18.4.08

LE PRIX DE LA LIBERTE

Par Guy Senbel
pour Guysen International News

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur les fêtes de Pessah, que les Juifs célébreront bientôt, sur les idées et les symboles, pour la liberté, et pour Israël, que la « Pâque juive » véhicule aujourd’hui.

« Pessah » n’est pas une fête comme les autres. C’est sans doute la plus universelle des fêtes du calendrier juif. La sortie d’esclavage des Hébreux, leur révolte, la prise de conscience de leur condition et leur lutte pour la liberté, ont fait dire aux plus brillants auteurs, écrivains ou savants, que l’aventure humaine de la liberté a commencé avec Moïse.

Certains ont donc fondé leur idéologie de l’espoir à partir d’une des plus importantes histoires de l’émancipation et de la liberté. Karl Marx voyait dans la Sortie d’Egypte la première expression de la lutte des classes, la révolte des opprimés contre les oppresseurs, salvatrice et émancipatrice.
D’autres au contraire ont considéré que Pessah enfermait les Juifs dans l’esclavage ; Adolf Hitler écrivait dans « Mein Kampf » que les Juifs étaient une race inférieure parce qu’ils reconnaissent chaque année, à Pessah, avoir été un peuple esclave. Six millions d’entre eux périrent d’avoir dit leur fierté de devenir libre et de non de naître libre.

La plupart des légendes antisémites ont été bâties à partir des grands symboles de cette fête. D’ailleurs, le mythe des meurtres rituels organisés par les Juifs afin de récupérer le sang d’enfants chrétiens pour préparer le pain azyme fut elle-même meurtrière ; accusés de meurtres rituels, des milliers de Juifs furent condamnés à mourir sur les bûchers du Moyen Age. Des dizaines d’entre eux, 42 exactement, moururent à Kielce en Pologne des suites d’un pogrome déclenché par une rumeur selon laquelle un enfant chrétien avait disparu, tué par les Juifs et vidé de son sang, pour la fabrication du pain non levé… Ce pogrome eut lieu après la Seconde guerre mondiale, en 1947, un massacre de survivants, parmi d’autres en Pologne.

Il y a 65 ans, à l’époque de Pessah, le Ghetto de Varsovie se soulevait, pour résister et lutter contre les Allemands. A l’aide de quelques armes glanées par-delà le mur du ghetto, à l’aide de cocktails Molotov, Mordechaï Anielewicz (Z’L) et Marek Edelman repoussèrent pour la première fois une attaque allemande.
A ce sujet, il convient de rappeler que contrairement à ce qu’une certaine presse polonaise aura prétendu au moment de la visite de Shimon Pérès en Pologne, les Polonais n’ont pas aidé les Juifs au moment du soulèvement du Ghetto.
Les Juifs luttèrent seuls et moururent seuls. Les rares qui survécurent tentèrent de rejoindre la résistance polonaise et, lorsqu’ils y furent admis, et non fusillés par l’Armia Krajowa (Armée de l’Intérieur), ils prirent part à l’Insurrection de Varsovie, guidés par leur conscience d’hommes libres, prêts à mourir pour une Patrie qui ne voulait plus d’eux.

La liberté des Juifs passe par leur autonomie culturelle et politique. Israël n’était pas une utopie religieuse mais le projet territorial d’un peuple qui a eu longtemps besoin de rassembler son histoire.

Israël est pour les Juifs une terre de liberté. Et c’est bien ce « miracle » selon les termes d’Arthur Koestler, que des dizaines de milliers de touristes d’Amérique et d’Europe investissent à leur tour, en imitant une sortie d’Egypte, éternel retour de la liberté.

Mercredi 15 avril, au nom de la liberté d’Israël à assurer sa sécurité et sa survie, face à un Hamas menaçant qui cherche la guerre, trois soldats sont tombés. Manhach Al Baniat, un jeune pisteur druze, David Papiam, 21 ans, Matan Ouvdati, 19 ans, sont morts (Z’L). Le triple assassinat a été revendiqué par les Brigades Azzedine Al Qassam, branche armée du Hamas. Ce soir, nous pensons à leurs familles endeuillées, privées de la liberté de voir leur fils et leurs frères.

Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, Eldad Reguev, Ehoud Goldwasser. Privés de liberté, privés de Pessah, alors que la rue israélienne s’interroge sur leur survie, depuis 664 jours, ils nous rappellent qu’au cours de leur histoire, les Juifs continuent de payer cher le prix de la liberté.