LES MOLLAHS ESSAYENT DE MENAGER LES RUSSES

Les Etats-Unis ont annoncé jeudi le report d’une rencontre prévue mardi à Bagdad entre experts américains et iraniens, imputant ce retard à la partie iranienne.

L’annonce d’une prochaine rencontre entre les mollahs et les américains avait affolé les russes au plus haut point car ils craignent une entente entre leurs actuels alliés vitaux (les mollahs) et leurs pires adversaires énergétiques (les américains). Dès qu’ils avaient eu connaissance de cette rencontre programmée pour le 18 décembre à Bagdad, ils avaient réagi de la manière la plus désagréable en faisant comprendre aux mollahs qu’ils pouvaient éventuellement rejoindre le camp des sanctions.

La publication par les américains d’un rapport de dévaluation de la menace nucléaire iranienne a ravivé leurs craintes : ils y ont vu le signal d’une volonté pressante d’entente de la part de Bush et ont convoqué le chef de la diplomatie iranienne Mottaki le 13 décembre à Moscou. En ces temps où les mollahs rencontrent d’importants problèmes économiques, les russes se sont employés par des promesses de livraison de Bouchehr et d’investissements, à convaincre les mollahs de se détourner de leur objectif d’aller à cette rencontre dangereuse pour les intérêts de la Russie.

Apparemment, leurs efforts n’ont pas été vains, puisque ce même jour, le 13 décembre, les mollahs se sont désistés auprès des américains pour la date du 18 janvier, « pour des raisons techniques liées aux emplois du temps des différents participants », mais ont affirmé qu’ils bûchaient dur pour trouver une autre date.

Ce désistement a eu lieu avant le départ de Mottaki pour Moscou, comme un signe d’allégeance envers Moscou. En échange, Mottaki a reçu à Moscou la confirmation que la Russie était prête à livrer Bouchehr aux mollahs. Mais malgré le cadeau diplomatique de Téhéran, c’est-à-dire l’annulation du rendez-vous avec les émissaires de Washington, Moscou s’est montré vague sur les modalités d’achèvement et de livraison de Bouchehr.

Les Russes ne se contentent visiblement pas d’un seul geste de Téhéran et attendent un alignement complet sur la base de ce que Moscou leur avait promis au lendemain de la publication du rapport américain sur l’état des activités nucléaires iraniens. Moscou avait alors insisté sur une reconnaissance de sa part du rôle régional des mollahs, cette approche a été confirmée encore aujourd’hui dans une déclaration du vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Saltanov pour qui la crise politique libanaise doit être résolue par l’intermédiaire de Téhéran.

Les russes montrent la voie à suivre, reste à savoir si les mollahs connus pour leur versatilité, accepteront de renoncer définitivement à l’attrait d’une entente avec les Etats-Unis. Il n’est pas impossible qu’ils acceptent une pause temporaire pour retarder l’entente et la signer avec le successeur démocrate de George Bush.

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