par Gabriel Lévy, le 10 janvier 2008
Par Lévy Gabriel
Thème : France
On disait du roi David qu’il était un prophète et qu’il apportait l’espérance. En mai 2007, nous vivions dans l’espérance, aujourd’hui nous vivons dans la crainte. Tristan Bernard nous aurait probablement excusé de le pasticher de la sorte (1).
Les prophéties sont souvent obscures. Celles de notre président n’échappent pas à la règle.
Que signifie, en effet, « une politique de civilisation » ? L’expression serait tirée de l’ouvrage éponyme publié en 2002 par M. Edgar Morin (encore d’un Nabi ?) . Mais justement, cet ouvrage « avait irrité ou dérouté » (2). Etaient-ce, pour l'auteur, les prémisses de cette civilisation idéalisée qui le faisaient adhérer en 1958 au parti communiste (3).
Que signifie une « laïcité positive » ? Nous avons trouvé de nombreuses définitions à cet adjectif, le plus souvent contradictoires.
Jusqu’à preuve du contraire, nous devons retenir les propositions suivantes, comme sous-jacentes aux concepts du président :
1°) La « politique de civilisation » impliquerait la modification du préambule de la constitution. Selon le président- prophète, « notre constitution doit être en avance sur notre temps ». Elle consacrerait l’égalité entre l’homme et la femme, mais elle créerait une inégalité absolue entre les citoyens en instaurant « la discrimination positive ». Encore cet adjectif !
2°) La « de-laïcité » s’inscrit dans les propos prononcés au Vatican. « Un homme qui croit est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent ». Ainsi l’athée vit-il sans espoir et son intérêt dans cette République en est minoré.
Or, « dans un État de droit, il n'appartient pas aux tenants du pouvoir politique de hiérarchiser les options spirituelles, et de décerner un privilège à une certaine façon de concevoir la vie spirituelle ou l'accomplissement humain » (4). Mais surtout, la Laïcité est une valeur essentielle de la République et devrait être, à ce titre inscrite, dans notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité », car c’est la laïcité qui garantit chacun de ces trois termes.
Il ne s’agit pas de prôner une laïcité de combat comme ce fût le cas au début du XIX ème siècle, mais de refuser, par exemple, l’octroi de subventions publiques aux lieux de culte, voire aux associations cultuelles qui ne présenteraient pas un intérêt public. Nos dirigeants paraissent ne pas mesurer le danger de certains lieux de culte qui ont cessé d’être des lieux de prière ou de recueillement pour devenir des lieux d’embrigadement, et se comportent ainsi comme des sectes.
Certes, le président aurait rectifié certains propos, en ne situant pas « la morale religieuse au dessus de la morale laïque ». En revanche, cette rectification n’écarte pas les modifications éventuelles de la loi de 1905 que nous redoutons.
Nous reviendrons certainement sur le sujet. Pour l’instant nous vous invitons à lire l’excellent article de M. Henri Pena-Ruiz (4).
1- Tristan Bernard, arrêté par les nazis ainsi que sa femme, disait : « nous vivions dans la crainte, nous vivrons désormais dans l’espérance ».
2- Le Figaro du 9 janvier 2008.
3- Bibliographie de M. Morin lue sur le site Evène.fr.
4- Henri Pena-Ruiz : « Laïcité : les cinq fautes du président » Le Figaro du 3 Janvier 2008
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