19.11.08
Iran – Israël : La nouvelle mouture de l’option militaire
« Tsahal reste prête à frapper l’Iran » , titrait lundi le Figaro dans un article écrit par son envoyée spéciale à Jérusalem, Isabelle Lasserre. Cette manchette a été rapidement contredite par les déclarations du général Amos Yadlin, le chef des services de renseignement militaires israéliens.
Dans son discours prononcé lundi à l’université de Tel-Aviv, cet officier de haut rang a déclaré qu’il était favorable non pas à des frappes mais à des négociations directes entre les Etats-Unis et l’Iran. C’est une position conforme à la nouvelle ligne diplomatique israélienne définie par Ehud Olmert, à la veille de Yom Kippour et rappelée à la veille de cette publication du Figaro.
Israël est un allié privilégié de Washington et cette alliance comporte des contraintes comme celle d’être solidaire des choix des Etats-Unis. Pendant longtemps, quand Bush agitait l’option militaire pour faire plier les mollahs, Israël était alors encouragé à endosser le rôle du bras armé incontrôlable pour amplifier l’effet de la menace.
Depuis qu’à Washington, non pas Obama, mais George Bush a cessé dès juillet 2008 de jouer ce jeu, les Israéliens ont dû revoir graduellement leur discours et l’on a assisté aux déclarations étonnantes d’Olmert à la veille de Yom Kippour où il niait purement et simplement avoir jamais suggérer une opération militaire israélienne contre l’Iran.
Pourtant comme l’a signalé l’article publié par le Figaro, les dernières déclarations d’Olmert comportent une certaine ambiguïté (une référence à l’usage de la force), un double sens. Le dirigeant israélien reprend son rôle du bras armé tendu pour frapper.
C’est le point gênant de ces déclarations : dans la plupart des pays démocratiques (comme la France), les militaires ne parlent pas aux médias par un devoir de réserve. Les Etats-Unis ne respectent pas cette règle, car cela est utile à leur diplomatie de menaces sous-entendues, et en plus ils imposent la même liberté d’expression militaire à leurs alliés. Ces derniers parlent beaucoup pour laisser planer les doutes. C’est un retour à la méthode de propos anxiogènes, à base de « toutes les options sont sur la table ».
Les journalistes sont utilisés, parfois ravis de signer un article tape à l’œil, et l’on peut alors lire des papiers comme celui d’Isabelle Lasserre qui contient tout et son contraire et plusieurs menaces sous-entendues et surtout la dernière version de « toutes les options sont sur la table ».
Isabelle Lasserre sous-entend qu’Israël s’entraîne depuis deux ans, qu’il est à présent fin prêt depuis que les Américains lui ont livré des bombes perforantes de types GBU-39, qu’il aura bientôt des F35 (ce qui est faux), mais malgré ces points positifs, il n’a pas la capacité de détruire les installations nucléaires iraniennes et que son intervention, si elle est autorisée par Washington, devrait être suivie par des frappes américaines sur plusieurs mois. Une allusion cynique à l’effrayant tapis de bombes dont on ne se relève jamais.
Le problème est que Téhéran sait qu’Israël a la capacité d’agir seule. Le simple fait de prétendre le contraire est le signal de l’absence totale de l’option militaire. Le retour à des menaces de frappe prouve que Washington veut toujours une entente avec les mollahs et non avec un autre régime en Iran (qu’il a aussi les moyens de mettre en place en agissant seul).
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