20.4.06

SINCERE ?

INTERVIEW DE MEGRET BRUNO

Parce qu’ils vous assimilent à l’extrême-droite, certains auraient aimé pouvoir vous apposer une étiquette d’antisémitisme. Que pouvez-vous dire à ce sujet et quel est votre sentiment à propos d’Israël ?

Il y a eu à mon sujet beaucoup de désinformation. Je défie quiconque de relever des propos antisémites dans ma bouche. Tout simplement parce que je ne le suis pas et parce que je sais quelles souffrances ont eu à subir nos compatriotes juifs au siècle dernier. C’est donc avec force que je condamne tant le racisme que l’antisémitisme. Ces deux sentiments sont aux antipodes de ma conception de la vie. Et faisant référence à un propos tristement célèbre, je le dis avec gravité : les chambres à gaz ne sont pas pour moi un détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale.

Contre l’antisémitisme et contre l’islamisme
J’éprouve en outre un réel sentiment de solidarité envers les Français juifs qui sont en butte à des manifestations d’antisémitisme caractérisé dans les banlieues de la part des populations islamistes. Et je sais que ces attaques s’étendront demain aux chrétiens et à tous ceux qui se veulent français, quelle que soit par ailleurs leur religion. Je souhaite donc que nos compatriotes juifs comprennent qu’il n’y a pas de danger pour eux du côté des gens comme moi qui se battent pour la France.

Pour la république
Car c’est la nation et la république, que je veux défendre face à l’islamisme, qui peuvent au contraire les protéger de l’intolérance et de la violence. A cet égard, nous sommes, si je puis dire, dans le même camp et il n’y aurait rien de plus absurde de la part des Français juifs que de se tromper d’adversaire. Nos compatriotes juifs ont toute leur place en France, il y sont, pour beaucoup, depuis des siècles, ils s’y sont assimilés et ont contribué au rayonnement et au prestige de notre pays. Et, à ce titre, ils font pleinement partie de la communauté nationale.

Pour une paix israélo-palestinienne
Sur la question d’Israël, je compatis à la souffrance des juifs comme à celle des Palestiniens. Je condamne, bien sûr, le terrorisme, mais je suis convaincu qu’aucune solution durable ne sera trouvée sans qu’un État palestinien soit créé. Ce conflit israélo-palestinien constitue un drame historique majeur lié au simple fait que deux peuples revendiquent la même terre. A mes yeux, il ne peut donc y avoir d’autre solution qu’une partition. Israël a le droit de vivre en paix, derrière des frontières sûres, en harmonie avec ses racines et sa culture. Mais, pour cela, il faut que les Palestiniens puissent jouir de leur côté d’une terre pour y vivre en tant que nation, en paix avec leurs voisins.

Le danger islamiste
Je crois profondément qu’une majorité d’Israéliens est d’accord pour un tel projet. Il faut qu’il en soit de même dans l’autre camp. Et je suis convaincu que c’est le cas de tous ceux qui ont en tête les seuls intérêts palestiniens. Mais, soyons clairs, ce n’est pas le cas de ceux qui exploitent cette guerre au bénéfice d’autres intérêts et je pense notamment aux islamistes qui se servent de ce conflit pour attiser les haines et développer partout dans le monde arabe le courant politico-religieux de l’islamisme intégriste.

Là encore, le fondamentalisme musulman est source d’affrontements. En Palestine, en France, comme dans le reste du monde, il doit être contenu et combattu. L’histoire ne se répète pas à l’identique et ce que les juifs ont à craindre pour eux-mêmes ici, en France comme ailleurs dans le monde, ce n’est pas une idéologie à jamais condamnée, mais la montée d’un islamisme intégriste qui ne cesse de se renforcer. Et, face à ce danger, je suis aux côtés des juifs.