10.2.07

LES SAOUDIENS PROTECTEURS D'ISRAEL ?

10 février 2007 -
Par Caroline B. Glick
| Jewish World Review, Adaptation française de Sentinelle 5767

Aujourd’hui, les dirigeants d’Israël déclarent que l’Arabie saoudite est le nouveau meilleur ami de l’Etat juif. Les Wahhabites vont protéger Israël contre l’Iran et ses mandataires promettent-ils. Il est difficile de voir comment cette opinion colle à la réalité.

En fait aujourd’hui, d’une manière qui rappelle étrangement le printemps dernier, nous sommes au bord du précipice d’une nouvelle guerre et nos dirigeants rejettent avec entêtement la vérité pour l’illusion. A moins qu’ils ne reconnaissent bientôt la réalité, ils vont de nouveau empêcher Tsahal de combattre efficacement, nous entraîner encore dans l’isolement diplomatique, et ainsi conduire de nouveau Israël à la défaite.

Cela en tête, c’est notre devoir désormais de porter un regard dur sur la réalité.

Comme ils l’ont fait dans les mois précédant l’éruption de leur jihad en septembre 2000, au cours des mois passés, les Palestiniens ont accéléré leurs préparatifs de guerre. Lundi, le directeur du Shin Beth Youval Diskin a révélé certains de ces préparatifs.

Diskin a dit qu’en 2006, les Palestiniens ont importé 30 tonnes d’explosifs à Gaza depuis l’Egypte. Le Hamas a creusé des tunnels dans le Néguev occidental à partir desquels il pourra lancer des attaques contre Tsahal ou contre des civils. La situation le long de la frontière sans cesse violée entre Gaza et l’Egypte est encore pire. Diskin a qualifié le creusement de tunnels pour les armes et les personnes de « grand terrier à lapins ».

Alors que les Palestiniens se préparent à la bataille, ils ont inventé cette semaine leur justification pour attaquer les Juifs. Comme ils l’avaient fait en septembre 2000, cette semaine des chefs arabes israéliens et palestiniens ont ouvert leur campagne de propagande pour la guerre en accusant faussement Israël de conspirer à la destruction des mosquées sur le Mont du Temple.

Comme son excavation par le Mur Occidental qui a progressé doucement au cours des mois passés, la Direction des Antiquités d’Israël [IAA en anglais, Ndt] a coordonné le creusement de sauvetage par la Porte des Maghrébins de la Vieille Ville avec le Waqf islamique, le gouvernement jordanien et toutes les autorités importantes, avant que ses archéologues n’aient entamé leurs travaux cette semaine. Chacun a bien compris que l’excavation est conduite 70 mètres à l’écart du Mont du Temple et ne l’affectera en aucune manière.

Mais les faits sont sans importance. Les Arabes ne sont pas intéressés par les faits. Ils sont intéressés par la guerre. Sheikh Abdullah Nimer Darwish, le chef de la branche Sud du mouvement islamique israélien a exprimé cela clairement jeudi matin quand il a dit sur Radio Israël que la guerre commencera sûrement quand les chefs de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas et Ismaïl Haniyeh seront de retour de la Mecque. On peut raisonnablement conclure de la déclaration de Darwish que les pourparlers pour l’unité Fatah - Hamas de la Mecque ont plus à voir avec la coordination du jihad à venir qu’avec la répartition des ministères dans leur gouvernement d’unité terroriste parrainé par les Saoudiens, qui doit se former bientôt.

Quelles que soient les conclusions de ces pourparlers, il n’y a pas de doute que l’AP cherche des prétextes pour la guerre avec Israël. La télévision palestinienne, que Abbas et le Fatah contrôlent, a montré un reportage incendiaire en direct, et des documents d’archives du Mont du Temple au cours des trois jours précédents. Les images sont entrecoupées de discours de chefs panislamiques et palestiniens appelant le monde musulman à protéger la mosquée al Aqsa.

Alors que les dirigeants d’Israël félicitent les Saoudiens pour leur rôle dans la promotion du processus de paix, le réseau satellite al Jazeerah diffuse des appels en direct à la guerre au monde musulman tout entier depuis le Mont du Temple. Alors que les journalistes d’al Jazeerah ont été chassés d’Algérie, d’Irak, du Soudan, du Koweït, d’Arabie saoudite et de Jordanie pour avoir appelé à la guerre contre tous ceux qui ne parlent pas comme Oussama ben Laden, et alors même que l’AP a fermé ses bureaux deux fois, le gouvernement israélien n’a apparemment aucun problème avec les journalistes d’al Jazeerah appelant le monde islamique à lancer un jihad génocidaire contre l’Etat juif à partir du Mont du Temple.

