9.1.09
Le Hamas : la Tahdiah (calme) un objectif pour Israël, pas pour le peuple palestinien
MEMRI
Quelques jours avant le début de l´opération plomb durci à Gaza, le sous-chef de l’aile politique du Hamas basée à Gaza, Moussa Abu Marzouq, confiait au magazine Al-Risala du Hamas (1) que la Tahdiah, ou calme, servait les intérêts d’Israël mais non ceux du Hamas, et devait donc prendre fin.
La Tahdiah est l´exception, la résistance la règle
Al-Risala : "Jusqu´au dernier moment, le Hamas a rechigné à donner clairement sa position sur la prolongation de la Tahdiah [calme]. Des contacts ont-ils été établis pour prolonger la Tahdiah dans des conditions spécifiques ?"
Abu Marzouq : "Cette question implique que la Tahdiah serait un sujet essentiel motivant nos décisions, consultations et tentatives de médiation. C´est toutefois le contraire qui est vrai (…) La résistance est le principal [élément] des relations entre le peuple palestinien et l´occupation sioniste. La Tahdiah correspond à [une tentative] égyptienne de compréhension entre les factions palestiniennes et Israël ; il s´agissait d´instaurer une Tahdiah de six mois qui s´étendrait également à la bande de Gaza, et de s´entretenir au sujet du point de passage de Rafah (…) [Elle devait inclure] une ouverture de 30% du passage de Rafah pendant dix jours et précéder une ouverture totale.
Toutefois, cette situation anormale n´a pas bénéficié le moins du monde aux Palestiniens. Seuls 15% des produits de base ont pu entrer à Gaza par ce passage. Le siège s´est poursuivi de la même façon, et l´offensive israélienne ne s´est pas affaiblie pendant la Tahdiah. Il serait déraisonnable de considérer cette situation anormale comme un point essentiel ou comme normale. Cette [Tahdiah] était devenue un cessez-le-feu [en échange d´un autre] cessez-le-feu, déconnecté du passage des [denrées essentielles] et du siège. Il était donc logique d´y mettre un terme.
Avant le 19 [décembre, date de la fin de la Tahdiah], la position du Hamas n´était pas explicite. C´est l´Egypte qui a annoncé que la Tahdiah était entrée en vigueur, qui a fixé ses modalités et qui a conclu des accords avec toutes les factions palestiniennes. Il a fallu un consensus national pour mettre fin à la Tahdiah – et c´est exactement ce qui est arrivé. Des accords ont été conclus entre les factions, qui se sont finalement mises d´accord pour dire que la Tahdiah ne rendait pas service aux Palestiniens. C´est pourquoi elle a pris fin."
La Tahdiah est un but stratégique d´Israël, qui veut la paix et le calme dans la région.
Al-Risala : "Quelques jours avant la fin de la Tahdiah, un haut responsable israélien en visite au Caire a déclaré qu´Israël souhaitait la prolonger. L´Egypte vous a-t-il fait part du désir israélien de prolongation de la Tahdiah ?"
Abu Marzouq : "Ce n´est pas uniquement par ce médiateur égyptien qu´Israël a fait part de ce souhait, mais aussi, très clairement, par les médias, en affirmant que la Tahdiah était un objectif stratégique. C´est parce que les Israéliens veulent la paix et le calme à Gaza, afin de poursuivre leurs sanctions en Cisjordanie et de faire de cette situation une situation normale.
Voilà pourquoi Israël s´est efforcé de prolonger la Tahdiah, allant même chercher [l´appui de] l´Egypte, selon des [sources] égyptiennes et des rapports d´agences de presse. L´Egypte n´a [toutefois] rien fait pour prolonger ou revoir les conditions de la Tahdiah et les Palestiniens n´ont pas vu l´intérêt de satisfaire le souhait des sionistes à ce sujet."
Note :
(1) Al-Risala (Gaza), 21 décembre 2008