4.4.08

L'AGENDA SYRIEN

Par Guy Senbel pour Guysen International News

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur les tensions qui se sont développées ces derniers jours entre la Syrie et Israël. Le risque d’embrasement existe. La Syrie vient de subir un échec historique au Sommet de la Ligue Arabe qu’elle a pourtant accueilli. Accusé de contribuer à la déstabilisation de toute la région, Bashar El Assad, tente peut-être une dernière fois de se faire le champion de l’unité arabe, contre Israël.

La déclaration du Premier ministre libanais Fouad Siniora à la veille du Sommet de la Ligue Arabe sur le « rôle prépondérant » que joue la Syrie dans la crise libanaise est une accusation courageuse ; le boycott libanais au Sommet de Damas révèle une crise grave et profonde, elle exprime aussi la fin d’une certaine hypocrisie à l’égard des Syriens.

Les pays modérés du Moyen Orient ont renoncé à jouer le jeu d’El Assad. La Jordanie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont envoyé à Damas des représentants de second rang. Seule l’Algérie a soutenu ouvertement le régime syrien qui jouit également de l’ombre protectrice de Téhéran. Selon les propres termes du secrétaire général de la Ligue Arabe Amir Moussa, c’est à Damas que les « divergences interarabes » ont été révélées.

La Syrie exaspère. Parce qu’elle soutient l’Iran et son programme nucléaire que même les Chinois réprouvent aujourd’hui. Parce qu’elle contribue à l’instabilité en Irak, en armant les insurgés. Parce qu’elle soutient le Hamas et empêche l’unité des Palestiniens et par voie de conséquence leur émancipation politique. Parce qu’elle soutient le Hezbollah dans sa soif de revanche contre l’Etat juif.

Le ministère syrien de l’intérieur s’apprête à publier un rapport sur l’exécution du plus haut chef militaire du Hezbollah, Imad Moughnieh le 12 février dernier. Tout le monde s’attend à ce que le Mossad soit désigné comme responsable. Israël se prépare à des représailles du Hezbollah, qui entraîneraient cette fois la Syrie dans la guerre.

Suite à des rumeurs relatives à l’imminence d’une attaque israélienne qui circulaient dans la presse populaire syrienne mercredi 2 avril, Damas a déployé trois divisions armées, neuf brigades d’infanterie ainsi que des unités spéciales près de la frontière libanaise. Tsahal a tiré les leçons de la dernière guerre du Liban. Les frontières du Nord d’Israël ont été renforcées. Le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak annonce une « riposte douloureuse » en cas d’attaque.

Plus que jamais, le Moyen Orient a besoin de stabilité politique. C’est la première condition d’une lutte efficace contre la montée de l’islamisme dans la plupart des pays modérés de la région. Al Qaïda n’est qu’une des figures du fanatisme islamique au sein du monde arabo-musulman. Et le danger guette aussi bien l’Arabie Saoudite que la Jordanie, l’Egypte ou les pays du Golfe.

L’échec du Sommet de Damas montre que Ligue Arabe n’est plus l’instrument diplomatique de l’unité arabe. Pour qu’elle joue à nouveau son rôle fédérateur et unificateur du monde arabe, il faudrait qu’elle commette un acte fort et symbolique. En 1978, au lendemain des Accords de Camp David, l’Egypte qui venait de sceller un accord de paix historique avec Israël, était exclue de la Ligue Arabe. Elle ne réintégra l’institution qu’en 1987.

Les membres modérés de la Ligue Arabe devraient aujourd’hui considérer qu’une autre exclusion serait peut-être utile à la paix. Car pour l’heure, l’agenda syrien prévoit la guerre.

Depuis 650 jours, Guilad Shalit, Eldad Reguev et Ehoud Goldwasser sont les otages du Hamas et du Hezbollah, les deux principaux mouvements terroristes aux frontières d’Israël, soutenus par Damas. Ce soir, nous pensons à ces soldats d’Israël et à leurs familles désespérées.