Discours du Président de l’UPJF Claude Barouch lors du Gala du 30 mars 2006
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Si l’essentiel de mon discours ce soir avait pu avoir pour objet la situation économique et sociale de la France pour en définir les forces et les faiblesses, nous aurions alors été dans notre rôle naturel d’organisation professionnelle.
Nous aurions réfléchis, ensemble, aux moyens de pouvoir permettre à notre pays de se redresser et de retrouver une véritable croissance. Nous aurions alors apporté, comme toujours, notre pierre à l’édifice.
Mais voilà quelques années que les priorités se sont définies autrement et qu’au-delà de notre fonction de chef d’entreprise, de profession libérale ou de commerçant, c’est notre judaïsme qui semble poser problème.
Et c’est ce sentiment d’hostilité et de haine croissante qui nous met dans l’obligation de repenser l’ordonnancement de nos actions.
Certes, il est dans nos responsabilité d’acteur économique de développer nos entreprises et nos activités professionnelles : nous le devons pour nos familles et pour notre pays. Nous n’avons pas chiffré ce que représentent nos adhérents en terme de part dans le PIB ou en nombre de salariés. Plusieurs milliards d’euros sans doute et des milliers d’emploi.
Mais le cœur n’y est plus et l’inquiétude croît.
Et certains des nôtres ont déjà quitté le pays…
Certes, contrairement à la fin des années 30, la libre expression antisémite n’existe pas dans le pays et la quasi-totalité des dirigeants politiques condamne sans ambiguïté les agressions antisémites. En d’autres termes, rien en perspective qui ressemblerait à des lois scélérates anti-juives.
Si l’appareil d’Etat tient bon, nous devrions être rassurés.
Et pourtant…
Comment ne pas constater que le déferlement de haine à l’encontre d’Israël véhiculé par nombre de medias au cours des six dernières années n’est rien d’autre que de l’antisémitisme pur et dur, drapé d’un habit plus noble car apparemment politique.
Comment ne pas voir ce en quoi cette haine a forgé les esprits de toute la population et en particulier de nouvelles générations de paumés de banlieue, trouvant soudainement une justification pseudo idéologique à des exactions délictuelles ou criminelles.
Comment ne pas souligner l’inconscience, le laxisme ou l’enfermement idéologique de certains magistrats ne comprenant pas que la non condamnation d’antisémites pouvait être interprétée comme un passe droit pour s’en prendre aux Juifs. Combien de procès perdus avant que l’antisémite Dieudonné, celui la même qui porte un part de responsabilité dans le calvaire et la mort de notre jeune Ilan, ne soit enfin condamné pour des propos antisémites ?
C’était il y a quelques jours à peine.
Notre société est malade, nous le savons et les signaux internationaux ne font qu’envenimer la situation déjà bien explosive.
En Iran avec le Président Ahmadinejad, le nouvel Hitler qui peut proférer ses appels à la destruction d’Israël et son négationnisme à l’égard de la Shoah sans que les Etats démocratiques ne jugent utile, de rappeler leurs ambassadeurs à Téhéran ou bien d’exclure l’équipe de football iranienne lors de la Coupe de monde qui aura lieu cet été en Allemagne !
Dans l’Autorité Palestinienne ensuite, où les Palestiniens, ont plébiscité un parti dont le cœur du programme est l’anéantissement d’Israël. Et le cordon sanitaire des Etats dits démocratiques qui avait condamné, avec des mots, l’arrivée au pouvoir du Hamas, commence à s’ébrécher, démontrant ainsi que le pragmatisme et les intérêts occidentaux peuvent aisément donner toute leur respectabilité à des fous de D…, dont les principes reposent sur la violence et le terrorisme.
Comme vous le voyez, mais je ne vous apprends rien, la situation est grave et porte en elle tous les gènes d’une catastrophe.
Et comme l’Histoire du monde nous l’enseigne, lorsqu’une catastrophe approche, les premiers touchés, les fusibles multiséculaires, ce sont les Juifs.
Car, qui peut affirmer aujourd’hui que nous n’avons pas déjà franchi l’irréversible, ce moment où plus rien n’est sous contrôle, tout peut s’emballer. Emeutes dans les banlieues, assassinat d’Ilan, scènes de guérilla urbaine contre le CPE… Les manifestations de violence extrême se succèdent à rythme effréné sans qu’une ébauche de solution ne nous fasse entrevoir un espoir, aussi minime soit-il.
