28.4.08

FAUT-IL BRULER ISRAEL ?


L’Etat d’Israël moderne, fondé en 1948, fête 60 ans d’existence. A cette occasion, nous sommes plusieurs, sur les blogues et sur les sites, à choisir, de publier, une série de chroniques, sur ce pays. Je choisis, quant à moi, de commencer, par une première chronique, pour relater, d'une part, les fruits, passés et présents, de mes trois voyages en Terre Promise, en 1983, en 1989 et en 1997; et d'autre part, les fruits, passés et présents, de mes contacts, quasi quotidiens, avec divers Juifs et avec divers Israéliens.


Je me suis rendu en Israël à trois reprises. La première fois, j’ai été en Israël en 1983, la deuxième en 1989 et la troisième en 1997. En 1983, je fis la connaissance d’Ovadia Soffer, ambassadeur d’Israël auprès du siège européen de l’ONU, à Genève, puis de deux historiens israéliens, Bat Yeor, d’origine juive égyptienne et son époux, David Litman, d’origine juive anglaise. En 1983, en Israël, je rencontrais Asher Naïm, d’origine juive libyenne, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères et Shlomo Bino, d’origine juive irakienne, directeur pour le Moyen-Orient au même ministère. Je suis arrivé à Jérusalem, en 1983, complètement athée. J’en suis reparti croyant. Je suis catholique, certes, mais je suis catholique parce que j'ai été, sans motif religieux aucun, en Israël. En 1989, j’ai surtout parcouru Jérusalem, Nazareth et des villes de la Judée-Samarie. En 1997, je me suis notamment rendu à Tel-Aviv, Jérusalem, Bethléem, Jéricho, Ramallah et Nazareth. Concernant le Saint Sépulcre à Jérusalem, j'ai vu des prêtres orthodoxes et des prêtres arméniens se bagarrer pour leur parcèle de souveraineté sur le lieu saint des chrétiens. Je n'ose pas imaginer le bazard, si les autorités israéliennes se retiraient totalement des lieux saints. Par ailleurs, je me suis rendu, en d’autres occasions, en Syrie, en Jordanie, au Liban, en Turquie et au Maroc.

Pour moi, la situation, s’est encore éclaircie, d’une part, suite à une rencontre inter-religieuse, avec notamment l’Israélien Ruben Berger et Mgr Joseph Roduit, à l’abbaye de Saint-Maurice (Suisse) ; et d'autre part, la situation s'est encore éclaircie pour moi, depuis que je suis en lien, avec la communauté catholique philo-sémite des Béatitudes, notamment sa Maison Saint-Joseph (Suisse); une communauté qui chaque vendredi soir, célèbre l'entrée dans le sabbat.

J'écris que pour moi, la situation s’est éclaircie, dans le sens que j'ai saisis, à quel point, la négation de l'Etat d’Israël entraîne, naturellement, la négation de l’Église catholique en particulier et du christianisme en général. En effet, les conditions de vie déplorables des Juifs et des chrétiens en terre dite d’islam, ont pour corollaire, la volonté de détruire « l’entité sioniste », Israël. De même, si Israël devenait une terre majoritairement musulmane, les conditions de vie des Juifs et des chrétiens en terre dite d'islam seraient encore pires. Concrètement, les dirigeants des pays musulmans ne reconnaissent ni l’État d’Israël, ni la liberté religieuse des Juifs et des chrétiens en terre dite d’islam; et ces deux refus participent d’une même idéologie. C’est pourtant l’inverse qu’une certaine classe politico-médiatique essaye de nous faire avaler, à savoir : céder beaucoup de territoires, c’est beaucoup améliorer nos relations avec les dirigeants des pays musulmans. Il est vrai, à cet égard, que nous aimons, aussi, beaucoup, le pétrole.