Sur le front libanais, la situation est aussi effroyablement familière. Exactement comme l’été dernier, les Palestiniens et le Hezbollah ont travaillé en étroite coordination, de sorte que l’escalade des hostilités le long de la frontière avec le Liban cette semaine démontre que celle-ci demeure élevée. Ce qui est nouveau dans la situation actuelle est le rôle hostile joué par l’armée libanaise, et ce que ce rôle nous dit de la nature de la guerre à venir.

L’été dernier, nombreux sont ceux qui ont averti le premier ministre Ehud Olmert et la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni qu’il ne serait pas avisé de permettre le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière. Dans la limite où ces forces ont participé à la dernière guerre du Liban, elles l’ont fait du côté du Hezbollah. Des unités libanaises ont envoyé des attaques de missiles du Hezbollah contre le site INS Hanit. Elles ont été aussi impliquées dans l’identification de cibles au nord d’Israël pour des unités de roquettes du Hezbollah. Quarante pour cent des soldats et des officiers servant dans l’armée libanaise sont shiites, et beaucoup d’entre eux doivent leur première allégeance au Hezbollah.

Malgré ces avertissements, Olmert et Livni n’ont pas seulement accepté le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière. Ils ont insisté pour les obtenir. Et dans la nuit de mercredi, quand l’armée libanaise a attaqué les forces de Tsahal opérant à l’intérieur du territoire souverain d’Israël, ceux qui prêchaient la prudence ont eu raison. En insistant pour que l’armée libanaise se déploie le long de la frontière, Olmert et Livni ont efficacement permis au Hezbollah de réaffirmer son contrôle sur le Sud Liban.

Il faut rappeler que le déroulement de la guerre l’été dernier a été tout sauf une coïncidence. A cette époque, l’Iran a ordonné au Hezbollah d’attaquer Israël deux jours avant le sommet du G8, où les dirigeants du monde s’apprêtaient à condamner l’Iran pour son refus de cesser ses activités d’enrichissement de l’uranium, et une semaine avant que l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) ait programmé de renvoyer le programme nucléaire de l’Iran devant le conseil de Sécurité de l’ONU.

De même aujourd’hui, l’escalade de l’incitation à la violence et les opérations de l’ennemi sont tout sauf le fait du hasard. Le 21 février, il est prévu que les inspecteurs de l’AIEA rapportent au conseil de Sécurité que, au mépris de la Résolution 1737 datant d’il y a deux mois, l’Iran n’a pas cessé ses activités d’enrichissement de l’uranium. A la suite de ce rapport, les sanctions prévues dans la Résolution sont supposées être appliquées avec fermeté.

Sur le front irakien, les hostilités entre l’Iran et les USA augmentent quotidiennement, et les signes abondent de l’imminence de l’offensive américaine très attendue sur Bagdad. Si elle réussit, l’offensive affaiblira sérieusement les forces mandataires de l’Iran en Irak, et de même l’influence iranienne sur le gouvernement irakien.

L’un dans l’autre, une guerre sur deux fronts contre Israël se prêterait largement aux intérêts de l’Iran aujourd’hui.

Tout cela soulève naturellement la question : que font les dirigeants d’Israël alors que nos ennemis se préparent à la guerre ?

En demandant à la Direction Israélienne de l’Archéologie d’arrêter son excavation de sauvetage à la Porte des Maghrébins, le ministre de la défense Amir Peretz se prépare à renouveler les hostilités contre ses plus grands ennemis - les Israéliens qui vivent en Judée et en Samarie. La semaine dernière, Peretz a ordonné à Tsahal de dresser des plans pour détruire plusieurs communautés israéliennes dans ces zones. Comme pour les Palestiniens, le Hezbollah et leurs Etats parrains, Peretz n’a rien de constructif à dire.

Pour sa part, Livni continue d’applaudir à son propre génie en négociant l’accord de cessez-le-feu de l’été dernier, grâce auquel le Hezbollah s’est réarmé et a réaffirmé son contrôle sur le Sud Liban. De même, Livni continue d’agir comme le porte-parole de l’organisation terroriste du Fatah.

