5.4.06

LE SECRET DES SIONISTES

Israël/Renseignement:
Les Britanniques suspectaient plusieurs responsables sionistes, dont Menahem Begin, de travailler pour le NKVD soviétique

D’après AIA, une agence d’information spécialisée sur l’Asie et l’Europe de l’Est, qui s’appuie sur des documents déclassifiés du MI5 britannique, les officiers des services spéciaux soviétiques en poste au Moyen-Orient avaient reçu pour mission, dès les années trentes, de cibler le mouvement sioniste et les membres des différentes organisations juives d’autodéfense, de combat et de renseignement, telles que l’Irgoun, le Betar ou la Hagana.

Dès la fin des années 20, les services secrets soviétiques considèraient le Moyen-Orient comme une région stratégique, notamment en raison de la présence des Anglais et des Français, et y montaient des réseaux opérationnels. L’un de ceux-ci était dirigé par Georgy Agabekov, qui fera d’ailleurs défection à l’Ouest. En 1923, le fondateur des services secrets bolchéviques, Felix Dzerzhinski envoyait une note confidentielle au responsable du renseignement à l’étranger, Meyer Trelisser, dans laquelle il souligne « la nécessité d’être amis avec les Sionistes, pour gagner leurs faveurs et les utiliser à notre profit ». L’une des missions du poste en charge de la Palestine était de recruter des agents au sein de la Hagana. Dans l’un des témoignages qu’il livrera un peu plus tard, Agabekov explique que « trois membres du parti sioniste sont arrivés à Moscou, en provenance de palestine, et ont établi des liens avec l’OGPU », l’ancêtre du KGB.

En fait, ce rapprochement entre certains dirigeants sionistes historiques et Moscou n’est pas absolument surprenant. Malgré l’antisémitisme stalinien, nombre de chefs de la résistance à la présence britannique, qui étaient souvent de gauche, cherchaient un appui du côté des «rouges» . Le légendaire Léopold Trepper – qui sera par la suite le chef de l’Orchestre Rouge en France et en Belgique, durant la guerre – avait lui même passé trois ans en Palestine pour y organiser des réseaux du Komintern.

Mais il y a plus surprenant. Si l’on en croit les documents déclassifiés du MI5, les Britanniques, qui étaient préoccupés par les actions dirigées contre eux en Palestine, auraient ainsi filé et surveillé, dès les années 40, celui qui apparait dans leurs archives dans les dossiers KV 2/2251-2252...: Menahem Begin un dirigeant de la droite qui allait bien plus tard (de 1977 à 1983) devenir Premier ministre. Quelques années plus tôt, Begin avait rallié les rangs du Betar, en Pologne. A l’arrivée des troupes allemandes, sa famille émigre vers la Lituanie, où il est à nouveau arrêté, par les soviétiques cette fois, puis libéré après l’Opération Barbarossa (invasion de l’URSS par les Nazis). Il est ensuite intégré à la « Nouvelle Armée polonaise », commandée par le général Vladislav Anders et largement pénétrée par le NKVD. Alors que cette armée sera transférée en Palestine, il y servira jusqu’en 1943, date à laquelle il fait son entrée, en accord avec Anders, au sein de l’« Irgun Tzvai Leumi » dont il allait prendre la tête.

C’est à partir de ce moment-là que les services britanniques commencèrent à suspecter des liens avec les services soviétiques et à intensifier leur surveillance. Les analystes du MI5 n’excluent pas qu’il ne soit pas un agent dans le plein sens du terme, mais estiment qu’il a reçu une aide financière des services soviétiques ou qu’il leur en a fait la demande. Après la constitution de l’Etat d’Israël, en 1948, Londres maintiendra cette surveillance et Begin sera suivi et épié dans tous ses déplacements à l’étranger. Le MI5 avait suspecté, de la même manière la Hagana, qui comptait dans ses rangs un nombre important d’ancien citoyens soviétiques (dont des officiers de l’Armée rouge et des membres des « Organes »), de bénéficier d’une aide financière des services spéciaux soviétiques. Ce lien entre les résistants juifs et les services secrets de la puissance bolchévique montante étaient considérés, à Londres, comme l’une des menaces les plus inquiétantes pour les intérêts britanniques dans la région. Jusqu’à ce que les Israéliens se tournent vers Washington…

Texte repris du site de l'esic

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