A LA UNE
Elimination du numéro 2 du Hezbollah : Israël reste silencieux mais vigilant.
Imad Moughnieh, qui a péri lundi soir à Damas dans l’explosion de sa voiture était l’un des terroristes les plus recherchés au monde. Le Hezbollah et son patron iranien menacent de le venger et accusent Israël.
Frapper le commandant de la branche armée du Hezbollah au cœur de la capitale syrienne était une opération non seulement audacieuse mais également difficile. Dans le monde arabe, cela a suffi pour affirmer qu’elle n’avait pu être réalisée que par les services israéliens, qui ont déjà à leur actif le raid effectué dans le nord de la Syrie contre une installation nucléaire il y a moins de six mois, même si cette action n’a pas été non plus officiellement revendiquée par Israël.
Quoi qu’il en soit, si le gouvernement israélien s’est contenté de démentir dans un communiqué, toute implication dans la mort de Moughnieh, ce dernier n’en était pas moins recherché de longue date, tant d’ailleurs par Israël, que par plusieurs autres pays, dont les Etats-Unis.
A Washington, le Département d’Etat a salué la mort du terroriste en affirmant que «le monde était devenu meilleur». Même ton à Jérusalem, où le ministre Kadima et ancien responsable du Shin Beth, Guideon Ezra, a estimé que justice avait été faite pour les familles des nombreuses victimes de celui qu’il a qualifié de «Carlos libanais».
Imad Moughnieh, n?? au Liban en 1962, s’était d’abord engagé dans les rangs du Fatah, avant de rejoindre le Hezbollah dès sa création. Il avait contribué à structurer la branche armée du mouvement chiite avec la coopération active de l’Iran, jusqu’à en faire l’organisation paramilitaire qui a pris le contrôle du sud Liban après le départ des organisations palestiniennes.
Au cours des années 80, Moughnieh prend part au détournement d’un Boeing de la TWA. Il organise aussi les attaques contre les troupes étrangères postées au Liban, en frappant notamment une base des US Marines, l’ambassade des Etats Unis, et un poste de l’armée française, causant la mort de près de 300 personnes.
Il ordonne aussi des attaques contre des troupes de Tsahal au Liban et systématise le recours aux attentats suicide. C’est aussi Moughnieh qui commandite les enlèvements de ressortissants étrangers à Beyrouth, comme il ordonnera plus tard le rapt de trois soldats de Tsahal à la frontière libanaise en octobre 2000, puis celui de Eldad Reguev et Ehud Goldwasser en juillet 2006.
On retrouve également sa signature derrière les deux attentats de Buenos Aires, contre l’ambassade d’Israël en 1992 qui avait fait 29 morts, et contre le centre de la communauté juive d’Argentine en 1994, qui avait coûté la vie à 95 personnes.
Quel que soit le pays ou l’organisation qui ait finalement éliminé le terroriste libanais, l’Iran, principal soutien du Hezbollah, n’a pas tardé à accuser Israël. «Seul un Etat terroriste comme Israël a pu perpétrer un tel acte» a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. A Damas, un parlementaire syrien a estimé que «le crime profitait aux Israéliens ». Quant au Hezbollah, il a menacé «les sionistes qui avaient fait un martyr», de venger la mort de Moughnieh. Le Hamas, lui aussi a accusé Israël.
Après la mort du haut responsable des milices chiites libanaises, il s’agit pour Tsahal d’évaluer les risques. A la frontière nord, l'armée a renforcé sa vigilance, sans pour autant décréter l’état d’alerte. Dans les territoires palestiniens, les forces de sécurité prennent également en considération la possibilité d’attaques menées par des groupes armés palestiniens. Mais tout d’abord, ce sont les missions israéliennes à l’étranger qui ont reçu ordre de resserrer leur dispositif de protection. En 1992, l’attentat à la bombe contre l’ambassade d’Israël avait eu lieu deux mois après l’élimination du chef du Hezbollah Abbas Moussawi, à qui avait succédé Hassan Nasrallah.
Diplomatie
- La Turquie comprend mieux les impératifs sécuritaires d’Israël face à la Bande de Gaza. C’est qu’on a indiqué dans l’entourage du ministre israélien de la Défense à l’issue de sa visite à Ankara. Ehud Barak qui a s’est notamment entretenu avec le président turc et son chef d’état-major, avait également souligné le risque représenté par le réarmement intensif du Hezbollah, avec l’aide de la Syrie et de l’Iran.
- Soixante dix ambassadeurs étrangers guidés par Tzipi Livni, ont visité la ville de Sdérot. La ministre israélienne des Affaires étrangères a montré aux diplomates la réalité quotidienne vécue par les habitants de l’ouest du Néguev, soumis aux bombardements quotidiens de roquettes palestiniennes.
Sécurité
- Après trois jours d’accalmie, deux Kassams ont été tirées sur le Néguev depuis la Bande de Gaza. Une roquette a touché de plein fouet une maison de la ville de Sdérot, causant d’importants dégâts matériels, et plusieurs habitants ont dû être traités pour commotion.
- «La dernière guerre nous a appris que préparer Tsahal aux conflits à venir est une mission qui incombe à l’armée et à la société israéliennes. C’est ensemble que nous pourrons relever ce défi» a affirmé le chef d’état-major, le général Gaby Ashkenazi, à l’occasion de la cérémonie de commémoration des 73 soldats victimes du crash de deux hélicoptères de Tsahal en 1997.
- Les Etats du Golfe réclameront la protection de Tsahal si l’Iran devait finalement se doter de l’arme nucléaire. C’est l’avis d’un conseiller du gouvernement du Koweït, qui estime toutefois qu’Israël ne laissera pas Téhéran achever son programme militaire, et lancera le moment venu une opération similaire à celle de la destruction du réacteur nucléaire irakien d’Osirak en 1981.
Politique
«Shass n’a aucune raison de quitter la coalition» a déclaré Ehud Olmert, avant un nouvel entretien avec Eli Yshaï. Le Premier ministre a tenu à calmer les craintes du parti séfarade en réaffirmant que le statut de Jérusalem ne serait abordé qu’en phase finale des négociations avec les Palestiniens, et que la construction de nouveaux logements allait continuer dans les quartiers est de la capitale.
Social
Localités de la frontière nord en grève.
Les élus et représentants des cent cinq localités de Haute Galilée protestaient contre le projet du gouvernement d’annuler les abattements fiscaux et de réduire certaines subventions, octroyés aux entreprises et aux services publics du nord d'Israël.
Les manifestants qui redoutent l’effondrement économique de la région frontalière, et le départ des jeunes vers le centre du pays, ont reçu le soutien du président de l’Etat. «Ce n’est pas le moment de réduire les aides aux localités de la frontière nord ou à celles du sud du pays. Le gouvernement doit au contraire renforcer le Néguev et la Galilée pour assurer leur développement et favoriser la prospérité économique de leurs habitants» a déclaré Shimon Peres.
De son côté, le ministre de la Défense qui a rencontré les élus locaux, a affirmé que le gouvernement devrait continuer à renforcer les communautés du nord du pays. «Vous représentez ceux qui ont tenu bon dans les combats pendant des années, et aujourd’hui vous constituez le front de la périphérie» leur a déclaré Ehud Barak.
Dans le courant de la soirée, les manifestants qui devaient défiler près de la frontière libanaise, ont reçu ordre de s’éloigner de cette zone, pour ne pas attiser les tensions avec le Hezbollah.
Israelinfos.net vous souhaite une agréable journée.