19.3.07

LE HAMAS MET EN PLACE UN RESEAU DE BUNKERS

EDITO: Proche-Orient :
le Hamas mettrait en place un réseau de bunkers et galeries souterrains, sur le modèle sud-libanais



Le porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, Marc Reguev, a été catégorique : ” nous n’avons pas l’intention de collaborer avec ce gouvernement, qui n’a pas clarifié sa position vis-à-vis des trois conditions posées par le Quartet pour la reprise de l’assistance financière internationale à l’Autorité palestinienne.”
mar16

Par Mati Ben avraham à Jérusalem

Ces trois conditions sont, rappelons-le : la reconnaissance de l’Etat d’Israël, la cessation des actes de terrorisme anti-israélien et la prise en compte de tous les accords intervenus entre l’OLP et Israël. Dans la classe politique, les avis sont partagés. A leurs habitudes, la droite fulmine tandis que la gauche prône d’attendre et de voir.

De fait, ces réactions ne tiennent pas compte d’une donnée fondamentale : ce gouvernement d’union nationale a été imposée par l’Arabie saoudite, soucieuse d’éviter que les affrontements sanglants entre le Hamas et le Fatah, dans la bande de Gaza, ne dégénèrent en guerre civile.

Ce qui aurait entravé la manœuvre diplomatique d’envergure lancée par le Roi Abdallah, manœuvre soutenue par la Jordanie, l’Egypte et les Emirats du golfe. Ce gouvernement, donc, répond à une double préoccupation.

Primo, mettre fin à l’anarchie, trouver un modus vivendi qui permette un retour progressive à la normalité. Ce qui n’est pas joué d’avance, dans la mesure où les divergences idéologiques entre Hamas et Fatah ne sont pas minces.

Du reste, si la formation du gouvernement a pris du temps, c’est principalement en raison de fortes réticences au sein du Fatah quant à faire cause commune avec le Hamas. Secundo, rétablir au plus vite l’aide financière internationale.

Du reste, cette double préoccupation se reflète dans l’attribution des portefeuilles : Hani Al-Quawasmeh à l’intérieur, Salam Fayyad aux Finances.

Les deux hommes sont des indépendants. Le premier aura la tâche de concilier les extrêmes, en refondant les divers services de sécurité.

Quand au second, dont c’est un retour, sa réputation de gestionnaire rigoureux et intègre devrait lui valoir la confiance des bailleurs de fonds. L’objectif : dissocier l’acceptation par le nouveau gouvernement des trois conditions posées par le Quartet de la reprise de l’aide internationale.

Une manœuvre qui risque fort de séduire, par exemple, l’Union européenne si, par ailleurs, le premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, livre un propos ambigu, qui dit tout et son contraire.

C’est un point qui inquiète le gouvernement israélien. Mais pas le seul. Mahmoud Abbas en est un autre. Dire que les dirigeants israéliens ont été déçus par son incapacité à tenir ses promesses est un doux euphémisme.

Le président de l’Autorité palestinienne s’était engagé à, d’une part, faire figurer les trois conditions dans la déclaration de présentation du gouvernement et, d’autre part, obtenir la libération du soldat Guilad Shalit en guise de geste de bonne volonté.

A l’arrivée, ni l’un, ni l’autre. Et que dit-on à Ramallah? Que Mahmoud Abbas n’a aucune influence sur le Hamas.

L’homme fort, c’est Khaled Mechal. C’est lui qui décidera de la marche à suivre, sur ces deux points et bien d’autres, en fonction de l’initiative saoudienne et des intérêts bien compris de son mouvement.

Il est, enfin, un dernier point qui soulève une polémique trans-courants au sein de la classe politique israélienne : celui du renforcement continu du potentiel militaire du Hamas.

Selon les données livrées par le patron du Shabbak (la DST israélienne), Youval Diskin, devant la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, 31 tonnes d’explosifs, missiles sol-sol et anti-tank, fusils d’assauts, armes de poing, grenades, munitions, ont été introduites clandestinement dans la bande de Gaza, en particulier grâce aux tunnels creusés sous la frontière palestino-égyptienne, mais pas seulement.

D’autre par, Youval Diskin a révélé que le Hamas mettait en place un réseau de bunkers et galeries souterrains, sur le modèle sud-libanais conçu par le Hezbollah, y compris des aires de lancement de missiles susceptibles d’atteindre des villes telles Beer-sheva et Kiriat-Gad.

Le patron du Shabbak a, enfin, dévoilé que plus d’une centaine de militants du Hamas ont suivi des cours de formation de terrorisme dans des centres d’entraînement en Iran, à savoir confection de charges explosives, préparation d’attentats, lancement de missiles, opérations coup-de-poing…

Que faire face à cette situation qui va s’empirant?

Partisans et adversaires d’une offensive militaire d’envergure dans la bande de Gaza, y compris une occupation physique prolongée, se battent à coups d’arguments.

Ce qui est certain, c’est que nul ne veut se retrouver devant un cas de figure semblable à celui du sud-Liban.

Reste une dernière question. L’économiste maison d’Israelvalley, Jacques Bendelac, vient de décrire la situation socio-économique désastreuse des palestiniens.

A qui la faute? En dix ans, l’Autorité palestinienne a bénéficié d’une assistance financière internationale se montant à plus de dix milliards de dollars.

Où est passée cette manne? Et le gouvernement Hamas, depuis un peu plus d’un an, a investi des centaines de millions de dollars dans la préparation d’une guerre avec Israël. A l’imitation du Hezbollah.

Au mépris de tout le reste. C’est là une donnée que les futurs donateurs ne peuvent négliger, au moment de bourse délier.
TEXTE REPRIS DU SITE ISRAEL VALLEY