12.2.09

REVUE DE LA PRESSE ISRAELIENNE

Le Likoud et Kadima tentent chacun de former une coalition

Au lendemain de la publication des résultats des élections législatives, écrit le Yediot Aharonot, tous les yeux étaient tournés hier vers le président du parti Israël Béteinou, Avigdor Lieberman, qui s’est entretenu avec le président du Likoud, Binyamin Netanyahu, et la présidente de Kadima, Tzipi Livni. Avigdor Lieberman n’a cependant toujours pas fait savoir à qui il recommandera au président Shimon Pérès de confier la mission de former le prochain gouvernement.

Lors de ces entretiens, Avigdor Lieberman a émis quatre conditions préalables à son entrée au gouvernement : la modification du mode de scrutin et de gouvernement, la mise en place d’un « pacte de vie de couple » [sorte de PACS], le renversement du Hamas dans la bande de Gaza et l’adoption de la loi sur la nationalité et la loyauté proposée par Israël Béteinou. Le Haaretz note que si ces deux dernières conditions seront mieux accueillies par un parti de droite comme le Likoud, les deux premières auront plus de chances d’être acceptées par Kadima, plus enclin à effectuer des réformes dans le domaine des relations entre religion et Etat.

Avigdor Lieberman, estime le Yediot Aharonot, devrait faire sa voir qui il désire voir au poste de Premier ministre peu avant d’être reçu par le président Pérès dans le cadre des consultations que celui-ci doit mener avec l’ensemble des partis. Même si, a priori, il est plus probable qu’il recommande de nommer Binyamin Netanyahu, Lieberman pourrait décider de ne recommander aucun candidat si ces demandes sont rejetées. A Kadima on espère que dans un tel cas, le président chargera Tzipi Livni de former le gouvernement.

Hier dans la matinée, rapporte le journal, pendant que Tzipi Livni rencontrait Avigdor Lieberman, Shaul Mofaz, numéro deux de Kadima, rencontrait le président du parti Shas, Eli Yishaï. Ce dernier, écrit le Haaretz, a toutefois fait savoir qu’il soutiendrait Netanyahu. Kadima a aussi entamé des contacts avec le parti ultra-orthodoxe Yehadout Hatora, le but étant qu’au moins un des ces trois partis ne recommande pas au président de nommer Netanyahu Premier ministre. « Notre but est d’empêcher Lieberman de soutenir Netanyahu. Si nous y parvenons, il est très probable que le président Pérès charge Tzipi Livni de former le gouvernement », a déclaré le vice-premier ministre, Haïm Ramon, qui dirige les pourparlers au nom de Kadima.

Des proches de Binyamin Netanyahu affirmaient hier qu’il n’a pas l’intention de confier à Lieberman les portefeuilles de la Défense ou des Affaires étrangères. Selon le Haaretz, afin d’obtenir le soutien d’Avigdor Lieberman, Binyamin Netanyahu pourrait lui proposer le poste de ministre des Finances avant de se tourner vers Kadima à qui il proposera les portefeuilles de la Défense et des Affaires étrangères.

Par ailleurs, M. Netanyahu a rejeté hier l’idée d’un roulement avec Tzipi Livni à la tête du gouvernement. Dans l’entourage de Mme Livni aussi on rejette pour l’heure l’idée d’un roulement.

Le président du Likoud a lui aussi entamé une série de rencontres avec les dirigeants des différents partis afin de les dissuader de s’associer à Kadima. M. Netanyahu s’est notamment entretenu avec le président de Shas, Eli Yishaï. Ce dernier n’a pas exclu de siéger au gouvernement avec Israël Béteinou. « Si Lieberman siège au gouvernement sur la base d’une plateforme qui préserve le statu quo [en matière de religion], nous pouvons siéger ensemble. On a déjà vu des alliances plus extrêmes », a-t-il déclaré.

Shas, écrit le Yediot Aharonot, convoite un portefeuille des Cultes qui inclurait le département de l’enseignement ultra-orthodoxe au ministère de l’Education, celui de la Construction et du Logement et celui de l’Intérieur. Eli Yishaï a également rencontré hier les députés de Yehadut Hatora pour tenter de former un front uni des deux partis.

Enfin le journal rappelle que les résultats définitifs du scrutin devraient être connus cet après-midi avec le dépouillement des voix des soldats, des prisonniers, des personnes hospitalisées et des bureaux de votes pour invalides. Au Likoud on espère que ces 188 000 électeurs apporteront un siège supplémentaire au parti qui se retrouverait ainsi à égalité avec Kadima. Lutte pour la succession d’Ehud Barak à la tête du parti travailliste

Au parti travailliste israélien on est encore sous le choc après le faible score obtenu aux élections : 13 sièges seulement qui font de lui le quatrième parti de la Knesset. En effet, écrit le Maariv, même au sein des kibboutzim, traditionnel bastion de la gauche, Kadima a devancé les travaillistes avec 31,1 % contre 30,6 % pour les travaillistes.

Cela étant, la lutte entre les prétendants à la succession du président du parti, Ehud Barak, est déjà lancée, bien que ce dernier n’ait pas annoncé son intention de démissionner. En effet, selon les statuts du parti, des élections à la présidence doivent se tenir quatorze mois après les élections législatives, mais on estime que cette épreuve sera avancée. Parmi les éventuels successeurs de M. Barak, on évoque les noms du ministre des Affaires sociales, Yitzhak Herzog, et des députés Ophir Pinès, Amir Péretz et Shelli Yahimowitz, cette dernière a cependant fait savoir qu’elle ne se présenterait pas. Des proches d’Ehud Barak ont formé le vœu que le parti travailliste abandonne sa « tradition » qui veut qu’un président perdant soit immédiatement destitué après le scrutin.

En privé, Ehud Barak aurait reconnu la nécessité pour son parti de rester dans l’opposition, une opinion partagée, semble-t-il, par l’ensemble des députés. M. Barak aurait également promis qu’il ne se joindra pas à titre personnel au nouveau gouvernement comme l’avait fait le ministre de la Défense Moshé Dayan dans les années 1970.

Le désarroi règne également au sein du deuxième parti de la gauche sioniste, Méretz, qui n’a obtenu que trois sièges aux élections de mardi. Ce faible score laisse en dehors de la Knesset la présidente du groupe parlementaire Méretz, Zehava Galon, quatrième sur la liste du parti. Ayant appris ce résultat, onze organisations féminines se sont adressées au président de Méretz, Haïm Oron, en demandant que l’un des trois députés du parti cède sa place pour permettre à Mme Galon de conserver son siège à la Knesset. Cette demande a été rejetée par M. Oron./.

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