9.1.09

«Le Hamas utilise les civils comme boucliers humains»



Propos recueillis par Philippe Gélie

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«Cette opération est un dernier recours : un arrangement diplomatique ne doit pas rétablir le statu quo», estime Daniel Shek.

L'ambassadeur d'Israël à Paris Daniel Shek accuse le mouvement palestinien de «crime de guerre» et estime que la proposition de cessez-le-feu franco-égyptienne «manque de substance».


LE FIGARO - Le plan de cessez-le-feu franco-égyptien est-il acceptable pour Israël ?
Daniel SHEK - Notre objectif est de rétablir une vie normale pour les habitants d'Israël. Notre retrait de Gaza et six mois de trêve n'ont rien arrangé, au contraire : la portée des roquettes du Hamas a été multipliée par quatre. Cette opération est un dernier recours : un arrangement diplomatique ne doit pas rétablir le statu quo.

Quelles conditions posez-vous ?
Tout accord doit avoir deux composantes essentielles : l'arrêt complet des tirs de roquettes et des actions terroristes, et un dispositif fiable, crédible à long terme pour bloquer la contrebande d'armes à la frontière égyptienne.Ces éléments figurent-ils dans les propositions de Nicolas Sarkozy et de Hosni Moubarak ? Les grandes lignes du plan sont acceptables, mais la substance manque. C'est dans les détails que se mesurera sa crédibilité. Une question délicate concerne les tunnels creusés en territoire égyptien, parfois à quelques centaines de mètres de la frontière. Il existe des moyens, électroniques et humains, d'assurer une surveillance efficace. La communauté internationale semble disposée à les mettre en œuvre. Une visite d'Ehoud Olmert en Égypte pour en discuter est possible.Israël est-il prêt, en contrepartie, à lever le blocus de Gaza ? La première contrepartie, c'est l'arrêt des hostilités. D'autre part, il existe un accord, antérieur à la prise de contrôle de Gaza par le Hamas, qui prévoit notamment la présence d'observateurs européens aux points de passage. Cela peut être une base pour l'avenir. Réoccuper Gaza est-il exclu ? Tous les dirigeants israéliens l'ont dit.Les couloirs humanitaires seront-ils permanents ? Il est question d'en ouvrir régulièrement. Je n'ai connaissance d'aucun cas où un convoi humanitaire n'aurait pas réussi à passer dans les 48 heures. J'espère qu'une fois par jour, dans une zone déterminée, les deux camps cesseront les combats pour permettre à la population de se ravitailler.

Les objectifs militaires sont-ils atteints ?
Sans doute pas. La première et la deuxième phase de l'opération ont porté un coup à l'organisation du Hamas et à son équipement. S'il y a 30 000 roquettes à Gaza, il ne s'agit pas de tout détruire. Il faut éliminer la motivation de les tirer. Cela s'appelle la dissuasion.

Tsahal se voit reprocher des bavures et une action disproportionnée : cela accroît-il la pression pour une issue négociée ?
Tsahal ne vise jamais d'objectifs civils, je le dis avec force. Mais le Hamas utilise doublement les civils : comme cibles et comme boucliers humains. Selon le droit international, c'est un crime de guerre de se cacher parmi la population, et il ne donne pas droit à l'immunité.

Nicolas Sarkozy estime qu'une trêve devrait être possible d'ici à huit jours : êtes-vous d'accord ?
Il n'y a pas de raison pour que cela dure plus de quelques jours.