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[Les Juifs et Israël au ban..]
Par Eytan Ellenberg pour Guysen Israël News
Mardi 6 mars 2007 à 22:42
Dans l’imaginaire des nations et des peuples se cachent des idéologies parfois complexes que les penseurs, les critiques, les analystes cherchent à déchiffrer. Il en est évidemment de l’antisémitisme. De Léon Poliakov à Bernard Lewis, les plus grands intellectuels se sont penchés sur cette question.

Il n’en reste pas moins que cette haine spécifiquement anti-juive, venue à son origine du christianisme naissant, s’érigeant en politique « scientiste » par des idéologues nazis et défoulant les foules islamisées, est aujourd’hui d’une prégnance indubitable.

Lorsqu’on analyse les résultats du dernier sondage international (28 389 personnes dans 28 pays), réalisé par GlobalScan et Pipa pour la BBC entre novembre 2006 et janvier 2007, on observe qu’Israël est vu à travers le monde, devant l’Iran, comme le pays dont l'influence est la plus négative : plus de la moitié (56%) des personnes interrogées ont une opinion négative d'Israël !

Tout comme l’analyse récente d’un fameux économiste français, qui vient de déclarer que ceux qui ont commis l'attentat de Copernic, à Paris dans les années 80, voulaient «châtier des juifs coupables. (…) Ils auraient pu faire sauter la synagogue et les juifs. Mais pas du tout, ils font un attentat aveugle et il y a trois Français, non juifs...»

Bref, la culpabilité du peuple ancien ne fait donc plus débat. Elle est acquise, instaurée, édifiée en pensée commune, en idéologie partagée, en « nexus » comme aiment le dire les psychologues sociaux.

Dans ce déferlement de haine anti-juive, il faut bien distinguer ce qui ressort de l’antisémitisme construit, pensé, réfléchi de certains qui peuvent parfaitement évoquer pêle-mêle lobby juif, culpabilité judaïque ou bien faire l’éloge de criminels contre l’humanité, de cet antisémitisme beaucoup plus larvé, inconscient, circulant sans entraves à travers les esprits de par le monde, et selon lequel les juifs sont dangereux, curieux, puissants, unis…

Dans cet univers de communication, où les mots circulent sur nos écrans et nos ondes, où les images sont là pour choquer le spectateur, l’idéologie, qui fait de ce peuple ancien un coupable obligatoire, car idéal, circule sans douanes, sans filtres, sans esprit critique.
Ce qui fait aujourd’hui plus peur à nos sociétés modernisées n’est pas véritablement la résurgence vieillie, flétrie d’antisémitismes aussi banals qu’un négationniste ou d’un judéophobe en costume trois pièces. Cet « antisémitisme de salon » où l’on évoque à mots à peine voilés le lobby juif, le communautarisme sectaire des juifs de France, de ce pays « de merde » qui énerve par sa puissance et son entêtement ; bref de ce peuple curieux et qui pose encore aujourd’hui des problèmes qu’il s’agirait de régler…définitivement.

Nos sociétés modernisées doivent donc plutôt s’inquiéter de cet antisémitisme circulant, infiltré, larvé, enkysté dans les esprits de nos concitoyens, de l’Australie aux Etats-Unis, de l’Arabie Saoudite à l’Algérie, de cette idéologie mêlant à la fois la judéo phobie chrétienne (le juif éternellement coupable car déicide) à la haine anti-juive islamique (le juif, c’est Israël et Israël c’est l’Etat des puissants, des colonisateurs, des riches qui oppressent ces pauvres Palestiniens.)

Car face à ce peuple ancien éternellement coupable s’érige un peuple nouveau, immature donc innocent, à savoir les Palestiniens. Nos sociétés soumises à la propagande médiatique peinent à culpabiliser ces jeunes enfants qui combattent l’ogre juif. David est devenu Goliath. Goliath est devenu David.

Et l’opinion publique, par que c’est de cela dont on parle, compte les points et a déjà trouvé son coupable. Et les médias sont de naturels relais de cette idéologie larvée. Même si Jean-Paul II parlait d’autres types de comportement, il n’en reste pas moins que dans son sermon à Rome en 1990, il proclamait une phrase juste : « Les médias sont des instruments dont se sert le péché pour imposer à l'opinion publique des modèles de comportements aberrants. »

Accusés, levez-vous !