout, l’amitié vraie se vérifie encore plus dans les actes présents que dans la repentance d’actes passés. Si Benoît XVI dénonçait publiquement l’idéologie des mollahs iraniens, ce serait pour moi une manifestation concrète et vivante de l’amitié judéo-chrétienne dans le temps présent.
par Miguel Garroté publié dans : Israël
http://leblogdrzz.over-blog.com/