Sur le plan littéraire, j'ai également trouvé, une pensée catholique, amie d'Israël. Au 20ème siècle, le philosophe catholique français Jacques Maritain a écrit: "Je voudrais être Juif par adoption, puisqu’aussi bien, j’ai été introduit par le baptême dans la dignité des enfants d’Israël (…) je suis des vôtres, oui, - juif par amour, je ne dis pas seulement spirituellement sémite, comme est tout chrétien, mais ethniquement juif, lié dans ma chair et ma sensibilité aux tribus d’Israël et à leur destinée ici-bas. Il y a une relation supra-humaine d’Israël au monde, comme de l’Église au monde (…) Aux yeux d’un Chrétien qui se souvient que les promesses de Dieu sont sans repentance, Israël continue sa mission sacrée (…) Israël, comme l’Église, est dans le monde et n’est pas du monde". Quant à moi, j'aimerais encore citer d'autres catholiques amis d'Israël d’une période historique plus récente que celle de Jacques Maritain, à savoir, Frère Ephraïm (« Jésus, Juif pratiquant », Fayard, 1987) ; le Père Etienne Richer (« Aimer Israël: pourquoi ? », Pneumathèque, Éditions des Béatitudes, 1995); le père Emile Shoufani, curé de Nazareth, arabe palestinien de nationalité israélienne, qui œuvre pour la réconciliation des Juifs et des Arabes. Catholique sioniste, il intègre une méditation sur le destin juif (cf. Jean-DanielChevalier). Lors d’une conférence à Genève, à l’occasion du 59ème anniversaire de la création de l’État d’Israël, l’abbé Alain René Arbez, responsable auprès de l’Église des relations avec le Judaïsme, a rappelé, citant Jean XXIII et Jan Paul II : "Non, l’Alliance conclue par Dieu avec Israël n’avait pas été abrogée. Loin d’être une branche morte, les Juifs sont les frères aînés des Chrétiens. La foi juive est intrinsèque au Christianisme, car qui rencontre Jésus, rencontre d’abord le Judaïsme". Je tenais a rappeler ces auteurs catholiques, car tant les Juifs que les chrétiens, ont souvent la fausse impression, que l'Église catholique, ses écrivains, ses clercs et ses journalistes sont systématiquement anti-israéliens.

Enfin, j'aimerais rappeler que l’Église catholique a condamné l’antisionisme comme une forme masquée d’antisémitisme. L’Église catholique a formulé cette condamnation dans une déclaration conjointe, rendue publique, mais guère mentionnée par les médias, en juillet 2004, à l’issue d’un forum d’intellectuels juifs et catholiques. La condamnation catholique de l’antisionisme a également fait l’objet, le 30 juillet 2004, d’un article de Shlomo Shamir dans le journal israélien Haaretz : « Dans la déclaration conjointe, l’Église catholique met l’antisionisme en rapport avec l'antisémitisme. L’annonce en a été faite, en 2004, à Buenos Aires, lors d’un colloque de religieux, d’universitaires et autres personnalités juives et catholiques. L’antisémitisme est inacceptable quelle que soit sa forme, y compris celle de l’antisionisme qui est devenu dernièrement une manifestation d’antisémitisme, a souligné la déclaration conjointe. C’était la première fois que l’Église catholique mettait en relation l’antisionisme et l’antisémitisme. La déclaration comprend également une condamnation ferme du terrorisme, et plus particulièrement du terrorisme au nom de la religion. Le terrorisme est un péché contre l’homme et contre Dieu. Le terrorisme fondamentaliste au nom de Dieu est injustifiable. Ilan Steinberg, directeur du Congrès Juif Mondial, un des organisateurs du forum, avait qualifié la déclaration conjointe de moment historique. Pour la première fois, l’Église catholique reconnaît dans l’antisionisme une agression non seulement contre les Juifs mais contre le peuple juif en tant que tel. D’éminentes personnalités juives qualifièrent cette déclaration publique de soutien de l’Église catholique face à l’antisionisme. Par le passé, le sionisme était qualifié de racisme, et cette déclaration fait maintenant de l’antisionisme lui-même une forme de racisme, avait déclaré un responsable juif à New York ».
Copyright Miguel Garroté. Article publié lundi 28 avril 2008 sur monde-info.