01.03.2007
Alors que les preuves sur l’ingérence des mollahs en Irak s’accumulent, on a appris que les Américains s’apprêtaient à rencontrer les représentants du régime des mollahs en Irak à la mi-mars au cours d’une conférence internationale [sur la paix en Irak]. C’est ce qu’attendaient les mollahs en quête d’une reconnaissance américaine.
Les pays invités à la conférence internationale [sur la paix en Irak] sont les voisins de l’Irak (Syrie, Iran, Jordanie, Koweït, Turquie, Arabie saoudite) et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie). Une deuxième conférence serait même programmée ; elle serait élargie aux membres du G8.
Les apparences sont trompeuses car la conférence n’a pas été initiée sur une idée de Jacques Chirac ou de son fidèle Sancho Pansa, Roland Dumas, mais sur une invitation du 1er ministre chiite irakien, Nouri al Maliki à propos duquel on a récemment appris qu’il avait été mêlé à la fuite de Moqtada Sadr vers l’Iran. Autrement dit, l’invitation est lancée par le régime des mollahs qui s’est invité à un débat officiel sur l’Irak et la présence américaine dans la région. Son tour de force est de remettre en question cette présence et de légitimer la sienne avec l’aide des autres invités dont les Européens, la Chine et la Russie, tous les 3 très hostiles à la présence américaine en Irak.
Il y a quelques mois (en novembre 2006), les mollahs avaient tenté le coup en annonçant qu’ils souhaitaient organiser une telle conférence mais elle avait été boycottée unanimement y compris par les Syriens ! Il s’agit donc d’un bis, mais cette fois, ils se sont arrangés pour que l’invitation ne soit pas refusable (car formulée par l’Etat irakien).
La présence des mollahs à cette conférence voulue par Téhéran lui-même ne sera donc pas tout à fait la preuve d’une reconnaissance internationale offerte aux mollahs quant à leur rôle régional. Cependant les Américains n’ont pas repoussé l’idée d’une telle rencontre car elle leur permet de « discuter » avec les mollahs sans qu’ils aient été à l’origine du rendez-vous.
D’ailleurs les Etats-Unis et les mollahs se sont retrouvés à plusieurs reprises ces dernières années sans toutefois parvenir à un accord faute de consensus sur le nucléaire ou sur le Liban. Cela ne risque pas de changer car les deux dossiers sont des atouts [1] dans le jeu des mollahs et ces derniers n’y renonceront pas.
Le régime des mollahs estime qu’il a réussi son coup. Il a repoussé toutes les propositions de l’Europe et a profité du délai pour mener la vie dure aux troupes américaines en Irak. Les pelletés de cadavres irakiens ont pesé lourdement sur l’administration Bush qui a accepté d’oublier ses sanctions bancaires et tenté une sorte de réconciliation pour aboutir à une solution qui pourrait en plus avoir l’approbation des grands lobbies américains.
En attendant cette éventualité, à défaut d’obtenir la tenue d’une conférence sur l’Iran et avec eux, les mollahs ont pris les devants. Ils espèrent que cette rencontre avec les Américains pourra déboucher sur « La Conférence » qui légitimerait, reconnaîtrait leur rôle régional, leur vision de l’islam et enfin, leur attribuerait la suprématie sur le monde musulman.
Très manipulateurs et ragaillardis par la réponse positive de Condoleezza Rice, les mollahs ont même incité leurs alliés syriens à demander un « dialogue global [avec les Etats-Unis], qui porte sur tous les problèmes de la région ».
Cependant, c’est loin d’être gagné. La Maison-Blanche insiste pour dire qu’il s’agit de « discussions » à propos de l’Irak et non pas de négociations globales. La chef de la diplomatie américaine a même rassuré les alliés traditionnels des Etats-Unis qui voient d’un mauvais œil toute relation qui pourrait légitimer l’ingérence des mollahs en Irak ou au Liban par milices Jihadistes interposées.
D’ores et déjà certains aimeraient que la condition pour participer à cette conférence soit un geste d’apaisement de l’Iran (arrêt de l’enrichissement ou arrêt de l’ingérence en Irak). Tout reste donc hypothétique dans cette conférence internationale voulue par Téhéran pour légitimer son ingérence en Irak.
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[1] Panel d’atouts | Bien qu’acculés et pris au piège, les mollahs ne peuvent pas renoncer à cette stratégie d’amplification de crise. Pourquoi ? Parce que contrairement à ce que pensent certains experts ou politiciens comme Baker, la crise nucléaire n’est pas l’enjeu mais un atout dans le jeu des mollahs, l’enjeu étant le Hezbollah. Par son intermédiaire, les mollahs ont la mainmise sur le conflit israélo-palestinien et ils ne peuvent admettre qu’il se désarme et se transforme en un vulgaire parti politique. La crise nucléaire ou la crise irakienne due à leur ingérence sont les atouts de ce marchandage. De ce fait, le régime des mollahs ne peut ni céder sur l’un, ni céder sur l’autre. Il doit même radicaliser ses positions, mais cette radicalisation n’est pas sans défaut.
- Imaginez : L’Irak sous contrôle des mollahs de l’Iran ! |