Selon des informations non encore confirmées
Enquête sur l’assassinat de Imad Maghnieh : arrestation d’un responsable de l’ambassade saoudienne à Damas
par Khaled Asmar
MédiArabe.Info
Des sources non encore recoupées ou confirmées, soulignent ce soir que la Syrie a arrêté un responsable de la sécurité de l’ambassade saoudienne à Damas, dans l’enquête sur l’assassinat du chef militaire du Hezbollah, Imad Maghnieh.
Selon ces sources, un haut responsable saoudien a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur l’élimination d’Imad Maghnieh. Selon une source iranienne citée par l’agence de presse « Fars », « la Syrie a interpellé un responsable sécuritaire de l’ambassade saoudienne à Damas soupçonné d’avoir contribué à l’assassinat du chef terroriste du Hezbollah ».
Cette source aurait ajouté qu’« Israël a orchestré l’attaque, mais que des éléments internes l’ont menée à bien ». Comme MediArabe.info l’a souligné depuis le lendemain de l’assassinat de Maghnieh, le 12 février, la Syrie attendait la meilleure opportunité pour attribuer cet assassinat à l’un ou l’autre des adversaires du régime syrien. La formule évoquée ce soir par l’agence iranienne vise à faire d’une pierre plusieurs coups :
Israël : l’ennemi naturellement désigné comme le conspirateur de l’assassinat de Maghnieh. Cette accusation est utile pour maintenir la mobilisation et justifier la poursuite de l’armement du Hezbollah, et pour couvrir a priori toute vengeance à venir.
L’Arabie saoudite : le contentieux syro-saoudien prend de plus en plus d’ampleur, notamment en raison du soutien saoudien à la majorité au Liban. Damas n’a pas encore digéré le boycott saoudien du sommet arabe. La Syrie dispose de moyens de pression sur Riyad, à travers les Chiites. En accusant les Services saoudiens de la mort de Maghnieh, Damas table sur la mobilisation des Chiites saoudiens contre la Dynastie, qui, selon l’accusation syrienne, complote avec les Israéliens contre le Hezbollah et la Résistance. Ce faisant, les Chiites saoudiens, téléguidés depuis Téhéran, seraient appelés à venger le « martyr Maghnieh ».
La Jordanie : Damas évoque un rôle probable des Services jordaniens. Pour les Syriens, certains des assassins de Maghnieh sont entrés en Syrie par voiture en provenance d’un pays limitrophe (Jordanie). Ce qui implique une complicité jordanienne.
L’Autorité palestinienne : en arrêtant plusieurs Palestiniens qui auraient exécuté l’attentat contre Maghnieh, le coordinateur entre le Hezbollah, l’Iran et le Hamas, Damas vise à accentuer les divisions entre le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne à Ramallah.
Le général Assef Chawkate : le beau-frère du président Assad et chef des Renseignements militaires, Assef Chawkate, serait également impliqué. Plusieurs sources arabes affirment qu’il est désormais placé en résidence surveillée, et qu’il a pris le soin de mettre son épouse Bouchra Al-Assad, ses enfants et des documents compromettants pour le régime, à l’abri à l’étranger. Il craint d’être liquidé dans le cadre de l’enquête sur Maghnieh, comme l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein avait liquidé ses gendres Hussein et Saddam Kamel en 1996, après leur défection un an plus tôt. Après tout, rien ne différencie la dictature sanguinaire de Saddam Hussein en Irak de celle des Assad en Syrie. L’idéologie du Baas y est la même des deux côtés de la frontière.
En tout état de cause, dans son édition du 8 avril, le quotidien « Al Quds Al Arabi » croit savoir que la Syrie a reporté la publication de l’enquête, prévue initialement dimanche dernier, pour « ne pas envenimer la situation régionale », d’autant plus que la tension y est extrême en raison des manœuvres israéliennes. De plus, ajoute le quotidien, « la Syrie ne veut pas accentuer la tension qui marque ses relations avec certains pays arabes impliqués, alors que Damas cherche à rétablir le dialogue avec eux ».
Ainsi, la divulgation par l’agence iranienne « Fars » des informations sur l’arrestation du responsable sécuritaire de l’ambassade saoudienne semble être « un ballon d’essai », qui vise à tester la réaction de l’Arabie, avant de publier l’enquête de façon officielle et définitive.
Khaled Asmar