Une pétition pour lutter contre l'idée d'un "vote juif" en faveur de M. Sarkozy
Submitted by no more anonymous on Mon, 2007-03-05 08:55.
"Ecrit à l'initiative de l'avocat Patrick Klugman, ancien président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et ancien vice-président de SOS-Racisme, ce texte dénonce " la prise d'otage de (la) communauté (juive) aux termes d'une propagande habile qui voudrait que les juifs de France aient choisi unanimement un candidat à l'élection présidentielle", en l'occurrence Nicolas Sarkozy"
Entre autres justifications à cette pétition purement tactique :
"Ce qu'on peut gagner avec Sarkozy en tant que juif, on le perd en tant que Français.""
Il est étonnant de voir que la dénonciation du communautarisme supposé d'un candidat entraîne un discours communautariste en retour. D'abord personne ne sait exactement quelle est la teneur du "vote juif" en France, vieille antienne qui ne porte d'ailleurs que sur quelques 150 ou 200 000 électeurs. Un débat a d'ailleurs lieu ces derniers jours sur les statistiques ethniques en france, et leur possible autorisation.
Jusqu'à nouvel ordre, on ne sait pas et on ne saura pas quel est le vote juif en France.
Mais Patrick Klugman, incarnation du communautarisme à travers l'UEJF, roule pour Royal, ce qui est son droit. Le problème c'est l'idée que perdre en tant que Français ce qu'on gagne en tant que juif. L'un et l'autre seraient-ils exclusifs ? Il considère que le soutien "des juifs" serait du à ce que Sarkozy serait un "ami d'Israël".
Peut-il s'étonner de l'existence d'un tel argument ? Il me semble assez compréhensible que quand José Bové par exemple suspecte le Mossad de brûler les synagogues en France, il perd de l'estime dans l'électorat juif. On a pu constater de manière affligeante l'influence du conflit du MO dans nos écoles, nos collèges. Il ne s'agit pas que d'opinion politique, il s'agit d'élèves retirés d'établissements publics pour cause d'antisémitisme, de policiers devant tous les organismes communautaires, d'amalgame permanent entre sionistes-fascistes et juifs, bref des choses connues. Ce ne sont pas les juifs qui choisissent de perdre un morceau de leur identité, c'est une partie de la société qui les met en demeure de choisir.
Ce que la gauche reproche (par anticipation) à Sarkozy, c'est de rompre avec la PAF. Je ne sais évidemment pas ce qu'il en sera si Sarkozy est élu, il y a des chances que le système perdure. Mais la gauche incarnée par Klugman ne peut pas à la fois dénoncer le communautarisme et ne jamais évoquer l'islamisme radical en France, dénoncer le conseil des musulmans de France créé par Sarkozy et oublier son propre immobilisme, dénoncer le "mur" israélien et encourager le dialogue avec le Hamas, aller visiter Assad (cf J. Lang) et traiter Sarkozy de "chien" de Bush quand il visite notre ex-allié.
Pardon d'avoir été un peu long, mais je termine avec cette autre rumeur qui court depuis quelques mois, celle d'un vote juif pro-De Villier. L'idée est toujours la même, sommer le juif français de choisir : fasciste ou socialiste, autrement dit sioniste répugnant ou internationaliste généreux. Une instrumentalisation est à l'oeuvre, qui ne fera que renforcer ce que l'on dénonce, et qui aboutira à ce que Finkielkraut appelle le "délaissement des juifs de France".
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