17.1.09

Gaza : un racisme qui ne dit pas son nom



L'humanitaire et la compassion sélectifs sont l'expression d'un racisme qui ne dit pas son nom

Les Palestiniens, pris en otage dans la Bande de Gaza, souffrent le martyr en servant de bouclier humain dans une guerre qui leur est imposée par les milices islamistes du Hamas et leurs alliés de Damas et de Téhéran.

Les médias à l'origine des clameurs d'indignation qui montent des quatre coins du monde face aux horreurs d'une guerre retransmise en direct et dont se saisissent des propagandistes passés maîtres dans la manipulation de l'opinion internationale, seraient plus avisées de se retourner contre les bourreaux de la liberté des Palestiniens, c'est-à-dire les intégristes du Hamas, émules de Khomeiny et de Ben Laden.

Bien sûr que tout le monde a, à l'esprit, cette phrase de Benjamin Franklin : "Il n'y a jamais eu de bonne guerre, ni de mauvaise paix !"

C'est pendant la guerre du Liban, en été 2006, que la maîtrise de cette ignominieuse ingénierie a été acquise.

La méthode est restée simple et d'une terrible efficacité.

En premier lieu, Il faut amener Israël à la faute en le provoquant par des tirs de roquettes à partir de quartiers populeux, d'écoles ou d'hôpitaux afin que sa riposte touche inévitablement le plus de civils possible, des femmes et des enfants de préférence.

On en montre, ensuite, à la télévision les corps déchiquetés et le tour est joué. Les condamnations pleuvent et Israël apparaît aux yeux du monde comme le Barbare du 21e Siècle, alors qu'il ne fait que de défendre son droit à la vie, droit contesté sans ambigüité et ouvertement par les islamistes de tout bord.


Cependant, l'opinion occidentale qui s'arrête souvent à l'émotionnel ne voudrait ni voir, ni comprendre les raisons du réflexe militaire israélien. Celui-ci n'aurait qu'à ne pas tomber dans le piège de ses ennemis.

Elle oublie qu'en réagissant de la sorte, elle encourage à Gaza ce qu'elle diabolise chez elle : le terrorisme islamiste. Ignore-t-elle aussi que les intégristes islamistes considèrent Israël comme une entité impure et illégitime ?

Le 9 janvier 2009 à Alger, les islamistes sont redescendus dans la rue. À aucun moment, ils n'ont scandé de slogan en faveur de la Palestine. Ils ont crié : « Par nos vies, par notre sang, nous te sauverons, Ô Hamas ! »

Ainsi, derrière la réprobation internationale des horribles conséquences de cette situation, s'opère en réalité, une monstrueuse supercherie, un coup d'Etat dont le monde libre pourrait pâtir.

On délégitime l'autorité palestinienne et son Président Mahmoud Abbas. On enterre le Fatah républicain au profit des intégristes du Hamas, dont on fait insidieusement le vrai représentant des Palestiniens, comme on a érigé en 2006 le Hezbollah au rang de seule force politique libanaise.

Comme lui, le Hamas ne brandit pas le drapeau de sa patrie, il brandit ceux de l'Arabie Saoudite et de l'Iran, considérés comme la bannière de l'islam.

Tout le monde oublie que cela ne fait pas deux mois que le Hamas a chassé le Fatah de la Bande de Gaza en en exterminant par les armes tous les représentants. Lui qui n'a pas hésité à massacrer ses propres frères, pourquoi épargnerait-il, demain, ses adversaires étrangers ?

L'urgence aujourd'hui est d'isoler le Hamas sur le plan politique et diplomatique, de rétablir Mahmoud Abbas dans son statut de Président palestinien, d'asseoir son pouvoir en l'aidant à constituer un gouvernement républicain attaché au respect des droits de l'homme et soucieux de l'avenir de liberté et de démocratie de ses citoyens.

L'action que mène dans ce sens l'Egypte est éminemment importante. Il faut l'encourager. Même si le régime égyptien a, lui aussi, beaucoup à balayer devant sa porte en matière des libertés publiques et du respect des Egyptiens, il n'empêche que sa ligne de conduite dans cette crise de Gaza est très positive.

Elle aide les Palestiniens à se diriger vers la construction de leur pays, se tourner vers la paix et la culture de la coexistence pacifique.

L'histoire lui en sera reconnaissante. De son côté, Israël a intérêt dans ses futures négociations, à donner la chance aux colombes palestiniennes pour ne pas demeurer éternellement assiégé, perpétuellement en guerre.

C'est la seule manière de ne pas encourager l'émergence de l'extrémisme islamiste autour de lui, de ne pas donner prise à des manipulations de la question palestinienne par des régimes criminels qui, pour ne pas perdre leur dictature, focalisent constamment le regard du monde sur cette plaie de l'humanité.

Certaines des gauches occidentales qui sont incapables de se réinventer un idéal de société conforme à leurs valeurs, plutôt que de prendre le contre-pied de tout ce que font les Etats Unis, devraient peut-être comprendre qu'il n'est pas sain de tuer moralement Israël au motif qu'il ne les convie pas à son propre enterrement.

D'autres drames au Darfour, au Kivu, en Gambie, en Côte d'Ivoire, en Kabylie, au Somali- Land, au Sri Lanka, au Kurdistan, en Afghanistan et en pays touareg (Niger, Mali, Lybie, Algérie)… sont largement minorés et ne suscitent pas de mouvements de foule.

L'humanitaire et la compassion sélectifs sont l'expression d'un racisme qui ne dit pas son nom.

Les victimes de la violence politique et militaire sont égales devant la mort, quelle qu'en soit l'identité.

Azouaou Azeggagh