21.4.06

LE PRIX DE LA NEUTRALITE RUSSE

La définition de la Neutralité selon les Russes
21.04.2006


Hier les Russes, par la voix du Général Youri Balouievski, affirmaient que la Russie observerait une totale neutralité en cas de conflit avec l’Iran [1] . Dans nos commentaires, nous avions distingué la neutralité militaire des ex-Soviétiques et leur volonté à isoler le régime de mollahs.


Nous avions des doutes quant à l’acceptation par les Russes des sanctions économiques contre leur partenaire iranien : un bombardement signifie destruction et contrats de reconstruction alors que les sanctions signifient la fin de la suprématie économique de la Russie pour les ventes d’armes et de technologie nucléaire.

Les responsables Russes viennent encore de nous donner raison ! En effet on apprend que la Russie a rejeté la demande des USA de cesser sa coopération nucléaire (civile) avec le régime de Téhéran et spécialement la construction d’une centrale à Bouchehr. Le ministère Russe des Affaires Étrangères a publié un communiqué selon lequel chaque pays est libre de coopérer avec le pays de son choix, chaque pays doit avoir le droit de décider de la façon et des conditions de sa coopération avec un autre pays.

Comme nous l’avions écrit le 02 Février 2006, l’application des sanctions économiques contre Téhéran reste la véritable inquiétude des Russes. Ils n’ont aucun intérêt à voir cesser le pourrissement de la situation ! [2]

Ils savent que leur neutralité ainsi que leur coopération militaire (codes des missiles & emplacements) sont requises en cas de frappes américaines et qu’ils pourront monnayer leurs services en échange de compensations de toutes sortes (en Iran et en Irak). Le voyage de Hu Jintao aura des incidences sur la position de la Russie qui veut impérativement préserver son rôle d’intermédiaire privilégié des mollahs et ne pas en être dépossédé par d’autres états (Chine ou l’UE).

Comme nous l’avions affirmé dans un autre article, classé au mot-clef «textes essentiels» : « L’ennui est que chacun sait qu’on peut encore aller plus loin et que nous sommes dans les phases médianes de cette affaire ». [3]

Les choses évoluent très lentement entre les Américains, les Russes et les Chinois : on peut d’ores et déjà conclure à un accord de principe entre ces grands sur le caractère « indésirable » du régime des mollahs et ce pour de multiples raisons comme le besoin de renforcer la stabilité du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale, la nécessité de sécuriser l’approvisionnement du pétrole, la guerre contre le terrorisme et la lutte contre le terrorisme nucléaire… Russes et Chinois doivent arriver à accepter que les Etats-Unis se chargent du « boulot » mais ils aimeraient être sûrs que leurs intérêts en Iran n’en souffriront pas trop.

L’implication de la Russie dans le programme nucléaire militaire des mollahs affaiblit la position des Russes dans ces négociations et chaque jour qui passe de nouvelles révélations comme celle de l’usine de Neyshapour fragilisent d’avantage les arguments Russes quant à leur implication pour empêcher les mollahs d’avoir la bombe.

Tout montre que les Russes ont énergiquement aidé les mollahs dans leur entreprise d’enrichissement industriel de l’uranium à usage militaire. La déclaration concernant la liberté de coopération industrielle entre l’Iran et la Russie est à classer dans la catégorie contre-attaque, mais la Russie n’a d’autre choix que de céder : les Russes choisiront la neutralité.

Le 28 Avril, El Baradei doit remettre un rapport sur les activités nucléaires de l’Iran. Il peut prendre son temps et tergiverser, mais au final, il ne peut pas conclure que le programme des mollahs est pacifique ou dénué de zones d’ombres. Dans de brefs délais, les uns et les autres, Russie et Europe, devront finalement accepter de sanctionner les mollahs. La Russie pourrait rompre sa coopération nucléaire civile avec les mollahs [4]. D’ici là, ils tenteront toutes les déculottées pour convaincre les mollahs de céder, et même passé la date limite, ils continueront d’essayer de négocier avec ce diable... Mais sanctions ou frappes, l’issue est sombre pour les mollahs et leurs partenaires.

« L’ennui est que chacun sait qu’on peut encore aller plus loin et que nous sommes dans les phases médianes de cette affaire… Le régime des mollahs sait qu’il peut éviter de «céder» et quand même multiplier les provocations car il se dit qu’il pourra de toutes les manières signer in extremis (avec l’UE ou avec la Russie) pour «empêcher l’escalade» ou pour «sauver la paix». En revanche, les occidentaux savent qu’ils peuvent laisser la crise s’amplifier car à tout moment ils ont les moyens bombarder l’Iran et détruire ses installations.



Texte repris du site iran-resist