31.5.08

ISRAEL A PARIS

L'AVENIR DES JUIFS DE FRANCE

L’Avenir des Juifs de France
Paris, Grasset, 2006, 316 p.
Joëlle Allouche-Benayoun

C’est à une réflexion de fond sur les mutations de la société française, et leurs conséquences sur la place accordée aux juifs, que nous invite ce très stimulant essai de réflexion sociopolitique de Shmuel Trigano, professeur à l’université Paris X-Nanterre, philosophe et sociologue.

Dès le départ, l’auteur nous invite à accepter un postulat : « les Juifs existent », et poursuit-il, « (ils existent) sans guillemets ni parenthèses, ils ne sont ni un mythe, ni un spectre, ni une grande cause, ni une malédiction mais ils occupent simplement une place dans le paysage qu’offre l’humanité... » Livre de réflexion, mais aussi de colère et d’alerte, il développe la thèse selon laquelle depuis les années 1980 et l’attentat de la rue Copernic jusqu’aux attaques antisémites de ces dernières années (2000-2005) les juifs ont été instrumentalisés par les pouvoirs politiques, peu à peu communautarisés, et d’une certaine façon sortis de la citoyenneté.

Que s’est-il passé ?

Le malaise n’a fait que croître depuis vingt-cinq ans entre la France et ses citoyens français d’origine juive : l’augmentation des agressions antisémites voit le pays passer des grandes manifestations de solidarité après Copernic et Carpentras dans les années 1980, à l’absence de manifestations après la vague d’agressions des années 2000 ou après le meurtre horrible du jeune Ilan Halimi, où les juifs manifestent seuls.

Au sortir de la guerre et, de manière plus évidente, dans les années 1960 et la vague identitaire de l’après-68, les juifs en France sont des citoyens parfaitement intégrés dans la République, et, en même temps, porteurs d’une identité juive forte qui repose sur quatre piliers : leur citoyenneté, le judaïsme comme religion/tradition, la mémoire douloureuse du génocide, et la proximité affective avec l’État d’Israël. L’accusation de « communautarisme » jetée aux juifs depuis 2000 (le début de la deuxième intifada en Israël) a ruiné ce modèle, et, du même coup, délégitimé la place des juifs au sein de la société. Ces années ont vu s’établir une politique et des pratiques de déni de l’antisémitisme, au mépris de la réalité des faits. Bien pire, ce déni s’est accompagné d’accusations de racisme anti-arabe

Le cadre général dans lequel cela s’inscrit, c’est la progressive et insidieuse disparition de l’État-nation avec la construction de l’Europe, qui fragilise l’État et favorise le retour vers des entités régionales. Et là les juifs souffrent de ne pas avoir de territoire (comme l’a montré Pierre Birnbaum) dans un pays dans lequel l’identité nationale est en crise. Face aux difficultés d’intégration d’une partie de la population musulmane, les pouvoirs politiques dès 1981 vont ériger la « communauté » juive en exemple dont doit s’inspirer la « communauté musulmane ». Et vont assimiler, à travers des groupes comme SOS Racisme, les juifs à des immigrés, en quelque sorte à une communauté étrangère à son propre pays, oubliant que la présence juive en France est bi-millénaire, que les juifs sont des citoyens de plein exercice depuis deux cents ans, que la Révolution française ne voulait voir en eux que des individus et pas une « Nation », une « communauté » organisée ! Tout est en place pour s’alarmer ensuite des « tensions inter-communautaires », multiplier les appels au calme aux deux « communautés », mettre en place de fausses symétries, et en même temps nier l’antisémitisme porté par une frange de la population musulmane ! Trigano pointe les dérives mitterrandiennes qui consacrent le CRIF, avec l’assentiment de ses dirigeants, comme instance représentative des juifs de France, alors qu’il ne l’est que des associations juives, ou qui remercient les « communautés » juives et musulmanes de s’être bien tenues pendant la première guerre du Golfe...

Déjà au moment de l’unanimisme solidaire qui suivit l’attentat de la synagogue de la rue Copernic, Trigano pointe une faille : malgré les évidences, les manifestants manifestaient avec d’autant plus de vigueur qu’ils pensaient que le coupable était Le Pen et l’extrême-droite. La découverte de l’origine palestinienne du crime calma les ardeurs... Plus de vingt ans après, les agresseurs de synagogues, de rabbins, de jeunes juifs sont dans la plupart des cas de jeunes musulmans, et la gauche au pouvoir, dans un premier temps, refusera la qualification d’antisémite pour désigner les agresseurs. Dans le même temps, un véritable déluge mémoriel autour de la Shoa (le mot même, hébreu, est passé dans la langue française) accrédite l’idée d’un judaïsme mort, mais paré de toutes les qualités, et qui attire toutes les compassions...

Quel avenir alors pour les juifs de France ?

Trigano envisage trois scénarios possibles de sortie de crise : la dissolution de l’identité juive dans l’identité française, l’invention d’une nouvelle identité française, le départ de France. Le rabbin Josy Eisenberg à qui l’on posait une question du même genre, fit cette réponse pleine d’humour : « C’est pas grave, il n’y a que deux endroits où les Juifs sont en danger aujourd’hui : en Israël, et dans la Diaspora »...

On l’aura compris : la lecture de l’ouvrage n’incite pas à l’optimisme.
Pour citer cette recension
Joëlle Allouche-Benayoun, « L’Avenir des Juifs de France », Archives de sciences sociales des religions, 138 (2007), [En ligne], mis en ligne le 17 septembre 2007. URL : http://assr.revues.org/document7372.html

30.5.08

GAZA : TSAHAL CRAINT UNE MANIFESTATION A LA FRONTIERE

par Rebecca Serfaty
in AROUTS SHEVA

Tsahal se prépare ces dernières heures et renforce ses troupes dans la zone du point de passage Soufa, situé sur la frontière avec la bande de Gaza, de crainte d’une énorme manifestation palestinienne.

En effet, depuis ce matin, vendredi 30 mai, par l’intermédiaire des media, l’organisation terroriste du Hamas appelle ses membres dans la bande de Gaza à se rassembler et à marcher en direction du point de passage Soufa dès la fin des prières du vendredi.

Selon le plan du Hamas, ses membres doivent se regrouper dans la zone de Han Younès et de Raffiah afin de marcher vers le passage qui est l’unique point par lequel Gaza reçoit de la nourriture, des médiaments et autres produits.

Pour l’instant, quelques milliers de membres du Hamas se sont rassemblés près de Soufa, pour participer à la manifestation. Des tirs auraient été entendus, information non confirmée par Tsahal.

Les dirigeants du commandement de la région sud ont ordonné aux soldats d’empêcher par tous les moyens l’arrivée de la foule au point de passage. Selon les instructions données, en premier lieu Tsahal tentera de disperser la manifestation par les moyens habituels, canons à eau, gaz lacrymogène etc.

Si aucun résulat n’est obtenu, les soldats ont instruction de tirer en l’air afin et de prendre toutes les mesures afin que la foule n’arrive pas jusqu’au point de passage lui même et essaie peut être de forcer la frontière.

C’est la troisième fois ces derniers mois que le Hamas essaie de faire marcher la foule vers la barrière séparant Israël de la bande de Gaza.

Il y a deux semaines, au point de passage Erez au nord de la bande de Gaza. Des centaines de Palestiniens se sont approchés dans le cadre des manifestations du Jour de la Nekba. Les Palestiniens avaient rapporté que des tirs avaient été entendus et des jeunes blessés.

Au mois de février, seuls quelques milliers de personnes avaient écouté ce même appel et avaient marché le long de la frontière avec Israël.

UN AUTRE POSTIER PLACE EN GARDE A VUE

France/Terrorisme :

Selon des sources judiciaires, un deuxième postier a été placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la Fraction nationaliste armée révolutionnaire (FNAR). Rappelons qu’un de ses membres présumé, Frédéric Rabiller, a été grièvement blessé dans la nuit de mardi à mercredi à Clichy-La-Garenne (Hauts-de-Seine), alors qu’il manipulait un engin explosif.

Le FNAR est un groupuscule terroriste qui réclame la suppression des radars automatiques, une baisse des impôts, l’arrêt total de l’immigration et l'expulsion de tous les sans papiers.


TEXTE REPRIS DU SITE DE L'ESISC

ISRAEL-FRANCE-ESPAGNE : ACCORD INDUSTRIEL

News: ISRAEL FRANCE - DRONES : Dassault Aviation, Thales et l'Indra vont utiliser la technologie et Know-how d'Israel Aerospace Industries (IAI).


Par Yossi Kislev (Tel-Aviv)
Rubrique: Aéronautique
in israelvalley

EXCLUSIF - Dassault Aviation, Thales et l’Indra viennent de signer un accord industriel majeur dans le domaine des drones MALE en s’appuyant sur l’expertise israélienne.

Ils ont remis la semaine dernière leur offre aux Ministères de la Défense français et espagnol pour un système développé en coopération franco-espagnole.

Dassault explique : “Cette offre pragmatique et très compétitive permettrait aux deux pays, qui ont les mêmes besoins opérationnels, de s’équiper chacun, à très court terme, d’un système de drones longue endurance de surveillance de théâtre. Les premiers systèmes pourraient être opérationnels dès 2012”.

La solution proposée est basée sur le drone israélien HERON TP développé par la société Israel Aerospace Industries (IAI). Cette plateforme multi-mission de nouvelle génération bénéficie d’une trentaine d’années d’expérience israélienne en matière de drones.

Le développement de ce nouveau drone européen renforcera les échanges dans le domaine de la défense entre l’Europe et Israël. Il démontre également que les grands groupes européens de défense apprécient l’expertise technologique des israéliens.

Yossi KISLEV

DROIT ET CHARIA : HALTE A LA REGRESSION !

Les assauts successifs de l’offensive islamiste sont devenus un bruit familier, des coups de boutoir que nos oreilles mithridatisées ont fini par ne plus entendre.

Chaque victoire obscurantiste nous plonge progressivement dans la pénombre mais de façon si insensible que les manifestations de protestation pour rappeler la lumière demeurent rares. Nous sommes comme la grenouille ravie d’avoir été plongée dans un bain d’eau tiède mais dont la montée progressive de la température jusqu’à ébullition finira par se révéler mortelle.


29 mai 2008 : un cran est à nouveau franchi. Après les salles de prières des usines Renault des années 1980, après le voile qui a voulu franchir le seuil de l’école en 1989 à Creil, après l’exigence de nourriture hallal dans les cantines scolaires, après le ramadan qui s’impose en tant que quasi fête nationale, voici que la charia s’invite dans les tribunaux français et que la justice française lui sert ses petits fours.

La justice française a annulé un mariage au motif que l'épouse, de religion musulmane comme son mari, avait menti sur sa virginité, a-t-on appris aujourd'hui auprès de l'avocat du mari, Me Xavier Labbée.

L'union a été annulée "pour erreur sur les qualités essentielles du conjoint" par un jugement du tribunal de Lille (nord) rendu en avril. Alors que sa fiancée lui avait affirmé qu'elle était chaste, une valeur essentielle pour lui, l'homme avait découvert le soir de leurs noces, le 8 juillet 2006, qu'elle ne l'était pas.

L'avocat a justifié sa décision de recourir à une procédure d'annulation, qui revient à considérer que le mariage n'a jamais eu lieu, plutôt qu'à une procédure plus courante de divorce. "Le divorce sanctionne un manquement aux obligations issues du mariage (...) Ici, il y a un vice dès le départ", a-t-il expliqué.

Le tribunal a estimé que l'époux avait conclu cette union "sous l'empire d'une erreur objective" et qu'"une telle erreur était déterminante dans son consentement" [...]

Source : AFP

Ce soir la France enterre deux morts :

La laïcité, l’une des plus belles victoires de notre pays, issue des Lumières

Elle a été l’objet de l’un des combats les plus nobles de notre nation. D’aucuns sont morts pour la faire triompher. Elle était, certes, une spécificité française, une originalité hexagonale. Mais qu’avait-on inventé de mieux, de par le monde, comme ciment d’une nation multiethnique et multiconfessionnelle ? Avec sa mort, s’ouvre l’ère de la France tribale et d’affrontements mortels annoncés.

L’égalité entre les sexes

Ce soir, la justice a réduit la femme française à un hymen. Ce soir, le mâle français triomphant peut remercier la charia d’avoir réduit à néant un siècle de combat des femmes à faire valoir le droit d’être tout simplement l’égale de l’homme. Elle est redevenue l’objet, la chose que l’homme peut manipuler à souhait.

La jurisprudence qui découlera de cette décision inique fera, à n’en pas douter, tache d’huile. Oui, comment imaginer que les islamistes l’interprèteront autrement que comme une victoire ? Et pour les islamistes, une victoire est une brèche, une brèche par laquelle ils chercheront à engouffrer demain toutes les horreurs cachées dans leur besace. Tous les aspects de notre vie devront y passer, l’éducation de nos enfants, nos loisirs, notre culture, notre sexualité.

Ce soir, il fait de plus en plus sombre.