Comme je vous l’ai dit, aujourd’hui, tout peut s’emballer…
Car ne nous y trompons pas : Nous, les Juifs, ne sommes que la partie émergée de cet iceberg de haine et de rejet de l’autre. Nous savons malheureusement, qu’aujourd’hui, il est tout aussi difficile d’être Chrétien que Juif dans les écoles et les cités de certains quartiers. Ces informations ne sont pas le fruit de notre imagination, mais ressortent de nos échanges avec nos amis chrétiens ainsi que les autorités dirigeantes de notre pays.
Mais si nous, Juifs français avons fait le choix de rester en France et d’essayer encore d’y croire, alors le moins que nous puissions faire c’est de ne pas rester inactifs.
A nous seuls, nous ne modifierons pas le cours de l’histoire.
Mais en unissant nos forces, nous pourrons sans doute en modifier certains aspects.
L’UPJF a entamé un combat, un combat pour la France et pour que ses citoyens, quelle que soit leur origine ethnique ou religieuse, s’y sentent bien et s’y épanouissent dans le respect et la tolérance.
Ce combat est si fondamental qu’il est aujourd’hui une des conditions de notre survie, un combat vital pour empêcher, une fois de plus d’être relégué au rang de dhimmi.
Ce combat doit être mené sur tous les fronts à la fois, celui de la politique, de la communication et de la pédagogie.
Plus que jamais, il est nécessaire que les Juifs de France s’investissent en politique. La politique constitue le terreau de la Nation et de la vie en société. Vous devez tous, ici présent, adhérer au Parti politique démocratique de votre choix, et vous investir, à votre niveau dans la vie de ce parti. C’est à cette condition que nous pourrons contribuer au débat public, faire passer nos idées et nos arguments afin que notre pays retrouve le bon chemin de la tolérance et de la croissance.
Comme vous le savez, nous sommes à la veille d’échéances électorales majeures pour notre pays. En effet, dans un peu plus d’un an auront lieu les élections présidentielles. Il s’agit d’une occasion unique pour la France de se doter d’un leader qui guide la France vers la bonne direction. Cela leader devra pour cela prendre la mesure des fractures qui existent dans notre pays et des menaces qui pèse sur lui. Il devra dresser un constat douloureux et rassurer les Français quant aux mesures indispensables qu’il faudra prendre pour redresser notre pays. Il aura enfin la charge de rassurer les différentes communautés qui composent notre pays et donner toute sa valeur au principe fondateur de notre République : la laïcité.
A ce niveau, l’UPJF a entamé un véritable travail de fond. Ainsi, nous dialoguons aujourd’hui avec les responsables des principaux partis politiques démocratiques de notre pays. Nous sommes à mêmes de leur passer des messages mais également de leur faire part des craintes et des angoisses dans lesquelles se trouvent notre communauté aujourd’hui. Il est plus que jamais indispensable de continuer ce travail, de rester en contact permanent de nos dirigeants afin de défendre au mieux les intérêts de notre communauté.
Et cela est d’autant plus important et fondamental que les intérêts de notre communauté sont les intérêts de notre pays : la France !
Cet engagement de l’UPJF dans la vie politique implique que nous ne nous priverons pas de faire des choix, le moment venu, entre nos véritables amis, soucieux de notre bien être et de nos préoccupations, ceux qui comprennent notre attachement et notre soutien irréductible à l’Etat d’Israël, et les autres.
Mais le combat de l’UPJF, c’est aussi celui de la pédagogie et de l’éducation, qui auront raison de l’ignorance qui constitue la source fondamentale de la haine.
C’est pourquoi nous devons continuer à agir auprès des medias, de nos concitoyens non juifs, pour leur expliquer l’Histoire singulière du Peuple juif, l’Histoire et la signification de l’Etat d’Israël moderne, le pourquoi et le comment de sa lutte pour l’existence.
Et j’ai appris avec effarement, comme vous, il y a quelques jours les résultats du sondage annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, selon lequel « 3 français sur 10 s’avouent racistes. Comme l’a justement dit la Commission, un tabou a été levé dans l’opinion publique. A nous de faire en sorte que ce tabou disparaissent en expliquant que la racisme n’est que de la bêtise pure et simple.
