16.11.08

L'émouvant parcours de Jin-Jin



par Shraga Blum


Depuis quelques années, des efforts ont été réalisés auprès de l'antique communauté Juive chinoise de Kaïfeng.

Selon les "anciens de Kaïfeng", mais aussi d'après l'historien Avigdor Shah'an, la présence juive dans cette province chinoise date déjà de la déportation, au 7e siècle avant notre ère, des dix tribus du Royaume d'Israël par les Assyriens. Un certain nombre d'Israélites ne voulant pas rester sous domination assyrienne, poursuivirent alors leurs pérégrinations vers l'Est, qui en Afganistan, qui en Inde ou encore en Chine occidentale. C'est à Kaïfeng qu'une communauté vit alors le jour, en parfait isolement des autres judaicités, gardant des traditions originelles qui ne furent pas par la suite influencées par le judaïsme rabbinique apparu plusieurs siècles plus tard.

Selon les historiens, quelques milliers de Juifs perses se seraient également installés à Kaïfeng au 9e siècle de l'ère actuelle, en empruntant la Route de la Soie, à l'invitation de l'Empereur Song. Suite à une grave pénurie de soie, l'Empereur souhaita développer l'industrie de la filature, du tissage et de la teinture du coton. Une communauté juive s'y créa, avec comme point culminant la période de la dynastie des Ming, entre les 14e et 17e siècles, où l'on vit jusqu'à 5000 âmes. Cette communauté aux coutumes très particulières disparut au 19e siècle, du fait de l'assimilation, de la conversion à l'Islam ou du missionnarisme protestant. Mais quelques centaines de personnes subsistent encore avec une mémoire famillale d'appartenance à cette ancienne communauté. Un octogénaire, Shi Zhongyu cherche actuellement à recenser les us et coutumes de cette communauté particulière, et Shi Ley, étudie le Judaïsme et l'hébreu à l'université Bar Ilan à Ramat Gan. Certains chinois de Kaifeng commencent aussi à se pencher sur leur généalogie…

Des Rabbins américains puis l'Etat d'Israël ont entrepris récemment de se rendre sur place ou d'envoyer des émissaires pour retrouver ces Juifs, qui ne se reconnaissent d'ailleurs plus entre eux, afin de les ramener au Judaïsme, voire les faire revenir en Erets Israël.

C'est le cas de Jin Jin, ("Jin" signifie "Or"), jeune femme qui aujourd'hui parle parfaitement Ivrit et qui a changé son nom en "Yakh'oliya" ("D-ieu peut"). La jeune femme dit avoit entendu de tradition familiale depuis son enfance qu'elle est d'ascendance juive. D'ailleurs Jing, son père, qui habite encore en Chine, porte kippa et Tsitsiot!

L'identité juive de Jin-Jin s'est révélée notamment en 1996, lorsque les autortés chinoises ont voulu transformer les cartes d'identité des Juifs de Kaïfeng, et remplacer la mention "Juif" par celle de "Chinois". Jin-Jin témoigne que dès ce jour, elle décida de redécouvrir ses origines et d'étudier ce qu'est le Judaïsme. Et son rêve de réaliser son alyah se concrétisa en 2006, grâce à l'action de l'organisation "Shavé Israël", qui s'occupe d'aller rechercher les descendants des tribus perdues d'Israël. Après avoir passé une conversion, elle se dit maintenant "pleinement juive et pleinement israélienne" persuadée "que c'est là le pays que D-ieu a donné à son peuple".

De la Route de la Soie au chemin vers soi...