Bah ! Du moment qu’on y voit encore…


Primo
Auteur : Jean-Paul de Belmont

PRASQUIER : LES LIGNES ROUGES DE DURBAN 2 ONT ETE FRANCHIES

CRIF

La Conférence Internationale contre le Racisme, placée sous l’égide des Nations Unies, se tiendra finalement, sauf imprévu, à Genève du 20 au 24 avril 2009. Compte tenu des dérives antisémites et très violemment anti-israéliennes constatées lors de « Durban 1 » en 2001, de nombreuses organisations tirent la sonnette d’alarme et posent la question : « Que faire pour que « Durban 2 » ne soit pas une reproduction à l’identique de « Durban 1 » ?

C’est dans cet esprit que l’organisation non gouvernementale « UN Watch » a réuni, le 27 mai, à Genève, un symposium international.

Des interventions de qualité se sont succédées tout au long d’une journée riche en enseignements. Le représentant permanent d’Israël aux Nations unies à Genève, Itzhak Levanon, son homologue américain, Warren Tichenor, le président d’ « UN Watch », Alfred Moses, l’ambassadeur de Roumanie, S.E. Doru Costea, David Hirsh, Charles Small, Gerald Steinberg de l’université Bar Ilan, Ibrahim Wani du Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés, des dirigeants de Grande-Bretagne, d’Afrique du Sud, du Canada et de France ont échangé pour tenter de définir une stratégie efficace face aux tentatives de détournement à des fins politiques de la Conférence de « Durban ». De l’avis de tous, l’un des moments forts aura été l’intervention du président du CRIF, Richard Prasquier, ferme, combatif et particulièrement clair, qui a considéré que « les lignes rouges avaient été franchies ».

La délégation française, la plus nombreuse comptait une quinzaine de membres. Elle a rencontré dans l’après-midi, l’ambassadeur de France, Jean-Baptiste Mattéi accompagné de son conseiller pour les Droits de l’Homme, Daniel Vosgien. Pour le représentant de la France auprès de l’ONU à Genève qui a rappelé les positions du président Sarkozy et de Rama Sade, on cherchera par tous les moyens lors de la « Rewiew Conference » (Conférence d’examen) de Genève...le jour de Yom Kippour, à éviter les sujets problématiques et sans rapport avec la Conférence qui avaient empoisonné l’atmosphère à « Durban 1 » : réparations en rapport avec l’esclavage, diffamation des religions, conflit israélo-arabe. Une philosophie a été adoptée par la France : ne pas dépasser les lignes rouges qu’elle s’est fixées.

Pour M. Mattéi, quatre objectifs devront être atteints :

1/ Progrès dans la mise en œuvre des déclarations finales de « Durban 1 »

2/ Efficacité des mécanismes de suivi sur le racisme et la xénophobie

3/ Ratification de la Convention Universelle contre le racisme et les discriminations

4/ Identification des bonnes pratiques dans le domaine de la lutte contre le racisme.

Richard Prasquier a demandé à la France d’agir pour obtenir un report de la prochaine réunion préparatoire. La précédente s’était déroulée pendant les fêtes de Pessah. La délégation française n’a pas manqué de souligner les nombreux votes hostiles de la France à l’égard d’Israël au conseil des droits de l’homme à Genève en espérant un changement d’attitude dans un proche avenir.

29.5.08

LA NAKBA AU PAYS DE TINTIN

Par Michel Rosenzweig
pour Guysen International News

Des militaires casqués en uniforme israélien, arme au poing, des hommes, des femmes et des enfants maltraités, apeurés, hébétés, des cris, des hurlements, des ordres de déplacement, des passants interloqués, certains franchement inquiets, des camions destinés à la déportation dans lesquels on entasse des palestiniens avec violence, chassés de leurs maisons et de leurs terres, la scène est filmée, mais pas en Palestine disputée ou occupée, ni en Israël, non, la scène se déroule dans une petite ville belge non loin de Bruxelles, à Nivelles, nous sommes le 24 mai 2008 : Bienvenue au royaume de Belgique qui célèbre la Nakba à l’occasion du 60ième anniversaire de l’état d’Israël !

Cette mise en scène obscène autorisée orchestrée par « Les groupes Paix Juste au Proche-Orient » du Brabant Wallon (PJPO) a été soutenue notamment par l’ancien Ministre de la défense, André Flahaut (socialiste) ainsi que par la députée écologiste fédérale Thérèse Snoy, qui, l’un après l’autre, se sont succédés à une tribune improvisée pour justifier et défendre la manifestation tout en se plaignant de sa limitation dans le temps et dans l’espace public.
Les propos des deux mandataires politiques sont troublants, l’une évoquant des « pressions de la part de certains groupes juifs », allant même supposer « que cela se passe à tous les niveaux » et l’autre se livrant à une comparaison entre les atrocités infligées aux juifs pendant la deuxième guerre mondiale et celles subies par les palestiniens aujourd’hui, faisant ainsi passer les anciennes victimes pour les nouveaux bourreaux selon la dialectique anti israélienne classique bien connue : les israéliens sont aujourd’hui devenus les nazis des palestiniens.

Lorsque l’on visionne les images sur youtube

(http://www.youtube.com/watch?v=EXFmYH76aFY),
on est partagé, un peu figé et glacé, entre la consternation et l’hébètement, le tout mâtiné d’une nausée diffuse. Nous avons en Belgique, depuis maintenant plus de 6 ans, une remarquable collection d’articles de presse écrite, d’émissions de radio et de télévision, de manifestations, au gré desquelles se sont déclinés sans complexe la désinformation intentionnelle, la diabolisation de l’Etat d’Israël et du peuple juif, la falsification des faits historiques en fausse vérité révélée, le mensonge par omission ainsi que l’utilisation réitérée de termes et de terminologies qui ne laissent plus aucun doute sur leur caractère anti juif.

Des « colons » juifs installés sur la terre des palestiniens dès 1948 aux colons de Sdérot qui reçoivent des roquettes quassam en passant par la destruction du Liban en 2006, ou encore s’agissant des « activistes » se faisant sauter par désespoir et le « bouclage » de Gaza transformé en camp de concentration à ciel ouvert ou le « massacre » de Jenine et le saccage de la basilique de la nativité par les soldats israéliens, la liste des propos intoxicants propices à l’importation du conflit israélo arabe sur des bases intentionnellement tronquées est longue et affligeante. Mais avec cette mise en scène nauséeuse, nous avons atteint un point culminant dans la pratique d’une propagande incitant à la haine et qui n’est malheureusement pas sans rappeler celle utilisée par le régime National Socialiste grâce au talent incomparable de son idéologue, le grand manipulateur des masses, le Dr Goebbels. Disons-le tout net, la Belgique a gagné le 24 mai dernier la palme d’Or de l’ignominie et du déshonneur auquel il faudrait peut-être y ajouter, dans la meilleure des hypothèses, la moins affligeante pour le royaume, le prix de la stupidité politique.

Car il faut bien comprendre que dans cette affaire, il ne s’agit pas que d’une simple manifestation scandaleuse organisée par un groupuscule d’excités du bulbe, mais bien, et ce qui est beaucoup plus grave, d’une mise en scène scabreuse soutenue et encouragée par des représentants d’une nation belge en voie d’évaporation: d’une part, un ex Ministre socialiste de la défense (excusez du peu !) connu pour ses hauts faits, à savoir la justification du vandalisme au mémorial du martyr juif à Bruxelles par un discours anti israélien et le maintient dans son service d'un membre du FN, mandaté pour les contacts avec les survivants de la Shoa dans la procédure d’indemnisation de l’Etat belge, et d’autre part une député fédérale écolo qui ne se cache pas d’en appeler au complot ourdi par les juifs, qui tout le monde le sait, sont "partout et surpuissants".
Rappelons ici, pour les lecteurs désemparés face à la complexité institutionnelle belge, que le niveau fédéral équivaut au niveau national, soit le seul niveau institutionnel autorisé à représenter officiellement la Belgique.

Ces éléments sont importants car ils soulignent de manière inquiétante une tendance qui ne cesse de s’amplifier dans ce pays, à savoir un glissement progressif vers un antisémitisme d’institution politique.
Or, cet antisémitisme, qui se défend d’en être un et qui se réclame constamment de la seule critique de l’état d’Israël et de la dénonciation des injustices commises à l’égard des palestiniens, se confond, à force de compromissions, de silences et de complicités, à certains égards, à un antisémitisme d’état toujours à la limite du politiquement correct, jouant sur la sémantique, mais impliquant néanmoins l’Etat belge par la nature officielle des institutions et des mandataires politiques qui se livrent à ce genre d’exercices en toute impunité.
Comment qualifier autrement les nombreux « dérapages sémantiques », le parti pris systématique et la désinformation récurrente pratiquée par nos médias nationaux d’état, la Radio Télévision Belge, francophone et néerlandophone ainsi que la présence active de mandataires politiques fédéraux sur la scène du 24 mai à Nivelles, les transformant en collaborateurs officiels prenant activement part à une mise en scène diffamante à l’égard de l’Etat d’Israël et du peuple juif?

Lorsque l’ancien Ministre de la défense, actuellement député fédéral et conseiller communal de la ville de Nivelles, monte sur une estrade à la suite de l’interruption de la mise en scène grossière et infamante, pour déclamer ce qui suit, (je cite in extenso), il entraîne la responsabilité de son groupe politique au parlement, mais aussi celle de l’Etat belge dans son sillage:

« Je suis, comme toute personne normalement constituée, révolté lorsque je vois des enfants souffrir, lorsque je vois des femmes maltraitées, violées, lorsque je vois des hommes maltraités, des libertés bafouées.
Pendant les douze ans et demi où j’ai été ministre, j’ai mis tout en œuvre aussi pour que l’on n’oublie pas et qu’on se souvienne des atrocités dont le peuple juif a été victime pendant la Seconde Guerre mondiale.
On a eu cet engagement et donc je demande aussi que l’on ait le même engagement, la même détermination, la même volonté pour faire entendre la voix de celles et de ceux qui aujourd’hui souffrent, pour faire en sorte que l’on évite la banalisation.
Je suis déterminé à lutter contre toutes les exclusions, tous les nazismes, tous les fascismes où qu’ils se trouvent et au moment où ils se présentent.
Voilà, c’est pour ça que je suis ici »


Les propos sont clairs, les amalgames et accusations sont graves (les femmes violées ? par qui ? par des soldats israéliens ?!) et il n’est pas nécessaire d’être un expert en sémantique pour comprendre le lien entre les atrocités dont le peuple juif a été victime et le paragraphe suivant qui fait clairement le parallèle entre le nazisme allemand et un hypothétique nazisme israélien.
Lorsque l’on voit ce même député fédéral, ex ministre, regarder cette mise en scène caricaturale avec un sourire de contentement et d’amusement, on ne peut que ressentir le caractère obscène de la scène ainsi que l’aspect pervers qui s’en dégage.
Ainsi, les acteurs et les spectateurs complaisants de cette macabre et sordide parodie historique étaient sensés révéler La Vérité sur un moment douloureux de l’histoire de la création de l’Etat d’Israël.
L’idée qui sous-tend cette manifestation est inscrite dans la ligne des propagandes antisémites les plus éculées, celles qui tentent à faire croire que les juifs sont coupables de péchés et de crimes contre des non juifs pour leurs seuls profits et que la fondation de l’état d’Israël s’est constituée sur des crimes commis à l’endroit des arabes.
Ce spectacle accablant de bêtise, de médiocrité et de violence est un véritable désastre de la pensée, dangereusement contre productif pour la paix et insultant autant pour les palestiniens que pour les israéliens et les juifs de la diaspora.

Le seul bénéfice d’une telle opération relève du misérable calcul électoral dans un pays où de nombreux politiques recrutent de manière forcenée et par tous les moyens des voix dans la population musulmane.

S’il est évident que la paix passe nécessairement par une reconnaissance mutuelle des dommages, s’il est également vraisemblable que de nombreux arabes de Palestine ont du quitter leur terre, que d’autres tout aussi nombreux ont fuit à l’appel des dirigeants arabes et que des tueries ont été commises de part et d’autre, rien ne justifie pour autant une telle mise en scène qui ne sert en fin de compte que les extrémistes de tous bords en alimentant la haine et le ressentiment.
La paix ne se décrète pas à coup de propagande haineuse ou de mises en scène grotesques, elle se négocie au fil des reconnaissances mutuelles : reconnaissance de l’autre en temps que même, reconnaissance de l’autre en tant que différent, reconnaissance des torts et des griefs, reconnaissance des actes, reconnaissance et regret des crimes commis et surtout volonté de vivre et rejet total du culte de la mort.

