par Paul Benaïm
pour Guysen International News
L’écrivain et journaliste Albert Naccache vient de publier un essai intitulé « Contre Israël. De l’amour de la Palestine… à la haine des Juifs » (1) Cet essai nous plonge dans l’univers des ennemis de l’Etat juif : leurs écrits, leurs déclarations, leurs caricatures, ont été patiemment réunis par l’auteur. Albert Naccache par souci de rigueur évite les courtes citations et présente de larges extraits des propos de militants de la cause palestinienne, journalistes, hommes politiques et autres, sans oublier les Juifs antisionistes.
Les uns prônent un Etat bi-national, d’autres la destruction pure et simple d’Israël au profit d’une Palestine arabe ou d’un Etat islamique, d’autres enfin, les plus « libéraux » acceptent l’Etat juif, à condition que les réfugiés palestiniens puissent regagner leurs foyers, ce qui équivaudrait à la disparition du caractère juif de l’Etat, mais tous sont d’accord pour diaboliser « l’entité sioniste ».
Ne nous voilons pas la face
Un problème se pose à ceux qui suivent de prés l’actualité politique : faut-il, malgré notre répugnance, lire les écrits nauséabonds des antisémites et des antisionistes ? Plusieurs auteurs se sont livrés à cet exercice et j’ai rendu compte ici même de leurs ouvrages (2, 3). Ignorer les « arguments » et les menaces de nos ennemis procède de la politique de l’autruche. Inutile de nous dissimuler que cette propagande effrénée, fondée sur un tissu de calomnies, a atteint une partie de ses objectifs : nombre de Français, sensibles à ces diatribes, ont aujourd’hui une image négative d’Israël.
Ne faut-il pas se frotter à cette littérature pour mieux l’ affronter, prendre au sérieux les discours d’un Le Pen ou d’un Ahmadinedjab ? Personne ne peut contester que nos gouvernants auraient été bien avisés de lire attentivement Mein Kampf dans lequel Hitler annonçait son programme.
Albert Naccache participe à ce travail d’information sur ce qui se dit et s’écrit, même de plus odieux, à propos d’Israël. Il s’est investi dans ses recherches avec la passion d’un collectionneur. En voici un aperçu.
Le prétendu chantage à l’antisémitisme
« En critiquant Israël, on prend le risque d’être accusé d’antisémitisme, par une confusion volontaire et perverse entre critique d’un gouvernement et d’un peuple. » Cette phrase est tirée d’un pamphlet écrit par Pascal Boniface en 2003 et plusieurs organisations s’en sont inspiré.
L’auteur de l’ essai « Contre Israël » démontre, preuves à l’appui, combien il est facile de glisser de la critique à l’invective et de l’anti-sionisme à l’antisémitisme. A titre d’exemples, il cite notamment : l’illustration d’un humoriste , une manifestation antisémite à Tunis, et les affirmations impudentes de négationnistes.
Une botte ornée de la Magen David
Un dessin de Serguei paru dans Le Monde au cours de la guerre du Liban de 2006 représente une botte ornée de l’étoile de David écrasant le Christ et c’est un journaliste du grand quotidien du soir, Luc Rosenzweig, qui accuse l’auteur de ce dessin, dans une lettre ouverte à la rédaction, d’une forme d’antisémitisme que l’on croyait révolue depuis Jean XXIII et le concile Vatican II, celle de l’accusation de « peuple déicide ». Une manifestation antisémite à Tunis
Le 10 mars 2006 une cérémonie a eu lieu à la faculté de la Manouba de Tunis en l’honneur d’un Juif tunisien décédé, Paul Sebag. Cet homme qui avait milité pour l’indépendance de la Tunisie avait souhaité faire don de le sa bibliothèque à cette faculté, mais c’est aux cris de « sionistes » qu’ont été accueillis les participants.
L’holocauste, une invention des sionistes
On retrouve là une des antiennes de la presse arabe selon laquelle la Shoah est un mythe, créé pour culpabiliser les nations et pousser à la création de l’Etat juif.
N’en déplaise à Pascal Boniface, on peut avec Albert Naccache multiplier les exemples de ces dérives où la critique fait place à l’invective et où s’efface la frontière entre anti-judaïsme et anti-sionisme.On est amené à se demander comment les juifs qui veulent se démarquer de l’Etat d’Israël réagissent devant de pareilles ignominies.
Le coup de poignard dans le dos des pétitionnaires juifs
Ils ont été quelques uns, une cinquantaine « d’intellectuels », la plupart d’extrême gauche, très minoritaires et certainement pas représentatifs de la communauté juive, à signer un texte dans lequel ils dénient à Israël le droit de s’exprimer en leur nom. Cette pétition a été publiée dans Le Monde le18 octobre 2000. Elle a été reprise par plusieurs journaux pro-palestiniens, qui y trouvent une justification inattendue de leur attitude hostile vis-à-vis de l’Etat juif
La diabolisation d’Israël
La diabolisation d’Israël n’est pas le seul fait de ses voisins. Et je m’abstiens de citer les épithètes inlassablement répétés et la longue liste de leurs auteurs, français ou non, réunis dans cette anthologie de la haine. Un sommet a été atteint avec la motion votée à Durban à l’occasion de la conférence mondiale de l’ONU contre le racisme en 2001, motion identifiant sionisme et racisme.
Lueurs d’espoir
Mais au milieu de ce déluge de flèches empoisonnées, Albert Naccache a trouvé au cours de ses investigations, quelques raisons d’espérer.
Résistances en France
Deux jeunes Françaises, Isabelle Wekstein-Steg, avocate et Souâd Bel-haddad, comédienne, dans un article publié dans Le Figaro du 12 juillet 2007, s’élèvent contre la montée de la méfiance, et refusent de voir les communautés arabe et juive se laisser entraîner dans un conflit qui ne les concerne pas.
Résistances au Moyen-Orient
Parfois, dans la presse arabe, certains osent s’opposer au courant dominant, s’insurgent contre le terrorisme et l’intégrisme, ou, comme Emilie Sueur, se prennent à rêver d’une paix entre le Liban, la Syrie et Israël. Emilie Sueur, éditorialiste à l’Orient-le-jour, grand quotidien libanais, écrivait le 6 Juin 2008 : « Imagine que pour le week-end, tu décides de prendre le train et d’aller à Tel-Aviv… Imagine que le week-end suivant tu le passes sur les rives du lac de Tibériade … Imagine ce que cette région pourrait être si elle était en paix. »
Sources
1 - Albert Naccache : « Contre Israël. De l’amour de la Palestine à la haine des Juifs ». Editions Cheminements Novembre 2008 408 pages
2 - Simon Epstein : Un Paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance.Ed. Albin Michel 2008
3 - Pierre-André Taguieff : La judéophobie des modernes
Des Lumières au Jihad mondial - Ed. Odile Jacob 2008
Lire l’article sur : http://www.guysen.com/