14.6.06

RETABLIR LA POLICE DE PROXIMITE

Constat unanime des élus qui ont participé à notre table ronde : les policiers ne restent pas assez longtemps dans une même commune. Certains élus ont reproché au gouvernement d’avoir supprimé la police de proximité. Faut-il la rétablir ?

Xavier Lemoine Nous avions à Clichy-Montfermeil un poste de police dont les effectifs sont passés de trente-six à quinze. Ça fait forcément moins de policiers sur le terrain. Les autres ont été reversés dans les services d’investigation de la police judiciaire. Sans doute était-ce utile, mais la police de proximité est elle aussi nécessaire. Elle intervient avant qu’un incident ne dégénère. Elle établit avec la population des relations de confiance qui facilitent les interventions des brigades anticriminalité. Les Bac ont leur métier : ce n’est pas de dire bonjour, c’est d’être efficace. Chacun son rôle ! Mais si l’on veut éviter que les rapports entre jeunes et policiers ne s’enveniment, il faut rétablir la police de proximité.
Stéphane Beaudet Au Canal, on a, bon an mal an, conservé nos effectifs : sept ou huit policiers, non fidélisés, au cœur du quartier. Mais le lien s’est distendu depuis trois ans entre les communes et l’institution policière. L’information circule du ministère vers le préfet et les services départementaux de la sécurité publique mais elle ne parvient pas toujours à l’élu, ce qui est paradoxal quand le législateur veut renforcer le pouvoir des maires dans le dispositif. On ne sait pas systématiquement ce que deviennent les suspects interpellés, mais sur ce point, la responsabilité incombe à la justice, qui a besoin de faire sa révolution culturelle pour partager l’information, y compris avec la police nationale.
Georges Mothron La police de proximité, c’est la gauche qui l’a mise en place. Avec plus ou moins de réussite. À Argenteuil, quatre postes de police ont été créés. Aujourd’hui, deux sont vides : ils étaient inutiles ! On a dépensé de l’argent pour rien. Il manque toujours des effectifs. Le but, c’est de voir du bleu sur le terrain. Finalement, la proximité, c’est nous qui l’avons assurée en payant aux îlotiers des téléphones portables pour qu’ils soient toujours en contact avec les commerçants et puissent réagir vite. Le problème, c’est que les policiers restent rarement plus de dix-huit mois sur un même secteur : trop peu pour connaître les lieux et les gens !
Stéphane Beaudet C’est comme avec les jeunes instits : ils n’ont pas choisi leur affectation, ils attendent leur mutation. En banlieue, on a des nurseries d’instits et de policiers !
Patrice Calméjane La police, c’est pire que l’Éducation. Les profs, eux, ne sont pas mutés en cours d’année. Dans la police, c’est le mouvement perpétuel. Ceux qui s’en vont ne sont pas remplacés immédiatement. Sur l’année, on a nos effectifs, c’est vrai, mais il y a des mois très creux !
Stéphane Beaudet Sur la circonscription d’Évry, on perd en septembre quarante à cinquante policiers, qui sont mutés ailleurs. Ces départs ne sont compensés qu’entre octobre et février de l’année suivante.


Texte repris du site de valeurs actuelles