LA MONTEE DU REGNE ISLAMIQUE EN TURQUIE


Après celle de Daniel Pipes, la semaine passée, voici la prise de position de Bernard Lewis, sans doute le plus grand spécialiste actuel du Moyen-Orient et de l’Islam, sur la réforme ostensiblement entamée par le gouvernement turc (traduction intégrale, je met en gras):


Selon un récent article du Jerusalem Post («Le gouvernement turc réformerait-il l’Islam?» Daniel Pipes, 22 mai 2008), un ministère turc, la «Présidence des affaires religieuses et la Fondation caritative religieuse», a entamé un projet de trois ans visant à étudier et condenser des milliers de pages de textes liés à l’Islam. Le problème, selon les responsables du projet, réside dans le fait que 14 siècles de hadiths, des récits sur les paroles et les actes de Mahomet, ont faussé la signification de l’Islam tel qu’il est révélé dans son texte central, le Coran. Le projet se donne donc pour objectif d’éliminer tous les éléments qui ne s’accordent pas au Coran.

L’un des 80 théologiens islamiques travaillant sur le projet précise que «le Coran est notre guide fondamental. Nous tentons d’éliminer tout ce qui le contredit.» Mehmet Görmez, un maître de conférences de l’université d’Ankara, ajoute: «Nous souhaitons mettre en évidence l’aspect positif de l’Islam, qui promeut l’honneur de la personne, les droits humains, la moralité, les droits de la femme, le respect d’autrui.» Les théologiens turcs se proposent de redéfinir la pratique de l’Islam par les Musulmans pour en promouvoir la diffusion dans le monde du XXIe siècle.

Le simple fait que ce projet soit mis en chantier par le gouvernement turc révèle la montée du règne islamique en Turquie. Tout gouvernement qui entreprend de décider de l’interprétation religieuse «correcte» établit ainsi une théocratie. Le premier pas d’une réforme authentique doit consister à couper tous liens entre le pouvoir politique et la religion, puis à affirmer le droit de chacune et chacun à penser et s’exprimer en toute liberté.

Les promoteurs du projet le présentent comme une tentative de pratiquer un Islam qui soit adapté au monde moderne. Comme le Coran est leur autorité centrale, la première question est de savoir ce que le Coran en dit?

En ce qui concerne les femmes, le Coran est clair sur leur statut subalterne, la supériorité mâle par la force physique et la nécessité pour les femmes de rester chez elles, d’être prises en charge par leur mari et d’obéir, sous peine d’être battues:

Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leur époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les (légèrement). Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est, certes, Haut et Grand! (Coran, 4.34)

Le passage est tout à fait univoque. Pour en adoucir le sens, le traducteur a ajouté «légèrement» après «frappez-les», comme s’il était légitime de battre une femme dès lors qu’on y met de la modération. Qui va décider de la force appropriée des coups? Des ecclésiastiques mâles, évidemment. Aucun effort de sophistique ne doit cacher le fait qu’il s’agit là d’un plaidoyer non négociable en faveur de la maltraitance des femmes.

Et qu’en est-il des gens qui ne sont pas musulmans, des «autres»? Le Coran indique clairement qu’ils doivent être soumis à l’ordre islamique, accepter une position sociale inférieure et payer un tribut pour éviter la mort:

Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés. (Coran 9.29)

La signification de cette exigence de soumission a été définie comme suit par l’un des philosophes islamiques les plus respectés, Al-Ghazali, un personnage central du courant soufi, soi-disant non violent, de l’Islam:

Il faut lancer le jihad au moins une fois par an [...] on peut faire usage d’une catapulte contre eux [non-Musulmans] lorsqu’ils se trouvent dans une forteresse, même si des femmes et des enfants se trouvent au milieu d’eux. On peut les faire périr dans un incendie et/ou les noyer [...]

Il est interdit au dhimmi de mentionner Allah ou son messager [...] Les Juifs, les Chrétiens et les Majians doivent payer la jizya [...] Le dhimmi doit baisser la tête pendant que le fonctionnaire s’empare de sa barbe et le frappe [le dhimmi] sur l’os situé près de son oreille [...] Leurs maisons ne doivent pas être plus hautes que celles des Musulmans, même si ces dernières sont très basses [...] Les dhimmis doivent porter un signe [permettant de les identifier] [...] Ils doivent tenir leur langue. (Source: «Sufi Jihad?» par Andrew Bostom, 15 mai 2005)

Ce passage reste pertinent de nos jours. La hauteur des maisons (par ex. la hauteur insolente du World Trade Center), les injonctions à ne jamais critiquer l’Islam, l’exigence d’une attitude conciliante, effacée, des non-Musulmans, le paiement d’un tribut («aide étrangère») et jusqu’au signe distinctif des Juifs chez les nazis — toutes ces questions sont abordées dans les écrits d’Al-Ghazali, le plus mystique des «modérés» de l’«âge d’or» de l’Islam et grand avocat du jihad.

Les responsables du projet turc revendiquent la prérogative de juger quels textes sont cohérents ou pas avec le message du Coran. Mais que dit le Coran sur notre aptitude à porter de tels jugements? Il la nie catégoriquement et à maintes reprises — c’est pourquoi de nombreux Musulmans fondamentalistes musulmans affirment que le Coran leur suffit. En ce qui concerne les combats, le Coran dit, par exemple:

Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. Allah sait, et vous ne savez pas. (Coran 2.216)

Ailleurs, le Coran affirme que le jihad doit continuer «jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association, et que la religion soit entièrement à Allah» (8.39).

L’objectif de tout ceci est un accord universel abject avec les élites ecclésiastiques: vous n’êtes pas capable de décider qui vous devez combattre et quand — et vous n’êtes pas non plus en mesure de déterminer quels aspects du Coran vous avez à respecter; votre esprit est incapable de porter un jugement indépendant; votre rôle dans l’existence est d’obéir aux Turcs.

Les passages mentionnés ici ne sont que quelques exemples de ce que l’agence du gouvernement turc va prendre pour guide en abordant ce siècle. Ainsi, on ne s’étonnera pas que les positions adoptées par ce même ministère soient ouvertement opposées à toute pensée, tout discours ou tout écrit faisant la critique de l’Islam. Voici par exemple sa position sur le film «FITNA», critique envers l’Islam, relatée dans un communiqué de presse du 4 février 2008 et figurant sur son site Web:

Ce film comporte des insultes directes envers le livre saint de l’Islam et la religion islamique, ce qui constitue une nouvelle manifestation d’hostilité, appelant à la violence et à la haine contre eux, alors que l’Islam est venu compléter les autres religions par son message axé sur l’égalité, la liberté de conscience et le respect mutuel entre les peuples [...]

Les Musulmans condamnent fermement toutes les formes de messages de haine et les idées fausses fabriquées de toutes pièces contre l’Islam. Le monde musulman est conscient des provocations qui tendent à présenter les Musulmans comme des terroristes potentiels et à les exclure graduellement, à les blesser dans leurs sentiments.

Relevons que l’évocation des «sentiments» et l’affirmation que ceux-ci sont «blessés» sont des motifs de censure, d’interdiction d’expression orale et écrite par les pouvoirs publics. Relevons aussi que ceux qui incendient, posent des bombes et décapitent des gens en scandant «Allahu Akhbar» ne sont pas censés insulter l’Islam ou blesser les sentiments de quiconque. Le reproche s’adresse à ceux qui observent le fait que ces incendiaires, ces poseurs de bombe et ces coupeurs de tête invoquent l’Islam en agissant.

Ceci n’est pas une réforme. C’est un élan vers un nouveau fondamentalisme basé sur l’autorité d’une fable malveillante, vieille de 13 siècles, et vers une lutte incessante contre ceux qui la critiquerait. En fait, l’utilisation de la terreur dans la lutte contre les ennemis de l’Islam est expressément approuvée par le Coran:

Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin de jeter l’effroi [dans le coeur de] l’ennemi d’Allah et le vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu’Allah connaît. [...] (8.60)

Aucune réforme authentique de l’Islam ne peut être entreprise sans remise en question du Coran lui-même. Mais c’est là une chose que les théologiens turcs ne feront pas. Ils ont même nié énergiquement les suggestions dans ce sens parues dans la presse. Le chef du ministère, Ali Bardakoðlu, souligne ainsi que «nous ne réformons pas l’Islam; nous nous réformons nous-mêmes, nous réformons notre propre religiosité». Et Mehmet Görmez, son adjoint, va dans le même sens: «Notre projet ne vise pas à engendrer un renouveau radical de la religion, comme le prétend la BBC.» La presse «dénature les faits» en affirmant cela, poursuit Görmez. Nous ferions bien de le croire.

Toute «interprétation» de l’Islam qui s’aligne sur le Coran, considéré comme une autorité révélée indiscutable, débouchera sur une régression vers sa signification fondamentale brutale: la subordination des femmes et la soumission des non-Musulmans à un ordre dictatorial défini par une élite ecclésiastique.
texte repris du site d'A JEAN-MAIRET

28.5.08

LES " ACCROCS " UTOPISTES DE LA PAIX

Caroline Glick
JERUSALEM POST
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

Les arguments contre un retrait israélien des Hauteurs du Golan sont si évidents en eux-mêmes qu’ils vous échappent tout bonnement des lèvres. Mais cela ne signifie pas qu’il n’est pas nécessaire de les formuler. C’est particulièrement le cas quand des gens supposés sérieux comme l’ancien chef d’Etat Major Général de Tsahal, le Lt. Gen. (ret.) Dan Halutz - co-architecte du désastre stratégique qu’a été la Seconde Guerre du Liban - défend le retrait en échange de la « paix ».

Allons y.

Depuis la Guerre du Kippour en 1973, les Hauteurs du Golan ont constitué la frontière la plus tranquille et la plus stable d’Israël. C’est en grande partie parce que les Syriens savent que depuis les Hauteurs du Golan, la route de Damas est grande ouverte.

Un retrait israélien des Hauteurs du Golan déstabiliserait la frontière en retirant à Israël sa capacité de dissuasion offensive contre la Syrie. Puisque la nature a horreur du vide, la capacité de dissuasion d’Israël serait transférée entre les mains du dictateur syrien, et vassal iranien, Bashar Assad et ses acolytes. De plus, suite à une cession israélienne des Hauteurs du Golan juste après la consolidation de l’emprise de l’Iran sur le Liban, le régime d’Assad sera triomphant. Sa décision de jouer le sort de son pays avec l’Iran sera perçue comme un acte de brillante direction de l’Etat.

Alors qu’on ignore quel délai serait nécessaire avant que la Syrie ne prenne avantage de la nouvelle situation pour initier une agression contre Israël, il est clair qu’un retrait israélien soulèverait d’immenses tensions. Et ces tensions trouveraient le reste du territoire israélien plus vulnérable que jamais auparavant à une attaque irano-syrienne.

Aujourd’hui, la Syrie a déjà la capacité d’attaquer tout Israël avec des Scud et ses missiles balistiques Nodong. Mais alors que ces missiles peuvent terroriser et tuer des citoyens israéliens, leurs systèmes de guidage sont généralement considérés comme trop primitifs pour leur permettre d’être déployés avec succès contre des cibles tactiques et stratégiques. La possession des Hauteurs du Golan permettrait à la Syrie d’utiliser des armements plus conventionnels pour atteindre plus précisément les positions de Tsahal, des dépôts d’armes, et attaquer des formations dans tout le Nord d’Israël. Aussi l’une des conséquences de la cession des Hauteurs du Golan par Israël serait une montée vertigineuse du prix du sang, comparée au prix du retrait des Hauteurs du Golan qu’Israël serait obligé de payer pour gagner toute bataille militaire future contre le Hezbollah ou la Syrie, vassaux de l’Iran. En effet, cela minimiserait le lourd tribut qu’Israël a payé pour la victoire de 1967 et 1973.

Le coût d’une renonciation au Golan ne serait pas seulement payé par Israël. Avec la Syrie contrôlant le Golan, Damas et ses alliés de l’axe iranien voudront encore plus s’affirmer sur les champs de bataille comme ceux de l’Irak. Leur volonté renouvelée de combattre limiterait encore plus la possibilité pour les USA de retirer leurs forces d’Irak sans risquer la perspective de voir celui-ci aspiré dans l’orbite de l’Iran.

De plus, avec les options stratégiques d’Israël massivement réduites suite à la cession des Hauteurs du Golan, les Iraniens auraient beaucoup moins à craindre qu’Israël ne lance une contre-attaque dans l’éventualité d’une attaque nucléaire sur Israël, ou une attaque préventive contre les installations nucléaires iraniennes.

Dans sa déclaration de samedi soutenant l’intention annoncée par Olmert de donner à Assad les Hauteurs du Golan, Halutz a déclaré : « Pour une paix réelle, il faut vouloir payer le prix réel ». Alors que cela est sans aucun doute un constat juste, c’est totalement inadapté. Chacun sait qu’Israël n’obtiendra pas une « paix réelle » d’Assad. De fait, il n’obtiendra même pas une paix simulée de celui-ci.

Pour comprendre pourquoi Israël peut s’attendre à ne recevoir absolument rien de la Syrie en échange des Hauteurs du Golan, il n’y a pas besoin d’observer plus loin que le dernier grand traité de paix de la Syrie avec un voisin. En 1989, la Syrie a accepté de retirer toutes ses troupes du Liban suivant les accords de Taëf, qui mirent fin à la guerre civile libanaise. Inutile de dire que les troupes syriennes poursuivirent leur occupation illégale du Liban pendant les quinze années suivantes, et continuent encore aujourd’hui de bloquer l’indépendance libanaise en armant le Hezbollah.

