23.9.06

MOMO PALESTINE : LES SEMENCES DE LA HAINE


Samedi 23 Septembre 2006
MOMO PALESTINE : LES SEMENCES DE LA HAINE

Dans la médiathèque de Vence, les enfants ont parfois de belles lectures. Mais ils peuvent aussi trouver quelques opuscules au contenu tout à fait édifiant. Il en est ainsi de « Momo Palestine ».


La couverture du livre aux Editions "Grandir" *

Les Israéliens y sont dépeints comme des colons, impitoyables, cyniques, lourdement armés et assassins d'enfants. Qui plus est, ils n'ont aucune légitimité sur la terre d'Israël. La carte présente à l'intérieur du livre n'en fait même pas mention.


Une cartographie pour le moins sujette à caution. Aucune mention d'Israël !

Les chars sont omniprésents, les soldats, brutaux. Il n'est question que de démolition et de massacres. Précisons que le livre est bi-lingue, français-arabe. Robert Gaillot, l'auteur, pensait-il, et son éditeur avec lui, au marché prometteur que représentent les écoles ou s'enseigne la haine dans les pays arabes ?


Tout est-il rasé dans les territoires, comme le prétend ce livre ?

Le héros de l'aventure, un petit garçon, finit d'ailleurs par mourir sur une barricade après avoir jeté des pierres sur un char.


Le petit garçon meurt. Les Juifs, ces tueurs d'enfants!

On se souvient d'un roman pour adolescents qui a eu sa petite heure de gloire mais dont l'auteur, que l'on présentait à l'époque comme l'un des espoirs de la littérature mondiale, est, fort heureusement, retombé dans l'anonymat le plus complet (lire).

La même trame est utilisée ici, le texte en moins, car, aux petits de 4-8 ans, on ne peut faire avaler autant de vocabulaire qu'aux adolescents.

Un enfant qui lit le livre « Momo Palestine » ne peut, raisonnablement, qu’être habité par la haine de ces habitants usurpateurs, voleurs de terre, qui n’ont rien à faire là, et qui tuent des enfants. Le hasard fait que ces usurpateurs sont Juifs. Quelle coïncidence !!!

Et cet enfant aspirera, comme le président iranien, à voir disparaître Israël de la surface de la terre.

Que voulons-nous pour nos sociétés : la compréhension et le respect mutuels, ou bien les préjugés, les clichés et le mensonge ? La paix ne peut se faire qu’avec la justice. Or, la justice demande la vérité.

« Momo Palestine » est un tissu de mensonges, et qui plus est un tissu de mensonges destinés aux enfants. Un tissu de mensonges aux conséquences graves. Est-ce à dire qu'aucun enfant ne meurt dans ce conflit qui n'a que trop duré ? Personne ne peut, sans mentir, affirmer cela.

Il est permis de nuancer ce propos en disant que le nombre de morts à Gaza est supérieur depuis le désengagement d'Israël (une année) qu'en 30 ans de ce qu'il est habituel de nommer "occupation".

Un peu d'histoire à l'attention des Editions GRANDIR

Le droit international, la charte de l’ONU notamment, consacre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Les peuples qui ont accédé à l’indépendance l’ont tous été, au siècle précédent et au 21e siècle, d’après un territoire où ils sont majoritaires. Les Juifs ont toujours été minoritaires partout où ils habitaient, sur l’ensemble de la planète, sauf aux temps du royaume d’Israël et aujourd’hui, depuis la recréation de l’Etat d’Israël. En Palestine donc.

Si Israël est en Palestine, ce n’est pas au nom d’un primat historique sur les Arabes ; ce n’est pas parce que l’histoire juive y prend racine 1000 ans avant l’ère chrétienne et que, malgré toutes les tentatives de l’en éloigner, elle s’est déroulée selon un fil continu, même si parfois ténu, jusqu’à aujourd’hui.

