5.1.09
OPERATION " PLOMB FONDU "
Par Stéphane Juffa
Avec Ilan et Jean Tsadik et Sami El Soudi dans le Sud
En ce neuvième jour de l’opération Plomb fondu, nous avons une image précise de la situation militaire.
L’état-major de l’armée israélienne a planifié son opération en trois phases : la première est terminée, elle aura duré une semaine exactement. Durant cette période, la marine, mais l’aviation surtout, ont détruit l’ensemble de l’infrastructure militaire, policière et étatique de l’Organisation de la Résistance Islamique, dont l’abréviation est Hamas en arabe.
Mettant en œuvre trois types d’aéronefs, les drones, pour la surveillance du territoire, la désignation des cibles et la collecte des résultats des attaques, mais également le tir de missiles dans des circonstances particulières ; les chasseurs-bombardiers F-16 et les hélicoptères d’assaut Cobra et Apaches, pour l’attaque au sol.
Lors de cette première phase de confrontation, la machine de guerre israélienne s’est appuyée sur le travail énorme fourni par les différentes branches du renseignement. Ces dernières ont agi de deux manières : A) en établissant et en tenant à jour, depuis de longs mois, une "banque de cibles", grâce aux moyens de guerre électronique et optiques, ainsi qu’à l’aide de dizaines d’agents œuvrant à l’intérieur de la Bande Gaza. B) En recueillant et en traitant les informations évolutives en temps réel.
Les informations recueillies par le renseignement sont de qualité extraordinaire. Elles ont permis d’identifier l’emplacement d’une multitude de stocks d’armes et de munitions, de déterminer les bâtiments publics ainsi que les habitations privées qui abritaient des moyens de combats et les postes de commandement des cellules de miliciens.
Plus remarquablement encore, le renseignement est parvenu à redessiner, en grande partie, la carte du réseau souterrain des fondamentalistes, qu’ils pensaient être leur secret le mieux gardé.
La surprise des islamistes a été pratiquement totale lorsqu’ils ont été témoins des bombardements aériens hyper précis – avec une marge d’erreur de moins de 50 centimètres du point d’impact visé – des tunnels de contrebande reliant Rafah à l’Egypte.
Ces galeries ont été anéanties par la Hel’Avir, qui a utilisé pour ce faire de gigantesques bombes de cinq tonnes, appelées destructrices de bunkers. Sans faire de dégâts collatéraux, dans l’espace d’une centaine de mètres séparant les dernières maisons palestiniennes de Rafah des premiers soldats égyptiens, les aviateurs hébreux ont pratiquement réduit à néant, en deux raids, la termitière comprenant des centaines d’ouvrages qui approvisionnaient le Califat en armes, munitions, devises et conseillers militaires iraniens.
Autre tâche dévolue à l’armée des airs, la poursuite à chaud des commandos de lanceurs de roquettes, que ce soient les transports d’engins, la chasse aux tireurs lors de l’installation des rampes, en plein tir, ou une fois leur méfait accompli.
Samedi dernier, on entrait dans la phase deux de l’opération, celle qui est en cours et dont l’objectif principal consiste à couper la Bande de 40 kilomètres de long sur quinze de large en plusieurs sections, dans le sens Est-ouest.
Cette opération terrestre a été précédée d’une préparation d’artillerie relativement classique, samedi, à partir de l’aube. Les canons de Tsahal ont ainsi détruit tout ce qui pouvait constituer un risque pour la progression des fantassins.
Les principaux objectifs des artilleurs étaient les tunnels remplis d’explosifs, les bombes souterraines commandées à distance, et les groupes de miliciens embusqués. Groupes dont le but devait consister à ralentir l’avance de l’infanterie en lançant des opérations de guérilla et en tentant d’enlever des soldats hébreux pour en faire des monnaies d’échange, à l’instar de Guilad Shalit.
A ce stade de l’opération, selon les sources exclusives de la Ména, nous sommes en mesure d’affirmer que le Hamas a été à nouveau et doublement surpris ; premièrement, par la qualité du renseignement de ses ennemis : tous les pièges que les islamistes avaient méticuleusement tendus sur les voies d’invasion de l’infanterie ont été détruits par l’aviation et l’artillerie.
Aucun Israélien n’a été blessé par ces pyrotechnies, aucun blindé n’a sauté sur les charges de cent, voire même deux cents kilos d’explosif enterré, que les miliciens avaient préparées à leur intention.
La soixantaine de blessés israéliens durant les combats terrestres l’ont été principalement par des éclats de mortiers, dont nous vous avions annoncé dans ces colonnes que le Hamas faisait l’économie contre les agglomérations du pourtour de Gaza, pour les réserver aux fantassins.
Seconde surprise : les chefs du Califat ne croyaient pas réellement que les Israéliens procéderaient à une intervention terrestre. Ils avaient été trompés en ce sens par l’analyse effectuée par le Hezbollah, et plusieurs fois exprimée en public par son guide, Hassan Nasrallah, selon laquelle l’Etat hébreu craignait par trop les conséquences d’une confrontation au sol pour s’y aventurer.
Les événements de ces trois derniers jours sont là pour leur prouver que Nasrallah avait tort et qu’il est mauvais conseiller. La direction du Hamas est en train de regretter amèrement d’avoir sous-estimé la réponse des Hébreux en ne reconduisant pas la Taadyé et en arrosant de roquettes le Néguev occidental. Nous le tenons de source sûre.
Car l’armée de terre israélienne s’est enfoncée assez facilement dans la Bande sur quatre axes. Au Nord, où se déroule la partie principale de la phase 2, les Israéliens ont même pénétré le territoire du Califat en trois points : Nord, Nord-est et Est.
Un peu plus au sud, la colonne de Tsahal est parvenue jusqu’au quartier de Zeitoun, marquant l’extrémité orientale de Gaza-ville. Depuis hier, des combats se déroulent à l’intérieur de Zeitoun, et plusieurs civils (une dizaine) en ont fait les frais.
Plus au Sud encore, au nord de la latitude de la ville de Khan Yunès, une colonne de chars a coupé, en moins de deux heures, la Bande, de la frontière israélienne de Kissufim à la Méditerranée.
Cette césure rend impraticable tout contact entre les défenseurs de Gaza-city et le sud de la bande côtière. Aucun renfort ne passe, non plus que les munitions ayant transité par Rafah. Les soldats de cette colonne ont construit plusieurs ouvrages de retranchement, notamment dans l’ex-implantation de Nétzarim, dont le nom évoque l’affaire de la mise en scène de l’assassinat de Mohamed A-Dura par la chaîne publique française, FR2, en 2000.
La quatrième colonne a doublé la césure de Nétzarim, en occupant une ligne parallèle à la frontière égyptienne. Le travail réalisé actuellement par ce quatrième corps expéditionnaire est le plus discret et le plus lourdement censuré.