Ou bien considérez le traité « réussi » d’Israël avec l’Egypte, suivant lequel l’Egypte a reçu la totalité de la péninsule du Sinaï en échange de la signature d’un traité de paix avec Israël. Du fait de la volonté de l’Egypte de signer l’accord, la dictature d’Hosni Moubarak a été appréciée comme régime modéré et amical par les USA, comme l’a été Israël. Et pourtant, sans aller en guerre contre Israël depuis la signature du traité de paix, l’Egypte a fait pratiquement tout ce qui était en son pouvoir pour mettre en péril la sécurité d’Israël.

Lors de la réunion du cabinet dimanche, le directeur du Shin Bet, Yuval Diskin a prévenu le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai que le Hamas détient des missiles ayant une portée assez longue pour atteindre Ashdod et Kyriat Gat. Diskin a ajouté qu’avec une frontière rompue entre Gaza et l’Egypte, le temps travaille en faveur du Hamas. Chaque jour passant dans l’inaction israélienne, le Hamas importe de plus en plus d’armements sophistiqués.

A côté de l’Iran, qui est la source majeure des armes du Hamas, l’Egypte en a fait plus que tout autre pays pour permettre la guerre des missiles du Hamas contre le Sud d’Israël, et son contrôle sur Gaza de façon générale. Comme le député à la Knesset Yuval Steinitz l’a remarqué à plusieurs reprises au cours des années passées, ces missiles ne sont pas apparus par magie à la frontière entre l’Egypte et Gaza. Ces armes iraniennes sont transportées sur des bateaux à travers les eaux égyptiennes qui bordent les ports égyptiens. Les armes sont alors déchargées sur des camions qui traversent par la route le pays avant d’atteindre Gaza.

Les forces de sécurité égyptiennes pourraient intercepter ces armes en tout point le long de leur parcours. Mais elles traversent sans encombre, parce que l’Egypte veut que le Hamas détienne ces armes pour attaquer Israël et maintenir la frontière déstabilisée.

Si c’est ce qu’Israël obtient de nos amis égyptiens supposés modérés, que peut attendre Israël de nos ennemis syriens radicaux ? Ici, il faut remarquer que la Syrie empêche toujours l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) d’envoyer des inspecteurs pour contrôler le site du réacteur nucléaire construit par les Nord-Coréens en Syrie, et qu’Israël a détruit le 6 septembre dernier. De nouveau, si la Syrie traite l’ONU de cette façon, comment traitera-t-elle Israël après qu’on lui ait abandonné la capacité de menacer la capitale syrienne ?

Suivant tous les inconvénients évidents par eux-mêmes de cette proposition d’Olmert de céder les Hauteurs du Golan à la Syrie, il est évident que le plan est ridicule. De même, à la lumière du danger massif qu’un tel retrait entraînerait, les avocats du retrait comme Halutz se révèlent être de parfaits idiots.

Mais le fait que cela soit vrai ne diminue pas la chance qu’Israël puisse encore abandonner les Hauteurs du Golan si ceux qui défendent cette politique restent au pouvoir et continuent de jouir d’une respectabilité publique. La réalité a peu compté dans le discours politique et stratégique d’Israël dans les années récentes.

La folie de transférer le contrôle du Sud Liban au Hezbollah en 2000, et de donner Gaza au Fatah et au Hamas en 2005 était simplement aussi évidente que la folie de céder les Hauteurs du Golan en 2008. De plus, la folie de transférer le contrôle sur Gaza et la Judée et la Samarie à l’OLP était évidente pour tout ceux ayant des yeux pour voir dans les années 1990. Pourtant, même si les opposants à ces fiascos stratégiques ont donné ces arguments jusqu’à ce que leur visage bleuisse, Israël s’est tout de même retiré.

Pendant ce temps et encore aujourd’hui, se tenant contre ces voix de saine réalité, il y avait des voix prêchant une paix utopique. Des hommes et des femmes comme Yossi Beilin, Shimon Pérès, Yitzhak Rabin, Shulamit Aloni, Tzipi Livni, Yuli Tamir, Sheli Yachimovich, Amnon Shahak, Uri Saguy, Ehud Barak, Ariel Sharon, Ehud Olmert et leur choeur des agents de la « paix » dans les media, ont fustigé tous les partisans d’une politique fondée sur la réalité, comme rien de plus que des fanatiques de la peur, et des ennemis de la paix, presque indiscernables des semblables du Hezbolah, du Hamas et de tout le reste.

Bien sûr, les voix de la raison étaient à chaque fois les bonnes, et ne furent jamais remerciées pour leur sagesse. De fait, ils continuent jusqu’à ce jour à être condamnés comme des fanatiques de la peur.

En dépit du fait que les ‘accrocs’ de la paix utopique ont eu tort à chaque occasion, ce sont toujours ceux-là à qui on donne la parole à la télévision et à la radio, pour défendre la capitulation d’Israël sur chaque front imaginable. Même quand les cimetières s’emplissent des cadavres carbonisés d’Israéliens tués à cause de leur folie utopique, ils sont toujours fêtés comme des experts, des sages, et des hommes d’Etat expérimentés.

Le seul signe d’espoir de changement se trouve dans la réaction du public israélien au débat public actuel, mal informé, sur le nouveau plan d’Olmert de céder à Assad les Hauteurs du Golan.

Dans le passé, à chaque fois que le gouvernement lançait des négociations, ou appelait simplement à une cession unilatérale de territoire, les sondages d’opinion révélaient une ascension immédiate de quelques 20 points dans le soutien public à l’initiative. Les sondages aujourd’hui suggèrent que le soutien public à un retrait des Hauteurs du Golan a diminué depuis qu’Olmert a annoncé qu’il négocie leur cession.

Si au cours des négociations passées et des retraits planifiés, des politiciens ont bénéficié du soutien de 45 % des Israéliens, aujourd’hui Olmert dispose seulement du soutien de 22 % des Israéliens pour l’abandon des Hauteurs du Golan.

Le fait que les Israéliens réagissent négativement à des gens comme Olmert et Halutz et à leurs retraits défendus pour la « paix », peut simplement être une conséquence du mépris du public, spécialement pour ces hommes. C’est-à-dire qu’il est possible que le public soit plus partisan d’une capitulation envers la Syrie si des dirigeants plus populaires comme l’ancien premier ministre Ariel Sharon la défendaient.

Mais il est aussi possible que le public en ait finalement assez de ces moulins à paroles utopistes et de leur projet politique de capitulation. On ne peut qu’espérer que c’est bien le cas. Parce que alors qu’Israël ne sera pas détruit si ses chefs sont assez stupides pour renoncer aux Hauteurs du Golan, sans les Hauteurs du Golan, les chances d’Israël à long terme seront largement amputées.

http://www.jpost.com/servlet/Satellite ?cid=1211434111426&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull

REVUE DE LA PRESSE ISRAELIENNE

Israël et le Hezbollah s’achemineraient vers un échange de prisonniers
service de Presse de l’ambassade de France en Israël

Les négociations entre Israël et le Hezbollah en vue d’un échange de prisonniers semblent avoir progressé de manière significative au cours des derniers jours, écrit le Haaretz. Cette estimation fait notamment suite aux propos tenus hier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours retransmis à Beyrouth : « Très bientôt, Samir Kuntar et ses frères seront bientôt parmi vous, au Liban ».

Selon le journal, Israël aurait en effet transmis dernièrement au médiateur allemand, Gerhard Konrad, sa « dernière offre » en échange du retour en Israël d’Ehud Golwasser et Eldad Réguev, les deux soldats israéliens enlevés par le Hezbollah le 12 juillet 2006.

Israël serait ainsi prêt à libérer quatre membres du Hezbollah faits prisonniers au cours de la deuxième guerre du Liban, ainsi que Samir Kuntar, condamné pour le meurtre de quatre Israéliens en 1979. Israël expulserait aussi vers le Liban Nissim Nasser, un citoyen israélien condamné pour espionnage au bénéfice du Hezbollah et qui termine actuellement de purger une peine de six ans de prison, et restituerait dix corps de membres du Hezbollah enterrés en Israël.

En contrepartie, le Hezbollah devra également rendre compte des efforts qui ont été faits afin de localiser le navigateur aérien Ron Arad, fait prisonnier au Liban en 1986 et dont on a perdu les traces en 1988.

La proposition israélienne n’inclut pas, en revanche, la libération de prisonniers palestiniens comme le réclamait Hassan Nasrallah. Pour le journal, la contrepartie relativement faible que propose Israël semble se baser sur l’hypothèse selon laquelle Ehud Goldwasser et Eldad Réguev ne sont plus en vie. En effet, lors d’échanges précédents, Israël avait accepté de libérer des centaines, voire des milliers de terroristes, en échange de prisonniers israéliens vivants. Cette hypothèse est également appuyée par le rapport médical établi par l’armée après l’enlèvement et selon lequel les deux soldats auraient été grièvement blessés.

En Israël, certains interprètent les propos de Hassan Nasarallah comme une réponse indirecte à l’offre israélienne. Des responsables israéliens impliqués dans les contacts avec le Hezbollah ont eux aussi confirmé que des progrès avaient eu lieu dans les négociations. Le frère de Samir Kuntar a quant à lui déclaré hier que sa famille avait été informée d’avancées dans les négociations : « Les familles des prisonniers ont été informées que des développements positifs sont attendus d’ici 30 jours », a déclaré Bassam Kuntar à l’agence de presse allemande DPA. Enfin, l’avocate de Nissim Nasser a affirmé que son client devrait être libéré et expulsé vers le Liban dimanche prochain.

Malgré ces signes, la conclusion définitive d’un marché avec le Hezbollah pourrait prendre encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois, ont souligné des responsables israéliens. Un responsable militaire cité par le Haaretz note lui que Hassan Nasrallah a déjà tenu des propos semblables par le passé et que, en tout état de cause, il s’agit de négociations très complexes qui ne sont pas certaines d’aboutir.
Israël-Palestiniens

Israël : les services de sécurité palestiniens sont plus performants

Le Haaretz cite un haut responsable militaire israélien qui affirme que les services palestiniens de sécurité en activité en Cisjordanie ont fait des progrès importants ces derniers temps et ont obtenu un grand nombre de succès, accompagnés toutefois de certains échecs, notamment pour ce qui est du suivi après interpellation de membres du Hamas ou du Jihad islamique.

Selon ce responsable, la coopération en matière de sécurité entre Israël et les forces palestiniennes s’est beaucoup améliorée, en particulier concernant l’accord sur « l’amnistie » de certains activistes recherchés par Israël. Selon cet accord, ces activistes doivent remettre leurs armes à l’Autorité palestinienne, rester confinés dans des casernes pour une période définie au terme de laquelle une amnistie est accordée par Israël. 438 membres du Fatah ont déjà bénéficié de cet accord.

Toujours selon ce responsable, l’Autorité palestinienne a dissout quelque trois cents associations de charité affiliées au Hamas, et a renforcé la surveillance des imams dans différentes mosquées. De plus, on note en Cisjordanie une nette amélioration en ce qui concerne la lutte contre la criminalité, avec une multiplication des confiscations d’armes et la récupération de véhicules volés en Israël.

Depuis le coup d’état du Hamas à Gaza, Tsahal a autorisé à 558 reprises les forces palestiniennes à agir dans les zones B et C de la Cisjordanie, zones où la sécurité est placée sous la responsabilité d’Israël. Et même si certains membres des services palestiniens de sécurité sont impliqués eux-mêmes dans des activités hostiles à Israël, il ne s’agit pas d’un phénomène répandu.

En revanche, pour ce qui est du suivi après interpellation des membres du Hamas ou du Jihad islamique, la performance des services palestiniens laisserait à désirer, note le quotidien. Les hommes arrêtés sont systématiquement remis en liberté peu après leur arrestation, sans être jugés ni emprisonnés.
Intérieur

Morris Talansky témoigne

L’homme d’affaires américain Morris Talansky doit témoigner aujourd’hui devant le tribunal de district de Jérusalem dans le cadre de l’affaire Olmert. Il sera interrogé par le parquet sur ses relations avec le Premier ministre à l’époque où celui-ci était maire de Jérusalem et ministre de l’Industrie et du Commerce, ainsi que sur les fonds qu’il a récoltés et remis à Ehud Olmert et à ses proches.

Au sein du parquet, écrit le Maariv, on espère que Morris Talansky ne surprendra pas et que son témoignage sera détaillé et semblable à ce qu’il a dit aux enquêteurs de la police. Selon le Yediot Aharonot, le parquet est conscient que Talansky, âgé de 75 ans et émotif, n’est pas le témoin idéal et c’est pourquoi, même si son témoignage est important, ce ne sera pas sur lui que se basera le dossier d’accusation contre Ehud Olmert.

Le Likoud et le parti travailliste collaboreront aux municipales

Le Yediot Aharonot se fait l’écho de la décision du Likoud et du parti travailliste qui ont décidé de collaborer en vue des élections municipales de novembre prochain, dans le but de faire bloc face à Kadima et à Justice Sociale, le nouveau parti créé par l’homme d’affaires Arcadi Gaydamak.

