27.1.09

VILLIERS-LE-BEL : Un témoin capital des émeutes menacé de mort



Un jeune de 20 ans, qui doit témoigner aujourd’hui dans l’affaire des tirs sur les policiers lors des émeutes de Villiers-le-Bel, est la cible depuis six mois de menaces de mort.

Pour avoir recueilli en prison des informations de premier plan sur les émeutes de novembre 2007 à Villiers-le-Bel, et les avoir transmises à la justice, un jeune, âgé de 20 ans, endure depuis six mois des menaces de mort quotidiennes. Il réclame l’aide et le soutien des pouvoirs publics qui lui font défaut, alors qu’il doit témoigner aujourd’hui devant le juge d’instruction dans l’affaire des tentatives de meurtre sur les policiers.
Hier, il hésitait toujours à se déplacer au tribunal de grande instance de Pontoise. « J’ai peur », avouait-il.
A 11 heures, hier, son portable posé sur la table d’un café de Houilles (Yvelines) a encore sonné. Christopher met le haut-parleur et écoute un message sans ambiguïté. Le jeune est blême, il tremble. « Si tu vas au tribunal, t’es mort ! t’es mort ! », répète la voix.

« Je regrette parfois d’avoir dit tout cela »

Cela fait environ six mois que les messages de ce genre se multiplient, tant sur son portable qu’au domicile de sa grand-mère de 85 ans chez laquelle il vit à Houilles. Une vieille dame qui n’en peut plus : « Rendre des services, cela ne vaut pas le coup. Après, cela vous retombe dessus », glisse-t-elle. Le jeune homme a déposé plainte au commissariat de Houilles au début du mois, avec le sentiment de n’avoir pas été vraiment écouté. Il y est retourné hier après-midi.
« Je regrette parfois d’avoir dit tout cela, confie-t-il, reconnaissant son angoisse. Je ne sais plus quoi faire. J’ai le sentiment d’avoir été abandonné. » Son témoignage, qui n’est pas anonyme, risque pourtant de s’avérer essentiel dans une procédure criminelle qui regroupe surtout des dépositions sous X. Il trouve son origine dans un accident de la circulation à Bezons, qui avait coûté la vie à une adolescente le 11 novembre 2007. Mis en examen pour homicide involontaire, Christopher avait ensuite croisé le chemin de certains jeunes de Villiers-le-Bel, soupçonnés d’avoir pris une part active aux émeutes, ou de leurs proches. Il a alors recueilli des confidences sur différents dossiers des émeutes, en particulier sur les tirs contre les policiers. « Ils m’ont donné tous les détails. Ils me disaient qu’ils voulaient casser du flic. L’un d’eux m’a dit avoir tiré. » S’il a alerté la justice, c’est pour mettre fin à leur emprise. « J’en avais tellement marre d’être racketté », assure-t-il. Il a écrit au procureur avant d’être entendu par les enquêteurs de la DRPJ et des policiers du Val-d’Oise.
Cinq personnes, soupçonnées d’avoir participé aux tirs sur les policiers lors des émeutes, sont aujourd’hui mises en examen pour tentative de meurtre sur les policiers, en réunion et en bande organisée.

Le Parisien