23.2.09

Délégitimation de Netanyahou: l’UE sur les traces de la gauche israélienne


Bien que les élections aient donné une majorité claire à la droite israélienne, et malgré les efforts de Binyamin Netanyahou d’associer tout de même les principales forces politiques du pays à un gouvernement de large union, les médias et la gauche israéliennes - Kadima inclus – poursuivent leur campagne de délégitimation d’une éventuelle “coalition de droite”, qu’ils qualifient d’ailleurs “d’extrême-droite”, avec toute la connotation que cela peut avoir vis-à-vis de l’étranger. “Impasse politique”, “blocage du processus de paix”, “crise aigüe avec les Etats-Unis”, “reprise du terrorisme”, “division du pays”, que n’entend-t-on pas pour tirer à boulets rouges sur une coalition qui n’a même pas encore vu le jour. La tendance de Tsipi Livni à se diriger vers un séjour dans l’opposition est d’ailleurs souvent interprêté comme une volonté de devenir “une alternative à un gouvernement qui de toutes façons ne tiendrait pas plus qu’une année”

Le Jerusalem Post d’aujourd’hui publie même un article qui va très loin, établissant un parallèle entre Israël et les Palestiniens, tous deux partagés en leur sein entre deux visions: d’une côté, celle de Kadima, la gauche et l’Autorité palestinienne, favorables à la “paix” et à une solution de “Deux Etats pour deux peuples”, et de l’autre, celle du Hamas et d’un gouvernement israélien de droite, opposés catégoriquement à toute solution pacifique!

Ainsi, de manière très paradoxale quoique habituelle, pour les champions “de la liberté et du progrès”, si prompts à dénoncer la moindre entorse à la démocratie, un gouvernement formé du centre-droit, de la droite nationale et des orthodoxes serait de prime abord frappé d’un sceau d’impureté, d’illégitimité ou d’immobilisme.

Ces procès d’intentions commencent d’ailleurs à rencontrer l’écho escompté à l’étranger. Hormis les pays arabes, qui craignent à juste titre un gouvernement israélien plus ferme et exigeant, il y a quelques jours, c’est l’émissaire spécial américain pour le Proche Orient, George Mitchell, qui annonçait de manière feutrée mais claire “que la paix économique avec les Palestiniens, proposée par Netanyahou, était certes un pas important mais insuffisant”. Et aujourd’hui ce sont les Européens qui font part de leur crainte “qu’une coalition étroite dirigée par Binyamin Netanyahou ne signe la fin du processus de paix”. Lors du sommet des ministres européens des Affaires Etrangères, qui se tient actuellement à Bruxelles, certains ministres n’ont pas caché leurs “craintes”, comme par exemple ceux de Suède ou de la Tchéquie. Le ministre italien, Franco Frattini, a déclaré “qu’Israël ne pourra pas se dérober à la solution de la question palestinienne qui passe par la création d’une Etat palestinein aux côtés d’Israël”. Le vice-premier ministre tchèque, Alexander Vendra, dont le pays préside actuellement l’Union Européenne, a même averti de “débuts difficiles entre L’Europeet Israël au cas où Netanyahou formerait un gouvernement étroit”, sous-entendu “insubordonné aux désidératas européens”.

Il y a quelques jours, l’émissaire européen Javier Solana, avait tout bonnement souhaité “la création d’un gouvernement avec la participation de Kadima afin d’assurer la pourauite des négociations avec les Palestiniens”. Imaginons la réaction de ce même Javier Solana, si un dirigeant israélien avait déclaré un jour “préferer un gouvernement Zapattero à un gouvernement Aznar, afin de mieux régler la question basque”!!! Solana doit effectuer une tournée au Proche Orient dès demain, où il discutera de ce sujet crucial avec les dirigeants israéliens, palestiniens, égyptiens, syriens et libanais!

Des gouvernements de gauche ont déjà été formés en Israël durant ces vingt dernières années, notamment entre 1992 et 1996. Ils n’avaient pourtant pas été accueillis par tant d’hostilité à l’intérieur comme à l’étranger, et pourtant, les décisions qu’ils ont prises en matière de politique étrangère font encore aujourd’hui ressentir leurs effets dangereux et pervers.

par Shraga Blum
arouts sheva