Dans le cadre de cette coopération entre les deux partis rivaux, le Likoud et les travaillistes devraient se partager les différentes communes de façon à ne pas présenter deux candidatures dans une même localité. Là où le Likoud aura plus de chances pour gagner, son candidat aura le soutien du parti travailliste, qui ne s’y présentera pas, et inversement.

Selon le journal, cette collaboration est motivée tant par des considérations politiques qu’économiques. En effet aussi bien le Likoud que le parti travailliste se trouvent dans une situation financière difficile, et ne peuvent se permettre de présenter des candidats dans toutes les communes, alors que Kadima et Justice sociale, qui sont de nouveaux partis peu ou pas du tout représentés au niveau local, sont capables de consacrer des fonds importants aux élections municipales

27.5.08

QU'EST-CE QUE L'ANTISEMITISME ARABE ?

Par Menahem Milson
professeur émérite de l'université de Jérusalem et conseiller au MEMRI.

MEMRI- Dossier spécial n° 26



La résurgence de l'antisémitisme ces dernières années, en France comme ailleurs en Europe, a permis de comprendre que l'antisémitisme, que l'on croyait en déclin depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, menace une fois de plus les Juifs. Cet antisémitisme récent comporte, toutefois, deux spécificités : (a) les positions anti-juives sont présentées comme une juste réaction à la conduite d'Israël dans le conflit qui l'oppose aux Palestiniens ; (b) ce sont les médias arabes qui génèrent la majeure partie de la propagande anti-juive. Voilà qui pose le problème de la particularité de l'antisémitisme arabe, qui se distingue des attitudes musulmanes à l'égard des Juifs et du judaïsme antérieures à l'ère moderne. Ces deux caractéristiques, qui interagissent l'une sur l'autre de diverses façons, sont toutefois nées dans des contextes historiques totalement différents et doivent donc être considérées séparément.



Il est en effet malheureux que le statut des Juifs - considérés comme une minorité tolérée dans le monde musulman avant l'avènement du sionisme, soit devenu, pour les Juifs comme pour les Arabes, un argument essentiel de ralliement de l'opinion publique à leurs positions respectives. Le profane se sent souvent perdu face aux arguments des uns et des autres. D'un côté, il entend dire que les Juifs (et les chrétiens) bénéficient du statut de minorité protégée sous l'islam et que les Juifs de l'Espagne musulmane ont connu un Age d'or de paix et de prospérité. De l'autre, il entend dire que les Juifs et les chrétiens ne sont pas égaux aux musulmans face à la loi et n'ont jamais été plus que des citoyens de seconde classe. Ces versions contradictoires ont été replacées dans leur contexte par la plume équilibrée de Bernard Lewis : "Même à son sommet, l'islam médiéval était assez différent de l'image qu'en donne Disraeli et d'autres écrivains romantiques. L'Age d'or de l'égalité des droits est un mythe, et la croyance en l'existence d'un tel Age d'or est le résultat, plutôt que la cause, de la sympathie des Juifs pour l'islam. Ce mythe a été créé par les Juifs d'Europe au 19ème siècle comme un reproche fait aux chrétiens – puis repris à notre époque par les musulmans comme un reproche aux Juifs".



Comme la plupart des mythes puissants, cette histoire contient un élément de vérité historique. Si la tolérance signifie l'absence de persécution, alors on peut en effet dire que la société islamique classique était tolérante à l'égard de ses sujets juifs et chrétiens – plus tolérante peut-être en Espagne qu'à l'Est, et dans ces deux régions, incomparablement plus tolérante que le christianisme médiéval. Mais si la tolérance signifie l'absence de discrimination, l'islam n'a jamais été, ni prétendu être tolérant, insistant au contraire sur la supériorité du véritable croyant dans ce monde et dans le monde à venir. (1)



L'analyse suivante se limite au sujet de l'antisémitisme arabe comme phénomène médiatique contemporain ; nous évitons délibérément d'aborder le sujet de l'attitude des musulmans à l'égard des Juifs et du judaïsme avant l'ère moderne. Cela ne signifie toutefois pas que je sous-estime les effets d'une tradition vieille de plusieurs centaines d'années : comme on peut s'y attendre, les stéréotypes du Juif hérités de l'islam médiéval alimentent la réaction arabe au sionisme et à Israël.

Pour illustrer ce point, voici le témoignage d'un témoin des plus fiables : le grand historien du 14ème siècle Ibn Khaldun. Dans l'un des chapitres les moins bien connus de sa célèbre Muqaddima ("Introduction à l'étude de l'histoire"), portant sur les principes de l'éducation, Ibn Khaldun met en garde ses lecteurs contre une discipline trop sévère et le recours au châtiment corporel des enfants, susceptibles, selon lui, de provoquer des dégâts moraux : "Une éducation sévère brise l'esprit des jeunes ; elle supprime la vertu et engendre des traits de caractères négatifs tels que la propension au mensonge et la fourberie (khubth)." "L'effet nuisible des restrictions sévères et de l'oppression," soutient Ibn Khaldun, "est visible non seulement sur les individus, mais aussi sur les groupes. Cela," affirme-t-il, apparaît clairement chez les Juifs, qui sont "connus partout pour leur bassesse et leur fourberie." (2)

Ce dernier commentaire nous en apprend beaucoup sur l'image des Juifs dans l'islam médiéval, d'autant plus qu'il est rapporté par Ibn Khaldun pour illustrer un sujet extérieur à la question juive: dans ce chapitre, Ibn Khaldun ne cherche pas à informer ses lecteurs sur les Juifs ; il se contente de rapporter ce qui est considéré comme un fait bien connu. C'est précisément parce qu'Ibn Khaldun ne doute aucunement du fait qu'en tout lieu, les Juifs soient considérés comme vils et fourbes, qu'il peut aisément se servir de leur image pour illustrer son propos.



Cela me rappelle une anecdote personnelle : en juin 1979, je me trouvais au Caire, à l'occasion d'une visite toute particulière, puisque j'avais été invité par le président Sadate [ndlr : le professeur et colonel Milson fut l'aide de camp de Sadate lors de sa visite en Israël]. J'étais descendu à l'hôtel Shepheard; or personne à l'hôtel ne savait que j'étais israélien, hormis bien sûr le directeur de l'hôtel et les standardistes, pour des raisons évidentes.

Au petit déjeuner, une hôtesse me demanda d'où je venais ; je lui répondis "d'Israël". Mais elle ne voulut pas me croire, affirmant : "Non, vous vous payez ma tête, vous êtes jordanien" Elle imagina aussi que je pouvais être libanais ou libyen, mais ne parvenait pas à croire que je puisse être israélien. Elle expliqua : "Je connais les Israéliens ; nous avons reçu un grand nombre d'Israéliens. Je sais reconnaître les Israéliens" . Cela m'intrigua. Je lui demandai : "Et à quoi les reconnaissez-vous ?" "Eh bien, dit-elle, ils ont un regard fourbe typique". Cette remarque me frappa: cette hôtesse, décrivant les Israéliens, employait précisément le terme "fourbe", adjectif qui avait été employé six siècles plus tôt par Ibn Khaldun pour qualifier les Juifs.

Je voudrais souligner que mon intention n'est pas ici de faire d'Ibn Khaldun un anti-Juif. Il ne l'était certainement pas : quand il évoque les Juifs dans sa Muqaddima (ou dans ses autres ouvrages), comme il le fait de temps à autres pour dresser des comparaisons historiques, il en parle de façon parfaitement objective, sans manifester le moindre antagonisme. S'agissant de l'exemple cité plus haut, on y discerne d'ailleurs une touche de compassion pour les Juifs "opprimés". Je n'ai pas non plus l'intention d'accuser d'antisémitisme l'amicale hôtesse égyptienne. Le seul but de ces exemples est de montrer que les stéréotypes ont la vie dure.



L'antisémitisme contemporain dans les médias arabes



On entend souvent dire que, dans les pays où les médias sont contrôlés par l'Etat, le public tend à développer une saine résistance vis-à-vis de la ligne du parti et à cultiver ses sympathies et ses antipathies indépendamment des médias. Doit-on en conclure que dans les pays arabes, le public, habitué à se méfier des médias officiels, ne tiendrait pas compte des propos antisémites servis par les médias, les reléguant au rang de "propagande officielle (et donc mensongère)" ? Il n'en est rien. L'attitude de l'hôtesse égyptienne de l'hôtel Shepheard au Caire révèle la résistance, par-delà les frontières, de préjugés vieux de centaines d'années, lesquels facilitent l'adoption des images négatives des Juifs et des Israéliens diffusées par les médias.

L'antisémitisme arabe en tant que phénomène idéologique et politique moderne, relayé par les médias, correspond à l'émergence du sionisme et à la naissance de l'Etat souverain d'Israël. La date de parution des publications antisémites en arabe le montre bien : le premier roman arabe aux thèmes clairement antisémites date de 1921 ; en 1925 a paru la première traduction en arabe du Protocole des Sages de Sion. A partir de 1947, on assiste à une augmentation indéniable du nombre de publications antisémites en arabe. Mais ce serait une erreur de limiter l'antisémitisme arabe à une conséquence du conflit israélo-arabe.



Pourquoi ce refus de reconnaître l'existence d'un antisémitisme proprement arabe ?



Au vu de la quantité de références antisémites contenues dans les publications arabes de toutes sortes du siècle dernier, on ne peut que constater, avec une certaine perplexité, que les universitaires juifs et israéliens les ont tout bonnement ignorées.

Il existe toutefois quelques exceptions (en Israël et ailleurs) : La position arabe dans le conflit israélo-arabe (paru en hébreu en 1968), de Yeoshafat Harkabi, demeure, jusqu'à ce jour, un ouvrage de référence sur le sujet. (3) Harkabi n'a pas hésité à qualifier le phénomène d'antisémitisme. A suivi, en 1971, un article de Bernard Lewis intitulé "Sémites et antisémites" suivi de travaux supplémentaires du même auteur. Rivka Yadlin, Norman Stillman, Bat Yeor et Ron Nettler ont aussi abordé le sujet. Mais ils sont restés des exceptions: l'écrasante majorité des spécialistes du Moyen-Orient, en Israël et ailleurs, ont évité le sujet.



J'ai tenté de donner une explication à ce surprenant phénomène: des facteurs psychologiques se mêlent ici aux facteurs politiques et idéologiques. Nous devons garder en mémoire le fait que toute l'entreprise sioniste avait pour but de résoudre le problème de l'antisémitisme. Ainsi, la découverte que la haine à laquelle nous croyions avoir échappé en quittant l'Europe était endémique au Moyen-Orient est un fait que beaucoup ont préféré ignorer ou nier.

Il existe peut-être une autre motivation, plus politique, derrière le refus d'admettre l'existence d'un antisémitisme arabe: la crainte que la révélation de ce sentiment antisémite chez les Arabes ne renforce l'intransigeance politique en Israël et fasse le jeu des groupes politiques opposés à tout compromis territorial. Il faut reconnaître que cette crainte n'est pas sans fondement.



Toutefois, ceux qui, comme moi, sont favorables à une politique israélienne allant dans le sens de deux Etats, doivent bien admettre que fermer les yeux sur l'antisémitisme arabe n'est pas seulement une faute intellectuelle; c'est aussi contre-productif sur le plan politique. Nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer l'antisémitisme arabe ; nous nous devons même de l'examiner de près. Il est désolant de constater que l'antisémitisme arabe est devenu, depuis la fin des années 1930, la plus dangereuse forme de haine des Juifs, où que ces derniers se trouvent. Cela est notamment dû à la coopération qui existe entre Arabes antisémites et leurs homologues occidentaux.



Qu'est-ce que l'antisémitisme arabe ?



La définition la plus évidente serait : un sentiment arabe anti-juif, s'exprimant en arabe à l'attention du public arabe. Force est de constater que les antisémites arabes s'adressent toutefois fréquemment aux publics étrangers pour gagner leur soutien.



Quelles sont les caractéristiques de l'antisémitisme arabe ?



Les conclusions suivantes ont été formées sur la base d'une veille médiatique de grande envergure réalisée par le MEMRI, portant sur la presse, des publications arabes, des émissions télévisées, des sermons du vendredi, des ouvrages et des sites Internet.



La propagande arabe anti-juive semble comprendre trois composantes majeures :

a – des opinions anti-juives dérivées de sources islamiques traditionnelles

b – des stéréotypes antisémites, des images et des accusations d'origine européenne et chrétienne

c – Une attitude négationniste, et l'équation de sionisme avec nazisme (également d'origine occidentale, mais son rôle de pivot requiert une attention particulière).



