21.1.09

À Gaza, un mannequin criblé de balles qui en dit long


Par Reuters

GAZA - Entre cadavres et décombres hérités de trois semaines de blitz israélien, figure un objet surréaliste: la tête et le torse d'un mannequin en uniforme de Tsahal.

Son corps en caoutchouc dur a été déchiqueté par les tirs. De son tronc sortent des fils électriques. Ce leurre a été découvert sur une plage après le départ des soldats israéliens.

Selon les Palestiniens, ce "robot" a servi à détourner leur attention lorsque des commandos de Tsahal ont débarqué sur la côte. La ruse aurait permis aux assaillants d'abattre par surprise dix activistes du Hamas.

L'armée israélienne a refusé de commenter les stratagèmes utilisés par ses soldats lors de son offensive contre le mouvement islamiste mais un expert israélien confirme que Tsahal possède ce genre de leurre.

Sur la foi de photos du mannequin, Itay Gil, qui a participé à la formation de diverses unités de commandos de l'armée, pense qu'il a bien servi à concentrer le feu des tireurs du Hamas afin de pouvoir les localiser et les abattre.

"Tout est possible", dit-il.

Autre stratagème utilisé, selon des témoins, des militaires de Tsahal se sont infiltrés à Gaza au début de l'offensive sous le déguisement d'activistes du Hamas.

Des commandos israéliens héliportés sont en outre descendus en rappel sur des toits d'immeubles sous la protection de bombes fumigènes.

Quant aux chars de Tsahal, ils ont évité les mines et bombes télécommandées censées les accueillir en ignorant totalement les routes.

Enfin, les fantassins ont pénétré dans la bande de Gaza, de nuit, à pied, pour échapper aux unités du Hamas qui attendaient de les anéantir dans leurs transports de troupes d'un seul tir de roquette antichar.

Toutes ces précautions ont permis à l'armée israélienne de ne déplorer que dix morts en trois semaines dont quatre ont été victimes d'une erreur de tir de Tsahal.

Celle-ci a tué plus de 1.300 Palestiniens, dont, affirme-t-elle, des centaines d'activistes du Hamas.

Nidal al-Mughrabi
version française Marc Delteil