Si le peuple juif n’avait d’autre choix que de refonder l’Etat d’Israël en Palestine, c’est que c’est le seul endroit sur terre qui fasse sens pour lui. Comme le Tibet est le seul endroit qui fasse sens pour les Tibétains, qu’il n’est pas question d’exporter à Chypre ou en Ouganda.

Parler de « colonie », d’Etat colonial pour Israël tout en illustrant ces propos par une carte qui raye Israël est une honte : pour avoir une colonie, encore faudrait-il avoir une métropole. Les Juifs doivent-ils revenir dans les shtetls qui n’existent plus en Pologne ? A Auschwitz ? A Bagdad où on les a pendus et brûlés ? A Tripoli où on les a persécutés ? Au Caire où on les a dépouillés de tous leurs biens ?

Jérusalem, vieille de 3000 ans, est un terme hébraïque. Comme Hebron, comme Schem (renommé Naplouse), comme Safed, comme Bethlehem, comme Beer Sheva etc.

S’il n’y avait plus de Juifs à Hebron en 1967, c’est parce les émeutes arabes anti-juives de 1920-1921 puis celles de 1929 les ont tués ou expulsés. Si Jérusalem, où ont toujours vécu des Juifs, y compris dans ce que l’on a coutume d’appeler Jérusalem-Est, a vu sa population juive décliner, c’est pour les mêmes raisons.

S’il y a moins de tombes juives sur le Mont des Oliviers, c’est parce que durant la guerre de 1948, la Légion arabe a pris les grosses pierres des tombes juives de ce cimetière pour en faire des latrines.

S’il n’y a plus du Temple juif que le Mur (appelé Mur occidental, et non Mur des lamentations), c’est parce que les Romains l’ont détruit et que les Arabes ont construit exactement à cet emplacement l’Esplanade des Mosquées. S’il y a moins de synagogues qu’auparavant, c’est parce qu’elles ont été brûlées ou transformées en mosquées.

L’histoire juive sur cette terre est une longue succession de constructions, d’effacements, de reconstructions, de remplacements. D’expulsions, d’exils, de retours, de dispersions. etc.

L’histoire des Juifs et de la Palestine, pour singulière et compliquée qu’elle soit, n’en demeure pas moins l’histoire d’un peuple et de sa terre. De l’Éthiopie au Canada, des pogroms aux conversions forcées, les Juifs sont demeurés un peuple uni. C’est pourquoi il leur a été naturel de se réunir de nouveau autour des quelques dizaines de milliers de Juifs demeurés en Judée et en Samarie, en Palestine donc.

Etrangeté du peuple juif qui a su rester un peuple malgré une dispersion multimillénaire…

Ils ne veulent pas savoir

Par ignorance, des gens parfois bien intentionnés cautionnent de tels livres, pensant qu’il raconte quelque chose d'historique et d’éducatif. Ils ne savent pas, ou ne veulent pas savoir, ce que renferme le terme « Palestine ».

Le cas de la Palestine ne ressemble tellement à aucun autre qu’il est aisé de profiter de cette particularité et de la méconnaissance qui l’entoure parler de « vol de territoire », d’Etat colonial venu déposséder les Palestiniens de leur terre.

La Palestine n’a jamais existé. Ce terme désigne une région qui a toujours été habitée par les Juifs. Toujours ils en ont été chassés, toujours ils sont revenus. Même lorsque cette région fut sous domination arabe, Jérusalem n’en fut jamais la capitale, et les Juifs continuaient d’y vivre. Jérusalem, depuis 3000 ans, n’a jamais été la capitale que d’un seul peuple, le peuple d’Israël.

Les Juifs, avant Israël, était aussi palestiniens. Le terme « Palestine », précisément, fut crée par une Empereur romain, Hadrien, en 135 de notre ère. L’Empereur Hadrien gouverne le Moyen-Orient, et comme d’autres avant (et après) lui, il veut y effacer toute trace de souveraineté juive. Renommer les lieux est une façon initiale et facile d’effacer, de gommer.