La composante islamique



Des singes et des porcs



Une insulte extrêmement courante adressée aux Juifs, non seulement dans les sermons du vendredi, mais aussi dans les articles politiques, consiste à les qualifier de singes et de porcs, ou de descendants de ces animaux. Cette référence injurieuse se base sur un nombre de versets coraniques selon lesquels certains Juifs auraient été transformés en singes et en porcs par Dieu, pour les punir d'avoir enfreint le shabbat. (4)

Cette injure ne devrait pas être écartée comme une vulgaire insulte, et la croyance selon laquelle les Juifs ont été métamorphosés en singes, en porcs et en d'autres créatures ne devrait pas plus être considérée comme une simple croyance primitive propre à la pensée magique. Le fait de faire allusion de façon récurrente aux Juifs comme à des bêtes méprisables les déshumanise et justifie leur élimination. Voici quelques exemples de l'utilisation de cette injure dans différents contextes.

- Le cheikh saoudien Abd El-Rahman Al-Sudayyis, imam et prédicateur à la mosquée Al-Haram, c'est-à-dire à la mosquée de la Kaaba à la Mecque, Premier lieu saint du monde musulman, a déclaré dans un sermon : "Lisez l'histoire et vous comprendrez que les Juifs d'hier sont les ancêtres malfaisants des Juifs d'aujourd'hui, une descendance malfaisante composée d'infidèles qui déforment les paroles (de Dieu), d'adorateurs du veau, d'assassins des prophètes, de négateurs des prophéties… Le rebut de l'espèce humaine, qu'Allah a maudit et 'dont il a fait des singes et des porcs...' Ainsi sont les Juifs, un continuum d'escroqueries, d'entêtement, de permissivité, de mal et de corruption…" (5)

- Cette image a pénétré la conscience collective, y compris celle des enfants. En mai 2002, Iqraa, la chaîne satellite saoudienne qui, selon son site Internet, s'efforce d' "éclairer les aspects de la culture islamique qui suscitent l'admiration… afin de mettre en avant la véritable image de l'islam - fait de tolérance, et de réfuter les accusations dirigées contre l'islam", a interviewé une "vraie petite musulmane" âgée de trois ans et demi au sujet des Juifs, dans l'émission Magazine féminin musulman. L'animatrice a demandé à la fillette si elle aimait les Juifs. Celle-ci a répondu : "Non." A la question "pourquoi ?", la fillette répond que les Juifs sont des "singes et des porcs". "Qui a dit cela?", demande la présentatrice. "Notre Dieu", répond la fillette. "Où l'a-t-il dit ?" reprend la présentatrice. "Dans le Coran." A la fin de l'entretien, la présentatrice conclut avec satisfaction : "Des parents ne pourraient pas souhaiter qu'Allah leur accorde plus croyante petite fille (…) Qu'Allah la bénisse, ainsi que son père et sa mère." (6)

- Salim Azzouz, chroniqueur pour le quotidien égyptien d'opposition Al-Azzouz, affilié au parti libéral religieux, a ainsi commenté le retrait israélien du Liban en mai 2000 : "Ils se sont enfuis avec seulement la peau sur le dos, comme des porcs. Et pourquoi dire 'comme', quand ce sont effectivement des porcs et des singes?"



La promesse des pierres et des arbres – Wa'd al-hajar wa-'l-shajar



Un autre thème traditionnel anti-juif très populaire est celui de "la promesse de la pierre et de l'arbre". Une tradition prophétique (hadith) souvent citée affirme que peu avant le Jour du Jugement, les musulmans se battront contre les Juifs et les tueront. Les Juifs se réfugieront derrière des pierres et des arbres, mais ces derniers s'exclameront : "Ô musulman, ô serviteur d'Allah, un Juif se cache derrière moi. Viens le tuer !" Tout récemment, un prédicateur de la plus grande mosquée de Bagdad a cité un hadith à la télévision en brandissant son épée. Son cri "Nous leur couperons la tête !" a mis en transe le public, composé de centaines de personnes.





Eléments occidentaux



L'antisémitisme arabe a adopté tous les mythes antisémites européens, y compris ceux que les antisémites occidentaux ont écartés comme étant trop primitifs. Les exemples le plus évidents sont : l'accusation de crime rituel, le Protocole des Sages de Sion, et l'accusation – assez étrange de la part de musulmans – selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus.



L'accusation de crime rituel

Cette accusation est encore très courante aujourd'hui dans le monde arabe et musulman, jusque dans les journaux gouvernementaux à grand tirage. Certains écrivains rabâchent et recyclent ces accusations bien connues, leur donnant un tour nouveau, comme à celle concernant la festivité juive de Pourim, qui prétend que les Juifs incorporent du sang humain à leurs gâteaux traditionnels. Ces accusations de crimes rituels contenues dans les médias arabes se rencontrent essentiellement dans le contexte de la critique des actions d'Israël contre les Palestiniens. L'une d'elle a incité la Cour suprême de Paris à assigner à comparaître Ibrahim Nafie, directeur du quotidien égyptien Al-Ahram. Nafie a été accusé d'incitation à l'antisémitisme et de violence raciste pour avoir autorisé la publication d'un article intitulé "La matza juive est faite de sang arabe", paru dans le numéro d'Al-Ahram du 28 octobre 2000. L'article a créé un lien entre l'accusation de crime rituel de Damas en 1840 et les opérations israéliennes dans les territoires occupés. (7) Il est intéressant de constater que les accusations contre Nafie, qui est président de l'union des journalistes arabes, ont suscité une tempête de protestations à travers le monde arabe. Elles ont été qualifiées dans les médias arabes de "terrorisme intellectuel", de "coup porté à la liberté d'expression", d' "attaque sioniste contre la presse égyptienne", d' "extorsion du lobby sioniste de France" et même d' "insulte à l'ensemble de la presse arabe", Ibrahim Nafie étant considéré comme son principal représentant.



Le Protocole des Sages de Sion

Depuis 1927, année de la traduction du Protocole des Sages de Sion en arabe, l'ouvrage a fréquemment servi de référence au discours anti-juif dans le monde arabe, pour appuyer l'hypothèse d'un "complot juif pour contrôler le monde". Dans le monde arabe, nombreux sont les façonneurs d'opinion qui citent ce faux pour montrer comment le prétendu projet juif visant à contrôler le monde, transcrit dans le Protocole, est mis à exécution. Les Juifs sont accusés de recourir à des méthodes sournoises pour atteindre leur but : contrôler l'économie et les médias, corrompre les mœurs et encourager le conflit national et international.

Fin 2002, l'usage du Protocole des Sages de Sion dans les médias arabes a suscité la controverse aux quatre coins du monde, avec la diffusion de la série télévisée égyptienne Cavalier sans monture pendant le Ramadan (novembre-décembre). (8) Au mois de Ramadan 2003, également à une heure de grande écoute, un autre feuilleton a été diffusé, dans le but de salir la réputation des Juifs en "révélant" leurs machinations. La série, produite par la Syrie et intitulée Al-Shatat (Diaspora), prétendait présenter la vie juive en Diaspora et l'émergence du sionisme ; elle était diffusée par la télévision du Hezbollah Al-Manar. Ce feuilleton comportait quelques scènes proprement horribles, telles que celle du meurtre rituel d'un Juif marié à une non-Juive. Le feuilleton montre en outre comment Amschel Rothschild, prétendu fondateur d'un gouvernement juif secret, aurait ordonné à ses fils, sur son lit de mort, d'entamer des guerres et de corrompre le monde pour servir les intérêts financiers et les objectifs politiques des Juifs.

Il est intéressant de noter que les producteurs d'Al-Shatat, conscients du tollé général provoqué par la diffusion de Cavalier sans monture, ont pris la peine de diffuser un démenti au début de chaque épisode, affirmant que la série ne se basait pas sur le fameux Protocole des Sages de Sion mais sur des faits et des recherches historiques, y compris des écrits de Juifs et d'Israéliens.



Quand le Protocole est mentionné dans les médias arabes, il n'est jamais remis en question. De nombreux écrivains arabes sont bien sûr conscients du fait que le Protocole est un faux. Néanmoins, cela ne les empêche généralement pas se servir du Protocole parce que, disent-ils, "peu importe qu'ils rapporte des faits ou relève de la fiction : leurs 'prédictions' se sont en grande partie réalisées."

Voici, à titre d'exemple, un extrait d'article du journaliste libanais Ghassan Tueni : "Si nous ne savions pas que le Protocole des Sages de Sion avait été fabriqué par les services de renseignement russes au 19ème siècle (…), nous dirions que les événements actuels correspondent très exactement au projet juif mondial, vu la grande similitude qui existe entre [les événements actuels] et ce qui est attribué, à tort, [aux Juifs]. [Je fais allusion] au complot visant à contrôler le monde et à en piller les richesses, aux actions [des Juifs] partout dans le monde et au statut financier, politique et militaire [des Juifs à travers le monde]. Cela s'ajoute à leurs efforts pour détruire tout ce que les autres considèrent comme sacré."(9)



Comme mentionné plus haut, il existe quelques notables exceptions, dont des personnalités renommées, qui ont ouvertement dénoncé Le Protocole comme étant un faux. On compte parmi elles le philosophe syrien Dr Sadeq Jalal al-Azm, le conseiller du président Moubarak Oussama El-Baz et le Dr Abdel Wahhab Al-Massiri, une référence en Egypte en matière d'histoire juive et l'auteur d'une encyclopédie du judaïsme en langue arabe.



Les Juifs ont tué Jésus

L'ancienne accusation chrétienne selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus s'est banalisée dans le discours arabe antisémite. Un exemple : le conseiller d'Arafat, Bassam Abou Sharif, fait allusion, dans le quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat, basé à Londres, à la statue de la Vierge Marie endommagée par les tirs israéliens au cours du siège de l'Eglise de la Nativité à Bethlehem, dans les termes suivants : "Le triste sourire de la Vierge Marie qui sert de bouclier à son fils le Messie n'a pas empêché les soldats de l'occupation israélienne de pointer leurs armes sur l'ange palestinien [Jésus] et d'assassiner le sourire [de la Vierge] (…) afin d'éliminer ce qu'ils n'ont pas réussi à tuer en 2000 ans. A Bethlehem, un nouveau crime a été commis. Ce fut, bien sûr, une tentative ratée pour éradiquer la paix, l'amour et la tolérance, à l'instar de leurs ancêtres qui ont essayé d’assassiner le message prophétique en enfonçant des clous et des pieux en fer dans le corps du Messie et la Croix de bois." (10)

Il est particulièrement ironique de constater que la propagande arabe anti-juive qualifie les Juifs de meurtriers du Christ, car selon le Coran, Jésus n'a pas été crucifié et n'est pas mort sur la croix. Cette croyance chrétienne est considérée par l'islam comme blasphématoire. (11)



Négationnisme et équation entre sionisme et nazisme

Les écrits anti-sionistes arabes actuels tendent généralement à faire l'équation entre sionisme et nazisme. Ils insistent sur une prétendue similitude entre les idéologies des deux mouvements, notamment sur une composante raciste commune : tout comme les nazis croyaient en la supériorité de la race aryenne, les sionistes croiraient en l'existence d'un "peuple élu", le peuple juif. En outre, ces deux idéologies sont prêtes à une expansion militaire au moyen des armes, affirment-ils.

Un autre argument est que les sionistes auraient collaboré avec les nazis à l'annihilation du peuple juif : puisque les sionistes considéraient la Palestine comme la seule destination appropriée à l'immigration du peuple juif, ils ne se sont pas donné la peine d'investir dans une aide strictement humanitaire pour sauver des Juifs. De telles déclarations ont servi de thème à la thèse de doctorat (1982) du haut responsable de l'Autorité palestinienne et secrétaire général du comité exécutif de l'OLP, M. Mahmoud Abbas, connu aussi sous le nom d'Abou Mazen, à l'Institut des études orientales de Moscou. La version arabe de la thèse a été publiée en 1984. (12)



L'équation entre sionisme et nazisme s'applique aussi à la situation actuelle au Moyen-Orient. Les actions d'Israël et des sionistes contre les Palestiniens sont comparées aux crimes nazis contre les Juifs ; on peut parfois lire qu'elles sont pires encore.

Les implications politiques de ces déclarations sont claires : s'il n'y a pas eu d'Holocauste, les Allemands ne devraient pas se sentir coupables à l'égard des Juifs. Mais s'il n'y a pas eu d'Holocauste, les Allemands, et le reste du monde occidental, sont coupables de ce qu'ils ont fait subir aux Palestiniens au nom des Juifs. Et si les Juifs font aux Palestiniens ce que les nazis ont fait aux Juifs, les Allemands n'ont pas à avoir honte. Tel est le lien qui relie l'antisémitisme du Moyen-Orient à l'antisémitisme occidental, créant un axe stratégique de l'antisémitisme.



La diabolisation du Juif



La conséquence "logique" de ce qui a été dit plus haut est la diabolisation des Juifs, individuellement et collectivement. Malgré les informations accumulées sur l'identité des auteurs des attentats du 11 septembre 2001, fonctionnaires, journalistes et dirigeants religieux dans l'ensemble du monde arabe et musulman ont continué d'affirmer que les auteurs des attentats n'étaient pas arabes ou musulmans. La croyance selon laquelle des éléments américains ou juifs/israéliens ont perpétré ces attaques est devenue un mythe communément accepté dans le monde arabe. Selon certaines versions de ce fantasme grotesque, ce serait même le président George W. Bush et le Secrétaire d'Etat Colin Powell qui auraient commandité les attentats. (13)



Que faire ?