Lors de son apparition conjointe avec la ministre des affaires étrangères britannique Margaret Beckett Mardi, Livni a dit qu’Israël et le Fatah (qu’elle qualifie de « modérés au sein de l’Autorité Palestinienne ») « sont du même côté ».

En répétant son mantra insipide distinguant les « modérés » des « extrémistes », mercredi, Livni a déclaré que l’incitation à la violence autour du Mont du Temple est réalisée par des « éléments irresponsables », qui comprennent des « groupes politiques au sein d’Israël et des éléments extrémistes en dehors d’Israël. Selon son habitude, Livni a ignoré le fait que l’ami « modéré » Abbas se tient au centre de ces « extrémistes » incitant à la guerre.

Finalement nous avons le premier ministre Ehud Olmert lui-même. Lors de sa déposition devant la commission Winograd, qu’il a nommée pour enquêter sur la guerre de l’été dernier, Olmert a continué d’affirmer qu’Israël a gagné. Si c’était le cas, nous ne devrions pas être préoccupés au sujet du Hezbollah vaincu. Pour les Palestiniens, Olmert prépare maintenant activement sa réunion du 19 février avec Abbas, le maître terroriste « modéré », et la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice. Il continue d’interdire à Tsahal de frapper les armées terroristes et les équipements blindés en plein essor à Gaza, et refuse de reconnaître le fait connu que le Fatah est soutenu par l’Iran.

Cette semaine, Olmert a de nouveau essayé de nous endormir de complaisance sur le programme des armes nucléaires des ayatollahs. S’adressant à la conférence des présidents des principales Organisations Juives Américaines, Olmert s’enthousiasma sur le temps étendu disponible pour traiter la menace, et que de toute façon, on pouvait compter sur la communauté internationale, y compris la Chine et la Russie, pour empêcher par la diplomatie, l’Iran d’acquérir des armes nucléaires.

A ce point, il faut rappeler précisément ce qui n’allait pas avec la gestion de la guerre de l’été dernier menée par le gouvernement Olmert. Alors que la commission Winograd rédige son rapport, les citoyens d’Israël doivent réaliser que, sans considérer ce que disent les membres de la commission nommés par Olmert, la guerre n’a pas été simplement ni surtout une défaite militaire. La cause principale de la défaite d’Israël a été l’incompétence de nos dirigeants politiques. En particulier, Olmert et Peretz ont échoué à agir et à assurer que Tsahal atteigne les buts qu’ils lui avaient assignés.

Avant de lancer Tsahal dans la guerre, Olmert n’a tenu aucune discussion concernant les conditions sur le terrain, et n’a pas envisagé si les plans de guerre qu’il a approuvés étaient adaptés pour l’accomplissement de ses buts déclarés.

Olmert et Livni ont échoué à saisir les opportunités diplomatiques que la guerre a créées. S’ils y avaient prêté attention, ils auraient perçu une volonté tangible de la part de Washington d’envisager une frappe israélo - américaine conjointe contre les quartiers généraux et les bases terroristes en Syrie, qui servent non seulement aux Palestiniens et au Hezbollah, mais aussi aux insurgés faisant la guerre contre les forces de la coalition en Irak. Les conséquences qu’une telle opération conjointe aurait eues aussi bien sur les relations entre Israël et les USA, et sur les relations syro - iranienne auraient changé la face de la région d’une façon positive très importante.

Du fait de leur ignorance des affaires diplomatiques et militaires, Olmert et ses collègues ont empêché Tsahal de conquérir le Sud Liban et ont ainsi refusé à l’armée les seuls moyens d’atteindre l’objectif de mettre fin aux attaques de missiles sur le Nord d’Israël, et de détruire le Hezbollah comme force combattante. Quand l’incompétence d’Olmert, Livni et Peretz l’été dernier est comparée à leur comportement actuel, la conclusion inévitable est qu’ils n’ont rien appris de leur expérience, et demeurent aussi incompétents pour affronter les dangers auxquels nous devons faire face aujourd’hui.

Aussi, comme ils radotent en nous entraînant vers une autre guerre, en parlant suavement de leurs amis à la Mecque, au moins Olmert, Livni, et Peretz ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas été prévenus.

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