15.4.06

QUI FAIT LA LOI ?

Les Français font la loi dans la rue, aux USA c'est le Congrès

Par Peter A. Brown
http://jewishworldreview.com/
Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l'IHC


Pendant la guerre d'Irak, on a fait beaucoup de commentaires sur la façon dont la France et les Etats-Unis sont devenus différents.

En France, ils sont apparemment capables de faire la loi dans la rue.

Ici aux Etats-Unis, c'est encore dans les salles du Congrès que cela se fait.

C'est la seule conclusion possible après que le pouvoir politique français ait cédé à la pression politique de manifestations massives et mis aux oubliettes un plan national pour s'attaquer à un taux de chômage de plus de vingt pourcent des jeunes.

Dans le même temps, alors qu'aux USA les défenseurs de modifications des [lois] sur l'immigration, qui légaliseraient et peut-être accorderaient la citoyenneté à des immigrants illégaux continuent d'envahir les rues, les législateurs - au moins jusqu'à présent - ne se sont pas pliés à leur volonté.

Le président français Jacques Chirac a déclaré lundi dernier qu'il annulait la loi qui facilitait l'embauche de jeunes gens par des employeurs, en donnant aux entreprises la flexibilité de licencier ces travailleurs sans motif dans un délai de deux ans.

En cédant aux protestations, Chirac s'est incliné sous la pression pour maintenir le système français de protections du travailleur qui ont fait d'un taux de chômage global à deux chiffres un mode de vie en France.

La flexibilité que ce changement aurait donné aux employeurs français pour contracter avec des travailleurs de 26 ans ou moins aurait encore été une moindre liberté pour engager et licencier que celle des employeurs aux Etats-Unis- où le taux de chômage est de 4,7 %.

La démarche de donner aux employeurs plus de flexibilité a été proposée pour permettre aux Français d'être mieux capables de faire face à la concurrence mondiale. Mais le retrait de Chirac signifie qu'une fois encore, tout à fait comme ses petits camarades sur le continent, les Français ont opté pour une prime à leurs désirs domestiques d'éviter le changement, même dans la perspective de futurs malheurs économiques.

Dans le même temps, alors que les défenseurs des immigrants en Amérique ont rassemblé un nombre impressionnant de personnes pendant leurs marches, la semaine dernière, le Sénat des USA est demeuré incapable de s'accorder sur la manière de procéder à la réforme de l'immigration.

Aujourd'hui, une raison des réactions différentes à Paris et à Washington aux marches de protestation réside dans les cultures politiques différentes des deux nations. Les syndicats, qui ont combattu l'effort des employeurs pour plus de flexibilité, détiennent beaucoup plus d'influence en France qu'aux USA.

Historiquement, les manifestants européens ont eu bien plus de succès pour faire changer rapidement la politique gouvernementale qu'aux Etats-Unis. En témoignent l'incapacité des manifestants pour arrêter l'invasion de l'Irak par les USA, ou de forcer son retrait.
Même à l'époque du Vietnam, l'âge d'or des manifestations aux USA, il a fallu presque une décennie pour obliger à un retrait.
Souvenez-vous, George McGovern, le candidat des manifestants, a été le plus grand perdant dans l'histoire des présidentielles américaines.

De plus, les sondages montrent que les Français sont beaucoup plus engagés dans une société régulée par le gouvernement, qui fournit un réseau de sécurité sociale garantie, mais produit des standards d'existence inférieurs pour sa population à ceux dont jouissent les Américains.

Et de fait, les sondages en France ont montré que le public français était d'accord avec les manifestants : le changement de la loi sur l'emploi était dommageable pour le statu quo qu'ils chérissent.

L'opinion publique sur l'immigration aux Etats-Unis cependant, apparaît d'un bien moindre soutien aux manifestants. Les Américains soutiennent fermement l'arrêt du flux d'immigrants illégaux à travers la frontière, et il y a un consensus pour de telles mesures au Congrès.

Mais l'échec des efforts pour légiférer sur les modifications recherchées par les manifestants dans les rues des USA - légalisation et peut-être citoyenneté pour ceux présents ici illégalement - reflète une absence de consensus de l'électorat américain.

Et c'est là le point que les politiciens aux USA comprennent bien.

Manifester en Amérique a été le domaine des gens insatisfaits du statu quo, mais les législateurs se souviennent de ce que Richard Nixon a appelé autrefois la " majorité silencieuse ", qui ne manifeste pas, mais vote effectivement.

On ignore combien de ceux qui marchent dans les rues des USA sont inscrits sur les listes électorales - disposant de beaucoup moins de droits légaux pour le faire. Alors que le congrès entame ses vacances parlementaires cette semaine, vous pouvez être sûr que ses membres prendront la température de ceux qui disposent du droit de vote.

C'est de cette manière que les lois sont faites et modifiées aux Etats-Unis.