2.5.09
De Berlin 1933 à Aulnay 2009
Il est vrai que la psychose autour du risque de pandémie par la grippe mexicaine mobilise actuellement tous les médias et tous les esprits de nos concitoyens.
Est-ce une raison pour occulter le danger majeur que représente pour nos sociétés l’émergence d’un autre virus ? Celui du fascisme rampant qui s’insinue insidieusement et insensiblement dans nos sociétés sans pour autant faire les gros titres de nos éditions.
Depuis plusieurs mois, on assiste quotidiennement à des démonstrations de force de la part d’organisations se prétendant pro-palestiniennes à l’intérieur de grandes surfaces. Leur but : décourager ces enseignes d’importer toute marchandise israélienne. Leurs moyens : des commandos traquant tout produit supposé provenir de «l’Etat sioniste» et les retirant des étalages pour les détruire par la suite. Leur rhétorique : l’argument sophistique selon lequel ces produits proviennent de terres volées à la «Palestine».
Apparemment, ne s'opposent à ces activistes que les mines intimidées des cadres de ces magasins quand ce ne sont pas les encouragements de quelques clients séduits par ce mode d’action et, bien entendu, parfaitement ignorants des réalités proche-orientales.
Mais ne nous y trompons pas : il n’y a strictement aucune différence de nature entre ces opérations et celles menées par les S.A sur les magasins juifs de Berlin dans les années 1930. S’il n’y a encore eu aucun incident grave, on sent bien poindre une violence potentielle parmi ces hordes. Elle ne manquerait pas de se manifester si elles rencontraient une véritable opposition physique.
C’est sans doute la raison pour laquelle aucune, je dis bien aucune, intervention policière n’est venue mettre un terme à ces actions pourtant parfaitement illégales.
Sécurité et consumérisme vont de pair. La direction de l'une de ces enseignes contactée a expliqué avoir reçu ces «manifestants» pour comprendre leurs revendications, et en prenant la peine préalablement de s'assurer du nombre d'adhérents de l'association investigatrice. Quand la validité d'un combat ne dépend plus que du nombre de divisions, comme disait Staline, il n'y a plus d'espérance pour l'homme. Ne reste plus que la loi du plus fort. Ne reste plus que le chantage aux graves émeutes en cas d'intervention policière.
Tel est le prix à payer, dans la tête de nos dirigeants, pour gagner la paix sociale. Mme Alliot-Marie ne prend pas seule cette non-décision d’intervenir pour tuer dans l’œuf cette bête immonde qui est en train de renaître dans les allées des magasins Carrefour. Non, c’est bien au plus haut sommet de l’Etat que le renoncement à cette bataille est à déplorer.
Il n’aura pas fallu bien longtemps pour que l’espoir d’un véritable changement de cap après l’élection de Nicolas Sarkozy ne se fracasse contre les réalités sociologiques. Mais sans doute, à la décharge de l’actuel Président, était-il déjà trop tard en mai 2007. Ses prédécesseurs avaient déjà largement creusé la fosse dans laquelle nous nous apprêtons à être ensevelis.
Jean-Paul de Belmont © Primo, 1er mai 2009
http://www.primo-europe.org/selection.php?numdoc=Do-33026048