par Ephraim Sneh pour Haaretz
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Thème : International
Titre original : Preparing for the military option Article publié le 10 octobre 2007
Traduction: Objectif-info
Israël ne peut pas se résigner à l'idée qu'un régime, idéologiquement engagé à le détruire, détienne à l'avenir des armes nucléaires. Une des leçons centrales de l'Holocauste est que nous ne pouvons pas faire l'impasse sur la combinaison de la haine des juifs et d'une énorme puissance militaire.
L'action militaire n'est pas l'option préférée mais le choix de dernier recours. Il faut d'abord épuiser l'option des sanctions économique sérieuses, un genre de sanctions capables de miner le régime iranien, ou de le forcer à abandonner ses efforts pour développer des armes nucléaires. La sanction la plus efficace serait d'empêcher la vente des produits pétroliers raffinés à l'Iran, en particulier l'essence pour les voitures. Actuellement, la moitié de l'essence consommée en Iran est importée, la plupart du temps d'Inde, des Émirats Arabes Unis et de Hollande. C'est un outil très puissant. Le problème, c'est que les États ne se précipitent pas pour imposer de vraies sanctions, même ceux qui ont renoncé aux subtilités diplomatiques ou ceux qui en ont appris sur la robuste disposition de l'Iran à manœuvrer et à gagner du temps.
Israël doit faire l'hypothèse du pire, envisager que de vraies sanctions ne seront pas imposées à l'Iran. Les États-Unis ont deux autres options : encourager activement le renversement du régime des Ayatollahs par les Iraniens eux-mêmes ou recourir à une action militaire indépendante. En ce qui concerne la première option, les États-Unis lui manifestent de l'intérêt mais ils ont oublié comment il faut faire ; la seconde option peut être appliquée, mais ils ne souhaitent pas y recourir pour des raisons politiques.
Dans l'éventualité où personne n'arrête l'Iran sur la voie de la bombe, Israël doit garder une option militaire "sur la table". Ceci naturellement, en restant conscient des inconvénients et des réserves inhérentes à une telle option, en la tenant pour "l'option de dernier recours", la pire de toutes à l'exception de l'apparition d'un Iran nucléaire. En l'absence d'une telle option il y a peu de chance pour que d'autres pays agissent. Même s'ils tentent d'exercer des pressions économiques et politiques sur l'Iran, ce dernier n'aura aucune raison de céder s'il est convaincu que rien ne peut lui arriver. Nul ne prendra Israël avec le sérieux nécessaire s'il ne fait que se plaindre de la menace iranienne, sans démontrer sa détermination d'entreprendre indépendamment quelque chose pour la mettre en échec.
Il faut réunir deux conditions fondamentales pour qu'une opération israélienne contre l'Iran soit possible. D'abord disposer d'une protection efficace du front intérieur contre les missiles et les fusées qui sont déjà pointées par milliers sur les villes israéliennes, et dont certaines sont dotées d'ogives contenant des charges chimiques. Ensuite disposer des moyens technologiques, et des capacités opérationnelles sur de longues distances. Pour se défendre contre la guerre chimique et les missiles en améliorant le système de missile antibalistique Arrow et pour étendre l'horizon opérationnel, il faut assumer une dépense globale estimée à 5 milliards de Shekel. Ce coût peut être réparti sur cinq ans. La production et la mise en œuvre des systèmes doivent intervenir rapidement sur une période de deux à trois ans. Ce n'est pas impossible pour un pays placé en haut de l'échelle au niveau mondial en termes de PNB, surtout quand la question est existentielle.
Les projets mentionnés plus haut ont déjà obtenu un accord de principe du premier ministre et du ministre de la défense ; certains ont même reçu l'approbation du cabinet de sécurité. Certains d'entre eux ont été attribués, mais pour seulement une partie du budget promis, ce qui les retarde. Les conclusions de la Commission Brodet qui viennent d'être adoptées par le gouvernement interdisent d'allouer des fonds spéciaux aux projets exceptionnels liés à la défense. A partir de là, on peut douter que le budget nécessaire soit disponible pour l'exécution urgente de ces programmes. La conséquence pratique pourrait être de priver Israël de l'option l'autorisant à traiter les bombes nucléaires iraniennes. Le moment de la prise de décision contre la menace nucléaire iranienne interviendra probablement au cours du mandat du prochain gouvernement. En aucune façon, l'actuel gouvernement ne peut s'arroger le droit de dépouiller ses successeurs de la capacité d'agir, et donc de la capacité de choisir une option.
La négation pratique, ou des retards significatifs, privant Israël de l'option d'agir peuvent avoir pour lui des implications existentielles.
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