25.2.09

Et merde au boycott !


Une nigérianne à Jérusalem (Février 2009)


« Est-ce le rôle du Point ou du Nouvel Observateur de laisser se propager des slogans antisémites sur leurs sites ? »

Question judicieuse de Jean-Michel Thénard dans le Canard enchaîné du 11 février 2009.

L’ami Thénard s’exprime ainsi dans un article consacré à Arthur, l’humoriste et animateur télé, qui fut dans l’obligation d’annuler ses spectacles devant la pression de quelques excités idéologues. Vals les Bains, Lille, Belfort, autant de lieux qui virent une machine bien huilée se mettre en place.

Thénard affirme que, dans ces manifestations, un pas a été franchi qui « flaire mauvais son antisémitisme ».

Le citoyen français un peu informé est désormais celui qui a lu le Canard, Charlie Hebdo ou qui a écouté Yves Calvi. C’est bien peu d’information pour une grande démocratie.

En réaction à ces manifestations, Arthur se fendit d’un article dans Le Monde « D’où vient cette haine incendiaire des âmes ? » (lire à ce propos sur Primo de Jean-Pierre Chemla). Les forums de ces journaux furent immédiatement envahis de propos répondant à la qualification juridique “d’incitation à la haine” sans aucune modération de la part de ces grands quotidiens

Et l’éditorialiste du Canard de conclure son article en disant « Le cas d’Arthur ne fait pas rire. C’est grave pour un humoriste, mais pas que pour lui ».

Thénard a raison : c’est grave pour tout le monde.

De fait, ces manifestations, appels au boycott, se multiplient comme les blennorragies un bel été à Saint Trop’.

Ceux qui ont pris la défense d’Arthur, dont l’excellent Didier Porte sur France Inter, font la différence entre la liberté pour un artiste d’exercer librement son métier et le reste des activités d’Arthur, animateur sur TF1 d’une de ces émissions pitoyables dont Endémol a le secret.

« A prendre ou à laisser » est ce type de programme racoleur dans lequel un candidat doit choisir la boîte qui contient le plus d'argent possible. Elles vont de 1 centime à 1 million d'euros. Souvent, le candidat, à qui on a fait miroiter monts et merveilles, repart en pleurant.

Arthur, animateur, qui se lamente dans Le Monde de la dignité perdue, perd la sienne en exploitant la cupidité de ses contemporains. Cela ne justifie en aucun cas les outrages dont il est victime.

Mais il n’est pas le seul.

Dernièrement, Anne Roumanoff a dû annuler sa participation à une soirée en faveur d’une association humanitaire à Genève. Les recettes de cette soirée devaient être consacrées aux handicapés israéliens, victimes des attentats suicides et blessés de guerre.

Les pro-palestiniens en ont décidé autrement. Collectif Urgence Palestine, Femmes en Noir Genève, Ligue suisse des droits de l’Homme/Genève, Gauche anticapitaliste, autant de petites officines hyperactives dès qu’il s’agit de dénoncer Israël et « taiseuse » sur les crimes commis au Darfour.

Rappelons que Genève va recevoir la grande sauterie internationale intitulée DURBAN II au mois d’avril, une occasion pour tous les régimes dictatoriaux, racistes – voire esclavagistes - du monde arabe et pour les ONG qui leur sont affiliées, d’éjaculer leur haine d’« Israël, pays raciste ».

Leurs infâmes soubresauts spasmodiques ne leur permettront d’atteindre le septième ciel que lorsqu’Israël sera condamné.

Et les séparatistes s’y mettent

En Espagne, la chanteuse israélienne Noa est elle aussi, victime, d’un mouvement indépendantiste.

L’association basque Askapena appelle au boycott de ses concerts à San Sebastien, en raison des «propos scandaleux» tenus par celle-ci dans une lettre à la population de Gaza, le 8 janvier dernier. (Lire une traduction partielle par ISM, une des vitrines européennes du Hamas)

Que contenait cette lettre ?

