Moughnieh : Victime de la raison d’Etat
14.02.2008
L’homme clé des grandes opérations terroristes du Hezbollah, Imad Moughnieh, recherché par Interpol et les Etats-Unis pour une série d’attentats et d’enlèvements, a été assassiné mardi à Damas, a indiqué mercredi le Hezbollah qui a mis en cause Israël.
Le libanais Moughnieh, 45 ans aujourd’hui et à la retraite, pesant plus de 100 kilos, avait été recruté en 1983 par le régime des mollahs qui a créé en cette même année 1983 la milice Hezbollah pour devenir un acteur occulte de la crise au Moyen-Orient.
Contrairement à ce qu’en dit l’AFP, cette milice n’a pas été créée pour résister à l’occupation d’Israël mais pour servir les intérêts de Téhéran, c’est ainsi que l’on retrouve le jeune Moughnieh et ses acolytes impliqués dans des enlèvements (notamment ceux des otages français [1]) ou encore des attentats au Liban (l’attentat dit « du Drakkar ») ou hors Liban, là où les mollahs avaient des comptes à régler avec le pouvoir. Il a ainsi participé à deux attentats anti-israéliens en 1992 et en 1994 à Buenos Aires.
L’attentat de 1994 qui a fait 85 morts et 300 blessés a même été le plus important attentat de l’histoire contre les juifs. A cette époque Téhéran essayait d’obtenir la livraison de certains équipements nucléaires, mais le président argentin refusait. En organisant ces attentats, les mollahs (assistés du Hezbollah) ont essayé d’obtenir gain de cause, comme ils l’avaient fait à Paris dans le cas du remboursement du prêt Eurodif. Contrairement à la France qui avait alors cédé face aux mollahs, l’Argentine avait reconnu l’implication des mollahs et désigné aussi bien des commanditaires issus du régime des mollahs que des exécutants comme Moughnieh issus du Hezbollah ou des Pasdaran.
Cependant, bien que la disparition de ce terroriste soit une bonne chose en soi, cet assassinat supprime un homme qui aurait pu confirmer la culpabilité des mollahs désignés par l’Argentine, recherchés par Interpol, mais jamais inquiétés au niveau international. Il y a parmi ces mollahs, un certain Rafsandjani qui est le patron occulte du régime. D’ailleurs tout le processus d’arrestation est bloqué car les américains utilisent la menace d’activation du processus pour inciter Rafsandjani à lâcher du leste et à accepter leur offre d’entente bilatérale (la version américaine de ce deal qui consiste à une prise de contrôle du régime des mollahs, des Pasdaran et du Hezbollah par les Etats-Unis).
La disparition de Moughnieh est un soulagement pour Rafsandjani, un témoin à charge contre lui est supprimé. Il s’agit d’un nouveau message d’apaisement adressé à Rafsandjani. Nous pouvons évoquer ce genre de manipulation car les américains détiennent depuis plus d’un an un autre membre du commando (Asghari) qui aurait pu depuis tout ce temps confirmer l’implication de Rafsandjani dans cet attentat mais il n’a rien fait et ne fera probablement jamais rien en ce sens. La clef de l’entente entre l’Iran et les Etats-Unis est détenue par Rafsandjani qui souhaite un accord, mais avec les démocrates. Bush qui manque de temps essaie d’accélérer le processus et par la même occasion, il fait le ménage dans cette affaire qui pourrait nuire aux mollahs une fois un deal conclu.
Les services israéliens ont semble-il donné un coup de main aux américains, raison d’Etat sans doute. Moughnieh aurait pu être enlevé (comme Öcalan) afin de témoigner contre Rafsandjani. Les services israéliens ont la réputation de réussir ce genre de coups impossibles. Quoi qu’il en soit, ils ont préféré éliminer un des principaux témoins contre Rafsandjani et en plus ils nient toute implication dans l’assassinat.
Cependant, Dany Yatom, ex-patron des services secrets israéliens, laisse entendre le contraire et qualifie l’opération de « succès pour la communauté du renseignement contre un des plus grands terroristes au même titre qu’Oussama ben Laden ».
C’est un peu simpliste, y compris la fixation sur le lièvre Ben Laden, et la mort de ce sous-fifre ne vengera pas les victimes de l’attentat d’Amia, mais ils devront s’en contenter. Le patron de l’opération veut devenir l’ami des américains.
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