22.6.09
Les Gardiens de la Révolution menacent
Les Gardiens de la révolution iraniens en entrainement.
Photo: AP , JPost
Par AP
Les Gardiens de la révolution, bras armé du régime iranien, ont menacé lundi de réprimer à nouveau dans le sang toute nouvelle manifestation de l'opposition, mettant en garde contre une "confrontation révolutionnaire" si les manifestants redescendent dans la rue.
Via une déclaration diffusée sur le site Internet des Pasdaran, ces derniers ordonnent aux manifestants d'''arrêter les activités de sabotage et d'émeutes", qualifiant leur protestation de "conspiration" contre l'Iran.
Les manifestants doivent "se préparer à une résolution et à une confrontation révolutionnaire avec les Gardiens, les Bassidji et les autres forces de sécurité et disciplinaires", poursuit le communiqué.
Dimanche soir, le chef de l'opposition Mir Hossein Moussavi s'était engagé à poursuivre le mouvement de protestation contre les résultats du scrutin du 12 juin.
Par ailleurs, le Conseil des gardiens de la Révolution a admis des irrégularités durant les élections présidentielles du 12 juin. Dans cinquante villes, le nombre de bulletins collectés était supérieur au nombre d'électeurs enregistrés.
Le porte-parole du Conseil, Abbas-Ali Kadkhodaei a fait cette déclaration sur la télévision iranienne, dans le but d'adoucir la polémique de fraudes électorales lancée par un des candidats à la présidentielle, Mohsen Rezaei.
"Les accusations concernant 80 à 170 villes ne sont pas exactes. Les incidents concernent seulement 50 villes", a déclaré Kadkhodaei. Néanmoins, cette reconnaissance de fraudes est un premier pas.
Par ailleurs, la fille aînée de l'ancien président Hachémi Rafsandjani, l'un des hommes les plus influents d'Iran, a été remise en liberté dimanche avec quatre autres membres de sa famille. Elle a passé plusieurs heures en garde à vue pour avoir participé à des rassemblements non autorisés.
Cette interpellation suivie de l'annonce de sa libération, démentie dimanche soir par la télévision d'Etat, puis confirmée, est un avertissement des durs du régime visant son père, tenté de prendre le parti des réformateurs. Sur fond d'accroissement des tensions diplomatiques, elle laisse paraître des divisions sérieuses au sein même du régime sur la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.
Parallèlement, le bilan officiel d'une semaine de protestations s'est alourdi pour s'établir à 17 morts, après les affrontements entre manifestants et policiers qui ont coûté la vie à au moins dix personnes et fait une centaine de blessés samedi à Téhéran.
Dimanche après-midi, des policiers et des membres de la milice des bassidji ont pris position dans les grandes artères et sur les places de la capitale.
Sur le terrain diplomatique, Téhéran a durci le ton, le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki reprochant à la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne leurs propos sur le déroulement de l'élection du 12 juin suite à des informations faisant état d'irrégularités.
M. Mottaki s'est plaint des "approches injustes" de Paris, mais a particulièrement pointé du doigt Londres accusé de tentative d'ingérence dans le vote. Des accusations "catégoriquement" rejetées par son homologue britannique David Miliband.
Dans la soirée, la présidence tchèque de l'Union européenne a annoncé que plusieurs ambassadeurs de pays membres de l'UE en poste à Téhéran avaient été convoqués par les autorités iraniennes, qui entendaient protester contre ce qu'elles présentent comme une ingérence de ces pays dans les affaires intérieures de l'Iran. Lors de cette réunion, les diplomates n'ont pas été autorisés à exprimer la position de leur pays.
Dans ce climat de tensions croissantes, la BBC a confirmé dimanche après-midi que son correspondant à Téhéran, Jon Leyne, avait reçu l'ordre de quitter le pays dans les 24 heures. Le journaliste est accusé de "soutien aux émeutiers" par les autorités qui reprochent à la Grande-Bretagne de "comploter" contre l'Iran.
A Paris, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a dénoncé des "propos inacceptables à l'égard de plusieurs dirigeants étrangers" tenus par les autorités iraniennes.
"Ce n'est pas avec de telles insultes que le gouvernement iranien répondra aux aspirations de son peuple", a-t-il estimé dans un communiqué, condamnant la "répression brutale" de samedi à Téhéran.