La question que l'on se pose finalement est : que faut-il faire ? La première étape consiste à comprendre le danger représenté par l'antisémitisme arabe. Il a infiltré les esprits de part et d'autre du monde arabe et créé une atmosphère dans laquelle les Juifs, individuellement ou collectivement, ne sont pas considérés comme tout à fait humains. Cela représente en soi un obstacle à la paix : les accords de paix avec Israël signés par l'Egypte et la Jordanie n'ont toujours pas conduit à la normalisation des relations avec Israël.

C'est pourquoi lutter contre l'antisémitisme arabe n'est pas seulement lutter contre le mensonge et les préjugés ; c'est essentiellement lutter pour l'amélioration des relations entre Juifs et Arabes.

En pratique, il faudrait opérer une veille médiatique des manifestations de l'antisémitisme arabe et permettre aux médias occidentaux, ainsi qu'aux façonneurs d'opinion, d'en connaître le résultat. Les publications antisémites devraient être traduites dans les langues européennes, dans l'espoir que la révélation publique de ces propos suscite des protestations au niveau international, des pressions diplomatiques à l'égard des institutions et des gouvernements arabes coupables d'antisémitisme.



Certains ne manqueront pas d'opposer qu'une telle veille médiatique attirera l'attention sur l'opinion d'une minorité de fanatiques religieux qui seraient autrement passés inaperçus. Cette opinion ignore le fait qu'une grande partie de cette littérature de la haine est publiée dans les principaux journaux et magazines des pays concernés – subventionnés pour beaucoup par les gouvernements – et sur des chaînes télévisées très populaires. Feindre d'ignorer l'antisémitisme arabe ne fera qu'encourager les éléments extrémistes du monde arabe à se développer sans surveillance et à accroître leur influence politique néfaste.



De récentes expériences ont montré que les gouvernements et intellectuels arabes ne sont pas indifférents aux protestations et aux pressions extérieures. Les articles d'Oussama Al-Baz, de décembre dernier, où il dénonce l'antisémitisme, ont été accueillis comme un important pas en avant. Tout aussi importante est la nouvelle (rapportée par le quotidien saoudien Al-Watan du 14 mars 2003) selon laquelle l'Institut d'études islamiques de l'université a recommandé aux prédicateurs musulmans de ne pas comparer les Juifs à des singes et des porcs. Aucune de ces mesures n'aurait sans doute été prise sans les récentes protestations et critiques émises par le Congrès américain et les médias occidentaux. (14)

Pour toutes ces raisons, je pense qu'il convient de persévérer dans la tâche fastidieuse qui consiste à surveiller et exposer le terrible produit de l'antisémitisme arabe.



* "Qu'est-ce que l'antisémitisme arabe ?", paru dans Antisémitisme international, revue annuelle du centre international Vidal Sassoon [Jérusalem, 2003], pp. 23-29 – sur la base d'une conférence donnée a l'Université hébraïque de Jérusalem le 20 février 2003.



Notes



(1) Bernard Lewis, Islam in History: Ideas, Men and Events in the Middle East (Londres : Alcove press, 1973), pp. 134-135.



(2) Ibn Khaldun, Al-Muqaddima (Beyrouth : Dar ihya' al-turath, date non indiquée), p. 540 ; traduction anglaise de Franz Rosenthal (New York : Pantheon Books, 1958), vol. 3, pp. 305-6. C'est le professeur Pessah Shinar qui m'a suggéré, voilà quelques années, de consulter ce chapitre de la Muqaddima d'Ibn Khaldun.



(3) Y. Harkabi, Emdat Ha'aravim besikhsukh Yisarel 'arav ("La position des Arabes dans le conflit israélo-arabe", Tel-Aviv : Devir, 1968) ; une version anglaise a été publiée sous le titre Arab attitudes to Israel (Jérusalem : Keter, 1972).



(4) Le Coran, 2:65, 5:60, 7:166. Deux de ces textes (2:65 et 7:166) précisent que la violation du shabbat était la cause de cette métamorphose. Dans l'un des cas (5:60), cette transformation est mentionnée comme un châtiment administré à ahl al-kitab ("le peuple du livre", expression qui fait à la fois allusion aux Juifs et aux chrétiens) qui a refusé d'accepter la vraie foi.



(5) Voir le dossier spécial n° 11 de MEMRI (1er novembre 2002), d'Aluma Solnick.

http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sr&ID=SR01102



(6) Iqraa, le 7 mai 2002.



(7) Une affaire connue où la mort d'un moine capucin italien, Thomas, et de son serviteur musulman, a été attribuée aux Juifs, accusés de crime rituel.



(8) Le 6 novembre 2002 (première nuit du Ramadan), certaines chaînes de télévision arabes (dont la télévision d'Etat égyptienne) ont diffusé la première partie d'un feuilleton en 41 parties intitulé Cavalier sans monture, basé sur le Protocole des Sages de Sion. Il convient de noter que les nuits du Ramadan sont des heures de très grande écoute dans les pays arabes et musulmans. La diffusion du feuilleton a suscité des protestations en Occident, dont un appel du Département d'Etat américain au gouvernement égyptien à faire cesser la diffusion de la série – une demande qui a été d'emblée rejetée par le ministre égyptien de l'Information, Safwat Al-Sharif. La diffusion du feuilleton a suscité un débat animé dans la presse arabe et égyptienne. La plupart des écrivains ont soutenu la diffusion de la série, mais certains ont toutefois dénoncé l'obsession des écrits antisémites en Egypte. Le feuilleton a été visionné et approuvé pour diffusion par un comité nommé par la Censure égyptienne. L'Association de la radio et de la télévision égyptiennes a qualifié le feuilleton de "jalon dans l'histoire de l'art dramatique arabe." Le ministre égyptien de l'Information a affirmé que "les positions théâtrales exprimées dans le feuilleton ne contiennent aucun élément antisémite." Voir les Enquêtes et analyses n°109, 113 et 114 de MEMRI. Une cassette vidéo d'extraits sous-titrés en anglais est disponible au MEMRI.



(9) Al-Ayyam (Autorité palestinienne), le 28 mars 2000. L'article est tiré du quotidien libanais Al-Manar.



(10) Al-Sharq Al-Awsat, le 20 mars 2002



(11) Le Coran 4:156-157



(12) Voir le Dossier spécial n° 15 de MEMRI en anglais sur http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sr&ID=SR01503 , "Abou Mazen, profile politique", chapitre V (Sionisme et négationnisme) par Yael Yehoshua ; introduction en français sur http://memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=sr&ID=SR01503



(13) Nouveau mythe antisémite dans les médias du Moyen-Orient : les attentats du 11 septembre ont été perpétrés par les Juifs (MEMRI, 2002), en anglais sur http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sr&ID=SR00802



(14) Yigal Carmon, "Evolution dans le discours antisémite du monde arabe" (Enquête et analyse n° 135 de MEMRI) sur http://memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA13503

26.5.08

AU TROCADERO 40 000 personnes pour une nuit inoubliable....Pour l'amour d'Israël et de la PAIX

ISRAEL FRANCE .



Les 60 ans de l’Etat d’Israël avec Arthur, Francky Perez, Daniel Haik, Nicolas Sarkozy, Maurice Levy,Bertrand Delanoë, Daniel Shek, Richard Prasquier, Claude Goesguen, Rama Yade, Tzipi Livni, Laurence Parisot, Noa, Valérie Benaim, Peter Cincotti, Rika Zarai, Les Yeux Noirs, Jennifer, Nikos Aliagas et la Star Ac 7, Enrico Macias Michel Drucker, Marc-Olivier Fogiel, Laam, Sherifah Luna, Michel Boujenah, Lara Fabian, Dany Brillant, Virginie Ledoyen, Martin Sloveig, Louisy Joseph … et bien d’autres encore.



Par Jonathan Hababou (Paris)

Dimanche soir, sur le parvis du Trocadéro, un spectacle exceptionnel a été organisé par Arthur pour fêter les 60 ans de l’Etat d’Israël. Selon les organisateurs, près de 40 000 personnes y étaient présentes pour fêter cet événement. Aucun incident n’est à signaler.

Malgré une pluie battante pendant une très grande partie de la soirée, la Place du Trocadéro était en délire. Une ambiance exceptionnelle! Cette cérémonie s’est déroulée en trois parties.

1- Première partie animée par Francky Perez de 19h à 20h30. De nombreux chanteurs Israéliens se sont succédés, folklores et bonne humeur de la partie. Un film émouvant de Daniel Haik qui retrace les 60 ans d’Israël année après année a également été retransmis. 20 jeunes Israéliens de Sdérot ont fait spécialement le déplacement et sont montés sur scène.

Francky Perez nous annonce également que le Président de la République Nicolas Sarkozy nous honore de sa présence. On peut alors l’observer au loin saluer la foule. Il est parti à 20h05, et est resté une demi-heure.

2- Deuxième partie – Cérémonie officielle coordonnée par le PDG de Publicis M. Maurice Levy de 20h30 à 21h. Cette cérémonie était très émouvante. De nombreuses personnalités ont enchainé des discours en l’hommage d’Israël : le maire de Paris Bertrand Delanoë, lors d’un discours d’environ 7 minutes a rappelé son amitié pour l’Etat d’Israël, ainsi que son cadeau d’une fontaine de 7 mètres de haut pour l’Etat juif. Il a également annoncé qu’il souhaite baptiser une Place Ben Gourion à Paris lors de son second mandat de Maire.

Ensuite, l’Ambassadeur d’Israël en France M. Daniel Shek, et M. Richard Prasquier, Président du CRIF sont intervenus. Puis, ce fut au tour du Maire du 16ème arrondissement Claude Goesguen d’intervenir. Rama Yade a ensuite représenté le Gouvernement dans son allocution et a confirmé l’amitié de la France pour l’Etat d’Israël.

Enfin, Mme Tzipi Livni, Ministre des Affaires Etrangères Israéliennes a fait un discours très charismatique en Français. Il est important de noter la présence exceptionnelle de Mme Laurence Parisot, Présidente du MEDEF.

Enfin, la cérémonie s’est clôturée avec Noa qui a chanté la Marseillaise et la Hatikva.

3- Troisième Partie : Concert exceptionnel présenté par Valérie Benaim et Arthur de 21h à 23h30. De nombreux artistes ont ensuite assuré le show devant une foule en délire pour 2h30 de folie : Peter Cincotti, Rika Zarai, Noa (qui a aussi chanté avec une chanteuse Palestienne), Les Yeux Noirs, Jennifer, Nikos Aliagas et la Star Ac 7, Enrico Macias (il a su mettre le feu et surtout le seul à faire stopper la pluie…), Michel Drucker, Marc-Olivier Fogiel, Laam, Sherifah Luna, Michel Boujenah, Lara Fabian, Dany Brillant, Virginie Ledoyen, Martin Sloveig, Louisy Joseph, et bien d’autres encore.

Liban : Michel Sleiman prononce un discours d’investiture historique.

Mais aura-t-il le temps ou la capacité de l’appliquer ?

par Khaled Asmar - Beyrouth
MédiArabe.Info

A peine élu, le président libanais Michel Sleiman a prêté serment et prononcé son discours d’investiture de près de 20 minutes, très applaudi. Un discours digne d’un document historique, susceptible, s’il était appliqué, de remettre le Liban dans le concert des Nations.

Mais avant Sleiman, d’autres présidents avaient eu cette même volonté, au moins dans la parole et les intentions. Bachir Gemayel (1982) et Renée Mouawad (1989) n’ont jamais pu mettre en application leurs promesses, car celles-ci constituaient une menace pour les puissances régionales qui n’entendaient pas, et qui n’entendent toujours pas reconnaître le Liban en tant qu’Etat souverain, libre et indépendant. Gemayel et Mouawad ont été tués avant même la prise de leur fonction.

Ce 25 mai, date « anniversaire de la libération », Michel Sleiman a ainsi prononcé un discours vibrant, sous les applaudissements des députés et de tous les invités. Il a ratissé très large, et tenté de satisfaire toutes les parties politiques, à l’exception notoire de la Syrie et du Hezbollah. Cela s’est traduit, au moins, par les « traits tirés » de Walid Al-Moallem, ministre syrien des Affaires étrangères présent au Parlement, et à travers la déclaration du ministre Mohammed Fneich (Hezbolah) qui estimait, après le discours, que « l’importance réside dans son application », une ironie qui dit long sur les intentions de chacun !