Les Juifs vivaient alors dans deux royaumes : celui d’Israël au Nord, avec Samarie comme capitale, et celui de Juda au Sud avec Jérusalem pour capitale. Hadrien, après la dernière révolte juive de 132 à 135 (la révolte de Bar Kochba) expulse les Juifs et renomme Juda-Israël en « Syria-Palestina » (le mot « Palestina » vient des Philistins, tribu côtière d’où est issu Goliath).

Jérusalem, nom trop hébreu également, est renommé Aelia Capitolina. Ce dernier nom ne prend pas vraiment, au contraire de « Palestine » qui demeure donc depuis l’année 135.

Sauf que, selon les époques, il ne recouvre pas les mêmes réalités.

A l’époque romaine, la Palestine couvrait à peu près les territoires aujourd’hui composés de la Syrie, du Liban, d’Israël, des Territoires palestiniens et de la Jordanie. C’est ce qu’on appelle la « Palestine historique ». Elle connut des variations de territoires au gré des différentes dominations et empires. La « Palestine mandataire » naquit au 20e siècle quand les Britanniques en eurent le mandat en 1922.

La Palestine mandataire était un territoire qui correspond aujourd’hui à la Jordanie, Israël et les Territoires palestiniens. Avant la création d’Israël, du 2e siècle à 1948, les Juifs de la région étaient donc des palestiniens, au même titre que les Arabes, Druzes, Circassiens et autres Bédouins vivant sur cette portion de terre. Les Britanniques, en créant l’émirat de Transjordanie, attribuèrent 71 % de la Palestine mandataire aux Hachémites, dont le royaume devint la Jordanie en 1946.

L’ONU décida en 1947 de partager les 29 % restant en deux États, un État juif, un État arabe. C’est la fameuse résolution 181, pour laquelle la contestation arabe s’enracine dans le fait de considérer que les Arabes de Palestine n’avaient pas à accepter cette résolution, étant donné qu’ils étaient chez eux. Si les Arabes palestiniens étaient effectivement chez eux, les Juifs palestiniens l’étaient tout autant.

S’il y a une Palestine donc, il n’y a jamais eu d’Etat palestinien, car au moment où les États se créent par indépendance des puissances mandataires française et anglaise – l’Égypte en 1922, le Liban en 1943, la Syrie et la Jordanie en 1946, Israël en 1948, l’Etat arabe de Palestine (autre que la Jordanie) refuse d’être créé sans englober l’Etat juif.

De là le vide « juridique » dans lequel se trouvent les Arabes de Cisjordanie et de Gaza, qui les pousse à demander leur indépendance quand ils sont sous tutelle juive (1967-1993), à ne pas la demander quand ils sont annexés par des Arabes (Jordaniens, 1949-1967), à la refuser quand ils sont autonomes mais que l’Etat juif existe (1993-aujourd’hui).

Il est évident que pour beaucoup, le fait que cette région s’appelle « Palestine » ne contribue pas à éclaircir la situation, car la croyance selon laquelle les Juifs s’installe dans le pays des Palestiniens, donc leur prennent leur terre, vient principalement de ce terme polyvalent.

Il est néanmoins intéressant de noter que ceux qui parlent d’usurpation n’ont jamais pensé dans les mêmes termes la création de la Jordanie, faite sur 71 % de la Palestine mandataire, peuplée à 70 % de Palestiniens mais dirigée par les Hachémites venus d’Arabie.

C’est bien un Etat des Juifs qui pose problème à beaucoup.

Avec ce genre de livres, qui surfent avec un minimum d'intelligence et de culture sur une détestation générale, les choses n'iront pas en s'améliorant.

© Primo Europe, le 21 septembre 2006

Momo Palestine, texte et illustrations de Robert Gaillot, aux éditions Grandir


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Auteur : Primo
Date d'enregistrement : 22-09-2006

publié par salomon dans: ISLAM
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