Vers un "désengagement complet" de Gaza
27 octobre 2007 -
Par Yaakov Katz & Herb Keinon
"Devrions-nous leur dire de continuer à tirer des roquettes sur la même centrale électrique qui leur fournit l’électricité et à continuer à bombarder le réseau hydrographique qui leur fournit de l’eau ?"
(Binyamin Ben-Eliezer, ministre des Infrastructures)
Le négociateur palestinien Saeb Erekat a appelé la communauté internationale à intervenir contre la décision israélienne de couper l’électricité dans la bande de Gaza après chaque tir de roquette Kassam, qualifiant la mesure d’Israël de "provocation, au moment où Palestiniens et Israéliens se réunissent pour négocier un accord sur les questions fondamentales afin de mettre un terme au conflit qui les oppose."
Selon des responsables sécuritaires, la décision du ministre de la Défense Ehoud Barak d’accepter le plan de Tsahal imposant des sanctions sur la bande de Gaza face à la multiplication des tirs de Kassam est la première étape vers "un désengagement complet," qui comprend la réduction graduelle de la dépendance palestinienne à Israël pour le gaz et l’électricité.
Jeudi, Barak a approuvé le plan mis au point par le vice-ministre de la Défense Matan Vilna’i et le coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires, le général Yosef Mishlav, conformément à la récente décision du cabinet déclarant la bande de Gaza "entité hostile."
Selon le plan, une des lignes à haute tension reliant Israël et Gaza sera fermée pendant 15 minutes après une attaque à la roquette, et la coupure augmentera progressivement si les tirs se poursuivent, jusqu’à une durée de deux heures. De plus, Israël va commencer à réduire la quantité d’essence qu’il transfère à la bande de Gaza.
Des responsables de l’establishment de la défense ont souligné que ces sanctions limitées ne risquaient pas de générer une crise humanitaire dans la bande de Gaza et étaient imposées avec le but éventuel de mettre un terme à la dépendance palestinienne envers Israël. Selon eux, ces coupures d’électricité n’affecteront pas les hôpitaux de la bande de Gaza.
Les Palestiniens et les organisations de défense des droits de l’homme ont qualifié la mesure de punition collective. Un des groupes, Gisha, a publié un communiqué, déclarant : "Jouer avec l’électricité équivaut à jouer avec le feu", et ajoutant :"Même une brève coupure d’électricité menace la sécurité et le bien-être des résidents de la bande de Gaza. "
Selon le ministre des Infrastructures, Binyamin Ben-Eliezer, Israël n’a pas d’autre alternative que d’adopter des mesures punitives. "Devrions-nous leur dire de continuer à tirer des roquettes sur la même centrale électrique qui leur fournit l’électricité et à continuer à bombarder le réseau hydrographique qui leur fournit de l’eau ?" s’est-il interrogé.
Des responsables de la défense ont précisé que les coupures d’électricité et de gaz ne visaient pas à "punir" les Palestiniens mais à terminer progressivement le désengagement final de la bande de Gaza, entamé en 2005 avec le retrait unilatéral d’Israël du territoire palestinien.
Israël s’attend à être critiqué dans le monde en mettant son projet à exécution. Le mois dernier, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait dénoncé une mesure "contraire aux obligations d’Israël envers la population civile en vertu de la législation internationale sur les droits de l’homme et humanitaire".
Dans la perspective d’une salve de critiques internationales, le ministère des Affaires étrangères a envoyé mercredi de la documentation de fond sur le sujet aux représentations d’Israël à l’étranger, afin d’expliquer que cette mesure est une "riposte non-violente à des attaques continuelles."
Alaa Araj, conseiller économique du gouvernement du Hamas à Gaza, y voit en tout cas une violation des droits de l’homme qui frapperait l’ensemble de la population dans le territoire. Gaza "sera plongée dans l’obscurité et la vie sera paralysée", prédit-il.
Avec AP