L'accord de la Mecque –
alliance stratégique entre l'OLP et le Hamas pour la création d'un Etat palestinien sans reconnaissance d'Israël par le Hamas
Par: C. Jacob et Y. Carmon
Mahmoud Abbas : "Les organisations qui participent au nouveau gouvernement ne seront pas engagées par les positions du gouvernement… Seuls les ministres le seront." (1)
Contexte
Le texte de l'accord de la Mecque, signé sous les auspices de l'Arabie saoudite le 8 février 2007, porte principalement sur les relations inter-palestiniennes.
L'accord de la Mecque révèle une alliance stratégique de l'OLP et de Hamas dans plusieurs domaines : le gouvernement palestinien, la composition de l'OLP et le conflit avec Israël.
S'agissant de l'Autorité palestinienne, l'accord résout la crise actuelle entre le Fatah et le Hamas en mettant un terme aux violents affrontements entre les deux organisations et en répondant aux pressions populaires visant à créer un gouvernement d'union nationale, dans l'espoir que celui-ci entraîne la levée du boycott diplomatique contre l'actuel gouvernement palestinien.
S'agissant de la composition de l'OLP, l'accord élargit la participation du Hamas au sein de l'OLP, répondant à une requête de longue date du Hamas.
Dans le domaine diplomatique, l'accord autorise l'OLP à mener des négociations avec Israël sur la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec le consentement du Hamas. Pour que ces négociations soient possibles, le Hamas devrait, en théorie, reconnaître l'Etat d'Israël, renoncer au terrorisme, reconnaître les accords passés et se donner un objectif acceptable par la communauté internationale – c.-à-d. la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Le Hamas a accepté ces trois dernières conditions, mais n'a pas consenti à reconnaître l'Etat d'Israël.
Il convient toutefois de noter que :
A) Si le Hamas n'a pas perpétré d'attentat en Israël ces deux dernières années au nom de la "tahdia" (calme, sécurité) unilatérale, celle-ci ne fait pas partie des clauses de l'accord et n'y est pas même mentionnée.
B) Bien que le Hamas ait consenti à mener des négociations sur la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 (par son acceptation du projet de paix saoudien), il continue de réclamer le droit de retour des réfugiés palestiniens dans les frontières de1967. (2)
Suite à la signature de l'accord, Mahmoud Abbas a expliqué la tactique commune de l'OLP et du Hamas pour donner un nouveau coup d'envoi au processus de paix (déjà proposé au Hamas dans le passé, et que le Hamas vient seulement d'accepter) : le Hamas ne sera pas tenu de reconnaître l'Etat d'Israël puisque, en tant que mouvement palestinien, et même en tant que gouvernement, il n'est pas habilité à conduire des négociations diplomatiques et à signer des traités au nom du peuple palestinien. Seuls l'OLP et Mahmoud Abbas sont habilités à le faire.
Cette tactique permet à Abbas de conduire des négociations en tant que représentant du peuple palestinien et lui permet de demander à Israël et à la communauté internationale d'ignorer le fait que le Hamas, qui fait partie de l'Autorité palestinienne, n'ait pas modifié ses principes ni reconnu Israël.
Il existe une différence fondamentale entre les deux parties de l'accord de la Mecque - la partie consacrée aux principes et la lettre de nomination. La partie des principes, qui porte sur les relations inter-palestiniennes, comprend un engagement explicite des deux côtés à respecter l'accord. En revanche, la lettre de nomination du futur gouvernement, qui porte sur les relations avec Israël, ne comporte aucune acceptation directe et explicite par le Hamas. Au lieu de quoi, Abbas, président de l'Autorité palestinienne, appelle Haniye, en sa qualité de Premier ministre de l'Autorité palestinienne, à agir conformément aux décisions du Conseil national palestinien, aux clauses de la Loi fondamentale, à l'Accord national (qui est une version édulcorée du "document sur les prisonniers"), aux résolutions adoptées aux sommets de la Ligue arabe, aux Résolutions de l'ONU, au consensus des Etats arabes (3) et aux accords antérieurs signés par l'OLP. L'acceptation par le Hamas de ces clauses est exprimée indirectement, en ce que des négociations ont été tenues entre les deux côtés sur la formulation de la lettre de nomination, formulation qui a été agréée par le Hamas.
Abbas a déclaré que les organisations participant au futur gouvernement d'union nationale ne seront pas engagées par la position du gouvernement. Seuls les ministres le seront.
En échange de l'acceptation de cette tactique, le Hamas a reçu le soutien politique de l'OLP – en sa qualité de gouvernement et de futur partenaire de l'OLP.
Avec l'accord de la Mecque, les exigences du Quartet n'ont été que partiellement prises en compte, mais il se pourrait fort qu'Abbas et le Hamas estiment que le Quartet se satisfera de cette situation.
Ainsi, Mahmoud Abbas et Khaled Mashal s'efforcent tous deux d'éviter la médiatisation de déclarations susceptibles de révéler la nature exacte et les détails de l'accord conclu entre eux.
Pour consulter l'intégralité du rapport en anglais, suivre le lien http://memri.org/bin/latestnews.cgi?ID=IA33107
TEXTE REPRIS DU SITE MEMRI