29.3.06

LES MOLLAHS ET LES 5 GRANDS

Les 5 Grands accorderaient un nouveau délai à l’Iran !
29.03.2006


Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité étaient proches d’un accord mardi soir sur une première réponse au défi nucléaire iranien et devaient proposer un nouveau texte aux autres membres, ont indiqué plusieurs diplomates.


L’un d’eux a exprimé l’espoir d’une adoption prochaine d’un texte, peut-être dès mercredi.

« Nous sommes parvenus à nous entendre sur l’essentiel du texte et il y a eu du mouvement de la part de tous. Nous sommes très près », a déclaré à la presse l’ambassadeur des Etats-Unis, John Bolton, à l’issue d’une série de réunions des P5 (cinq Permanents du Conseil : Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie).

Les ambassadeurs français et britannique, corédacteurs du projet, ont reconnu que l’accord entre les « cinq » n’était pas encore totalement acquis. « Nous n’y sommes pas encore », ont-ils dit.

Leur collègue russe, Andreï Denisov, a dit : « Rien n’est accepté tant que tout n’est pas accepté, mais nous en sommes de plus en plus près ».

Ironie du sort : Les quinze du Conseil cherchent depuis trois semaines un accord qui vise à donner un « certain délai » à l’Iran. . Or, les mollahs ont eu délais sur délais, accordés le plus souvent par l’Europe et plus particulièrement sous l’impulsion française. Il y a 240 jours le régime des mollahs refusait les propositions Européennes et spontanément Villepin avertissait le régime des mollahs qu’il allait saisir le Conseil de Sécurité. Il n’en a rien fait.

9 jours auparavant, il y a 249 jours, Jacques Chirac menaçait l’Iran de saisir le Conseil de Sécurité !

Cette menace n’avait pas incité les mollahs à accepter les propositions de l’Europe qui comportaient un « pacte de non-agression », c’est-à-dire la garantie que l’Europe n’apporterait aucune aide aux opposants à la fois laïques et démocrates iraniens pour délivrer leurs compatriotes. Les mollahs ne veulent pas de Garanties (Européennes) de Sécurité, mais des Garanties (Américaines) de Sécurité.

Et il est prévisible que dans ce texte, la France et la Grande-Bretagne n’hésiteront pas à faire valoir des arguments dans ce sens. Il y a 232 jours, les mollahs reprenaient les activités nucléaires en Iran. Depuis il y a eu de nombreux appels ou tentatives de réconciliations de la part de l’Europe, de l’AIEA ou des Russes : en tout une cinquantaine de cas dont plus de 85% à l’actif de la France !

Avec quelques déclarations hallucinantes (lien : liste chronologique) qui restent de grands moments de la langue de bois et montrent la volonté dissimulée d’accorder des délais à l’Iran, à la fois partenaire commercial, futur acheteur du combustible nucléaire (Accord de Paris) et surtout fournisseur du pétrole à 8 dollars le baril (par des contrats Buy-Back).

13.02.2006 - Villepin : « La porte reste ouverte (pour les mollahs) à des discussions si Téhéran faisait les gestes nécessaires». « Il ne s’agit pas de rentrer dans une politique de changement de régime en Iran, mais de régler un problème de prolifération », a déclaré Dominique de Villepin pour saluer l’anniversaire de la république islamique.

21.12.2005 - Rencontres Exploratoires & Discussions sur les Pourparlers entre la Troïka et la république des mollahs : Afin de trouver les modalités qui rendraient possibles les négociations sur le dossier proprement dit ! [20/20 en langue de bois]



« Ces progrès au Conseil » de Sécurité surviennent à deux jours d’une réunion à Berlin des ministres des Affaires étrangères des Cinq Grands et de l’Allemagne, destinée à arrêter « une stratégie à long terme » commune face aux ambitions nucléaires de Téhéran.

Comme nous le précisent les dépêches, le texte, proposé par la France et la Grande-Bretagne, est d’une déclaration de la présidence du Conseil, un texte « non contraignant » mais dont l’adoption nécessite l’unanimité.

L’idée des Occidentaux est de démontrer l’unité du Conseil dans ce qu’ils considèrent comme la première étape d’une réponse graduelle au problème posé par les ambitions nucléaires de l’Iran.

Plus cyniquement, le texte vise à désamorcer le Plan américain d’un recours au Chapitre 7 qui dispenserait le Conseil de voter à l’unanimité. On peut également déplorer comme toujours que l’Europe ne soutiennent jamais ce genre de tentative.



Le chapitre 7 de la Charte des Nations unies traite des menaces contre la paix et des actes d’agressions et autorise, en dernier ressort, l’emploi de mesures coercitives. Une telle résolution passerait, si Moscou et Pékin n’exerçaient pas leur droit de veto, mais s’abstenaient tout simplement. Le recours au chapitre 7 contrarie les intérêts Européens en Iran. Les Européens évoquent toujours l’opposition sino-russe à une résolution ferme, mais ne soufflent mot de leurs propres réticences à l’égard des sanctions économiques contre les mollahs.

Washington pourrait proposer (au titre du chapitre 7 de la Charte des Nations unies) une résolution dure ouvrant la voie à des mesures punitives contre l’Iran si les désaccords persistaient à l’Onu. C’est une manœuvre intelligente qui accélérera le processus de la mise en place des sanctions sans que la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne puissent évoquer le bouc émissaire sino-russe ou proposer de nouvelles négociations avec l’Iran ou une nouvelle offre selon la proposition dilatoire de John Sawers, le Directeur politique du ministère des Affaires étrangères britannique. Pour en savoir + sur la proposition de John Sawers…



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