9.4.07

DOHA: PAPA POUTINE SE MOQUE D'UNE OPEP DU GAZ !



08.04.2007


Les pays qui participeront au Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) prévu lundi et mardi à Doha (Qatar) ne signeront pas d’accord pour la création d’une « OPEP du gaz », a déclaré vendredi le ministre russe de l’Industrie et de l’Energie Viktor Khristenko.


« Est-ce que nous allons signer pour un cartel sur la politique des prix (du gaz) ? Bien sûr que non », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Ce projet d’une « OPEP du gaz » avait été pour la première fois évoqué par notre site, dans le cadre de la théorie de l’offensive énergétique Russe. Mais selon notre analyse, la volonté de la Russie était d’avoir une mainmise sur les réseaux de fourniture du gaz et non le contrôle de la production.

Par la suite, ce sont les mollahs qui ont annoncé la création d’une « OPEP du gaz » à un moment où ils étaient en instance d’écoper d’un second train de sanctions. Ils espéraient menacer les Européens qui dépendent pleinement du gaz. A ce moment-là, la Russie avait rejeté avec force cette proposition. Mais par la suite, à la veille de l’adoption d’une seconde résolution contre Téhéran et dans le contexte du bras de fer entre les Etats-Unis et la Russie, le jour de l’intervention explosive de Poutine à Munich, un quotidien pro-Poutine avait laissé entendre que la Russie pourrait se laisser séduire par le projet de création d’une « OPEP du gaz » pendant le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) à Doha. Nous y avions vu une décision politique. A présent, la Russie est revenue dans son offensive énergétique à une attitude plus conforme à sa stratégie souterraine.

Le ministre russe a remarqué que la tenue de la réunion de Doha « suscite beaucoup de tensions, parfois exagérées, parfois exaltées ». La réunion de la semaine prochaine, à laquelle le ministre va participer, vise selon lui à « renforcer la coopération » entre pays producteurs, améliorer le dialogue producteurs/consommateurs et la transparence de ce marché, a-t-il dit. Retour à la langue de bois et à des propos rassurants. La Russie nie donc toute implication dans une « OPEP du gaz » ou toute autre action peu transparente et elle se concentre vraisemblablement sur des projets plus concrets comme l’organisation d’une action de blocage dans le projet de Nabucco.


Le projet Nabucco vise à construire d’ici 2012 un gazoduc de 3.300 km afin d’approvisionner l’Europe occidentale en gaz de la Caspienne en contournant la Russie. La participation de la Turquie, la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie et l’Autriche est requise car le tube transitera par leur territoire. Ces cinq pays sont également à la recherche d’un sixième partenaire pour le projet. GDF qui était intéressé se voit refuser le droit d’y participer par les turcs qui sont mécontents de la position Française concernant le génocide arménien.

Mais le projet Nabucco est sérieusement menacé car les Russes se sont rapprochés de la Hongrie et depuis peu ce pays traîne en longueur et diffère sa décision de donner son feu vert définitif à Nabucco. La Hongrie a entamé des négociations informelles avec les Russes pour une éventuelle participation à un projet concurrent. Ce projet qui devait contribuer à approvisionner l’Europe occidentale en gaz de la Caspienne en contournant la Russie afin de réduire la dépendance de l’Europe occidentale vis-à-vis de la Russie est donc sérieusement handicapé.

Parallèlement la Russie, décidément bien loin des enfantillages de l’OPEP de GAZ, est bien jugée sur du concret : elle cherche non seulement à saper les chances du gazoduc Nabucco, mais s’est mise en position de réduire l’intérêt d’un des plus grands producteurs de la Caspienne pour un oléoduc qui contourne sa sphère d’influence.

Le Kazakhstan est actuellement en négociations pour acquérir une participation dans le projet d’oléoduc Russo-bulgaro-grec devant relier la mer Noire à la mer Egée. L’accord préliminaire prévoit que le Kazakhstan participera au projet via la part de 49% détenue par la Grèce et la Bulgarie. Les 51% restants dans le projet sont détenus par la Russie. Reliant le port bulgare de Bourgas à celui d’Alexandroupolis, dans le nord de la Grèce, l’ouvrage d’une longueur de 280 km vise à transporter vers l’Europe occidentale le pétrole de la Caspienne en contournant les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles, qui sont saturés.

Ce projet doit en outre concurrencer l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), soutenu par Washington, qui contourne le territoire russe. Un accord entre les trois pays (Grèce, Bulgarie et Russie) a été signé il y a deux semaines et les travaux doivent débuter l’an prochain pour une mise en service en 2009 ou 2010.

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