"C'est avec le cœur lourd que je vous écris aujourd'hui. Gaza brûle. La frontière avec Israël est sous le feu. Des enfants de chaque côté de la barrière sont terrifiés, traumatisés pour la vie, meurtris dans leur chair et dans leur âme. Le sang coule.

Et aujourd'hui, aujourd'hui je le dis, nous avons une ennemi commun, un horrible ennemi en commun, et nous devons tous travailler ensemble pour l'éradiquer. Cet ennemi est le fanatisme, mes amis. Cet ennemi est l'extrémisme dans toutes ses réincarnations et ses manifestations les plus abjectes.

Cet ennemi, ce sont tous les hommes qui mettent "Dieu" au dessus de la vie, qui prétendent que "Dieu" est leur épée et leur bouclier, qui disent que "Dieu" est de LEUR côté. Juifs, Musulmans, Chrétiens, tous partagent ce trait noir. Tous sont tombés dans ce fanatisme destructeur et horrible à un moment donné de leur histoire, et les résultats ont été dévastateurs".

En quoi ces simples mots devraient-ils mériter la vindicte populacière d’un mouvement autonomiste ? Noa a osé dénoncer le Hamas. Cela ne leur plait pas, à ces minables argousins.

Une terre pure pour des peuples purs ?

Une partie non négligeable des mouvements séparatistes ou nationalistes, qu’ils soient basques, bretons, alsaciens, corses ou arabes ont toujours eu partie liée avec le fascisme et l’occupant nazi.

Les thèmes régionalistes, écologistes, identitaires sont parfois un excellent rideau de fumée pour recycler de vieilles idéologies nauséabondes.

Quelle est en effet la différence fondamentale entre "la Corse aux Corses", "la Bretagne aux Bretons", "la Palestine aux Palestiniens" et "la France aux Français" ?

Ce sont les premiers à brouter l’herbe folle des prairies du racisme le plus abject. Ils s’y complaisent, y trouvent leur fonds de commerce et la justification de leurs alliances historiques douteuses.

Dans les banlieues, aucun étranger au clan ne peut plus se risquer. Les territoires sont marqués.

C’est bien de cette mouvance que sont issus les dictateurs de la pensée, ceux qui interdisent toute forme d’art, d’humour, de caricature, de cinéma, qui brûlent les livres, détruisent les DVD et accessoirement, vitriolent les visages des filles qui vont à l’école.

Au Moyen-Orient, la Palestine ne sera, aux dires du Hamas et du Fatah, libre que lorsqu’elle sera judenrein, c'est-à-dire débarrassée de la présence des Juifs.

Qui est le raciste ?

En Israël, malgré la poussée inquiétante de l’extrême droite, les panneaux indicateurs sont en trois langues.

Juifs noirs d’Afrique, du Yémen et d’Iran, arabes palestiniens, tous sont citoyens d’un Etat qui ne pratique aucun racisme, qui accueille sans distinction l’Ethiopien et le Russe.

Pour ce dernier, qui n’a jamais connu la démocratie, il est regrettable, mais pas étonnant de le voir se jeter dans les bras d’un Avigdor Lierberman.

Les tentatives d’intimidation, de boycott, de haines internationales recuites contre les juifs ont certainement fait le lit de ce populiste aigri.

Heureusement, la démocratie est encore assez profondément ancrée en Israël pour que ce pays ne cède pas aux pulsions mortifères du racisme. Quels sont les Etats arabes qui peuvent en dire autant ?

Quand aux organisations internationales chargées de la sécurité du monde, ou s’érigeant en juges du racisme des autres (“faites ce que je dis, surtout pas ce que je fais”!), qu’elles se taisent, qu’elles disparaissent.

Elles ont depuis longtemps perdu toute crédibilité.


Primo
Photos Catherine Leuchter
Auteur : Pierre Lefebvre