Sleiman a fait part de sa volonté de « réhabiliter les prérogatives de la Présidence », de « redonner aux Libanais de la diaspora leur citoyenneté libanaise », une vieille revendication de l’Eglise maronite qui entend ainsi rétablir l’équilibre démographique au Liban, rompu depuis la naturalisation de près de 600.000 Syriens et Palestiniens par le président Elias Hraoui, à la demande de Damas. Sleiman a effectivement affirmé que « les libanais de la diaspora méritent plus la nationalité libanaise que ceux qui ont été indûment naturalisés. D’autant plus que le Liban a besoin des compétences des libanais de l’étranger pour se remettre à niveau du monde moderne »…

Sleiman a ensuite fait l’éloge de la Résistance, tout en insistant que « les armes ne doivent viser que l’ennemi, sans jamais se retourner contre l’intérieur ». A terme, a ajouté le président, le Liban en tant que membre de l’ONU, « doit appliquer toutes les résolutions internationales », dont implicitement la 1701 portant sur le désarmement de toutes les milices. A ce sujet, le nouveau président a renouvelé « l’attachement du Liban à la libération des Fermes de Chebaa et au retour des prisonniers détenus en Israël ». Il a également évoqué la question des disparus (en Syrie) et des Libanais réfugiés en Israël, qui doivent regagner leur pays. Sleiman n’a pas manqué d’évoquer l’indispensable séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire, pour que justice soit rendue pour tous, et a promis que « les corrompus seront sanctionnés, les incompétents redressés et les compétents récompensés ».

Mais le plus délicat reste à juste titre le soutien de Sleiman au Tribunal international qui doit juger les assassins de Rafic Hariri dont il a salué la mémoire, et sa volonté de restaurer la confiance avec la Syrie sur de nouvelles bases : « des relations diplomatiques qui respecteraient les intérêts des deux parties et une délimitation des frontières ». Or, ces deux dernières questions risquent d’être bloquées au sein du conseil des ministres, l’opposition ayant obtenu le tiers de blocage. Et la Syrie, qui parraine l’opposition, ne manquera pas de l’utiliser pour vider ces promesses de leurs contenus. Rappelons que depuis 1969, la Syrie exerce des pressions similaires sur le Liban pour l’agenouiller et le vassaliser [voir le document de la TSR de 1969 à ce sujet].

Le Liban vit ce soir une véritable euphorie, mais nombreux sont ceux qui craignent des lendemains qui déchantent. Ils redoutent qu’après cette ivresse, le réveil ne soit douloureux. A ce titre, ils rappellent, non sans inquiétude, que Bachir Gemayel et René Mouawad, qui s’étaient fixés comme objectif la restauration de la souveraineté du Liban, ont été tués par la Syrie et/ou Israël, les deux pays qui se partagent cynisme et hégémonie sur le Liban. Prions pour que Michel Sleiman ait le temps et les capacités de réaliser son rêve, un rêve partagé par l’écrasante majorité des Libanais.

Nous mettons en ligne le serment du Président Michel Sleiman et son discours d’investiture, afin que dans six ans, à la fin de son mandat, nous puissions faire un inventaire et comparer ce qui aura été fait par rapport à ce qui a été dit. Cliquez ici pour voir le discours d’investiture de Michel Sleiman

Khaled Asmar

UN DEBAT AU FORUM DES HALLES

Georges Bensoussan


Samedi 15 mars 2008, au Forum des Halles à Paris, une rencontre était organisée à l’occasion du Salon du Livre dont l’invité était Israël. Sur un sujet pour le moins polémique, “Israël à feu et à sang”, Dominique Vidal, Charles Enderlin, Idith Zertal et Georges Bensoussan ont débattu à partir des thèses de leurs ouvrages respectifs. Résumé des propos de l’historien Georges Bensoussan.

Pour comprendre le conflit israélo-arabe, il est primordial de se référer à l’histoire et de ne pas tomber dans un moralisme manichéen idéologique.

Dans la première partie de mon livre, j’essaie de démonter une idée reçue qui court les rues, même en Israël : l’Etat juif serait né de la Shoah, il en serait une conséquence rédemptrice, dans le sens où l’Europe aurait offert aux Juifs un Etat sur le dos des Arabes qui en étaient innocents. Cette idée fausse tente de casser la légitimité de l’Etat d’Israël.

Le sionisme est le mouvement de désaliénation du sujet juif. La Shoah a affecté le sionisme, elle l’a affaibli à long terme car les bataillons de réserve de l’Etat Juif, le gros du judaïsme en 1939 était européen. Dix des seize millions de Juifs étaient européens. L’Etat d’Israël paye cette faiblesse jusqu’à aujourd’hui.

La Shoah a failli faire en sorte que l’Etat israélien ne voie jamais le jour. J’ajoute que s’il n’y avait eu « que » la Shoah et que le sentiment de culpabilité, en 1945-48, la résolution de l’ONU de novembre 1947 aurait embrayé sur du vide car il n’y aurait pas eu un pré-Etat appelé le Yishouv, le foyer national juif qui a précédé l’Etat. Il était prêt à fonctionner, car il disposait de toutes les institutions sociales, culturelles, politiques, militaires, médiatiques et universitaires. Les Anglais le savaient et le disaient déjà en 1937.

Début 1948, avant 14 mai, jour de l’indépendance, environ 600 000 Juifs vivaient dans la Palestine mandataire et en 1939 ils étaient déjà environ 500 000. L’Etat d’Israël ne date pas de 1947-48, encore moins de 1967. Il faut remonter au moins à l’année 1880 et déjà il y avait un choc judéo arabe.

Mais pour rappeler l’actualité d’aujourd’hui, le boycott du salon du livre, il faut souligner que c’est l’hébreu qui crée le sionisme et non pas le sionisme qui crée l’hébreu. C’est l’hébreu qui est invité, la langue nationale littéraire plus que l’Etat d’Israël.

La Shoah occupe, c’est vrai, une place centrale, une référence cardinale mémorielle, obsessionnelle, une mémoire mortifère, mais on ne peut pas comprendre la mémoire israélienne et la formation de cette nation depuis 1948 si on ne la connecte pas au conflit. Car Israël n’a jamais été en paix. Même si des accords de paix ont été signés avec des voisins, il s’agit d’une paix froide. Cet état de guerre permanent, physique et verbal, a gangrené la société israélienne comme il a fait le malheur des Arabes voisins.

Si on occulte cet état de guerre, on ne fait pas un travail d’histoire, on fait un travail d’idéologue.


Je reviens sur le terme d’accélérateur à propos de la Shoah. Oui elle a été un accélérateur de la création de l’Etat, mais la légitimité est ailleurs. En mai 1942, à l’Hôtel Biltmore à New York, on entend pour la première fois le mot Etat. Ce mot est resté tabou depuis Herzl en 1896. Cette réunion sioniste est antérieure à la connaissance du génocide, on ne peut pas donc établir un lien de cause à effet.

Le sionisme n’est pas un mouvement humanitaire, ce n’est pas la Croix Rouge.

J’ai l’impression que l’on est en train de découvrir l’eau tiède. Le sionisme est un nationalisme et qu’on s’en étonne ne cesse de m’étonner. La Shoah est instrumentalisée. Le mouvement ashkénaze a phagocyté la mémoire des Orientaux. Oui, j’ai l’impression que ce mot de nationalisme sonne comme un gros mot.

Oui, c’est un nationalisme avec tout ce qu’il faut de cynisme pour pouvoir édifier un Etat. Si on veut édifier un Etat avec des mains blanches, on change de métier.

Le rapport de force change en 1945-48. Pour les 700 000 Arabes de Palestine, il y a eu toute sorte de situations possibles, y compris des expulsions. Mais ce qui est encore une fois étonnant, c’est qu’on s’étonne que la population s’enfuie. Les Juifs ne se sont pas enfuis car ils ne savaient pas où aller. J’ajoute une nuance superfétatoire qui va vous sembler superficielle.

Doit-on parler de réfugiés ou de déplacés ?

Quand un bombardé à Arras en France se déplace jusqu’à Béthune, il est déplacé, quand un habitant de Jaffa va à Gaza, il reste en Palestine dans sa patrie. Le radicalisme arabe a pactisé avec le grand Mufti qui a rendu visite à Hitler mais les jeunesses palestiniennes étaient fascisantes aussi. Si en 1948, les Juifs sont en position de force, c’est tant mieux pour eux : l’historien fait de l’histoire, pas du moralisme ou de la politique, il essaie de comprendre.

Il ne s’agit pas de trancher en noir et blanc pour résoudre le problème. On ne juge pas les bons et les méchants. Oui, il y a eu des crimes, mais il ne s’agit pas de distribuer des bons et des mauvais points. C’est une logique nationale contre une autre. Autre question qu’il faudrait se poser : pourquoi ne les ont-ils pas laissé revenir, ces Palestiniens ?

Tout simplement parce que s’ils les laissent revenir, il n’y a plus d’Etat juif par simple évolution démographique à court terme. C’est dans ce sens que je dis : vous voulez un Etat juif ou un Etat démocratique avec les mains blanches ? En 1947, on est en présence de deux injustices. Si les Arabes sont privés de Palestine, le monde arabe continue d’exister. Si les Juifs sont privés d’Israël, il n’y a plus d’aspiration nationale pour le monde juif et en particulier après la Shoah.

On ne peut pas réduire le monde au bien et au mal, je ne suis pas manichéen, je ne vois pas le monde en noir et blanc, « on est la moindre injustice » disait Ben Gourion, ce n’est pas le choix entre le bien et le mal, c’est le choix d’un moindre mal.

Les nouveaux historiens


Il y a chez les nouveaux historiens un retard de la conception historienne israélienne de la Shoah. Cette prison mémorielle n’aide pas. Mais comment voulez-vous qu’ils s’en sortent quand tous les jours, ils entendent qu’on veut les détruire ?

Ils entendent les discours récurrents d’Ahmadinedjad depuis l’Iran mais aussi dans le monde arabe environnant, dans les discours des medias arabes et dans la haine véhiculée par les manuels scolaires arabes. Tout le monde sait que ce bain de haine existe malgré les accords de paix.

Quand un tueur jordanien - ensuite déclaré fou - a tué des jeunes filles dans le Golan, pléthore d’avocats se sont proposés pour le défendre gratuitement et la Jordanie a fait la paix avec Israël. Il faut tenir compte des deux côtés. Un discours historien est un discours qui n’oublie aucune partie de la réalité, sinon ce n’est plus un discours historien.

Il faut distinguer entre la menace réelle et la perception de la menace. La façon dont les Israéliens perçoivent les choses est aussi importante que les choses en elles-mêmes. Il y a deux réalités en histoire : la réalité objective et ce qu’on perçoit dans les têtes. Ce que les Israéliens perçoivent (on peut parler de bourrage de crâne si cela vous fait plaisir), c’est une menace de mort. Il est donc indispensable de prendre en compte ce que les gens ont dans la tête même si ce n’est pas la réalité.

En danger de mort

Je pense que la réalité israélienne est forte. Mais attention aux tautologies. Pour l’instant, l’armée est forte et cet Etat est encore défendu et défendable. Mais ce n’est pas parce qu’il est fort que sa pérennité est assurée. Israël est menacé de mort par un environnement qui n’accepte pas le fait juif sur une terre considérée comme arabo-musulmane. Je rappelle qu’il y a déjà l’idée de transfert chez Herzl dans les années 1930. On enfonce des portes ouvertes.

Je l’ai dit en 2002 dans mon livre. Bien sûr, tout transfert est tragique mais j’ajoute aussi que si cette « épuration ethnique » tragique a eu lieu, on constate pourtant que la population palestinienne est passée de 12% en 49 à 20% aujourd’hui. En matière d’épuration ethnique c’est plutôt un ratage. Je plaide pour l’histoire globale, complète et équilibrée, une histoire qui ne soit pas idéologisée.

Je voudrais savoir quand ceux qui s’indignent de l’ «épuration ethnique» en Palestine (c’est vrai que c’est une tragédie que de déraciner un peuple) feront de l’histoire en s’indignant aussi du déracinement, dans des conditions épouvantables, des juifs d’Irak, du Yémen ou de Libye. Qui en parlera ?

J’attends le jour où le Monde Diplomatique ou d’autres journaux publieront un volet sur l’ «épuration ethnique» en Palestine mais aussi sur les Etats arabes «Judenrein».

Ce qui s’est passé pour les Juifs d’Irak est épouvantable et il n’y a pas un mot sur les Juifs arabes de la part de ceux qui s’apitoient systématiquement sur le sort des Palestiniens. J’aimerais que l’Histoire soit équilibrée.

Le sionisme est un fait national avant d’être un fait religieux, c’est une laïcisation de la judaïté ; le sionisme est parti de là. On ne demande pas aux Etats de l’aimer mais de signer un accord de paix. Pour cela, il faut que cesse l’éducation à la haine des voisins Palestiniens. La paix oui, sans l’amour, mais à condition que cesse l’enseignement de la haine viscérale dans le monde arabe.

C’est vrai que 1967 est un poison et la colonisation une gangrène. C’est vrai qu’il y a aussi la corruption morale des élites. Mais, il faut être naïf pour croire qu’on en finira ainsi avec l’islamisme. Il a de beaux jours devant lui et il nous menace tous, pas seulement l’existence d’Israël.

Tout le problème ne date pas de 1967. Pourquoi parle-t-on de 60 ans d’occupation pour le boycott du salon du livre ? Il y a donc un problème lié à la légitimité même d’Israël qui n’a pas été accepté, ni après 1967 ni avant.

© Retranscription Primo

Nous rappelons qu’il s’agit du résumé d’une intervention orale et non d’un texte écrit par Georges Bensoussan