27.6.09

La liberté du peuple iranien





À de très rares exceptions près, les commentaires de la grande presse face aux événements qui ont suivi l’élection présidentielle iranienne ont été, en Occident, d’une grande timidité.

Ce qui se passe est pourtant d’une importance considérable. Quel que soit l’avenir, le régime mis en place par l’ayatollah Khomeiny il y a trente ans a vécu. Ou bien Khamenei et Ahmadinejad noieront la révolte dans un bain de sang et ils apparaîtront d’une manière un peu plus obscène pour ce qu’ils sont, des dictateurs sans scrupule et des fanatiques meurtriers. Ou bien la révolte les submergera et un changement de régime aura lieu.

Tout en souhaitant, bien sûr, la seconde issue, je crains la première. Mais, quand bien même ce serait la première qui surviendrait, il deviendrait bien plus difficile à un diplomate ou un homme politique occidental de prétendre encore qu’on peut négocier quoi que ce soit avec des gens pareils et il deviendrait impossible de fermer davantage les yeux sur les dangers que l’arme nucléaire aux mains de tels personnages pourrait représenter.

Ce qui survient actuellement constitue une leçon de dignité et d’éthique face au « pragmatisme » de ceux qui ne cessent de répéter que les peuples musulmans ne peuvent aspirer à la liberté. Le peuple iranien, aujourd’hui, en ce moment, fait preuve d’un courage immense et exprime que trente années, cela suffit. Ceux qui sont à l’écoute des slogans scandés dans les rues de Téhéran et de toutes les grandes villes du pays savent que ce qu’on entend n’est pas une demande de recomptage des voix, mais, bien plus souvent, des cris qui disent : « Mort aux tyrans » ou « Mort aux dictateurs ».

Des appels se font en direction de Moussavi, mais celui-ci se trouve porté par un mouvement qui le dépasse de beaucoup et dont il n’est en rien l’organisateur. Il peut devenir son chef de file, mais seulement à condition de se placer lui-même à l’écoute du peuple.
On entend aussi, parmi les cris, « Allah est le plus grand », mais nul mieux que Khamenei ou Ahmadinejad ne comprend ce que cela signifie, à savoir que ni Khamenei ni Ahmadinejad, ni quelque dignitaire islamique, n’est légitime.

Parmi les Iraniens qui sont dans les rues aujourd’hui, nombreux sont ceux qui sont passés par l’Irak et ont vu ce dont nul ne parle en Europe : un pays libéré d’un tyran qui a été jugé et exécuté, un pays où la presse et les élections sont libres. Dans les manifestations iraniennes, la référence à l’Irak est explicite. Les manifestants pensent que le sort réservé à Saddam Hussein devrait attendre Khamenei et Ahmadinejad.

La déstabilisation de l’ordre autocratique qui régnait dans le monde musulman et à laquelle songeait George Walker Bush produit ses effets. Ceux qui pensent que des élections libres en terres musulmanes portent toujours au pouvoir des islamistes devraient examiner de plus près les résultats des récentes élections municipales irakiennes, des élections libanaises qui ont vu un recul net du Hezbollah, ou des élections au Koweit.

Personne ne soulignera l’aveuglement, la lâcheté, le cynisme et l’absence de perspective de l’administration Obama. Voici deux semaines, Barack Obama, dans son discours du Caire faisait la cour aux islamistes et léchait les pieds de Khamenei et d’Ahmadinejad. Pendant plus de huit jours d’émeutes en Iran, il a choisi le camp du pouvoir en place et de la répression au nom de la « stabilité », et a fini par tenir des propos minimalistes vaguement favorables à la liberté.

Je me souviens de temps où les États-Unis étaient, d’emblée, du côté de la liberté contre le totalitarisme. Ce fut le cas sous des Présidents de gauche tels Kennedy, sous des conservateurs tels Reagan ou George Walker Bush. Obama incarne une gauche américaine qui n’est en rien la gauche idéaliste d’autrefois, mais une gauche extrême, radicale, tiers-mondiste, ouverte à l’islamisme, tendant la main aux dictateurs.
Il est des gens qu’Obama fait encore rêver. On a les rêves qu’on peut. Moi, je préfère espérer pour la liberté du peuple iranien.
J’ai écrit voici un an que, même s’il était élu, Obama ne serait pas Président, je persiste et je signe. Non : Obama ne se conduit pas en Président des États-Unis !


Guy Millière pour les 4 Vérités hebdo