Toujours dans la même perspective, en démontrant que la lutte contre le terrorisme international et les dictatures islamistes est le combat de tous les défenseurs des droits de l’homme et que chacun de nos concitoyens, quelque soit son appartenance religieuse ethnique ou philosophique est en danger.
Ces gigantesques missions que nous nous impartissons se traduiront aussi bien par l’achat, si besoin est, de placards dans les medias nationaux, de campagnes d’affichage dans les rues de Paris et dans le métro, que par l’organisation de meetings et de conférences et toutes initiatives visant à propager une véritable information.
Sur le terrain du pragmatisme aussi parce qu’il n’est pas concevable de laisser nos frères à l’abandon, subir aujourd’hui agressions verbales et physiques, demain on n’ose imaginer quoi d’autre.
Alors, nous allons organiser la caravane de la fraternité et aller à la rencontre de nos frères et de leurs voisins à Sarcelles, à Créteil, à Bondy, à Epinay sur Seine, à la Courneuve, à Mantes la Jolie, à Sartrouville…
Il s’agira ici d’organiser des soirées de la fraternité pour transmettre plusieurs messages :
- à nos frères tout d’abord, leur affirmer qu’ils ne sont pas seuls, que tous leurs coreligionnaires sont conscients des dangers auxquels ils sont confrontés et que si nécessaire, on les aidera à quitter l’enfer dans lequel ils tentent de survivre. En les aidant à déménager si nécessaire ailleurs en France ou en Israël, avec l’aide des pouvoirs publics mais aussi avec la solidarité de la communauté.
- à leurs agresseurs d’autre part, en leur rappelant qu’ils ne se trompent pas de cible, que les juifs ne sont pas leurs ennemis et en tentant de construire des passerelles. Il conviendra aussi, et sans risque d’interprétation d’une quelconque provocation de notre part, de leur faire comprendre que nous ne tolérerons pas de nouvelles agressions et que nous n’aurons de cesse, le cas échéant, de leur faire payer dans le strict cadre, bien sûr, de la loi républicaine.
Tout cela demande des moyens.
Parce que nous sommes responsables de nos enfants et de nos frères, les membres de l’UPJF et tous ceux qui viendront nous rejoindre dans ce combat, doivent doter l’organisation des moyens de sa politique et consacrer du temps pour l’accompagner.
Ce soir, le véritable lobby que nous voulons affirmer doit relever un premier défi. Celui qui consiste à assurer l’organisation de la faisabilité des chantiers sur lesquels elle travaille et qui sera la véritable et première démonstration à l’égard de tous, dans la communauté et dans la nation, que notre détermination est sans faille.
Théodore Herzl disait, parlant du projet sioniste : « si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve ».
Sachez le mes amis, aucune civilisation, aucune nation n’a traversé les siècles comme le peuple juif dont l’exemple est unique. Aujourd’hui comme hier, il a survécu pour n’avoir pas mis toute sa confiance en l’homme et dans les nations qui lui promettaient protection et fidélité. Car, que faire de ces promesses qui s’ébranlent à la moindre raison d’Etat ? Que faire de ces soutiens de papier lorsque ces pays ne sont même plus en mesure de se protéger eux même.
Chers amis, nous commençons peut être à vivre un cauchemar mais nous devons ensemble, avec nos compatriotes non juifs, nous dresser pour rappeler notre refus de l’indifférence et de la passivité devant le racisme et l’antisémitisme.
Nous devons tout faire pour que l’action de l’Etat soit menée sur deux fronts :
Combattre la drogue intégriste qui se sert de l’antisémitisme pour mieux enrôler ses soldats de l’islam.
Lutter contre la criminalisation de certaines zones françaises où la fureur anti-juive est aussi le paravent de la délinquance la plus sauvage.
On dit que dans le passé les antisémites les plus dangereux étaient ceux qui voulaient faire un monde sans juifs.
Aujourd’hui, les antisémites les plus virulents ne sont plus seulement ceux qui veulent un monde de Juifs dhimmi et sans Etat Juif, mais ce sont ceux qui veulent islamiser le monde et et rendre dhimmi l’ensemble du monde judéo-chrétien.
Je vous remercie