12.2.08

JERUSALEM NE DOIT PAS ETRE DIVISEE

par Efraim Inbar pour Bitterlemons.org
Par Inbar Efraim
Thème : Proche-Orient

Point de vue publié par Efraim Inbar le 4 février 2008

Titre original : Jerusalem will remain united

Traduction : Objectif-info

Efraim Inbar est professeur de sciences politiques à l'université de Bar-Ilan et directeur du Centre d’études stratégiques Begin-Sadate (BESA)


Le gouvernement d’Ehoud Olmert ne semble pas très affecté par le rapport Winograd. Cela signifie qu’il n’y aura pas de changement, en particulier que les négociations de paix avec l'autorité palestinienne se poursuivront. Pourtant les chances de conclure un accord sont minces ; la raison principale de cette estimation est liée à la question de Jérusalem. La demande palestinienne de partition de Jérusalem est un obstacle important à la paix.

Les Palestiniens et la majeure partie de la communauté internationale n’ont pas conscience que l'offre du sommet de Camp David d'Ehoud Barak, alors premier ministre, de diviser Jérusalem était en contradiction avec le puissant attachement que la majorité des Israéliens ressentent pour la ville éternelle. Un appui suffisant des forces politiques du pays à cette concession incroyable a toujours fait défaut. Des considérations stratégiques dictent également une attitude de fermeté en faveur d’un grand Jérusalem.

L'opinion publique israélienne est fermement attachée au maintien du statu quo à Jérusalem. Un sondage d’opinion récent montre que 68 pour cent des Israéliens estiment que Jérusalem doit rester la capitale unie d’Israël tandis que 29 pour cent seulement sont pour sa division et sa transformation en une capitale commune d'un état juif et d'un futur état palestinien. Le groupe d’âge qui soutient le plus vigoureusement la non-partititon de Jérusalem (à 78 pour cent) est la tranche des 18 - 24 ans. Dans ce groupe d’âge, l'appui le plus fort provient des religieux ultra-orthodoxes israéliens, la fraction de la population juive dont la croissance est la plus rapide. Quand on leur demande si Israël doit abandonner son contrôle sur le Mont du Temple, plus de 70 pour cent des Israéliens expriment leur désaccord sur cette proposition.

Quand Ehoud Barak a formulé en 2000 sa proposition de règlement, plus de 250.000 personnes lui ont manifesté leur opposition au cours du rassemblement le plus important jamais organisé en Israël parce qu’il transgressait un tabou sur Jérusalem. L’emprise électrisante de Jérusalem sur la psychologie juive n'est pas estimée à sa juste valeur. D'ailleurs, le commandement religieux orthodoxe prohibant tout visite du Mont du Temple a perdu de sa force ce qui permet à un nombre de plus en plus important d’Israéliens de réaliser l'expérience magique d’une rencontre entre un passé légendaire et l’avenir. De tels sentiments ont un puissant impact politique : ils réduisent à néant l’hypothèse d’Israéliens passifs, qui accepteraient sans rien entreprendre ce transfert de souveraineté.

En 2000, il n’y avait pas la majorité nécessaire à la Knesset pour ratifier une division de Jérusalem, ce qui a provoqué la désagrégation de la coalition sur laquelle s’appuyait Barak, bien que d’autres facteurs y aient aussi contribué. De même, en 2008, la coalition du premier ministre Olmert a rencontré des difficultés pour avoir inscrit Jérusalem à l'ordre du jour des négociations. Le parti Israel Beitenou, opposé aux négociations sur les questions relatives au règlement définitif a déjà quitté la coalition ; le parti Shass menace de faire de même si le gouvernement ouvre des discussions sur Jérusalem avec les Palestiniens. Une fraction du parti dominant lui-même, Kadima, abandonnera probablement la coalition si l’on touche à Jérusalem. Un travailliste au moins (Yoram Marziano) est sur une position semblable. Olmert a été forcé de retarder la négociation de cette question devant le risque de chute de son gouvernement.

Aucun gouvernement israélien ne survivrait à des concessions sur Jérusalem dans le contexte politique actuel lequel est peu susceptible de changer. Si des élections sont tenues dans un proche avenir, l'opposition à toute concession sur Jérusalem ne fera que s’affirmer.

Pour les juifs, l’intérêt primordial de Jérusalem n’est pas seulement historique ou religieux ; il tient également à l'importance stratégique de cette ville qui commande la seule route qui va de la côte méditerranéenne à la vallée du Jourdain. Le long de cette route, les forces militaires peuvent se déplacer sans rencontrer des concentrations massives de populations arabes. Jérusalem est la plaque tournante d’une zone de sécurité le long des défilés du Jourdain. Si Israël veut maintenir une frontière défendable à l'Est, il doit sécuriser l'axe est-ouest de la côte méditerranéenne à la vallée du Jourdain qui passe par une Jérusalem non divisée et Maaleh Adumim.

Conserver Jérusalem et ses extensions, les blocs d’implantation que le Président Bush a reconnus comme des réalités du terrain qu’un futur règlement doit prendre en compte, est un impératif stratégique. Les arguments qui ignorent l'immense potentiel d’instabilité politique de l'est du Jourdain et la nature imprévisible des technologies de guerre, afin de réduire au minimum l'importance militaire de Jérusalem et son rôle central dans la ligne de défense orientale d’Israël sont des opportunistes. Définir des frontières stables et défendables en fonction du dernier cri des technologies actuelles qui sont nécessairement transitoires, est stratégiquement inepte.

En conclusion, la partition de Jérusalem est tout simplement une idée stupide quand c’est l’unification des villes qui est dans l’air du temps comme en témoignent Berlin, Belfast ou Nicosie. Pourquoi le sort de Jérusalem devrait-il être différent ? Les juifs sont majoritaires dans la ville depuis les 150 dernières années. La requête palestinienne pour appliquer le principe d'autodétermination à Ramallah est tout aussi valable pour Jérusalem. La minorité arabe de la ville a exprimé elle-même sa préférence pour la loi israélienne en se déplaçant du coté israélien de la barrière de sécurité construite autour de Jérusalem. Son choix est rationnel car Jérusalem offre la qualité de vie d'une cité occidentale moderne tandis qu’à quelques kilomètres seulement la norme est celle du tiers monde avec son cortège de chaos et d'intolérance religieuse. Une Jérusalem non divisée est la garantie la plus solide d'une vie meilleure de tout Hiérosolomytain

En somme, la revendication palestinienne d’une division de Jérusalem ne fait qu’hypothéquer un avenir meilleur.