7.7.09

Iran: Le "plan B" d'Israël


Mahmoud Ahmadinejad, avant sa réélection, lors d'une visite du site nucléaire de Natanz. (Reuters)

Par Marianne ENAULT
leJDD.fr

Selon les médias israéliens, l'Etat hébreu a demandé à ses alliés, Etats-Unis en tête, de passer au "plan B" dans le dossier du nucléaire iranien. Interrogé sur ABC, le vice-président américain, Joe Biden, a estimé qu'Israël pouvait "déterminer par lui-même ce qui est dans son intérêt". Barack Obama n'est pas vraiment de cet avis: il a une nouvelle fois rappelé son intention de négocier.


"Israël recherche un 'plan B' dans le cas où les pourparlers Etats-Unis-Iran échoueraient". Dans son édition de lundi, le quotidien israélien Haaretz rapporte les inquiétudes israéliennes, après la réélection contestée du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Selon le journal, Israël aurait donc demandé à ses partenaires - les Etats-Unis, bien sûr, mais aussi l'Allemagne, la France, la Russie et le Japon -, de préparer "un plan B" si l'offre de dialogue proposée par Washington à Téhéran venait à échouer. Celui-ci devrait, selon l'Etat hébreu, inclure des "sanctions paralysantes". Selon le Haaretz, après les récents événements en Iran, "les services secrets israéliens pensent que les chances que le dialogue commence sont proches de zéro". Reste à savoir si cela implique des frappes sur le territoire iranien. Selon le Sunday Times, l'Arabie saoudite aurait, dans cette hypothèse, donné son accord tacite au gouvernement israélien pour un survol de son territoire. Israël a démenti cette information.

Sur ce sujet, le vice-président américain Joe Biden a tenu des propos ambigus dimanche sur la chaîne ABC. "Israël peut déterminer par lui-même, c'est une nation souveraine, ce qui est dans son intérêt et ce qu'il décide de faire vis-à-vis de l'Iran et de quiconque", a-t-il ainsi déclaré. "Que nous soyons d'accord ou non. Ils ont le droit de le faire (...) Nous ne pouvons dicter à une autre nation souveraine ce qu'elle peut faire et ne pas faire, quand elle décide, si elle décide, qu'elle est menacée dans son existence", a-t-il encore ajouté. Des propos interprétés à Téhéran comme un blanc-seing donné à l'armée israélienne pour bombarder les installations nucléaires iraniennes, que la communauté internationale soupçonne de visées militaires. "Les Etats-Unis et Israël savent tous deux la conséquence qu'aurait une décision erronée", a ainsi commenté le chef du comité parlementaire sur la sécurité nationale Aladdin Broujerdi, rapporte le Jerusalem Post. Et de promettre des actions "réelles et décisives" en cas d'attaque.

Obama croit toujours au dialogue

Officiellement toutefois, les Etats-Unis soutiennent toujours la voie diplomatique pour régler la question du nucléaire iranien. Dans un entretien accordé au New York Times et publié dimanche, Barack Obama fait part de sa détermination à mener à bien les négociations. "Nous avons offert à l'Iran une voie pour rejoindre la communauté internationale", rappelle-t-il, estimant qu'elle est toujours valable en dépit de la répression des manifestants qui contestent le résultat de l'élection présidentielle du 12 juin dernier. Et d'ajouter qu'il attend des progrès d'ici à la fin de l'année, faute de quoi il n'exclut pas "une gamme de mesures" à l'encontre de Téhéran.

Mais selon le quotidien Haaretz, les négociateurs américains auraient fait part à des officiels israéliens de leur scepticisme sur les chances de succès du dialogue. Problème pour les Etats-Unis, ils peuvent difficilement adopter un ton plus ferme, du moins dans l'immédiat, au risque de voir leur offre de dialogue considérée par Téhéran comme n'ayant jamais été sérieuse. Interrogé dans l'émission Fox News Sunday, le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, a lui estimé qu'une attaque visant les installations nucléaires iraniennes pourrait s'avérer "extrêmement déstabilisante". "Il est impossible de prédire les conséquences", a-t-il ajouté, estimant toutefois que l'option militaire ne devait pas être écartée. Pour le moment, le gouvernement Ahmadinejad II est resté plutôt discret sur ses intentions.

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