30.3.07

EMERGENCE D'UN NOUVEAU TOTALITARISME

Le rappeur togolais Rost ne votera pas à la prochaine élection présidentielle, n’étant pas de nationalité française. Pourtant, invité de l’émission de Frédéric Taddei du 27 mars 2007 sur France 3, il nous prévient : «en cas d’élection à la présidence de la République d’un candidat contraire aux souhaits de la jeunesse – entendez par là Nicolas Sarkozy –, nous les jeunes, nous devrons descendre dans la rue et tout casser. Nous n’accepterons pas cette élection». Face à lui, pas de contradicteurs ou si peu.

Après les émeutes de la gare du Nord, où le fauteur de troubles serait un Congolais en situation irrégulière, connu des services de police pour 22 délits, Olivier Besancenot a désigné le coupable : la politique sécuritaire de Sarkozy, responsable d’un «climat de tension extrême entre la police et la population».

Si l’on vous parle d’un «grand-père chinois» allant chercher ses enfants à l’école, vous ne pouvez ressentir naturellement que sympathie et compassion. Si l’on vous dit que les forces de police l’ont appréhendé à ce moment-là parce qu’il s’agissait d’un sans-papiers, vous êtes aussitôt pris à contre-pied par votre affectivité. C’est sur cette dernière que les militants «progressistes», en faveur des sans-papiers, comptent pour vous empêcher de réfléchir aux conséquences désastreuses qu’entraînerait leur régularisation massive et généralisée.

Intimidation, transfert de culpabilité, falsification de la vérité : ces trois exemples forment l’amorce d’un puzzle qui a pour nom totalitarisme.

Partout des foyers s’allument : la tentation totalitaire est grande parmi certains groupes sociaux. Et ce totalitarisme urbain n’est pas moins dangereux que le totalitarisme étatisé. Il en est même le germe. Tous les totalitarismes, de Moscou à Berlin, de Téhéran à Kaboul, sont nés dans la rue, poussant à toute vitesse sur le terreau de la pauvreté et de la peur.

À travers ces déclarations, c’est la vision romantique de la révolution prescrite au peuple, à la soviétique, pour son bonheur et malgré lui, qui s’impose.

Le piétinement de la démocratie pour le passage en force fait des émules. L’appel à renverser la République pour lui substituer le régime du chaos se répand comme une traînée de poudre. Les émissions de télévision «branchées» du service public n’hésitent pas à servir de tribunes aux terroriseurs de la ménagère de moins de 50 ans, de peur de ne pas apparaître dans le «move cités». On intimide les électeurs en leur faisant le chantage à la chienlit. Vous êtes tentés par le vote Sarkozy ? Gare à vos voitures, à vos abribus et à vos magasins.

Bref, tout cela fait de l’écume et n’influencera guère le Français lors de son passage dans l’isoloir les 22 avril et 6 mai prochains. Au contraire même sans doute. Ce Français-là habite dans un pays encore paisible et tempéré, vit à crédit sur le dos des générations futures, et se sent rassuré par les remparts de la démocratie qu’il croit inébranlables.

Mais qu’en sera-t-il dans quelques années si rien n’est fait pour modifier structurellement ce pays ? Si toutes les réformes salvatrices se font bulldozériser par le front du refus syndical ? Si la langue française continue de s’étioler ? Si l’éducation des enfants continue de les porter vers le goulet d’étranglement bachelier sans qu’ils maîtrisent des outils qui étaient parfaitement assimilés par les enfants de 1950 à l’entrée en 6e? Si les Français continuent de s’agripper comme des forcenés à des acquis sociaux gargantuesques, grevant ainsi toute chance de compétitivité et de rebond ?

Le quinquennat à venir est capital à cet égard. En cas d’échec, on peut alors sans mal imaginer, à l’horizon 2012, une France paupérisée sur laquelle la classe politique «classique» n’aura plus aucune prise, et sur laquelle fondront les extrémistes de tout bord.

Soyons donc attentifs et barrons la route, dès aujourd’hui, à ces germes de totalitarisme. En laissant semer ces grains de haine, nous pourrions récolter des tempêtes dévastatrices dans une France affaiblie et déclinante.

Une France où l’on pourrait assister à des coalitions incroyables entre le Front national et certains communautaristes «progressistes». Un peu comme si Le Pen et Dieudonné faisaient alliance.

Le Pen aux côtés de Dieudonné… Impensable, non ?*

Jean-Paul de Belmont © Primo-Europe, 29 mars 2007

*Pour la petite histoire et pour démontrer la collusion entre les extrêmes supposés contraires, notons que le rappeur Rost, cité en début d’article, a annoncé qu’il voterait Le Pen en cas de second tour entre ce dernier et Nicolas Sarkozy (voir la vidéo). Il a d’ailleurs rendu visite au leader du Front National, le 16 février dernier, afin de lui poser dix questions qui permettraient aux jeunes des quartiers de se faire une idée de son programme.
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Auteur : Jean-Paul de Belmont
Date d'enregistrement : 29-03-2007