Rice : exploiter les échecs de la politique des USA pour un succès au Moyen-Orient ?
5 novembre 2007 - Par Diana West |
Jewish World Review - Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Une drôle d’affaire est arrivée vendredi dernier. Ou plutôt, n’est pas arrivée. Une grosse nouvelle juteuse éclata, frappa les télégraphes et retomba dans un bruit sourd dans l’obscurité des media. Nul ne s’en soucia.
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Et de quoi personne ne se soucia ? Laissez-moi citer l’histoire originale selon Reuters : " Anxieuse de ne pas répéter les erreurs passées pour parvenir à la paix au Moyen-Orient, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice s’est tournée vers les anciens présidents Bill Clinton et Jimmy Carter pour prendre conseil avant sa propre conférence [à Annapolis] cette année ".
Attendez une minute. Miss Rice s’est tournée vers Bill Clinton, célèbre pour avoir dit à Yasser Arafat : "Vous m’avez mis en échec", et dont l’épouse, bien sûr, concourt pour la présidence comme candidate anti-Bush ? Et vers Jimmy " 444ème jour de la crise des otages* " Carter, qui ne peut supporter l’administration Bush presque autant qu’il ne peut souffrir Israël ? La dernière fois que ces deux ex-présidents étaient réunis, ils ont scellé un arrangement avec Kim Jong Il, qui en échange d’une promesse de l’abandon des armes nucléaires, fournit une technologie nucléaire à la Corée du Nord. Et elle se tourne vers eux pour des conseils ?
Frottez-vous les yeux de stupéfaction, mais il y a plus. " On cite comme autres sources de conseils : l’ancien négociateur des USA Dennis Ross, et les ex-secrétaires d’Etat James Baker, Henry Kissinger et Madeleine Albright ". Les noms qui peuvent provoquer une consternation toute particulière sont James " juron : les Juifs " Baker, et Madeleine " courant frénétiquement après Arafat " Albright. (non pas que Dennis Ross, qui ne parvint jamais à un processus de paix qu’il ne pouvait pas esquisser, ou M. Kissinger, qui peut être considéré comme l’architecte originel de la stratégie politique des USA qui a constamment empêché Israël d’emporter une victoire totale sur ses ennemis, inspirent véritablement confiance).
Alors récapitulons. Miss Rice a "joint", comme le porte-parole du Département d’Etat l’a formulé dans un diplodiscours ’New-age’, des légendes vivantes de la politique faillie des USA au Moyen-Orient, y compris certains de ceux qui sont les critiques les plus hostiles à sa propre administration Bush, dans la guerre antiterroriste, Israël, ou tout cela à la fois. Cela est au mieux assez bizarre pour soulever quelques questions.
Ou bien suis-je trop dure ? Ha. Depuis des décennies, la politique américaine au Moyen-Orient a reposé sur un énorme mensonge : que deux parties, les Juifs et les Musulmans, étaient également à la recherche d’une coexistence pacifique. On peut démontrer que cela est faux. Seul Israël désire une coexistence pacifique avec les Arabes : les Arabes ne veulent que l’annihilation d’Israël. C’est pourquoi la " paix " que la politique américaine poursuit continuellement ne peut jamais être davantage qu’un " processus " - un processus, par à-coups, qui approche de sa hideuse conclusion à chaque administration successive. Car qu’est-ce qui peut mettre fin à un tel " processus " fondé sur le mensonge, si ce n’est la fin d’Israël même ?
Certainement, le long et pénible processus a dégradé le concept même d’Israël - l’idée d’une souveraineté inviolable, de frontières, et même d’une identité. Nous sommes loin de " Gaza, jamais " remplacé par " Gaza, prenez " - mais pas, bien sûr, trop loin du processus de paix. Il y eut un long parcours depuis " Jérusalem, jamais " vers " Jérusalem, on pourrait négocier ", et maintenant la prochaine étape dans le processus approche dangereusement à Annapolis. Et il y a toujours une nouvelle étape. Mais plus le processus de paix s’étire en longueur, plus Israël devient vulnérable à la conquête arabe - et plus le concept d’Israël devient vulnérable jusqu’au prochain tronçon du processus de paix.
Ainsi, Mrs Rice recherchant des "conseils" auprès de M. Clinton, qui obnubila tant son administration avec le " processus de paix " au Moyen Orient - un héritage pour détourner sa mise en accusation [impeachment**] - qu’il remarqua à peine l’attaque contre le navire américain USS Cole le 12 octobre 2000. Et auprès de Mrs Albright, dont on se souvient probablement le plus pour avoir fait claquer ses hauts talons dans un long couloir, pour implorer un M. Arafat ayant pris la mouche de revenir à " la table " - et tout le bien que cela fit, en humiliant les Etats Unis dans le processus.
Et qu’en est-il de M. Carter ? Malgré Camp David*** - dont le mérite revient à Anouar el Sadate et à Menah’em Begin - il s’agit de vraies stupidités. Ce n’est pas seulement parce l’ex-président a qualifié l’administration Bush comme " la pire de l’histoire ". (Après tout, il a aussi qualifié Kim Jong Il " d’homme intelligent et vigoureux "). Mais dans une post-présidence trop active, M. Carter s’est comporté de façon indigne - depuis ses efforts pour gêner le soutien à George Bush (le père) pendant la première guerre du golfe, jusqu’aux récentes déclarations de soutien au groupe terroriste Hamas - que vous devez vous demander comment Miss Rice a pu seulement décrocher son téléphone pour l’appeler. Et puis que dirait-t-elle. Et enfin, pourquoi.
http://www.jewishworldreview.com/1107/west110507.php3
Notes du traducteur :
* Ce n’est que 444 jours après la prise d’otages des diplomates américains de l’ambassade des USA à Téhéran, que ceux-ci furent libérés, le jour même de l’investiture du nouveau président Ronald Reagan. Le régime théocratique des mollahs et des ayatollahs, satisfait d’avoir bien ridiculisé l’Amérique, savait que Ronald Reagan était d’une autre trempe que Jimmy ’nuts’ Carter.
** Procédure que Bill Clinton fit tout pour éviter lors de " l’affaire Monica Lewinski ", qui choqua d’une part un public américain assez prude, mais surtout respectueux de la lettre de la loi, et offusqué que son Président ait pu mentir sous serment à la justice, délit passible d’une " procédure criminelle " aux USA.
*** La 1ère négociation de Camp David qui permit d’aboutir à la paix entre Israël et l’Egypte en 1978, contre la restitution totale du Sinaï.