23.2.08

Lettre aux candidat-e-s aux élections locales

Madame, Monsieur,

Depuis quelque temps et particulièrement à l'approche des élections municipales, je constate que le lobby islamiste fait monter la pression sur toutes les équipes candidates, afin d'obtenir des collectivités locales des aides et des facilités pour construire des mosquées.


Cette situation nous interpelle vivement en tant qu'association, en tant que citoyens français, musulmans ou de culture musulmane ou supposés comme tels. Connaissant votre attachement à la laicité et aux valeurs de la République, nous tenions à vous exprimer notre soutien dans votre résistance à ce chantage communautariste et à vous informer, si vous ne le savez déjà, d'un certain nombre de réalités qui méritent d’être mieux connues et entendues.

Les femmes et hommes français et immigrés d'origine nord-africaine sont dans leur très grande majorité des démocrates et des laics, attachés à la loi de 1905 sur la laicité, qu'ils considèrent comme une loi qui protège et qui promeut les libertés.

Nous réclamons pour nous et pour nos enfants, notre droit à la loi de 1905 et notre droit à la liberté de croyance et de conscience. Comme tout citoyen, nous revendiquons le droit d’avoir ou non une religion, de la choisir et éventuellement d’en changer.

Les immigrés d’origine nord africaine qui ont fait le choix de s’installer définitivement en France, considèrent globalement ce pays comme un pays de libertés et de droits, ce qui est loin d’être le cas dans leurs pays d’origine. Ils sont surtout soucieux de leur réussite sociale et professionnelle et cherchent par le travail et les études notamment, à trouver leur place dans la société française.

Jusqu’aux années 1990, aucune demande de nature confessionnelle n’est enregistrée du fait de la faible pratique religieuse et de sa simplicité (la prière se pratique traditionnellement au domicile, en toute discrétion).

L’irruption de la question de l’islam sur la scène française est donc très récente et coïncide avec l’expansion de l’islamisme, c’est-à-dire l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques.

Plus ce phénomène faisait la " une " de l’actualité internationale, plus la parole islamiste portée ici par quelques individus d’origine moyen-orientale, membres du réseau des " frères musulmans ", en encaissait les dividendes. De fait, les " revendications islamiques " en France, ne sont pas une demande sociale de l’immigration mais bien le résultat d’une pression et d’une manipulation étrangères, que l’ensemble de la société française subit.

Dans l’Islam, il n’y a pas d’intermédiaire entre Dieu et le croyant, pas plus qu’il n’y a de hiérarchie, ni de clergé. Ce serait donc une grave erreur de chercher à reproduire dans cette religion, les pratiques chrétiennes. Cela ne profiterait qu’à quelques individus peu scrupuleux autoproclamés " représentants " d’une prétendue " communauté musulmane ".

Comme tout citoyen français, nous sommes représentés par nos élus (nationaux, locaux, syndicaux et associatifs) et non par un quelconque organisme confessionnel quel qu’il soit.

En conséquence, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) par exemple, ne représente que ses membres et n’a aucune légitimité à s’exprimer au nom de tous les musulmans ou considérés comme tels, vivant en France.

De plus, les positions de cet organisme contre la laïcité, montrent clairement qu’il est, comme toutes les organisations islamistes, un instrument au service de l’extension de l’islam radical et non de la promotion d’un islam de France, respectueux des libertés et des valeurs de la République.

Du reste, on peut se demander comment un " imam " envoyé par le gouvernement d’un pays étranger, ne parlant que quelques mots de français (ils sont très nombreux dans ce cas), peut-il prétendre représenter et défendre les droits et les intérêts moraux des jeunes français issus de l’immigration ?

Et à propos de " communauté musulmane ", on pourrait naïvement croire qu’il s’agit d’une population homogène, composée de citoyens ayant une identité religieuse unique et uniforme et souhaitant vivre tranquillement leur foi, ce qui serait tout à fait légitime.

Or, rien n’est moins vrai : L’expression même " communauté musulmane " n’est apparue que très récemment et a été sciemment vulgarisée par les organisations islamistes avant de la récupérer pour le besoin de " faire nombre " afin d’appuyer leurs exigences et de créer un rapport de forces plus favorable vis-à-vis des autorités françaises.

En réalité, les femmes et les hommes d’origine nord africaine sont certes majoritairement de " culture musulmane " mais avec une relation à la religion très diverse, comme l’est le reste de la société française : peu pratiquants, athées, agnostiques et laiques et ne sont donc pas plus " musulmans " que ne seraient " chrétiens " les autres français.

En conséquence, il est avéré que ceux qui réclament à cor et à cri la construction de lieux de cultes islamiques, ne sont qu’une ultra minorité mais qui déploie une intense activité de propagande et qui est la plus médiatisée. L’écrasante majorité des français et immigrés d’origine nord africaine n’a pas besoin de mosquées mais davantage de logements, d’emplois, d’écoles, de centres de loisirs et de culture.

Il est urgent pour la société française de comprendre et d’admettre que l’on puisse s’appeler Said ou Mohamed, sans nécessairement être de confession islamique. De même qu’il est essentiel d’exiger que cette religion soit délestée de ses dogmes et qu’elle soit tolérante, ouverte, laïque, respectueuse de la diversité et des libertés.

Quels que soient leur habillage et leur motivation, les pratiques archaïques et obscurantistes attentatoires aux droits humains doivent être sévèrement combattues.

Si nous ne sommes pas suffisamment vigilants, nous risquons de subir dans peu de temps la polygamie, l’interdiction du sport et des arts, le rejet du raisonnement scientifique, etc. Nous devons affirmer sans aucune ambiguité que nous ne voulons ni charia ni République des Fatwas.

En cette période électorale, nous mettons en garde certains candidats et candidates aux futures élections contre la tentation communautariste qui consisterait à faire des promesses démesurées en matière de construction de mosquées.

Que chacun sache que non seulement cela ne correspond pas aux besoins des populations, mais que cela porterait gravement atteinte aux lois, aux valeurs et aux intérêts de la France. De même, cela conduirait tout droit au repli communautaire et à la montée du racisme et de la xénophobie.

La grande majorité des français et immigrés d’origine nord africaine pour qui naturellement " la loi, c’est la loi du pays d’accueil ", ne comprend pas les tergiversations et les états d’âme de certains responsables français face aux attaques portées aux fondements de la République.

Le comportement des islamistes est arrogant, souvent choquant et leur projet est ouvertement liberticide. Cela est inacceptable. Dans ce contexte, il est primordial de s’armer de courage politique et d’autorité afin de préserver les acquis républicains, dont la laïcité est le fer de lance.

C’est la condition de la préservation de la paix sociale et de la promotion de l’égalité entre tous les citoyens et citoyennes.

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de ma considération distinguée.

Belkacem Lounès, Président du Congrès Mondial Amazigh

Auteur : Belkacem Lounès
Date d'enregistrement : 22-02-2008